Alrik
Guilde: Clair de Lune
Niveau: 152
Jeu: Silver World
Etat: Termin
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Peu à peu, Alrik avait perdu le contact avec le clan Clair de Lune. La section dont il avait la charge n’était plus que l‘ombre d’elle-même, et plus rien ne le retenait à la forteresse. Sa bien-aimée Misspiff était bien loin de lui, aux côtés des membres des autres sections du groupe.

Cependant, Alrik mit un point d’honneur à ne pas tomber dans l’oisiveté, et il voulut profiter de cette absence d’obligations pour prendre un peu de temps pour lui. Il avait consacré la grande majorité de sa vie aux autres, et n’avait jamais réellement pris le temps de vivre pour lui.

Après quelques temps à parcourir les Terres d’Argent sans but précis, il prit une dure décision : il irait rendre visite à ses parents. Ses parents, de pauvres paysans qu’il avait purement et simplement abandonnés un matin pour partir à l’aventure. Se souvenaient-ils de lui ?  Lui reprocheraient-ils son acte ou bien le comprendraient-ils ? Etaient-ils seulement encore en vie ?

Le guerrier redoutait cette rencontre, et en même temps il désirait ardemment revoir sa famille. Il n’en pouvait plus de vivre sans cesse dans l’ignorance, il voulait savoir ce qu’étaient devenus ses frères et sœurs, sa pauvre mère, affaiblie par ses grossesses, et son père, accablé par le labeur.

Il laissa donc son armure reluisante dans sa chambre, dans la forteresse de la section des Majors, et jeta sur ses épaules son vieux manteau de voyage poussiéreux. Il choisit de laisser son imposant destrier à la robe sombre à l’écurie, et harnacha un petit mais robuste palefroi bai. Il partit aussi simplement équipé, allant au devant du soleil qui se levait à peine, inondant de sa douce tiédeur les plaines désolées.

Il chevaucha de longues journées, prenant quelques haltes pour faire souffler et boire sa monture, et pour se rassasier lui-même. Chaque soir, il s’arrêtait dans des auberges différentes. Plus il s’enfonçait dans les régions perdues, plus les bâtiments étaient délabrés, les lits miteux et la nourriture exécrable. L’hiver tirait à sa fin, et les paysans décharnés levaient des yeux vides lors de son passage, puis se remettaient à travailler la terre encore gelée, mécaniquement, tels des êtres sans âme.

Enfin, il arriva en vue de son village. Il reconnu le petit vallon boisé où il avait grandi, et la petite rivière sur les rives de laquelle il avait tant joué avec ses frères et amis. Au-delà des bois, les maisons des paysans émergeaient ça et là de la terre grise, sans organisation particulière. Au loin, le donjon du petit seigneur du domaine dressait ses tours vers le ciel. Alrik eut un petit pincement au cœur en voyant cette scène.

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Créé le 18/07/2008 à 19:39:11 - Pas de modification

Il avança au pas sur le chemin de terre qui menait au village. Il avançait lentement, à la fois attiré et repoussé par ce qui pouvait l’attendre. Il arriva enfin devant les premières maisons, et mit pied à terre. Les serfs le regardaient d’un air noir tandis qu’il menait son cheval par la bride à travers les chaumières. Enfin, il arriva devant la maison de son enfance, à l’autre bout du village. Les murs de chaux étaient fissurés, et des trous béants laissaient entrer le vent glacial qui soufflait constamment en cette saison. Le toit de chaume avait été mis à mal par les intempéries, et la porte de bois sec semblait juste posée devant l’embrasure. De petits cris provenaient de l’intérieur.

Le guerrier resta un instant immobile devant la porte. Des larmes lui vinrent aux yeux, mais il les retint. Il sentait des dizaines de regards posés sur lui. Il se reprit et attacha son cheval à un arbre proche, puis poussa la porte de bois. Un terrible grincement raisonna à ses oreilles, et, enfin, il entra dans la maison de son enfance…

Le sol était de terre, et il n’y avait pour seul mobilier qu’une table en bois à laquelle il manquait un pied, quelques chaises instables et des lits de paille. Un feu achevait de se consumer dans l’âtre.

