Des ruines. Enfin… On ne pouvait nommer cela des ruines uniquement car ce fut un ancien village, mais il ne s’agissait plus que de pieux et de bois empilés, brûlés, et éparpillés ne laissant que la carcasse des habitations. L’espoir de ses quelques réfugiés fut brisé rapidement, isolés des batailles entres la neige et les terres dévastés, le bonheur malgré la pauvreté de ses terres, arrivait à planer au dessus des hommes et des femmes heureux de vivre à Ascalon encore un peu.
« C’est de la folie, Seigneur Wilfrid. Je sais que vous tenez à vivre encore sur les terres de vos aïeuls, mais la pseudo-sérénité de nos gens ne tiens qu’à un fil. Vous le savez. Nous devons fuir vers l’Ouest, vers la Kryte ! »
[Un mois auparavant.]
Le Seigneur Wilfrid Garidan étant un homme âgé de nombreuses années. Particulièrement maigre, voir squelettique, il masquait son physique défaillant et faible sous ses drapés d’ébènes et d’or, finement tissés pour un noble, bien qu’il y manquait l’écusson de sa famille et celui-ci avait été oublié depuis longtemps, et introuvable. Ses cheveux et sa barbe frôlant la couleur de la neige comblé à ses rides était sa marque de sagesse, mais à l’entendre, il n’en n’était rien. Menant ses suivants comme du bétail, et ses hommes comme de la chaire à sacrifiée pour sa propre vie, il devait désormais assumer ses propres erreurs face à son commandant d’armée.
Ses nomades avaient erré sur la frontière, cachés et traqués par les Charr depuis des décennies désormais, alors qu’Ascalon devint un « ancien royaume humain », écrasé par la poigne de fer Charr et sous la malédiction du Roi Adelberne, ce groupe n’avait réussi à l’époque à suivre le Prince Rurik, et par la folie des anciens nobles dont la descendance n’est d’autre que ce cadavre de Wilfrid, ils ne sont plus que des nomades vivants entres la vie et la mort : Noirfaucon en siège, les Cimefroides trop dangereuses, et que dire d’Ascalon ? À chaque pas, ils pouvaient rencontrer les légions, ou même des esprits aptes à les étripés sur le champ. Peu parmi ses personnes avaient encore l’espoir de vivres encore longtemps, mais ils avaient été endoctrinés par les belles paroles de Wilfrid en leurs promettant la paix sur leurs terres. C’était vain.
Face à lui, le commandant d’armée été équipé d’une armure lourde et sombre, mais particulièrement usée que les bordures dorées n’était que très peu visible, son équipement était miteux, et la masse d’arme qui portait dans son dos avait du vivre de nombreux combat, trop de combat pour la médiocre qualité de l’arme volée à un Charr. Il se dressait devant Wilfrid, l’air grave, et le casque sous l’épaule, détaillant son chef comme si il s’agissait de son bourreau
- Que font les éclaireurs ? Ils sont lent, trop lent. Vous devriez les entrainés un peu mieux. Fit Wilfrid en faisant un signe de main à son serviteur qui dans un sursaut fonça rechercher la carafe fissurée aux quelques peintures qui avaient été décolorés depuis longtemps.
- Le commandant eu dans sa voix, un râlement inconscient, comme si un gantelet de plaque entourant la main d’un Norn venait lui serrer la gorge de toutes ses forces. Ils sont morts, Seigneur. Ils ont été retrouvés décapités et leurs corps éparpillés pas loin de leurs emplacements de gardes. Les charrs ne sont pas loin !
Wilfrid défigura son commandant, qui comprit rapidement l’erreur dans ses mots. Son seigneur n’attendait pas la vérité, il s’attendait à ce que son commandant lui réponde ce qu’il voulait entendre : Tout va bien, ils arrivent. La tension monta brusquement, alors que Wilfrid saisit la coupe que lui avait préparé son serviteur, ce fut le calme avant la tempête que cet instant où il s’intéressa au breuvage. Mais il le renversa finalement, sa main fit un simple geste qui se figea un instant qui brisa le silence dans le bruit du fracas du récipient sur le sol, et le hoquet du serviteur qui recula de quelques pas, avant de fuir la tente. Il avait vu quelque chose, cette chose fut rapidement la cible du commandant qui avait déjà eu le reflexe de détailler plus profondément le moindre recoin de la pièce. Mais il n’eu pas besoin de se forcer davantage, car la silhouette d’un homme habillé d’une tenue sombre, d’un noir encore plus profond que la tenue de Wilfrid, cerclée d’ornementations diverses, et d’un symbole qui lui était encore inconnu, sous sa capuche, le sourire de cet homme lui paraissait si lugubre qu’il préféra reculer légèrement d’un pas pour dégainer plus vite. Dans le silence glacial, ce geste fit avoir un petit ricanement à ce personnage lugubre, et ce même rire fit s’afficher une moue haineuse sur le visage du commandant.
- Ravi de faire votre connaissance, commandant… Alfred Dentelion, c’est cela ?
- Je le serais tout autant une fois que je saurais pourquoi un être aussi macabre rôde autours de mon seigneur, étranger.
L’inconnu laissa s’échapper un grand rire, portant sa main sur l’épaule de Wilfrid, et poussant un peu de la paume, l’invitant à faire face à son commandant. Au toucher, Alfred dégaina immédiatement la masse d’arme qu’il portait à son dos, et prit sa position de combat, une épaule en avant. Jouant de son doigté sur le manche de la masse, comme si il s’agissait d’un instrument de musique dont il avait hâte de joué, il ne fut même pas déconcentré ou calmé lorsque Wilfrid se redressa en levant la main vers le commandant.
- Mon bon commandant de mes fidèles soldats. Commença Wilfrid. Tant d’honneur le soulagea un peu, ayant l’espoir que ce personnage sombre ne soit pas le début de la fin. Mais votre folie et votre acharnement mènera mes sujets à la mort. Vous êtes condamnés, Alfred Dentelion. Votre grade, votre honneur, et celui de votre famille. Il hocha la tête vers l’homme habillé d’une tenue sombre, celui-ci lui sourit en retour. Et votre vie.
A ses mots, l’homme en noir tendit la main en directement de Dentelion rapidement, son bras crépitant d’une aura très peu rassurante. Un magicien ! Cette pensée fit le tour de l’esprit d’Alfred qu’une fois pour lui assurer que la fuite était la solution la plus censée. Il dérapa et contrôla sa chute, roulant en avant en lâchant son imposante arme pour réussir à reprendre pied, mais les citoyens et soldats purent voir le commandant balancer un nuage de poussière dans son mouvement pour sortir en un instant de la tente, il leva les bras, et hurla.
