Articles de Xylandar - Rapide r?sum? de l'histoire du Panthey Mor
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Le général Sarosnar, mon père, avait mené une vie pauvre et misérable. Jeune, il avait servi un roi cupide et belliqueux, constamment en guerre avec ses voisins. Il avait alors connu la richesse et la débauche, pour seulement quelques batailles où son génie militaire s’était alors exprimé. Après douze longues années de service, mon père avait débarrassé ce roi de tous ses ennemis, et étendu son empire pour qu’aucun n’ait même l’idée de l’attaquer ou de lui faire du tort. S’embourbant toujours plus dans l’excès et la luxure, Sarosnar comprit quel débâcle fut sa vie après une soirée où il crut que ses tripes l’abandonnaient. Le lendemain matin, il quittait ses appartements avec une bourse pleine d’or et son épée, pour ne jamais revenir.

Il trouva refuge auprès du roi Pätha, homme bon et gros, dirigeant d’un tout petit royaume sans ennemis. Il lui offrit une vie austère et agréable, qui l’épanouit au point de lui faire prendre épouse une ravissante bohémienne qui devint par la suite ma mère. Aussi loin que je m’en souvienne, ils vécurent heureux. Jusqu’à ce que la Grande Catastrophe  ne les sépare de la pire manière qui soit.

Le roi Pätha savait qu’il pourrait trouver une terre nouvelle si son royaume venait à disparaître : sa bonhomie et son naturel simplet en faisait un négociateur de talent, si bien qu’on lui faisait aisément confiance. En revanche, si le roi Pätha était certain d’avoir un royaume et un navire pour l’y conduire, il était nettement moins sûr de le préserver. Les réfugiés seraient nombreux, les ressources inexploitables ou inexploitées, et tous préféreraient s’entretuer plutôt que de mourir de faim. Il fit donc mander mon père, qui n’eut d’autre choix que de le suivre s’il voulait vivre. Moi et ma mère n’étions cependant pas invités, et même si mon père réussit à partir en croyant que nous prendrions un autre navire, nous sommes restés à terre, à attendre. Puis, sans que je ne comprenne comment, nous fûmes engagés sur un navire impérial comme mousse et cuisinière. Nous pensions survivre à la Grande Catastrophe ainsi, mais une fois encore le Destin nous joua un tour fatal : la tempête qui suivit la gigantesque vague envoya notre navire par le fond, et ma mère avec lui …

 

Seul et perdu, je pris ce qui était récupérable du navire et j’ai marché. Après quelques semaines, j’appris que le roi Pätha avait négocié la propriété d’une petite parcelle de terre sur Tecil. Isolée et désolée, elle était cependant le dernier vestige de l’ancien royaume du bon roi, et serait pour tous les survivants, un lieu d’après vie, où il ferait bon vivre. Malgré la douleur, ce royaume était le Paradë, territoire de Pätha. Anonymement, j’ai rejoint la petite armée qui se formait sous les ordres de mon père, toujours au service du gros roi. Nous avons livré quelques glorieuses batailles, où le génie militaire de mon père fut une fois encore reconnu. Tout semblait aller pour le mieux au Paradë : l’armée marchait de victoire en victoire, le royaume recevait des denrées qui pouvaient nourrir la population et même davantage, et le roi Pätha comme mon père se montraient bons envers tous leurs serviteurs. Mais au 20e jour du début de la campagne de pillage et d’expansion entreprise par mon père, il mourut. Ca n’a pas été au combat, l’arme à la main. Ni dans une arène, ou une prison, ligoté et battu suite à une défaite. Non, Sarosnar le général du Paradë, était tout simplement mort d’une faiblesse au cœur. Inquiété par le poids qui pesait sur ses épaules : la survie de Paradë. Avec l’âge, il s’était écroulé après une dure nuit passée à préparer des plans de batailles, hélas inachevés. Le lendemain, l’armée toute entière était mise en déroute.

 

Pour des raisons encore trop récentes pour que je puisse les écrire sans trembler, j’ai alors décidé de terminer l’œuvre de mon père. Le roi Pätha n’allait sans doute pas me faire confiance, et peu m’importait. J’étais un orphelin sur une île hostile et étrangère, et je n’avais plus d’ordres à recevoir de personne.

Je voulais devenir un général mercenaire, créer une armée, gagner de l’argent et diriger mes troupes victorieuses de ville en ville. Heureusement pour moi, ma réputation au sein de l’armée me permit d’enrôler une cinquantaine de pillards aux familles nombreuses. Ils étaient les premiers, et m’aideraient, dans leur désir de nourrir leurs familles, à étendre mon influence sur le monde.

Après quelques mois de lutte et de victoires, mon armée, constituée en majorité d’anciens soldats louant Eskann, était trois fois plus riche que le royaume dont elle était issue : le Paradë.

J’ai plusieurs fois songé à envahir ces terres, et à devenir roi sur Tecil. Mais je ne voulais ni obéir ou me sentir menacé par l’Empereur, et encore moins devoir gérer un royaume aussi pauvre et arriéré. Pis encore, j’enviais tellement peu cet amas de chair boursouflée, que je consentis à lui envoyer la moitié de notre trésorerie. Je m’assurais par ce geste, son soutien en tant que souverain, protégeant mes arrières et offrant ainsi à mon armée plusieurs bases de replis en un territoire non ennemi.

 

Voyageant avec mes hommes de royaumes en royaumes, volant tout ce que nous pouvions et tuant tous ceux qui s’opposaient à nous, l’armée venue du Paradë fut surnommée de nombreuses fois. Mais parmi tous ces pseudonymes, il en est un que j’ai particulièrement apprécié, issu d’un dicton du premier royaume que nous avions envahi : Panthey Mor*.

 

*ce dicton était : Quand le Panthey Mor approche, pleure et fuis. Car tu ne peux combattre cette bête, dont la tête contient plus de malice que tous ses membres réunis.

Publié le 28/07/2008 - Pas de modifications
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