Dans un coin, une jeune femme était assise, tenant dans ses bras un enfant qui devait être âgé d’un ou deux ans tout au plus. La jeune femme était vêtue de haillons qui laissaient entrevoir sa peau diaphane. Elle regarda Alrik d’un œil surpris et inquiet, puis soudain, tandis que son regard se perdait dans celui du guerrier, elle écarquilla des yeux ronds comme des soucoupes.

- Alrik… c’est… c’est bien toi ?

Des larmes coulaient sur le visage du jeune homme.

- Milena… je … Milena !

La jeune femme se leva, posa l’enfant, et se jeta dans les bras du guerrier.

- Tu es revenu, mon frère, tu es revenu ! Tu m’as tant manqué.
- Milena, je… je suis désolé…

Les deux laissaient maintenant libre cours à leur émotion et pleuraient à chaude larme. Ils restèrent longtemps enlacés au milieu de la pièce, sous l’œil intrigué de l’enfant qui suçotait un morceau de charbon.

- Qui est cet enfant demanda Alrik ?
- Notre plus jeune frère, Alek. Il a deux ans et demi maintenant.

Alrik avait encore les yeux humides lorsqu’il s’approcha du bambin. Il se présenta à lui et tout en jouant, il questionna sa jeune sœur.

- Où est mère ? Elle n’est pas ici avec toi à s’occuper du petit ? Et père ?
- Père travaille aux champs et mère… mère… elle est morte en donnant naissance à Alek. Elle était très faible et… n’a même pas eu le temps de voir son dernier fils…

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Créé le 18/07/2008 à 19:43:28 - Pas de modification

Cette nouvelle eut sur Alrik l’effet d’un coup de dague dans le cœur. Il voulut hurler, mais aucun son ne sortit de sa gorge, et il tomba à genou au milieu de la pièce, agité de sanglots. Les images du visage de sa mère passaient dans son esprit. Il la revoyait jouer avec lui, lorsqu’il était tout petit, le serrer dans ses bras lorsqu’il avait faim et qu’il n’y avait plus de provision, l’encourager le matin lorsqu’il partait aux champs, et tant d’autres petites attentions qui faisaient d’elle un parent idéal.

- C’est… c’est ma faute. Je n’aurais pas du partir, je… j’aurais du la soutenir…

Sa sœur s’agenouilla auprès de lui, et le serra contre son cœur.

- Non Alrik, tu n’y es pour rien, tu n’aurais rien pu faire. Ne t’en veux pas, je t’en prie, tu as bien fait. Si tu es heureux, c’est ce qui compte.

Elle lui sourit, et ce sourire sincère réchauffa le cœur du guerrier.

- Tu es parti parce que tu voulais devenir un chevalier, n’est-ce pas ? Je savais que tu avais de nobles ambitions, et j’ai toujours prié pour que tu réussisses et que tu sois sauf.
- Milena…
- Tu as accompli tes rêves, n’est-ce pas ? Je le vois à cette épée que tu portes au côté. Je suis content pour toi.
-Milena…
- Ne dis rien, Alrik, tu n’as rien besoin de me dire pour l’instant.

Milena raconta alors à son frère ce qu’étaient devenus les autres membres de la famille. Thalek, l’ainé de la fratrie, avait été engagé pour servir le seigneur en tant que militaire. Zefira, la sœur ainée d’Alrik, et Deril, son petit frère, aidaient le père au travail. Mariana, qui était la benjamine de la famille lorsqu’Alrik était partie, était morte d’un mal qui la rongeait depuis longtemps. Quant au père, il n’avait jamais pardonné la fuite de son fils, qu’il considérait comme une trahison. Il l’avait complètement désavoué, et ne le considérait plus comme son enfant. Par chance, il travaillait assez loin du village, et ne serait pas de retour avant la nuit, ce qui laissait à Alrik tout l’après midi pour passer un peu de temps avec sa sœur et son plus jeune frère.

Tous trois sortirent pour marcher un peu dans les environs du village. Alrik trouvait que le village avait terriblement souffert depuis qu’il l’avait quitté. Les maisons semblaient plus abîmées, les gens encore plus maigres, et les champs étaient envahis de mauvaises herbes et de ronces. Le village semblait être au plus mal.