- Peuple de l’Est, fuyez ! Fuyez tant que vous le pouvez encore ! Personne ne vous guidera vers autres choses que la mort !
Un coup de feu se fit entendre, ce qui provoqua une vague de folie dans le campement. Les pleurs des enfants, les cris des femmes laissèrent la panique se rependre comme une trainée de poudre, et rapidement tout fini dans des brouhahas mobilisant les soldats à essayer de calmer les populations. Après tout, comment cela n’aurait pas pu prendre des dimensions alarmantes quand le commandant des armées hurle à la fin de tout, en s’écroulant ensuite au sol, l’épaule percée d’une balle bien ajustée. Gisant dans le petit flot sanglant qui s’accumulait à sa droite, et se retournant contre la terre chaude qui brulait les parties de son corps à son contact, exposé par les défaillances de son armure. A cet instant, il maudissait l’armurier dans une pensée qui n’était rien d’autre qu’un juron, mais en prenant du recul, l’on pouvait savoir qu’il maudissait beaucoup de chose avec cet unique juron. Mais ce qu’il maudissait le plus maintenant, c’est l’homme qu’il vit s’approcher de lui doucement. Il était effrayant, même lui qui était aguerrit de plusieurs années de combat, ne pouvait que ressentir une sorte de frisson venir se mêlés aux brûlures et à la douleur de son épaule qui commençait à s’estomper avec l’adrénaline montante, mais celle-ci ne pouvait rien contre la terreur que provoquait ce personnage. Son bras crépitant de magie, il le leva doucement, l’aura s’enroulant autours de son bras comme concentrant le sort qui ira s’abattre sur sa victime docile. Nulle flammes, ou givres, seulement ses remuements violâtres qui gesticulaient comme une âme en peine.
Wilfrid s’approcha doucement en s’aidant de sa canne d’un bois ravissant mais très peu traité, comme si elle fut une découverte de la providence dans un endroit peu probable. Dans tout les cas, elle était entres ses mains fragiles et tremblante. Dentelion se concentra un peu plus sur la canne, et reconnu que la boule portait le même symbole étrange que l’épaulière du magicien. Quand ? Qui ? Pourquoi ? Les questions se mêlaient dans ses esprits, mais virent vite s’estomper dans l’idée qu’il vivait ses derniers instants.
- Je ne peux pas vous laisser croupir à vie dans un cachot comme le misérable que vous êtes. Alors je vous subirez ses années en un instant, jusqu’à votre mort. Et puisse cela racheté vos pêchés, manant.
L’un des soldats observa la scène, son regard grand ouvert. Il était en face de son commandant, et il n’aura jamais eu le temps d’interrompre le sort, ni même le courage : Être un héro, oui, mais pas en mourir. Ce soldat était seulement connu pour la blessure à son visage qui le défigurait sur tout le côté gauche, une trace de brûlure qui laissera sa marque à jamais. Il en restait traumatisé, depuis, seul sa survie comptait. Mais une chance s’ouvrit à lui, quand il vie une jeune fille absorber par la panique, qui ne faisait qu’observer dans tout les sens, sans comprendre, cherchant un repère vainement. Une idée lui traversa l’esprit, et le soldat s’avança dans la masse pendant le lent discourt du seigneur qui se dressa de toute sa magnificence qui rappelait l’idée d’une mort-vivant fragile dressé devant un homme à terre, prêt à le dévorer. Il poussa quelques personnes, et à l’instant le plus propice, il se jeta comme prévu en avant, dans la feinte qu’il fut poussé par l’arrière, il vint s’écraser en bousculant brutalement la jeune fille à la chevelure d’or devant le commandant. Dans un petit cri, la jeune fille n’eue pas le temps de se retourner vers son agresseur, qu’elle reçue le sort de plein fouet, avant de venir s’écrouler à côté, tremblante.
Il avait réussi. La chute lui paraissait au ralentit, il rit un petit, mais il s’estompa rapidement quand la folie de son geste se dissipa doucement pour laisser la raison reprendre le dessus. Le choc avec le sol fut brutal, si bien la panique des environs le fit se faire écraser sous les bottes des citoyens paniqués, préparant leurs affaires. Il se redressa sur ses avant-bras, observant si son dangereux essaie avait porté ses fruits, ce qui fut le cas, mais il détailla la personne au sol, dont une femme était déjà à ses côtés, les larmes coulantes sur ses joues rougies, tout en jouant de sa propre magie comme un rayonnement bleuté qui absorbait les deux personnes dans une douce lueur. Le flou commençait à prendre le dessus, et la poussière montant laisser par les pas lourds et rapides des passants l’empêchait de bien voir, et lui piquait les yeux et le nez. Un passage de sa main contre son visage, et observa la personne qui lui avait servi de sacrifice. Comble de l’ironie, dans son geste lâche, il venait de balancer sa propre fille sur un sortilège mortel.
Son hurlement n’arriva pas jusqu’à elle, car il fut étouffé par les cris et maintenant, les explosions. L’homme habillé d’une grande tenue sombre tourna la tête, dans un grognement d’insatisfaction bien visible, et Wilfrid tourna son visage vers la même direction, puis vers l’homme en noir, le regard plein de haine.
- Les Charrs ! Ils sont trop nombreux ! Fuyez !
Il voulait rajouter quelque chose, mais un tir dans la tête l’empêcha de continuer à donner des consignes, et le guetteur rejoint le nombre de cadavre grandissant. Tout le monde fuyait rapidement en essayant de récupérer les maigres affaires qu’ils leurs restaient en toutes hâtes bien qu’il ne s’agissait souvent que de quelques victuailles ou un bol cassé, tout le monde fut embarquer de force par les plus imposants qui jouaient le rôle de père pour les orphelins ou les familles brisés, ou toutes ses personnes si fragiles qu’elles restaient au sol en pleurant, quelques minutes suffirent, et il ne restait que les quelques défenseurs suffisamment courageux pour retenir les charrs, mais ils ne tiendront que quelques secondes faces à leurs assaillants. De leurs morts, ils avaient offerts la vie à tous ses nomades fuyant à nouveau. Wilfrid était toujours la, n’ayant pas bougé d’un poil de l’emplacement où gisait son ancien commandant qui avait été déplacé dans la foulée par la fuite. Il n’y avait plus que lui, et l’homme habillé d’une tenue sombre. La colère le faisait serrer la boule de sa canne comme si il voulait la briser, mais ses maigres forces fit l’inverse de ce qu’il comptait faire, et trouvait sa poigne douloureuse tant sa rage montait.
