Articles de Amiya - De l'activit? d'une ville portuaire
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[Voici donc le texte qui présente l'ensemble des personnages. Lisez le bien, je suis sûre que vous n'aurez aucun mal à retrouver qui est qui par la suite :p Bonne lecture :) ]

 


L'homme sourit. Du haut de son perchoir, il pouvait tout voir sans être vu. Sa cachette dans les collines autour de Baie-du-Butin était parfaite. Une vue plongeante sur la petite ville portuaire et les fenêtres des principaux bâtiments en ligne de mire. Dommage qu'à cette heure là, les chambres de l'auberge soient toutes vides... Ou presque.

 

L'homme se rapprocha du bord de la falaise pour mieux voir. Un homme entra dans une des chambres. Il balança son sac dans un coin de la pièce et entreprit d'enlever la cotte de mailles qui protégeaient son torse. Le sang sur la protection et ses grimaces de douleur ne présageaient rien de bon pour sa santé. Et en effet, une cicatrice barrait son torse. Apparemment, une blessure mal soignée qui s'était rouverte lors d'un combat. Le jeune homme se laissa tomber sur une chaise, visiblement à bout de force. Un autre homme, plus petit, le rejoignit dans la chambre. Ils avaient tout les deux les muscles et la peau tannée des aventuriers. Ils partageaient une longueur de cheveux peu commune chez les humains. Le nouvel arrivant avait des cheveux noirs et lisses, un visage fin et des yeux en amande d'un noir d'encre. Il sortit des bandages d'un sac ainsi que de quoi nettoyer la plaie, et entreprit de bander correctement la blessure de son ami. Il attacha sommairement les longs cheveux châtains de celui-ci et le tira doucement mais fermement vers l'unique lit de la pièce. Le blessé s'endormit dès que sa tête eut touchée l'oreiller. L'autre le couvrit soigneusement et quitta la pièce. L'observateur enrageait : il n'avait pas pu voir la couleur des yeux du châtain. Il lui semblait qu'ils étaient d'un bleu peu commun...

 

Du bruit le détourna de son observation. Un drôle de spectacle se déroulait sous ses yeux. Charmant spectacle en vérité. Sur le toit de l'auberge, une elfe de la nuit paradait sous les yeux des marins et autres aventuriers sans emploi. Le moins qu'on pouvait dire, c'était que l'elfe était très très peu vêtue. Ses sous-vêtements noirs tranchaient sur la blancheur de sa peau. Elle détacha ses longs cheveux blancs qui s'étalèrent comme de la neige sur ses épaules. Des sifflets et des applaudissements montèrent du quai. Avec quelques sortilèges, l'observateur réussit à entendre ce que disait les spectateurs : l'elfe allait-elle vraiment plonger du toit ? Allait-elle réussir à plonger au milieu de la baie ? Allait-elle rater son saut et s'écraser lamentablement sur le sol, et mourir ? On prenait les paris et les mises grimpaient vite. Le silence se fit brutalement. De là où il était, l'observateur vit l'elfe s'élever dans les airs et redescendre presque au ralenti. Elle plongea pile au milieu de la baie de la ville gobeline sans faire de remous. La foule retint son souffle jusqu'à ce que l'elfe refasse surface. Lorsqu'elle remonta sur le ponton, elle fut accueillie par les acclamations de son public improvisé. L'observateur vit enfin son visage. « Plus inexpressif, tu meurs », pensa t’il. Son visage n'exprimait aucune émotion, pas même de la fierté. Elle se dirigea vers l'auberge, totalement indifférente à ses -nombreux- admirateurs.

 

Dans un bel ensemble, ils la suivirent dans l'auberge mais furent interceptés par une gnomette qui bloquait l'entrée. Son aura glaciale coupa aussitôt l'envie à la foule d'investir l'endroit. L'observateur la détailla plus précisément. Des cheveux noirs corbeaux coiffés en deux chignons, de grands yeux vert émeraude, une peau pâle et un sourire carnassier. Une robe rouge et or de démoniste et une dague effilée aux reflets rouge sang. Elle tendit la main vers la foule dans un geste explicite. En grommelant, les admirateurs vidèrent leurs poches et jetèrent des pièces aux pieds de la gnomette. Elle ramassa les pièces une par une pour les mettre dans sa bourse. Quand elle eut fini, elle libéra -enfin- le passage. Une vague de mâles de toutes races déferla sur l'auberge à la recherche de celle qu'ils appelaient déjà « la sirène de Baie-du-Butin »

 

Tout ce remue-ménage n'était pas du goût de tout le monde. Devant la banque, un nain râlait, pestait, grognait contre « ces grand couillons d'elfes qui foutaient le bordel partout où ils passaient ». Langage relativement soutenu pour un nain portant une robe caractéristique des prêtres. « Quelles raisons à sa colère ? » se demandait l'observateur. Et bien... Certes, la prestation de l'elfe était impressionnante. Certes, l'elfe en question était -très- jolie. Il n'empêche qu'elle avait fait fuir tous les poissons de la baie ! Il n'avait plus qu'à attendre que les bancs de poissons reviennent. Sa patience sérieusement entamée, il décida d'aller pêcher à l'extérieur de la ville. Sa canne à la main, il se dirigea vers un bouc de monte richement harnaché qui attendait paisiblement à l'ombre. Une brusque rafale de vent fit s'envoler son chapeau. Il le poursuivit sur le quai en vociférant des insultes toutes plus colorées les unes que les autres. Le vent dérangeait sa barbe et ses cheveux blonds cendrés. Aveuglé par sa masse capillaire, il fonça dans une jeune femme qu'il manqua de faire tomber. Celle-ci ne sembla pas énervée ou choquée par le comportement du nain. Au contraire, elle posa sur la tête du nain le chapeau qu'elle avait attrapé au vol. De toute évidence, ils se connaissaient. La jeune femme taquinait son ami qui lui répondait sans se démonter. Ils se séparèrent au bout de quelques minutes, le nain quittant la ville et la jeune femme s'installant dans une des petites cabanes de Baie-du-Butin.

