Je suis née dans une famille modeste. Mes parents possédaient une ferme, ce qui était une grande chance, même si elle suffisait à peine à nourrir mes frères et soeurs ainsi que mes oncles, tantes et cousins. Mon père, fils aîné, avait le devoir de nourrir sa fratrie ; moi, fille aînée, j'ai le devoir de devenir prêtresse, pour qu'Azphel garde notre famille sous sa protection.

Je ne sais pas à quand remonte cette tradition ; depuis la destruction de la Tour d'Éternité peut-être. Chaque génération de ma famille donne sa première fille à la prêtrise. Nous suivons d'abord un enseignement rudimentaire auprès d'un vieux prêtre de notre village, puis, quand il estime que nous sommes prêtes, il nous envoie à Pandaemonium continuer notre apprentissage. Après cela, notre vie est dédiée à la protection de notre peuple : parent, ami, ou parfait inconnu, toute personne que nous voyons dans la souffrance doit être assisté.

C'est donc la voie que j'ai suivie. Il y a quelques mois maintenant que je chemine, rendant service ici et là en échange du gîte et du couvert, ou de quelques kinah. J'étais prête à passer ma vie ainsi. Mais il y a peu, un événement inattendu à bouleversé mon existence.

Je voyageais à travers Aldelle, quand je fis une étrange rencontre : Munin, un Daeva. Daeva... mot qui fait à la fois rêver et trembler. Vivre pour l'éternité, combattre jour après jour les Elyséens et les Balaurs... est-ce une chance ou bien un fardeau que de vivre éternellement ?

Lorsque je trouvais Munin, il me considéra avec curiosité, et après un moment, il me dit qu'il voyait en moi une future Daeva. Etait-ce possible ? J'avais promis de dédier ma vie à adoucir la vie de mon prochain ; ma vie de mortelle, oui, mais étais-je prête à combattre pour l'éternité ? Munin vit mes hésitations, et y coupa court : si les Seigneurs Shédims me faisaient Daeva, je ne pouvais m'y soustraire, il me fallait accepter cette mission. Cependant, il se proposa pour me guider afin que je réalise mon ascension. Je passais plusieurs jours auprès de lui, écoutant ses enseignements ; et je pris conscience qu'il avait vu juste : bientôt, je pus moi aussi déployer mes ailes.