- Vous avez mentit, Grand-vide. Mon peuple… ma patrie… Vous avez mentit ! Tout est perdu !
- Et quand ai-je dis que je vous protégerais, sieur Wilfrid ? Un sourire se dessina sur le visage de Grand-vide, dont seules les lèvres étaient visibles sous la capuche, ce rictus moqueur fut la goutte de trop.
- Mes pouvoirs.. ? Où sont mes pouvoirs, et tout ce que vous avez promit ! Donnez-moi la force ! La puissance ! Nourrissez-moi de vos magies occultes !
Grand-vide prolongea ce rire qui devient rapidement plus sinistre, plus ténébreux tandis qu’il faisait volte-face doucement, les mains dans le dos, en partant à petits pas vers les brumes soulevés par les batailles, la silhouette se mêlant à travers les ombres des débris et des corps. Laissant Wilfrid seul, alors que le bruit des batailles se tût, il fut remplacé par les rires et les bruits des plaques des Charrs devant une proie si faible et si chétive. Le noble se retourna dans tout les sens, et finalement, tendis les bras en grand, accueillant les légionnaires qui devenaient petit à petit visible à travers les fumées, sa cane vient chuter au sol et se briser en deux brusquement sous le pied d’un charr bien plus imposant qui se dressa de toute sa hauteur devant l’humain tremblant, doté d’une armure rouge qui se mélangeait encore la teinture vaguement peinte sur sa tenue, et les traces écarlates du sang encore frai et celui qui n’avait jamais été nettoyer. L’on pouvait reconnaître à son armure qu’il était le chef de ce groupe, l’épaulière droite forgée comme le visage d’un warg hargneux, dont les crocs d’aciers étaient trempés aux même de sang comme si la figure avait plongé sa mâchoire dans la peau frêle de l’un des soldats qui se débattait pour survivre.
- Je n’ai pas peur de mourir, Bête… Pour Ascalon..
Furent les dernières paroles du Seigneur Wilfrid Garidan avant de recevoir le coup de grâce, le bruit de la masse si massive que l’on aurait pu la prendre pour un boulet pleins de piques vient se fracasser contre l’homme qui s’écroula au sol dans un bruit sourd, un petit gémissement avait accompagné pendant quelques secondes le bruit des os brisés par l’impact, mais ce ne fut qu’un infime instant, car tout fut remplacer par les hurlements de victoire des charrs qui dressaient leurs armes en l’air dans ce champ de bataille désolé en l’espace de même pas une heure, ne laissant que des ruines de ce campement qui abritait la vie de tant de personnes, leurs rêves et leurs espoirs, envolés après l’attaque meurtrière des Charrs..
Et l’histoire se répéta dans le regard de Dentelion qui observait vaguement son camarade qui le soutenait, et autours, tout ses compagnons d’armes ayant survécu à ce massacre. Il était allongé sur la neige qui était immaculée de son sang, le blanc apaisant été devenu un écarlate inquiétant. Il tendit vaguement la main, qui fut serrer par son compagnon qui le soutenait, cet homme au visage qui était calciné sur sa gauche avait étrangement l’air apaisant pour le commandant qui lui sourit finalement. Il avait été blessé mortellement lors de leurs fuites dans le début des cimefroides, cinq années ont passés depuis la chute de ce tyran qu’était Wilfrid, et ce groupe avait survécu tant bien que mal en essayant de rôdé encore dans les environs d’Ascalon, essayant de longé les frontières, mais c’était évident maintenant : Ils ne pouvaient qu’affronter le froid et les milliers de menaces venant des terres des Norns. Alfred avait découvert à quel point il était vrai et sa vie allait bientôt finir dans les bras de ses deux frères d’armes les plus loyaux. Zerkioh Hoaï, l’homme au visage brûlé qui le soutenait le mieux, sur les deux genoux, le regard tremblant et embué de quelques larmes dont il avait grand peine à se débarrasser, et l’autre se nommait Kevan Ielda, un homme plutôt âgé à la barbe soigneusement taillée qui était plus enclin à contrôler ses émotions, les mains serrés contre ses genoux sous ses couches de fourrure qui enlaçait ses membres fermement.
- Vous êtes le dernier espoir de ses réfugiés, mes amis. Sauvez les vies de nos camarades, conduisez les jusqu’à la Kryte. Tel Rurik à travers les Cimefroides… Conduisez-les vers un avenir meilleur.
A ses derniers mots, personne n’avait le courage de dire quoi que ce soit, ne serais-ce que d’essayer une tirade réconfortante avant que petit à petit, le feu de la vie d’Alfred ne s’éteigne finalement dans les bras de Zerkioh, qui ferma doucement les yeux, en laissant son corps contre la neige.
- Il nous faut lui préparer une sépulture.
- Nous n’avons pas le temps. Rétorqua Kevan, nous devons partir immédiatement. Les éclaireurs ont signalés des menaces des bêtes gelés venant du nord. Nous devons continuer vers l’ouest.
- Savez vous au moins où ça nous mènera ? Fit Zerkioh en se redressant, et tournant un regard de glace vers son camarade.
- Loin de ses créatures. C’est déjà ça.
Et les nomades emboitèrent le pas à nouveau, beaucoup étaient en larmes, pleurant à nouveau la perte de l’un des leurs, alors qu’ils devaient subir ça régulièrement, le nombre devenait de plus en plus bas autant que l’espoir sombrait doucement dans le néant. Zerkioh marchait en traçant les limites du troupeau comme un berger, et s’osa un regard à la personne qui l’intéressait. La jeune fille âgée de dix huit-ans désormais marchait aussi doucement, le regard rivé sur les flocons qui tombait doucement pour le moment, une petite poupée de chiffon dans la main. Ses cheveux se mêlaient parfaitement au blanc de la neige, aux même de cette couleur immaculée, dansants paisiblement contre le léger vent soufflant à l’opposé de leurs routes. Ils étaient d’une couleur platine depuis ce jour, il se souvenait encore avec méprit de ce jour. Mais ce qu’il constata plutôt avec dégout, c’est que cette fois encore, elle ne pleurait pas la mort d’un des leurs. Ce n’était peut-être pas si fort, mais elle n’avait pas fait couler une larme pour celle qui lui avait sauvé la vie…
… Pour sa mère défunte en lui offrant sa vie.
