Articles de Atanae Kendragan - Premier retour : La Peur.
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Elle ouvrit les yeux avec une précipitation qui ne lui était pas coutumière, et malgré le bruit si familiers du ressac, des cris de mouettes et des bavardages caractéristiques de l'Arche du Lion, il lui fallut quelques secondes pour se rappeler ou elle se trouvait et calmer les battements de son cœur. Elle se détendit lentement et tourna la tête vers la chaise, à sa droite, ou Nolesdran semblait somnoler dans une position plutôt inconfortable.

Le pauvre, pensa-elle en refermant les yeux, j'aurais du lui dire de partager le lit. Elle se souvint avoir hésité à le lui proposer et finalement renoncé à le faire. L'étrange et incompréhensible situation entre eux l'en avait empêchée, et sans doute, estima-t-elle, l'aurait-il mal interprété. Je lui fais déjà suffisamment de mal, n'aggravons pas les choses. Sur le moment l'idée avait pourtant été totalement innocente, mue principalement par une envie irrationnelle de ne pas, surtout pas rester seule. Mais même si elle avait étouffé sa peur la veille au soir, elle était inexplicablement heureuse qu'il soit revenu.

 

Sa peur. Tandis qu'elle remontait le fil des événements du jour précédent, les souvenirs se firent soudainement plus nets dans son esprit encore embrumé et un frisson la parcourut alors que les terrifiantes images lui revenaient brusquement en mémoire.

 

Est-ce ainsi tout les jours pour les combattants à Orr ? Est-ce que c'est de ça que Selenae tient tant à m'écarter ? Une partie d'elle-même décréta cyniquement qu'elle aurait bien voulu ne rencontrer, lors de leur escapade, que d'honnêtes morts-vivants, et pourtant d'une certaine manière elle comprenait soudain mieux le comportement de sa sœur. Il y avait un monde entier de différence entre les escarmouches qu'elle avait vécu jusqu'ici et ce à quoi elle avait assisté la veille.

 

La peur, la terreur même, ne l'avait pas quittée à partir de l'instant ou ils avaient posé les pieds sur le bateau. Même le frisson de la chute libre, depuis les hauteurs du zeppelin, n'était qu'un détail comparé à la suite. Plus d'une fois, elle avait du lutter pour ne pas s'enfuir en hurlant et se recroqueviller dans un recoin, loin, cachée, la tête dans les bras, en attendant que le cauchemar s'arrête.

Mais je ne l'ai pas fait. J'ai tenu bon, j'ai même gardé mon calme. Pas si mal, pour une petite mercenaire de seconde zone, non ?

Pourtant la manière dont elle avait réagi, elle le savait, ne devait rien au courage. Non, c'était la réaction terrifiée d'un chat faisant le gros dos pour se faire bien plus imposant qu'il ne l'est réellement, dans l'espoir ténu que l'adversaire se décourage. Les réflexe de survie d'un animal blessé tentant malgré les évidences de dissimuler sa faiblesse aux prédateurs. Si je passe pour une faible, je n'ferais pas de vieux os. C'était particulièrement vrai dans le milieu dans lequel elle évoluait. Jamais, ne jamais montrer qu'on était vulnérable. Un coup à se retrouver avec un joli couteau pour décorer ses omoplates

 

Les digues avaient cependant fini par lâcher avant que Nolesdran ne la quitte. A lui, à lui seul, elle s'était ouverte de l'épouvante, de l'horreur, de la voix lâche en elle qui n'avait cessé de l'exhorter à fuir. Ouvrant les yeux, elle posa son regard sur le Sylvari. « Je serais le dernier à vous trahir », avait-il affirmé. Curieusement, elle le croyait. Elle avait désespérément besoin d'avoir confiance en quelqu'un.

 

Publié le 28/02/2013 - Modifié le 28/02/2013
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