Articles de Evasions - Dernier combat
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La nuit vient de tomber sur les Terres Inconnues. Au beau milieu de la plaine, un homme est allongé dans l'herbe, sous le couvert des branches d'un grand arbre. Il regarde le ciel, contemplant les étoiles entre les branches. Il les connait toutes ces étoiles, à toutes il leur a donné un nom et une histoire.


Cela fait de longues années qu'il vagabonde sur ces Terres et dort sous la voûte céleste. Il a traversé d'innombrables contrées, a rencontré un nombre incalculable de personnes et a combattu une infinité de créatures. Mais il n'a jamais aimé qu’une femme.
Une seule femme a qui il a donné tout son coeur. Mais une femme qui en aime un autre. Durant toutes ces années, il n'a cessé de l'aimer et essaie de la voir aussi souvent qu'il le peut et le veut. Profiter des quelques instants qu'il pouvait avoir en sa compagnie, puis jouir des plaisirs que peuvent procurer le voyage tout en pensant à sa bien-aimée: tel est le bonheur de cet homme. Mais cet homme souffre aussi. Voir celle qu'il aime aux bras d'un autre réveille en son coeur une vive douleur, mais jamais il ne leur en a voulu, ni à elle ni à lui.


Tout en contemplant les étoiles, il pense à sa belle. Son visage rieur, son regard envoûtant, sa chevelure parcourue de tresses fines,ses formes sensuelles ... tout lui semble si familier et en même temps si inaccessible. Mais il l'aime, et cela, il le sait, ne changera jamais. Demain il la reverrait. Il se dirigeait vers le domaine de sa famille depuis plusieurs jours déjà, et demain il pourrait enfin la revoir. Comme chaque soir, c'est en pensant à elle qu'il s'endort sous le regard de la Lune.

. . .

Tout s'éveille lentement, les oiseaux commencent à chanter, les petits animaux sortent timidement le museau de leur terrier et les premiers rayons du soleil émergent de l'horizon. Le chevalier est déjà debout. Il harnache rapidement sa monture et part au galop vers son amour.
Les murailles se dessinent au fur et à mesure qu'il approche, et bientôt il est assez proche pour entendre la clameur d'un jour de marché monter de la petite ville. Enfin, il atteint les murs et franchit la grande porte tandis que des cloches se mettent à tinter. Laissant son cheval à l'écurie la plus proche, il se dirige à travers la foule en direction de la demeure de son aimée.
Mais en se frayant un chemin à travers la foule et en surprenant les conversations, il se rend compte que ce n'est pas tant le marché qui anime les langues, mais plutôt une sombre affaire qui doit mener à un combat, cet après-midi même. Et il entend avec effroi le nom de la famille de son amour mêlé à cette histoire. Inquiet, il force l'allure et se rend d'un pas vif chez elle. Il l'a trouve dans sa chambre, effondrée sur son lit. Elle fait tout son possible pour l'accueillir chaleureusement, mais il sent bien que le coeur n'y est pas. il lui demande ce qui peut troubler ainsi la quiétude de cette petite bourgade, et la réponse le stupéfia. La famille de la belle c'est retrouvée mêlée à de sombres affaires, et il fut décidé qu'un duel à mort clôturerai l'histoire. Son époux a été choisi pour être le champion de sa famille, le combat allait avoir lieu d'ici quelques heures. En lui expliquant ceci, elle éclate en sanglot et se blottit dans ces bras.


- J'ai si peur, dit-elle. Il ne doit pas mourir, je ne survivrai pas moi-même.


Le chevalier garde le silence quelques instants, la cajolant, puis reprend, d'un ton solennel:


- Laissez-moi combattre à sa place.


La jeune fille met un hoquet de surprise, puis refuse. Elle ne tient pas à ce qu'il soit mêlé à ces sombres affaires qui concernent sa famille. Mais le vagabond insiste:


- Je t'en prie, laisse-moi combattre pour toi. S'il meurt, sur quelle épaule iras-tu te consoler? Dans les bras de qui iras-tu te blottir? Je t'aime, je n'ai pas peur de me battre pour toi.


Devant son insistance, elle finit par céder.

. . .

Le pré est d'un vert vif, un vent doux dessine des vagues à sa surface. Le ciel bleu n'est parcouru que de nuages épars, et les oiseaux chantent. Cette journée pourrait être des plus paisibles, s'il n'y avait en face du vagabond ce grand chevalier au regard haineux. Une foule de paysans et autres manants hurle sur les bords de la lice, appelant le Sang et la Mort. Les familles impliquées dans l'affaire se trouvent de part et d'autre de la lice.
Le héraut proclame le début du combat. Le regard du Guerrier Vagabond croise celui de son amour. Et il se sent emplie d'amour, d'un amour si pur qu'il se change en force et en rage. Armé de cet amour, il lance son cheval. Son adversaire approche à toute vitesse, la lance pointée sur son poitrail. Le choc est fulgurant: les deux lances frappent leur cible de plein fouet, et les deux chevaliers tombent sur le sol dans un grand bruit de tôle froissée. Ils se relèvent péniblement et, tirant leur épée de leur fourreau, se ruent l'un sur l'autre. Les coups portés sont d'une violence inouïe, les plates d'armures se déchirent, le sang coule. Après un corps à corps acharné, le vagabond parvient à tuer son adversaire en profitant d'une faille dans son armure. Mais sa propre armure est très endommagée, et en achevant son adversaire, un fragment de plate lui pénètre profondément dans la poitrine. Les deux hommes s'effondrent, l'un à côté de l'autre. La demoiselle pénètre alors en courant sur la lice, et viens s'agenouiller auprès du chevalier vagabond. Elle se met à pleurer. Sentant une larme tomber sur son front, le chevalier rouvre les yeux.


- Ne pleure pas ma belle, mourir pour toi est la plus belle mort dont je pouvais rêver. Continues à vivre heureuse avec ton époux, c'est tout ce que je veux. Je t'aime.


Malgré la douleur insupportable, il parvient à se redresser suffisamment pour lui déposer un baiser sur la joue, enfonçant encore plus profondément le métal dans ses chairs. Et alors il prononce ses toutes dernières paroles:


- Ne m'oublie pas . . .

Ne m'oublie pas . . .

Publié le 11/09/2008 - Pas de modifications
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