Elle s’était réveillée dans un chariot, un sursaut la fit se relevé doucement mais elle eue de la peine à comprendre ce qu’il lui arrivait. Pas sans grandes difficultés, elle reconnu ce qui fut sa mère, mais celle-ci était âgée désormais de nombreuses années. Son visage doux était devenu craquelé par les rides et la fatigue, son souffle était court, des tâches étranges lui bordait le visage. Elle était éveillée. Enroulée dans un drap et contre un oreiller, juste à côté de sa fille qui se débattait un peu pour reprendre maitrise de son corps qu’elle serait si engourdit par le choc. Une mèche lui passa sur le visage, et elle eue un hoquet quand elle vit la teinture de celle-ci, la prenant en premier lieu pour une touffe des cheveux de sa mère qu’elle aurait pu avoir sur sa tête, il n’en n’était rien. Sa chevelure était d’argent, la marque de la puissante magie qui l’avait affecté, et qui rongeait désormais cette vielle femme qui tremblait un peu contre les maigres drapés qui protégeaient son dos du bois froid et épineux de la caravane.
Une main se levant doucement, osseuse comme si la peau sur ses os n’était plus qu’une fine couche dégonflée et morte. Cette main vint à la rencontre de la joue de la jeune fille, et dans une caresse, arriva jusqu’à sa nuque. Agrippant celle-ci de ses maigres forces, ce fut l’enfant elle-même qui vint se pencher jusqu’à être étalée dans les bras de sa mère, bien qu’elle avait l’impression d’être allongée contre un cadavre, le contact semblait froid, mais uniquement pour elle, il était véritablement chaleureux – cette étreinte maternel serait surement la dernière, elle en avait conscience tandis qu’elle écoutait les battements de cœur faible, dont le rythme ne cessait de décliné petit à petit. Jusqu’à ne plus battre du tout.
Deux doigts touchèrent le menton de la jeune fille pour l’invité à redresser la tête, ils n’en n’avaient pas la force, mais elle suivit naturellement le geste pour observer le visage de sa mère une dernière fois. Le chagrin montait, mais fut légèrement dissipé par l’étonnement. Et son regard se perdit dans celui presque vide de la mourante, mais qui souriait. Comment pouvait-elle être si joyeuse de périr, après tout ce qu’il s’est passé ? L’autre main de la vieille femme passa le long du dos de sa fille, avant de venir à son visage, pour séchés les quelques perles qui naissaient de ses yeux avant qu’elles ne puissent couler le long de ses yeux.
- Sourit, ma douce Eïffy. Tu vies, et tu vivras encore surement demain et bien d’autres jours suivant. Tu as milles raisons de pleurer, mais aussi de sourire. Prend l’essentiel, et préserve ton bonheur intact. Ils essayeront de te l’arracher, et très peu essayeront véritablement de te le rendre. Si tu échoues une fois, tu échoueras toute ta vie à vaincre tes peines et ses douleurs. Vie, ma petite, et voit les beautés des gestes et des mots, des faits et des quêtes que tu suivras. C’est car je t’aime que je t’offre ce dernier présent, et je suis heureuse d’avoir pu empêcher le destin de te faire mourir sans avoir goûté à pleines dents à toutes ses choses qui t’attendent, même si le prix signifie un sacrifice, je le trouve juste pour la récompense à la clé.
Sourit, ma douce Eïffy. Et je sourirais aussi par delà les brumes.
Ses mots résonnaient longtemps dans l’esprit de la jeune fille. Avec une certaine frayeur de voir la jeune fille craquer dans un flot de larmes et de chagrin quant à cette déclaration si difficile à avalée, la mourante n’eue pas besoin de se pincer les lèvres bien longtemps. Son enfant lui adressa un sourire radieux, pas un mot ne pouvait sortir de sa bouche aux lèvres néanmoins tremblantes, elle avait comprit ce que sa mère voulait lui dire, elle pencha doucement la tête au même endroit, contre le haut de la poitrine de sa mère, à l’emplacement du cœur, et ferma les yeux.
Bom-bom. Bom-bom… bom-bom… bom …
Le regard de Zerkioh recommença à se perdre alors accompagné d’un profond soupire en détaillant les environs enneigés dans lequel lui et ses compagnons étaient perdu. Le silence n’était brisé que par les toux et les bruits des pas et équipement s’entrechoquant. Entres les plaques d’armures et les objets en métaux fragiles dans les sacs de ravitaillement – peu retrouveraient leurs vaisselles utilisables, mais vu ce qu’ils pensaient tous sur leurs destins, ils ne se souciaient pas vraiment de l’état de leurs objets.
Un bruit sourd se fit entendre, et la main de Zerkioh se leva en même temps que celles de tous les autres soldats restant. Rapidement, la tension monta, et des légers bruits venait de environs se faisaient entendre. La neige craquait sous des pas, nombreux et puissants, et surtout… se rapprochant dangereusement. Une silhouette se dessina dans la brume, il était gigantesque. Un Norn d’une grande taille, trop grande taille, car quand il fut visible, tous purent constater le couvregivre qui s’enroulait autours de sa peau comme une seconde couche et le rendait particulièrement effrayant. Partout autours, des loups couvregivrés eux aussi, mais à un moindre niveau sortaient désormais des brumes de toutes part, et encerclaient maintenant le groupe se resserrant en boule tant qu’approchait les bêtes grondantes autours d’eux.
Le Norn couvregivré leva son énorme poing, mais le hurlement de bataille qui s’éleva dans toute la plaine, et filant dans le vent quelques flèches qui brutalement acheva le destin de quelques bêtes couvregivrés. Les flèches étaient lourdes, bien plus grande que celles des soldats d’Ascalon qui les observaient avec un étonnement bien visible. Deux norns bien en chaire quittèrent le voile opaque de la brume environnante, et l’un autre suivait en chargeant avec son marteau, et alla s’abattre brutalement dans le crâne de l’une des bêtes et la fit virevolté en l’air. Reprenant courage, les soldats humains commencèrent à entamé le combat contre les bêtes. Des cris de guerres et de souffrances s’accumulaient, et Zerkioh tourna la tête vers le Norn couvregivré qui reculait doucement. Il n’y avait nulle peur dans son assurance, juste une sorte de déception quand il fit volte-face en disparaissant rapidement dans la nuit.
Certaines des bêtes couvregivrés avaient été rappelés, bien que les soldats croyaient qu’elles fuyaient, laissant une dizaine de cadavres humains au soldat, majoritairement des citoyens n’ayant pas pu être protégés. Les gémissements de douleurs furent remplacés par les pleurs, et les blessés les plus gravement furent achevés. Personne ne pouvait les transporter ou alors même les soignés. Ce qui rappela aux hommes leurs grandes faiblesses : Si écrasés par leurs faiblesses qu’ils devaient faire mourir eux même ceux qu’ils aimaient. Une personne voulu mettre fin à ses jours, mais fut empêcher par un soldat qui saisit le poignard de la jeune femme in-extremis devant sa gorge prête à être ouverte. On l’entendait hurlait, et couvrir les pleurs des personnes âgés qui souffraient tout autant, mais eux avaient désormais l’habitude de tels souffrances.