 

La jeune femme resta quelques instants dans le bâtiment. Lorsqu'elle en ressortit, elle avait troqué sa longue robe de mage contre une tenue plus légère. Vêtue d'une tunique sans manches et les jambes nues, elle s'allongea devant la cabane et se mit à lire un livre épais. L'observateur la regarda quelques minutes. Elle avait une peau très foncée et une crinière de cheveux noirs. Ses yeux marrons étaient cachés derrière un chapeau de paille. Elle se plongea dans la lecture de son livre, ignorant les regards intéressés des badauds.

 

Un bateau accosta en milieu d'après-midi. Une troupe d'orcs, de trolls et de taurens en descendit. Toujours caché, le curieux remarqua deux taurens qui restaient en retrait. Ils débarquèrent avec trois kodos lourdement chargés. Le mâle était armé d'une hache d'une taille impressionnante qu'il maniait avec habileté. Son pelage blanc contrastait avec ses cornes noires. La femelle avait un pelage blanc tacheté de noir. Son visage entièrement noir faisait ressortir ses yeux bleus ciel. Les deux portaient des protections en mailles. Les nombreux talismans de la femelle montraient qu'elle était un chaman. Ils montèrent sur leurs kodos après avoir vérifié leurs affaires et rejoignirent le reste de la troupe à l'extérieur de la ville. Un éclair doré attira l'attention de l'observateur. Des colliers fins en métal brillaient aux cous des deux taurens. Ils étaient mariés.

 

L'observateur s'étira. Il fit craquer ses vertèbres une par une, étira ses jambes ankylosées par ses longues heures d'observation. Le soleil allait se coucher d'ici une heure ou deux. Il commença à monter une tente de fortune.

 

Un cavalier peu discret le tira de sa tâche. Un faucon-pérégrin soulevait la poussière du seul chemin praticable de la vallée de Strangleronce. Le volatile semblait complètement paniqué. Il entra dans la ville au pas de course et s'arrêta au milieu de Baie-du-Butin. Son cavalier mit pied à terre, fit quelques pas peu assurés...et s'écroula sur le sol. Le faucon-pérégrin se mit à pousser des cris de détresse, sortant la ville de sa torpeur. Alertées par les cris, quelques personnes sortirent de leurs cabanes pour venir en aide au blessé. « La blessée », pensa le curieux. Le cavalier était une elfe de sang, vêtue d'une robe bleue et les cheveux retenus par un bandeau orné de pierres précieuses. Elle avait un beau visage, des pommettes hautes, des lèvres fines, des yeux en amande aux longs cils. Ses longs cheveux noirs et épais étaient poisseux de sang tout comme sa robe. « Elle est noble », pensa l'observateur. « Et surtout, elle a des ennuis ».

 

Le soleil  se coucha. Les quelques boutiques fermèrent et toute la ville se retrouva dans la taverne. De son poste, le curieux entendait distinctement les rires, les chansons paillardes, le choc des bouteilles sur les tables. Devant la porte, un couple insolite se disputait. Une elfe de sang traitait un gobelin de tous les noms. Une arnaque foireuse ? Une vente ratée ? Un travail mal payé ? L'observateur n'eut pas le temps d'entendre le motif de leur dispute. Les deux compères retournèrent dans l'auberge. Il grava dans sa mémoire les grands yeux de l'elfe, sa peau blanche et ses lèvres rouges sang.

 

Beaucoup plus tard dans la soirée, un druide sous sa forme de voyage débarqua dans la ville. Il s'arrêta devant l'auberge et reprit forme elfique. Le druide était en fait une druide, un peu intimidée par les rires gras qui sortaient de l'auberge. Elle hésita quelques instants et entra. Le brouhaha à l'intérieur n'avait pas diminué.

 

Beaucoup plus tard encore...

Une silhouette quitta la ville en claudiquant.

Une silhouette à qui il manquait la moitié de sa chair.

Une silhouette qui voyait sans ses yeux.

Une silhouette qui parlait alors que sa mâchoire avait été arrachée.

Un Réprouvé.

Une succube le suivait armée de son fouet. Sa voix douce murmurait des malédictions pour son maître.

 

Baie-du-Butin était décidément une ville très fréquentée, pensa l'observateur. Le soleil était à peine levé que déjà on chargeait et déchargeait les navires à quai. Ce matin là, deux personnes attiraient toute l'attention. Deux femelles draeneis étaient descendues du bateau en provenance d'Auberdine. Deux jumelles aux visages sérieux, à l'attitude fière et déterminée. Leurs cornes et leurs sabots étonnaient les gens qui se demandaient s'ils avaient affaire à un nouveau genre de succube. Elles quittèrent rapidement la ville sur des montures inconnues, de gros mammifères munis de défenses.

Elles partaient à l'aventure dans un monde qui n'était pas le leur...

Publié le 28/01/2009 - Modifié le 28/01/2009
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