Articles de Azkath - Souvenirs
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La sueur qui perle sur mon front, le poids des sacs de grain sur mon dos, la douceur de la peau de Sephira contre la mienne, le regard pétillant de Darius, l'odeur à la fois forte et agréable de la campagne... Tout ceci me manque terriblement. J'aimerai tant pouvoir ressentir une dernière fois toutes ces choses qui ont été l’essence même de ma vie de mortel ! Retrouver mon village, mes amis. Les disputes avec mon voisin, qui se plaignait sans cesse de notre roncier qui empiétait sur son potager. Les sorties en forêt avec Ector, pour aller relever nos pièges. Les jours de marché, où Noelie réclamait sans cesse des coquillages aux pêcheurs venus vendre leurs prises. Les jours de repos, où nous apprenions à marcher à Darius, sur le petit chemin de terre qui passait devant notre maison. Tous ces instants de bonheur simples qui ne sont plus que d’inaccessibles souvenirs, enfouis au plus profond d’une mémoire rongée par le temps...

Aujourd'hui, je ne suis plus qu'une âme en peine, un esprit abandonné, inexistant pour le monde. Ces créatures ont chassé mon âme de mon corps. Je les ai vues ouvrir mon propre crâne, broyer ma cervelle d'une main squelettique et insuffler dans ce corps éviscéré une ombre malsaine. J'ai vu mon propre corps sans âme se relever. Je l'ai vu marcher au milieu d'une horde de créatures sans nom et tuer, tuer, tuer encore. Je l’ai vu arracher les membres de cadavres pourrissants pour en dévorer la chair. Je l’ai vu achever sans un regard des femmes et des enfants laissés pour mort. Je l’ai vu traverser un champ de bataille pour voler le dernier souffle de vie des soldats agonisants. Mon enveloppe charnelle était devenue une goule, un être décérébré, créé dans la mort pour semer la mort.

J'ai longtemps erré, sans but, perdu dans un monde sans saveur, sans odeur, sans matière. Je n'ai jamais compris pourquoi cette créature n'a pas dévoré mon âme lorsqu'elle a volé mon corps. J'aurais préféré disparaître plutôt que voir tout ce que j'ai vu. Ces yeux que je n'ai plus ne peuvent se refermer. Je suis condamné à assister pour l'éternité à l'écœurant spectacle de la guerre et de la violence.
Publié le 09/02/2009 - Pas de modifications
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