Son fiancé été allongé au sol, les entrailles à l’air et remuées comme si cet homme n’avait été qu’un vulgaire fruit pour ses créatures. Il lui avait promit la lune, un mariage heureux, une famille et une vie pleine d’amour. Qu’après la souffrance, elle viendrait enfin à voir le soleil. Toutes ses illusions furent rattrapées par la réalité. Zerkioh observa la scène, mais cette fois lui aussi n’aurait pas le droit à un petit moment de répit pour plaindre les morts. Il pu voir sur son épaule une main qui pourrait lui broyer le crâne si elle voulait, comme si ce n’était qu’un vulgaire ballon de baudruche. Le norn l’observait de haut, le marteau tenu contre son épaule, accompagné des deux archers qui se tenaient fièrement à ses côtés.
- Où allez-vous, voyageurs, alors que vous traversez les Cimefroides comme des proies de choix pour les prédateurs ?
- En Kryte. Répondit Zerkioh, bien qu’il pensait plutôt quelque chose du genre « Va te faire foutre. »
- C’est de la folie. Vous mourrez avant d’avoir pu voir les étendues verdoyantes.
- Alors nous mourrons en essayant, Norn. Rien ne nous attend derrière. Aller de l’avant est notre dernier espoir.
Alors vous n'irez pas à la mort. Fit une voix venant de derrière, encore inconnue. Un Norn s’avança. Tenant dans son dos, un immense espadon, il marchait doucement, et sa vue ne déplut pas au grand norn qui se tenait devant Zerkioh, mais cela l’étonna, ce qui fit comprendre qu’il n’était pas du groupe. Il avança en se tenant fièrement devant les humains qui ramassaient les leurs. Son regard ne croisa que la peur, le doute, les larmes et surtout, la faiblesse de ses gens qui essayaient malgré tout de survivre.
- Tu es… Naeric, c’est cela ?
- Je les accompagnerais jusqu’à la Kryte, à travers les Cimefroides. Dit-il, en laissant son regard passé sur le Norn, puis sur Zerkioh, qui grinça un peu ses dents.
- Bien… Alors on vous suit, Norn. Si vous êtes notre dernier espoir, de toute façons… on à rien à perdre. Lança Zerkioh à son tour, en frottant doucement son bras douloureux
- Le Marcheur vous poursuivra, Naeric. Vous ne survivrez pas à ses assauts.
- Nous verrons bien.
Naeric hocha simplement la tête, et le groupe se redressa. Une heure passa seulement, mais il fallait déjà partir. Difficilement, le groupe traina les plus faibles et ceux qui étaient si abattu qu’ils se refusaient à avancer. S’il le fallait, certains utilisaient même la violence pour se faire entendre. Et guidés par les pas de ce Norn avec une bonne assurance, ils continuèrent leur route, au cours de laquelle plusieurs personnes âgées encore perdirent la vie, épuisé par le froid mordant et la route difficile, ou certains tués par les bêtes sauvages. Des mois passèrent sur les routes, elles étaient extrêmement difficiles à prendre, et de grands détours parfois étaient nécessaires pour évité les dangers beaucoup trop élevés, pour alors des montés impossibles à franchir.
Mais le destin prit un autre sens alors qu’ils avaient presque atteint leur destination. Un petit campement fut monté pour la nuit, et la Kryte s’étendait au-delà des dernières montagnes faces à eux. L’espoir put renaitre. Les enfants riaient, et jouaient avec les adultes retournant eux même à l’âge juvénile. L’ambiance était aux festivités, malgré toutes ses peines et ses pertes. Le froid n’était plus aussi mordant, l’air était respirable, tous pensaient que c’était la fin des malheurs, après des années de souffrances, et de folies.
Naeric s’attarda sur cette jeune fille qu’était Eïffy, intrigué premièrement par les cheveux blancs de celle-ci. Elle ne semblait pas albinos, quel magie aurait pu lui donner une telle apparence ? Les autres réfugiés nommaient ça une malédiction. Non pas à cause des effets magiques, mais à cause de ce que cela avait pu provoquer. Cependant, plus intriguant encore que cette histoire de chevelure, Eïffy s’intéressait particulièrement à cette nature brutale qui survivait dans les cimefroides. Les arbres la passionnait, et ses plantes, cette vie qui luttait à travers les neiges, tel un connecteur, elle se liait à la nature environnante, et s’abandonnait à la rêverie alors que les autres subissaient leurs souffrances avec des râlements. Sa mère lui avait déjà apprit les bases de cette magie, celle qui lié l’utilisateur à la nature même, et permettait d’être soutenue par celle-ci. Jouant avec une petite racine, comme si il s’agissait d’un petit animal, la tordant, la redressant, elle ne faisait pas moins que s’entrainer à la magie de la nature. Naeric l’observait faire, les bras croisés, intrigué tout même par ce genre de personnalité.
Zerkioh se tenait droit, les mains dans le dos, en observant ses compagnons vivre pleinement leurs vies comme si il ne leurs était finalement rien arrivé, et ne pu contenir une petite moue désapprobatrice. Lui ne croyait pas que tout pouvait être aussi simple, et craignait ce qu’il allait advenir d’eux en Kryte. Qui sait ce qu’il s’y passera, quels seront les prochaines menaces ? Il pensait déjà l’avenir, contrairement aux autres, il ne pouvait pas croire que le bonheur frappait enfin à leurs portes après tant de maux ce soit passé, comment les choses pouvaient-elle devenir une utopie ? Ses questions s’estompèrent rapidement avec le bruit de pas, et des plaques d’armures venant de derrière lui. Il tourna rapidement la tête au début, puis plus doucement. Il reconnu facilement Shigma Naentir qui s’avançait devant lui, c’était l’un de ses camarades les plus proches mais aussi les plus discret. Lui était tout sourire, comme les autres simplets en bas, mais Zerkioh allait bien vite regretter cette pensée, et amèrement.
Shigma passa doucement ses mains dans son dos, et à ses côtés, un homme avança, enroulé dans sa tenue ébène, au symbole qui effraya Zerkioh en lui forçant instinctivement à faire un pas en arrière.
C’était le mage qui accompagnait Wilfrid.
