Articles de Evasions - Background Asaerith, partie 1
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Telle une insaisissable créature au corps diaphane, le voile noir de la nuit étend ses sombres volutes parmi les ruelles du royaume de Cyrwen. Les torches poisseuses aspergent les pavés de pierre de leur lueur blafarde, maladive. Un souffle nauséabond parcourt les allées, faisant onduler paresseusement la surface verdâtre de flaques aux relents putrides. Quelques grincements de porte viennent effrontément briser le silence de mort qui s'est emparé de la cité. Des ombres encapuchonnées se faufilent entre les murs fissurés des bâtisses branlantes avant de disparaitre dans la nuit.

Un petit groupe d'hommes en armure noire et armés d'énormes hallebardes se tiennent au centre d'une petite place grise, près du corps décapité d'une jeune femme de pierre qui se dresse au centre d'un bassin ébréché. Ils portent des torches et lancent des regards lourds de haine et de suspicion en direction des ruelles sombres qui émergent sur la place déserte. La lueur rougeâtre de leurs torches entraîne leurs ombres dans une macabre danse. Leurs heaumes noirs portent de longues cornes courbes qui semblent défier le ciel et les dieux qui y résident. Sur leur tabard, un facies terrifiant affublé de longues dents et d’yeux en amandes, brodé de fil rouge sang, semble prêt à se jeter sur quiconque aurait le malheur de passer à portée.

Le coup d'état vient d'avoir lieu et les miliciens du Seigneur Asaerith de Cyrwen veillent à la sécurité du nouveau gouvernement.

Rongé par la corruption, gangréné par les trafics en tout genre, le gouvernement du vieux Seigneur Mulfirion dépérissait. Les brigands avaient instaurés un péage devant chaque porte de la cité, et les coupe-jarrets semaient la terreur dans les rues. Les militaires du seigneur, terrifiés, n’osaient plus sortir des murailles salvatrices du donjon intérieur. Un indescriptible chaos régnait. Le royaume était condamné.

Seul Asaerith, probablement plus intelligent que l'ensemble de la pègre de Cyrwen - mais non moins perfide - parvint à tirer son épingle du jeu. Grâce à une détermination effrayante doublée d'une cruauté à faire pâlir un ogre, il réussit à forcer les mécréants du royaume à se rallier à sa cause pour renverser le vieux seigneur. Il s’entoura de quelques hommes de confiance, qu’il affubla d’armures plus terrifiantes que véritablement pratiques, et répandit cette milice à travers la ville-mère du royaume, la cité de Thylnwen. La fange répugnante qui achevait de pourrir sur le sol pavé de la cité ne tarda pas à se teinter de sang vermeil et les « démons » d’Asaerith d’acquérir bien vite une certaine réputation. Après de longues journées de tortures, d’exécutions publiques et de viols barbares, Asaerith se résigna à apparaître enfin. Perché sur un destrier de guerre d’un noir de jais aussi imposant que vicieux, il fit son entrée dans la cité par la grande porte, escorté d’une troupe entière de ses « démons ».

L’irruption de ce nouveau pion sur le grand échiquier qu’était devenue la cité de Thylnwen ne fut pas du goût de tous. Aztaal, le chef autoproclamé des brigands de la ville-mère, émergea en hurlant de la foule terrifiée, les lèvres écumantes, les yeux exorbités. D’une voix terriblement gutturale, il aboya :

- Asaerith ! Maudit chien puant ! Comment oses-tu te pavaner ainsi dans MA ville !

L’intéressé, toujours perché sur sa monture, jeta sur l’homme un regard lourd de mépris.

- Aztaal, mon pauvre Aztaal… Ouvre-donc les yeux ! Cette ville ne t’appartient plus, pas plus qu’elle n’appartient encore à cette vieille carne de Mulfirion !

Aztaal manqua s’étrangler tandis qu’il digérait les paroles de son nouvel ennemi. Crachant et toussant, les yeux injectés de sang, il brailla, d’une voix complètement éraillée, pathétique.

- Qu’est-ce que tu me chantes là ! Tous les voleurs de cette cité sont à moi ! A MOI !

Asaerith éclata de rire.

- Petit imbécile… Serith !

Il claqua des doigts à l’intention d’un jeune homme qui se tenait juste derrière lui. Ce jeune garçon, qui ne devait pas avoir 16 ans, tenait fermement un homme d’âge mur, complètement nu, le corps lacéré. Serith poussa son prisonnier, le fit passer devant le cortège et le fit tomber à genou juste devant le destrier d’Asaerith.

- Voici le dernier de tes partisans, Aztaal. Cet idiot a refusé de se rallier à ma cause. Et pourtant tu n’imagines même pas ce qu’il a pu endurer.

Un sourire malicieux illumina son visage. Les personnes qui étaient au premier rang de la foule pouvaient voir qu’il lui manquait certaines parties du corps et que ses blessures saignaient encore. Un râle incessant s’échappait de sa bouche entrouverte d’où coulait un filet de bave mêlé de sang.

Publié le 25/11/2008 - Pas de modifications
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