Articles de Aly - La Ville
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La ville d’Hurlevent, comme à son habitude, est pleine de vie et d’entrain, grouillante d’une foule affairée, de marchands devant leurs étals, de soldats en armure, de paysans amenant vaches et couvées, d’enfants rieurs… La haute silhouette d’une Dranei se faufile paisiblement parmi ses rues et ruelles, sans but précis. Au loin, un nourrisson se réveille et fait entendre ses cris braillards, réclamant l’attention de sa mère. Des cris… La Dranei a un étourdissement, elle se retient à un tonneau tout proche, portant sa main fine à son visage, sa vision se voile…

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« Tu tiens à ton gosse ?! Si tu veux je peux t’épargner le pénible spectacle de sa mort, si tu rampe assez bien à mes pieds, comme la larve que tu es ! »

Un grand éclat de rire s’élève dans la brume matinale qui recouvre la scène, un rire qui n’a rien d’humain, glacial, ignorant toute pitié. A terre, la pauvre hère implore, supplie à genou qu’on lui rende son enfant, son bébé ; elle pleure toutes les larmes de son corps, s’agrippe à la silhouette sombre qui tient d’une main la chair de sa chair. Le regard de glace brille derrière la visière de l’armure, sans une once de sentiment.

« Prenez-moi… Prenez-moi à sa place, mais laissez le, il est si jeune… si innocent… Ayez pitié… »

La main gantée se crispe sur le manche de l’épée, la lame s’élève en un mouvement parfait avant d’être abaissée d’un coup sec, précis. La tête vient rouler aux pieds de la silhouette en armure qui, d’un geste négligent du pied, l’envoie au fond du ravin qui plonge derrière elle. Levant alors l’autre main haut en dessus de sa tête, tenant toujours le nourrisson, elle semble l’offrir aux nuages tempétueux amoncelés dans le ciel. L’enfant pleure, hurle, mais seul le vent lui répond.

« Haaaa ! Ta mère tenait tant à toi qu’elle ne voudrait être séparée, tu ne crois pas, petit gueulard ! »

D’un geste, elle se retourne et lance alors l’enfant dans le vide. Il hurle de plus belle, un bruit sourd se fait entendre et le vent, à nouveau, est le seul à briser le silence…

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Pleurs… Bruits de chariots, chiens qui courent et se faufilent, murmures des gens, harangue des marchands, la cité de Hurlevent accueille entre ses murs vendeurs et curieux. Hâtant le pas, des larmes coulant le long de ses joues, son regard dissimulé sous le rebord baissé de son large chapeau, la haute silhouette d’une Dranei se fraye un passage parmi la foule.

Publié le 06/07/2009 - Modifié le 29/11/2010
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