Zerkioh dégaina immédiatement, mais ses yeux s’ouvrirent en grand et il lâcha la lame qu’il tenait dans sa main, celle-ci venant percuter le sol sans un bruit, amortie pas la neige au sol. Ce qu’il venait de voir réduit ses espoirs de vaincre ou de se défendre à néant, bien qu’il n’en n’avait déjà pas beaucoup. Les deux grands guerriers n’étaient pas suffisamment géant pour être vraiment des norns, si ce n’est des petits, mais leurs armures sombres étaient effroyablement imposantes. Les plaques étaient griffés, et empêchait de voir une quelconques parties du corps des guerriers à l’intérieur, qui trainaient des larges espadons, les plantant au sol face à eux, et les tenant fermement comme des armures décoratives dans les manoirs nobles. Ils se dressaient à côté du magicien qui lui aussi avait les mains dans le dos, le bas de sa robe décharnée battant dans le léger vent qui soufflait lui donnait l’air d’une faucheuse.
- Grand-vide ne nous veut pas de mal, mon ami. Joint toi à nous, ne fait pas la même erreur que Dentelion. Je ne veux pas te blesser.
A ses mots, Zerkioh fixa Shigma, et son regard fuit la peur pour devenir haineux, glacial. Tombant sur les deux genoux, comme si il avait été écrasé par une montagne, les révélations lui firent un choc tel qu’il avait du mal à respirer. Il toussa vaguement avant de replonger son regard dans celui de cet homme qui venait de lui déclarer le pire.
- Traitre… Tu as…
- Oui. Le coup de fusil, la mort dans la neige, qui pensais-tu que cela puisse être ?
- Qu’importes… Fit vaguement Zerkioh, en serrant les dents. Mais pas toi.
Des lunes et des nuits plus tôt. Shigma se trouvait devant Dentelion qui toussait brusquement, touché par la maladie. Victime d’une très mauvaise grippe, son corps n’avait pas su supporter le froid plus longtemps, et la fièvre montait. Le commandant fixa vaguement son homme de main, et lui esquissa un sourire. Il n’était ni chaleureux, ni respectable. C’était un sourire moqueur.
- Alors c’est cela. Au final… Tu ne vaux pas mieux que les autres.
- Je veux juste protéger les êtres qui me sont cher.
- Et qui sont-ils, pour être protéger par une vermine comme toi ? ajusta Dentelion en passant doucement sa main sur la garde de son épée.
- Moi, et mes miches, commandant.
Dentelion lâcha un petit rire, qui fini en fou rire, suivit par Shigma qui réalisa que sa tirade avait peut-être finalement un peu d’humour. Mais les éclats de rires précédèrent les éclats des lames en milliers d’étincelles virevoltantes dans les airs. Deux sourires, et les enchainements continuèrent pendant quelques secondes seulement, jusqu’à ce que l’inévitable arriva. Il n’en n’avait pas la force, et sa volonté ne lui permettait pas d’agir aussi bien qu’il aurait voulu. Une diversion, frappe du genou gauche sur la hanche, et voilà que Dentelion fut forcer à faire quelques pas en arrière avant l’inévitable. Il baissa la tête, et observa la lame à travers son torse, puis bascula en arrière. Son regard devint si flou à l’instant qu’il ne reconnaissait déjà plus Shigma, qui disparu rapidement ensuite, en prenant soin de retirer l’épée du torse de son commandant.
Zerkioh affrontait la dure réalité : Il avait été trahi par son Seigneur, et maintenant, par son compagnon d’arme le plus proche. Et maintenant ? Lui aussi allait-il mourir si vainement ici, dans la neige des cimefroides juste au bout de la route vers un avenir meilleur ? C’était invraisemblable d’échoué si près du but, et pourtant. Après tout, il était bien le seul à penser que tout n’était pas si rose, pour une fois qu’il avait parfaitement raison.
- Pourquoi… ? Que voulez-vous enfin ?! Qu’avons-nous fait pour mériter cela ?! Hurla Zerkioh, les yeux aux bords des armes, tremblant.
- Enfin, du calme mon ami ! Shigma se rapprochait désormais, et posa sa main contre l’épaule de Zerkioh en se baissant à sa taille, sur un genou, en lui souriant.
- Shigma. Dites-moi que tout cela n’est qu’un cauchemar.
- Vous aimeriez bien que ce soit le cas, mais non. Fit le magicien à l’arrière, sa voix malicieuse titilla les oreilles du soldat comme un venin douloureux. Vous avez échoué à la capture d’une relique en suivant l’acolyte Wilfrid, et nous vous invitons désormais à vous racheté.
- Qu’est-ce que vous racontez comme conn…
- Notre peuple deviendra les mains et les armes de la caste du sorcier, mon ami. Nous serons heureux, et fort. Nous serons nourrit et logés. Et peut-être même, nous rentrerons à Ascalon, tu ne trouves pas ça formidable ?!
- Tu as vendu nos compagnons… ?
Shigma sourit, puis lâcha un fou rire. Celui-ci fut interrompu par le poing qu’il reçu dans la figure quand Zerkioh se redressa un peu, le propulsant en arrière dans un petit bruit de plaque qui s’entrechoque. Immédiatement, les deux guerriers réagirent, et foncèrent sur Zerkioh qui n’eut pas le temps de dégainer. Frapper dans le dos, il senti le coup comme si on venait de le frapper avec une masse d’arme, et se fracassa au sol brutalement dans un petit gémissement, sentant la plaque glacée de la botte du guerrier l’écraser contre le sol, comblé dans le fond sonore suivant la chute, et son traumatisme, par le rire de Shigma qui se relevait. Il vint se dresser devant lui, et Zerkioh eue de la peine à essayer de le regarder, passant son visage par la partie non-brûlée contre la neige, détaillant un Shigma qu’il n’avait jamais vu.
- Tu as jusqu’à ce soir pour choisir, mon ami. Mon frère. La mort de tes compagnons, ou leurs sauvetages. Nous viendront vous chercher à la fin du crépuscule.
- Abjecte…
- Grand-vide, nous devrions partir désormais. Continuer la discutions ne mènera à rien. Il sait ce qu’il doit faire.
Esquissant un sourire, et dans un grand geste de bras, Grand-vide fit un signe à ses guerriers de se retirer, et Zerkioh senti la plaque de la botte du guerrier se retirer doucement, tandis qu’il eu un grand souffle et une toux grasse et douloureuse. Les lames des guerriers trainaient au sol, et Grand-vide disparurent rapidement avec les deux guerriers du même endroit où ils étaient parti. Shigma lui resta quelques instants, avant de remuer la tête, et prendre la même direction de Grand-vide. Le soldat lui ruminait en abattant son visage contre la neige, malgré le froid et la douleur, ce n’était pas aussi terrible que d’avoir perdu un ami précieux. Dans quoi Shigma avait-il bien pu sombrer pour devenir agent de tels félons ?