- Tout n’a fait qu’empirer depuis ton départ. Les récoltes ont été très mauvaises, et le seigneur s’est engagé dans des combats qui nous ont terriblement affaiblis. Mais on essaie de tenir bon, et on survit.
- Je vous apporterai un peu d’argent la prochaine fois, j’en ai accumulé pas mal au cours de mes aventures.
- Non Alrik, garde-le.
- Mais enfin, Milena !
- Si tel est notre destin, alors nous l’acceptons. Les Dieux ont choisit pour toi une autre voie, mais tu ne dois pas te soucier de notre sort.
- Milena…

S’il ne craignait de faire tomber le petit que sa sœur portait dans ses bras, Alrik l’aurait probablement serrée très fort dans les siens.

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Créé le 18/07/2008 à 19:46:04 - Pas de modification

Ils arrivèrent devant ce qui avait été autrefois la place du village. Au centre d’un petit cercle pavé se tenait une fontaine qui n’avait jamais fonctionné. Les ronces grimpaient autour des jambes du lion par la bouche duquel devraient jaillir des gerbes d’eau, et les pierres qui constituaient le bassin étaient fissurées. Autrefois, les enfants venaient jouer autour de cette statue, ils escaladaient le lion de pierre et se prenaient pour des chevaliers chevaucheurs de félins, une branche en guise d’épée à la main. Les rires des enfants rythmaient les discussions des parents, qui venaient se détendre sur les bancs de bois après le travail.

Mais aujourd’hui, la place était déserte, et un silence pesant, presque terrifiant, régnait. Les bancs étaient complètement détruits, et les pavés recouverts de boue et d’herbes sauvages. Alrik s’approcha doucement du félin, et caressa la pierre de sa main, le cœur emplit de tristesse.

- Qu’est devenu mon ami Lorius, avec qui je venais souvent joueur ici ?
- Il est parti, avec toute sa famille. Un beau matin, ils avaient tous disparu, plus rien. Personne ne sait ce qu’ils sont devenus.

Le guerrier baissa les yeux, l’amertume gagnant à nouveau son cœur.

- Beaucoup sont partis, ajouta la jeune femme. La faim devenait insupportable, et nous avons traversé plusieurs épidémies. Je crains que beaucoup ne soient morts avant d’avoir pu atteindre la moindre habitation.
- J’aimerais me recueillir sur la tombe de mère. Elle est enterrée au cimetière ?
- Oui, juste à côté de la petite Mariana.

Jamais Alrik n’avait vu autant de petites stèles dans le cimetière du village. Les planches de bois mort grossièrement taillées n’avait jamais été aussi nombreuses, témoins silencieux des horreurs qu’ont du traverser les habitants.
Les tombes de leur famille se trouvaient dans un des coins du cimetière. Une planche plantée dans le sol portait l’inscription « Ici repose Alicia, qui a perdu la vie en la donnant à son dernier fils ». Quelques pissenlits fanés et recouverts de boue étaient posés en un maladroit bouquet sur le tas de terre qui faisait office de tombe.

- C’est Alek qui les a déposés, expliqua Milena.

Alrik prit alors son petit frère dans les bras, et le serra très fort contre sa poitrine.

- Alek, mon frère… je suis désolé…

Le petit ne dit rien, mais passa une de ces petites mains sur les joues de son grand frère pour en chasser les larmes, et il sourit.
Alrik reposa l’enfant, et s’agenouilla devant la tombe. Il pria un très long moment pour sa mère, ainsi que pour sa petite sœur emportée par la maladie.

Alrik et Milena sortirent du cimetière main dans la main. Ils firent encore quelques pas à travers champs, et s’arrêtèrent à la sortie du village. Au loin, trois silhouettes courbées au dessus de la terre raclaient de leurs outils le sol inhospitalier.

