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et soudain ses souvenirs lui revinrent comme une baffe en plein visage...


Le fracas était impressionnant. Boucliers et épées s’entrechoquant, hurlements, grognements des goules et d’autres créatures répugnantes qu’elle savait a peine nommer. Les cris, aussi : gémissements de douleur, rugissements victorieux pour un ennemi abattu…

« Pour le bien, et pour la Milice Grise ! »

La voix claire de Valerian portait loin sur le champ de bataille et l’entendre retentir lui redonna courage. Elle se redressa et repartit au combat de plus belle, rugissant avec force. Ses lames, si vives que dans la mêlée on les distinguait a peine, tranchaient os et chairs pourries avec régularité. Mais l’armée du Fléau était bien plus vaste que la leur.
Autour d’elle l’herbe se teintait progressivement de rouge. Leur sang, celui de ses frères d’armes : les goules ne saignent pas. Elle avait douloureusement conscience du fait que chaque goutte écarlate qui colorait la plaine appartenait à un de leurs hommes, à quelqu’un qu’elle avait connu, à un ami. Si seulement les renforts se décidaient à arriver…
Au loin, sur sa gauche, elle distingua une forme sombre. La cavalière fixait le champ de bataille de ses yeux glacés, totalement immobile. C’était elle, comprit la capitaine, qui dirigeait l’assaut. Ayant achevé la goule qui lui barrait le passage, elle entreprit une lente progression en direction de la chevalier de la mort, perçant les rangs ennemis. S’il fallait mourir aujourd’hui, autant le faire en beauté, en emportant avec elle cette chienne du roi-liche qui les toisait du haut de sa monture.

La femme chevalier l’avait vue arriver et l’attendait de pied ferme. Les dagues frappèrent l’épée runique dont l’aura bleutée glaça la capitaine jusqu’au os. Elle roula sur le coté pour se désengager mais son adversaire la suivit, frappant de taille. Esquivant de justesse, elle bondit à son tour, parant d’une main tandis que l’autre montait chercher la gorge. L’espace d’un instant elle cru qu’elle l’avait touchée, et elle eut tout loisir de contempler le visage de son ennemie dont la capuche sombre avait glissé. Une elfe brune, à peine plus grande qu’elle. La haine et la colère déformaient ses traits durs, d’une étrange beauté malgré des yeux de glace. Un joyau rouge sang retenait sa chevelure.
Puis la chienne du fléau la repoussa, avec une force qu’elle n’aurait jamais soupçonnée chez quelqu’un d’aussi frêle. Les échanges reprirent. Parade, feinte, attaque… la femme chevalier se battait bien, parant chaque coup avec une célérité implacable. Marà combattait avec la fougue et l’énergie du désespoir, et pourtant peu a peu elle perdait un terrain. Pas après pas, son adversaire la faisait reculer et elle avait beau être rapide, esquivant d’un bond les coups de l’énorme épée runique, elle commençait à s’épuiser alors que la chevalier restait imperturbable. Un coup finit par l’atteindre, lui entaillant durement le bras. Elle fit un pas en arrière et le coup suivant, manquant de la décapiter, lui ouvrit la joue de la ligne de la mâchoire jusqu'à la pommette.
Elle hurla de douleur tandis que le sang chaud commençait à couler le long de son cou. Parer l’attaque suivante la fit tomber à la renverse. Elle roula sur le coté, tenant de se relever, mais un coup de pied de la chevalier de la mort la fit mordre a nouveau la poussière. Les yeux écarquillés, elle vit l’arme de son adversaire descendre vers elle, trop vite, trop fort pour qu’elle puisse l’esquiver.

Un hurlement clair, et qui portait loin. Alors qu’elle se préparait a sa propre mort, Valerian, sorti de nulle part, chargea la chevalier et l’envoya au sol. Celle-ci parvint cependant a se rétablir, repoussant son assaillant, et le combat commença. Le regard vitreux déjà voilé de rouge, Mara tenta de se redresser, mais elle perdait trop de sang et elle le savait. Les blessures infligées par sa dernière adversaire étaient loin d’être les premières qu’elle récoltait au cours de cette bataille. Son visage tailladé lui donnait l’impression de n’être plus qu’une plaie sanglante et le liquide rouge imprégnait ses cheveux, ses vêtements, sa bouche…
L’énorme épée à deux mains de Valerian parait avec force les coups de l’arme runique mais pourtant Marà sentit que lui aussi perdait du terrain. Chacun de ses coups se faisait peu a peu moins puissant, chaque parade moins assurée que la précédente. Prenant appui sur un tronc derrière elle, l'elfe ramassa l’une de ses dagues et se releva lentement. Elle avait a peine la force de tenir son arme et son regard suivait difficilement le combat. La chienne du roi-liche lui tournait le dos, pourtant, et elle su que c’était la son unique chance. Valerian allait mourir, elle n’avait pas le droit a l’échec. Elle s’élança.

C’est alors que son corps la trahit. Ses jambes trop faibles se dérobèrent sous elle et elle trébucha, tombant à nouveau. Tout ce qu’elle vit fut le sang qui jaillissait tandis qu’avec un hurlement Valerian s’écroulait lui aussi,  l’abdomen ensanglanté le bras tranché avec une netteté effroyable. Elle cria à son tour, dégainant ses dagues de lancer, mais la chevalier fut plus rapide. Elle se retourna vers la capitaine, son aura glacée grandissant tandis qu’elle tendait la main. Un trait de lumière violacé en jaillit et Marà sentit sa gorge se serrer jusqu'à l’étouffement. Elle lutta, se débattit pour chercher de l’air, en vain. Elle fut propulsée vers son adversaire, qui l’attendait lame en avant. Un froid terrible s’empara de tout son corps alors que l’épée runique s’enfonçait dans ses chairs…

Au loin, une trompette retentit mais elle ne l’entendit qu’a peine. La chevalier de la mort dégagea son arme et une fois encore le corps de la capitaine percuta durement le sol poussiéreux du champ de bataille. Au nord le bruit se faisait plus fort, et il lui semblait entendre des clameurs. En un dernier effort, elle tourna la tête et regarda Valerian, étendu comme elle un peu plus loin, dans une marre de sang. Il lui rendit son regard et il lui sembla voir ses lèvres s’étirer en un mince sourire, mais déjà l’éclat des yeux du général faiblissait. Leur lumière vira progressivement au gris, et il la contemplait toujours lorsque l’ultime éclat disparut, remplacé par le regard vide de la mort. Les clameurs venant du champ de bataille redoublèrent, et le son clair des trompettes de Lune d’Argent résonna à nouveau. Mara ferma les yeux et se laissa emporter dans les ténèbres.

Publié le 28/08/2009 - Modifié le 18/10/2009
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