Il ne resta tout de même pas longtemps au sol, et réussi à se redresser pour avancer doucement vers le campement. Sa démarche ne resta pas inaperçue, autant que le sang qui coulait le long de ses lèvres. Venant s’asseoir contre une chaise de fortune, si lourdement qu’elle fut à deux doigts de craquer sous son poids, mais provoquant tout de même un bruit sinistre, les humains étaient autours de lui, silencieux. Les rires s’étaient tût, la joie, envolée. Tous attendaient ce que Zerkioh avait à dire, surtout ses compagnons comme Kevan qui détaillait son état, les bras croisés, un peu plus loin de la foule.
- Nous mourrons tous cette nuit. Mes amis, notre rêve n’en n’était justement qu’un. Personne ne verra la lumière du soleil demain. Nous sommes condamnés, alors savourez vos derniers instants.
Très vite, tout s’emballa, et le village fut en panique. Des crises de nerfs, des pleurs, des hurlements. Les femmes discutaient en hurlant, personne n’arrivait à s’exprimer, et tous essayaient de comprendre ce qu’il se passait. Zerkioh était secoué dans tout les sens, mais il ne dit rien. Il était assit sur sa chaise, insulté et supplié par les hommes et les femmes désireux de croire encore qu’ils survivraient. Il fallut deux heures pour que tout se calme un peu, et quelques personnes avaient fuit seule. Nombreuses étaient revenu, d’autres n’iront plus nulles part, dévorés ou achevés par les cimefroides elles même comme si la terre s’amusait à même avec leurs vies, dans ses épreuves si simple comme grimper un haut, ou bondir entres une craquelure, tout ça devenait une des étapes mortelles pour des frêles humains maigres et malades qui avaient du survivre à peu de chose prêt.
Finalement, Zerkioh révéla la nature de leurs fins, annonça la venue de ses chevaliers terribles, et sombres comme la nuit noire. Les hommes préparaient des pièges, et discutaient de plans de combats, et comment affronter de tels personnages. Le campement devenait petit à petit le prémices d’un champ de bataille.
Pendant ce temps là, Eïffy avait grimpé au-dessus d’une petite montée, la plus grande des environs, et observant les montagnes d’où devrait jaillir le soleil, elle ferma doucement les yeux quelques instants, puis la ouvra pour apprécier encore mieux le spectacle une fois avoir fait le vide dans son esprit. Passant la main dans son petit fourre-tout, elle sorti la petite poupée de chiffon qui ne l’avait jamais abandonné jusque là, comme un compagnon fidèle avec qui partager ses rêves et ses aventures. Ses pensés allait de rêveries à réalité, et s’imagina encore et encore ce qu’elle aurait pu vivre, mais fut rattraper par le visage de sa mère, souriante et mourante, lors de ses derniers instants.
- Ma chère petite poupée. Papa raconte à tout le monde que demain, nous ne verrons pas les rayons du soleil nous accueillir pour le prochain jour. Mais toi si. Ici, petite poupée, tu admireras l’aube à notre place. Eux n’ont plus d’espoir, mais je préfère croire que nous observeront le même soleil demain.
Suite à ses quelques mots, Eïffy déposa la poupée dans la neige, orienté vers les montagnes, comme si elle se dressait à l’attente de ce nouveau jour à venir. Finalement, elle descendit doucement en se laissant glisser dans la neige, et rejoignis rapidement les défenseurs. Elle aussi devrait combattre, tenant fermement l’arc d’un guerrier mort il y à peu, et s’entrainant vaguement avec le peu de matériaux qu’elle pouvait. User des véritables flèches pour un peu d’exercice serait un sacrifice impardonnable avant la bataille. Et tandis qu’Eïffy retournait au campement, une autre silhouette grimpa la même montée, et observa la petite poupée de chiffon en l’attrapant dans sa main vingt fois plus grandes que celle d’Eïffy.
Ne t’en fait pas, nous observerons bien d’autres jours se levés.
Avec un petit ricanement, finalement, Naeric laissa glisser la petite poupée de chiffon dans sa besace, et descend de la montée pour rejoindre les défenseurs. Le crépuscule venait de finir pour laisser place à la nuit étoilée. Et comme prévu, la situation allait vite devenir catastrophique.
Les guerriers habillés de tenues sombres étaient nombreux, tous identiques, à quelques mesures près, bien que leurs tenues soient toutes différentes en quelques points : une écorchure, une plaque différentes, autrement, ils n’étaient rien d’autres que des clones monstrueux qui s’étendaient devant leurs proies. Grand-vide fit quelques pas en avant, les bras grand ouvert.
- Quel est votre réponse ?
- Ta mort !
Hurla une voix à l’arrière. C’était Kevan, qui tira en direction de Grand-vide. La balle n’atteindra jamais sa cible, car elle fut littéralement désintégré par le bouclier qui entourait le magicien, comme si elle était devenue une flammèche au passage, et disparut dans le néant. Zerkioh se retourna vers Kevan, le regard fou. Même si il n’avait aucunement l’intention de se rendre, il avait tout de même l’envi d’essayer de parlementer ne serait-ce qu’un peu. Un grand rire sinistre éclata, et Grand-vide disparut finalement dans un éclat de magies violâtres, et laissant des milliers de papillons virevoltés dans les airs.
Les chevaliers sombres bondirent vers les défenseurs, et ce qui aurait du être une mêlée fut premièrement un charnier. Leurs armures étaient à l’épreuve de leurs épées, mais celles des soldats n’étaient pas à l’épreuve des armes de ses machines de guerres qui les tranchaient comme des morceaux de saucisson sur pattes. La première ligne s’écroula dès la première charge, et la bataille se stabilisa rapidement. Pendant que le campement devenait une ligne de front où les cadavres s’accumulaient, Eïffy rampait au sol. Elle avait été bousculée brutalement par un tonneau, et essayait de trouver une cachette pour décocher ses flèches qui n’arrivaient même pas à percer le blindage de ses monstres d’aciers. L’un des chevaliers sombres s’approcha d’elle, et fut amuser de voir sa proie. Il lui était offert une gamine à exterminer, et ça l’amusait visiblement. Il grogna quelque chose d’inaudible tant la bataille faisait de bruit dans tout les sens, sa voix rauque et déformée atteignait Eïffy mais uniquement des sons impossible à transformer en phrase avec un sens.