- Ce sont nos frère et sœur, et notre père, expliqua Milena. Si tu veux aller les voir, je ne t’accompagnerais pas, je crains trop la réaction de père.
- Je n’irais pas. Je vous ai causé suffisamment de soucis comme ça. Mais je voudrais que tu transmettes tout mon amour à Zefira et Deril, ainsi qu’à Thalek si tu le revoies.
- Je n’y manquerai pas, répondit Milena en souriant.
- Je vais bientôt devoir y aller, avant que père ne revienne. Je voudrais juste passer une dernière fois à la maison.

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Créé le 18/07/2008 à 19:50:07 - Pas de modification

De retour dans la chaumière, Alrik fit repartir un imposant feu dans la cheminée, et entreprit de réparer la table, quelques chaises, et de tenter de reboucher quelques trous dans les murs. Sa sœur le regardait d’un regard attendri, tout en nourrissant le petit avec quelques légumes séchés.
Quand il eut effectué quelques réparations, Alrik vint s’asseoir aux côtés de sa sœur.

- C’est tout ce que je peux faire pour l’instant. Si père t’interroge, tu n’auras qu’à dire que tu as fait ça toi-même. Et toi Alek, tu ne diras rien à papa sur mon passage n’est-ce pas ?

Le petit acquiesça d’un signe de tête tout en mâchonnant un bout de légume.

- Tiens, voici un peu à boire grand frère. Ce n’est pas très bon, mais c’est ce que nous avons de mieux ici. Même l’eau est infecte.

Alrik prit le gobelet de terre que lui tendait sa sœur, et en observa le contenu. Un liquide verdâtre et épais y glougloutait, répandant dans l’atmosphère des émanations de marais puant.

- Qu’est-ce que c’est ?
- Un mélange de racines broyées et de jus de navet. Ce n’est pas très appétissant, mais très nutritif.

Alrik englouti le breuvage qui avait effectivement un goût horrible.

- Tu ne veux vraiment pas que…
- Non Alrik, ça ira, je t’assure. Ne t’en fais pas pour nous.

Arriva alors le moment où Alrik dut partir, son père pouvait rentrer d’un moment à l’autre. Il sortit, toujours vêtu de son grand manteau de voyage, sa capuche recouvrant sa tête. S’arrêtant sur le pas de la porte, il se retourna, et serra une dernière fois sa sœur dans ses bras. Aussi fort qu’il le put. Il aurait tant voulu que cette étreinte ne prenne jamais fin.

Puis ce fut le tour de Alek, et il le chargea de prendre bien soin de sa sœur en lui adressant un clin d’œil. Il sortit de sa sacoche un petit couteau dont il se servait pour de menus travaux. Le manche était de bois gravé, et la lame de bonne facture.

- Ce couteau est pour toi Alek. Tu pourras l’utiliser quand tu seras plus grand, pour l’instant je vais le remettre à Milena, d’accord ? Elle te le donnera quand tu seras en âge de t’en servir, tu veux bien ?

Le petit acquiesça, les yeux pétillants de joie autant que de tristesse. Alrik se tourna vers sa sœur et plaça le couteau entre ses mains.

- Milena, si jamais vous êtes dans le besoin, je t’en prie, vends-le.

La jeune femme passa une main sur la joue de son frère, et une larme perla au coin de son œil.

- Alrik… fait bien attention à toi.
- Toi aussi Milena, et n’oublies pas de transmettre toute mon affection à nos deux travailleurs. Quant à père…
- Ne dis rien, je sais que tu ne peux lui en vouloir. Mais ne t’en fait pas, il finira par oublier.
- Adieu Milena, peut-être nous reverrons-nous un jour !
- Je l’espère. Quoi qu’il en soit, nous nous retrouverons tous dans l’autre monde aux côtés de mère, et nous pourrons vivre heureux et tous ensemble pour l’éternité !

Alrik lança un dernier regard en direction de son village. Il distinguait les formes de ses frères et sœurs et de son père qui revenaient des champs. Sa sœur Milena les attendait sur le pas de la porte, le petit Alek dans les bras.
Un sourire s’esquissa sur ses lèvres, et il s’en retourna vers sa vie de chevalier errant, le souvenir de cette rencontre gravé à jamais au plus profond de son cœur.

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Créé le 18/07/2008 à 19:53:40 - Pas de modification
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