Articles de Aly - Cauchemar
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- Alyae, je suis… Alyae !

- Tu est à moi ! Je te ferai plier à ma volonté, comme tous les autres !

- Je… suis… moi… !

- Cesse de résister, libère toi de tes chaînes mortelles, prend la place qui te reviens… A mes côtés !

- NOOOOOOOOOOOOOON !

Le cri empli la petite chambre, résonnant entre les murs austères avant de se perdre dans le silence du matin. La Draenei est assise sur le lit, baignée de sueur, le regard bleu acier empli de terreur, l’air hagard. Elle se tient la tête de ses mains frêles et reste ainsi de longues minutes, immobiles, haletante. Enfin, lentement, dans la pâle lumière de l’aube qui parvient à traverser les lourds rideaux des fenêtres, elle se lève et se dirige vers une table, à l’angle de la pièce. Elle est nue ; son corps pâle est affreusement maigre et recouvert de lardasses et de marques de coups. Tous ses gestes semblent lui demander un effort considérable et c’est avec grand peine qu’elle s’empare d’une mince boîte posée sur la table ; d’une main tremblante, elle en sort ce qui semble être une seringue en argent finement ciselée, dont le corps en verre est empli d’un liquide ambré. La Draenei se laisse tomber à genou sur le plancher usé et, d’un geste mal assuré, insère l’aiguille dans son bras gauche puis s’injecte le liquide. Réprimant une grimace de douleur, elle lâche la seringue qui vient rouler au sol et stoppe sa course contre le pied du meuble.

Un bruit. Sourd. Profond. Répétitif. Elle sort de sa torpeur et frissonne en reprenant conscience du monde qui l’entoure. On frappe à sa porte, on appelle ; une voix grasse, peu aimable, insistante. Elle se relève, prend au passage une chemise négligemment jetée sur une chaise et l’enfile comme d’une robe. Prudemment, elle arrive à la porte et l’entrouvre ; l’homme est là, collé au chambranle comme si il voulait passer à travers, vulgaire, pas coiffé, le visage rougeaud et vêtu d’une robe de chambre élimée. Son propriétaire. Il lui crache au visage son haleine infecte et ses postillons.

- C’t’encore vous qu’hurlez ! J’ai cru qu’on égorgeait un d’mes clients ! Si ça continue, j’vous fous à la porte, vous faites peur à tout l’monde, vous avez compris ?! A la porte si ça s’calme pas c’bazar ! C’t’une affaire honnête ici et j’veux pas d’problèmes !

La Draenei acquiesce en baissant la tête d’un air penaud. Elle murmure quelques excuses, se perd en révérences avant de refermer la porte. Elle ne peut pas se permettre de perdre cette chambre ; dans cette ville, personne ne veut des gens comme elle, sauf si ils peuvent mettre le prix… Et encore.

Le produit fait son effet. Les tremblements se calment peu à peu, ses yeux prennent une lueur plus claire, une certaine vie paraît se réapproprier ce corps malmené. Les rideaux sont écartés et la lumière vient baigner la pièce, faisant disparaître les derniers fantômes qui la hantent… jusqu’au prochain soir, où l’obscurité amènera avec elle son lot de souvenirs. Encore et encore…

Publié le 06/05/2009 - Modifié le 06/05/2009
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