Pourquoi suis-je ici ? Je n'aime pas la forêt. Trop d'espace, trop d'endroits où aller, à surveiller.
Trop d'ennemis qui rôdent.
Peu à voler.
Je suis un voleur.
Je m'introduis dans vos maisons, la nuit, sans vous réveiller.
Je fouille vos poches, sans que vous ne me remarquiez.
Je vous fait croire que ce qui n'existe pas est vrai.
Car je suis un voleur.
Je n'aime pas la forêt. Je devrais être dans la cité, celle que je vois là-bas, au loin. Mais je suis ici, en Elwynn, car c'est le seul endroit pour le moment où je peux apprendre.
Etrange, non ? Qu'un voleur soit obligé de trainer au beau milieu d'une forêt pour progresser ? Mais ce monde est ainsi fait. J'accomplis les tâches que l'on m'assigne.
Pour l'expérience.
Pour l'or.
Pour le butin.
Car je suis un voleur.
Je vois aussi des maisons, un peu plus loin. Sans intérêt.
Elles ne recélent aucune richesse. Rien à dérober.
Seulement quelques habitants peu loquaces, et bien sûr, les enfants.
Je ne les aime pas.
Ils me font peur.
Comme un goût de ténèbres au milieu de l'innocence.
Alors je reste dans la forêt, à chercher mes victimes - mes proies.
Pour l'expérience.
Pour l'or.
Pour le butin.
Car je suis un voleur, errant au milieu de la forêt d'Elwynn.
Le temps passe. Je continue à errer, à chercher, à progresser.
A m'enrichir - un peu. Que de choses étranges on trouve dans l'estomac de certains animaux !
Mais je m'y habitue. Car ce monde est ainsi fait.
J'apprends à me fondre dans l'obscurité.
A me cacher de mes ennemis.
A utiliser mes dagues, sur leur gorges découvertes.
Car je suis un voleur.
C'est alors que je le vois.
Il est seul.
Lui aussi s'est fondu dans l'obscurité.
Lui aussi se cache.
Car lui aussi est un voleur.
Mais il n'est pas comme moi. Il n'appartient pas à mon monde.
Pour moi, je le sais, il n'est qu'une proie.
Il n'est là que pour me permettre de progresser.
D'avoir du butin.
D'avoir de l'or.
Je sais aussi que, si je le tue, il reviendra. Encore, et toujours.
Car ce monde est ainsi fait.
Je sors mes dagues. Inutile de me cacher, je suis plus fort que lui.
Il m'a vu. A-t-il souri ? Difficile à dire.
Ils sont tous pareils à mes yeux. Les mêmes tics. Les même façons d'agir, de se battre.
De mourir.
Nous sommes des voleurs, tous les deux.
Mais nous n'appartenons pas au même monde.
Je l'attaque. Il esquive.
Mais je suis plus fort que lui. Plus rapide. Plus expérimenté.
Cette forêt dans laquelle j'erre depuis tant de temps m'a beaucoup appris.
J'ai tué beaucoup de ses semblables.
Et je suis plus fort que lui.
Je l'achève d'un geste élégant. Il tombe à terre, la gorge tranchée, dans un dernier rictus d'agonie.
Devrais-je avoir des scrupules d'avoir tué un homme ? Non. Car ce monde est ainsi fait.
Et je sais, car cela fait maintenant longtemps que j'erre dans cette forêt, qu'il reviendra. Encore, et toujours.
Pour m'apporter de l'expérience.
Du butin.
De l'or.
Car je suis un voleur.
Le loup me déchire le mollet d'un coup de croc vif et douloureux. Je plie de douleur - j'ai mal ! Comment est-ce possible ?
Son grognement me fait tourner la tête, alors que j'essaie d'esquiver son attaque.
Mais il est plus fort que moi.
Je n'ai pas encore récupéré de mon combat précédent.
Je vais mourir.
Il frappe encore, d'un coup de gueule qui fait tomber au sol. Je vois, sans comprendre, le sang - mon sang - couler de mes blessures. Et l'obscurité tombe tandis que je m'enfonce dans la nuit.
Je vois le visage ricanant qui se penche sur moi, et je sens ses mains qui me fouillent.
Mais je n'ai pas peur.
Je sais que je vais revenir.
Car ce monde est ainsi fait.
Car je suis un voleur.
Car je suis, pour l'éternité, un Défias, errant à jamais dans la forêt d'Elwynn...