Il leva finalement sa lame, une flèche essaye de se logé dans son armure, mais se brisa en deux, et retomba au sol, comme un dernier espoir fracassé contre la tenue de ce monstre, elle n’en fut néanmoins que de beurre à l’épreuve de l’espadon que venait de pourfendre en deux le guerrier noir qui se voyait offert un trou béant dans le ventre. Naeric retira sa lame, et observa vaguement Eïffy au sol, qu’il venait de sauver, et reprit rapidement le combat. Ce n’était pas fini, c’était loin d’être fini. Du moins, c’est ce que tout le monde croyait.
Alors que les chevaliers noirs menaient largement le combat, des explosions se firent voir dans leurs dos. Des hurlements inhumains provenant des guerriers sombres projetés en l’air ou empalés, tranchés et achevés rapidement à l’arrière fut frissonner de peurs les soldats d’Ascalon encore vivant. Se dressant sur quelques cadavres, Le Marcheur, le Norn couvregivré posa son pied de manière triomphale sur l’une des corps, en levant une tête encore sous son casque de l’un des chevaliers. La bataille venait de devenir un carnage entres trois factions.
Estimés trop faibles, les soldats d’Ascalon furent reniés par une grande partie des chevaliers sombres qui se jetèrent à l’assaut des élémentaires couvregivrés protégés par des loups, qui projetaient des sorts dans le tas de guerriers. Zerkioh hurlait, essayait de rallié tout le monde, remuant dans tout les sens. L’adrénaline montante rendait le monde lent à ses yeux. Comme si un ralentit constant l’entourait alors qu’il ne faisait que déplacé la tête à droite et gauche, il aperçu finalement Kevan au sol. Celui-ci tendit la main vers Zerkioh, hurlant une phrase à peine audible, finalement il esquissa un sourire, avant que son bourreau de l’achève d’une lame punitive se logeant dans son dos dans une grande germe de sang.
Dans un hurlement de désespoir, Zerkioh se redressa en agrippant une masse d’arme qui avait appartenu à l’un de ses chevaliers, et donc, d’une bien meilleurs qualité que même l’arme de son ancien commandant. Il fonça, esquivant les débris, les cadavres et les combats. Jouant de ses hanches, il se mit en place devant le chevalier sombre qui se retourna en entendant Zerkioh, et reçu le maillet en pleine figure qui renfonça les plaques sur le visage du chevalier. On pouvait l’entendre s’étouffer, hurler de douleur, et gesticulant pour essayer d’enlever son casque en vain, il fut finalement achevé par Zerkioh qui frappa une nouvelle fois de toutes ses forces contre le casque du chevalier, avant de venir au secours de son compagnon d’arme étalé au sol. Il n’aurait pas ses derniers mots, sa dernière volonté, car il était mort au moment où la lame le transperça fatalement.
Acculé, les soldats d’Ascalon avaient pu réunir les citoyens, et débutés une percée dans les forces des chevaliers sombres bien moins nombreux, et blessés par les couvregivres. La bataille était de moins en moins féroce, et Le Marcheur avançait en éradiquant des chevaliers sombres comme si il s’agissait de Skritt.
La frontière. Ils étaient arrivés à la frontière, ayant passés ce champ de bataille, ils étaient moins d’un tiers de ce qu’ils avaient été en fuyant les bords d’Ascalon, et désormais, ils pouvaient entrevoir les grandes étendues Krytiennes par delà le passage aux côtés des montagnes, même si ils foulaient encore la neige de leurs bottes. Eïffy tourna la tête vers Naeric, avec une petite moue, car celui-ci s’était arrêté, et avait tourné les talons. Dans un dernier signe de main, il disparut, avec lui tout le mal laissé dans les Cimefroides. Le Marcheur, Grand-vide, Shigma… Pour le moment, ce n’était plus que d’effroyables souvenirs. Le groupe se dirigea alors en toutes hâtes vers la sortie, même si c’était bien difficile : Peu étaient aptes à courir, certains même, incapable de marcher, et certains retournaient vengés les leurs dans le charnier qui avait encore lieux entres les chevaliers sombres et les couvregivres en arrière.
Un jour de peurs, et d’angoisse, et ils étaient enfin arrivés à destination. Une nouvelle vie s’offrait à eux, en Kryte. Zerkioh observait ses compagnons épuisés, lessivés d’une telle épreuve. Ils leurs fallait désormais trouver de quoi vivre dans ses terres radieuses, même si la guerre faisait encore rages ici, les centaures… Les centaures n’étaient rien comparés à ce qu’ils avaient vécu depuis. La première direction fut la colonie d’Ascalon, et la route fut bien plus calme, soutenue par quelques gardes du lions ayant vu ses nouveaux réfugiés arrivés sur ses terres nouvelles pour eux. Ils n’avaient jamais vu ça, autant de beauté à même les herbes vertes battues par le vent tout, et le ciel d’un bleu éclatant.
Eïffy observait ce ciel, et sourit. Un grand sourire, comme elle n’avait pas eue l’occasion de le faire souvent ses derniers jours. Elle pensa fort à sa mère l’espace d’un instant, se disant qu’elle avait raison, et ses pensés dérivèrent sur ce destin désormais qui lui tendait les bras. Quelles aventures allait-elle bien pouvoir vivre ?
Quelques années plus tard, et pendant une année entière, Eïffy fut entrainée par Naeric dans les cimefroides à toutes sortes de traques, et combats à l’épée. Développant ses affinités avec la nature, et la magie qui lui correspondait. Elle apprenait à être une véritable rôdeuse, de celles qui errent seule dans les terres rudes en y traquant sa proie, ou être un compagnon fiable pour les nombreuses aventures qu’elle vivra plus tard. Une année qui passa trop vite à son goût, suivit des quelques temps de vies entres le calme, et les affrontements, et les quelques petites quêtes pour maintenir quelques pièces d’argents dans sa besace.
Quand le portail Asura vers Noirfaucon fut ouvert, une grande partie des anciens réfugiés étaient parti pour cet endroit. Bien que Shigma avait disparut après sa trahison, on entendit qu’il avait été vu là-bas. Zerkioh lui, quitta son ancienne vie de soldat, et rejoigna l’Arche du Lion, pour devenir finalement marin dans un équipage mal famé sans vraiment avoir vu le coup venir. Mais une vie comme ça lui convenait parfaitement, ils étaient presque inactifs, et gagnait honnêtement leurs vies, bien qu’ils étaient un peu fuit, et avait tendance à être jetés hors des tavernes. Après toute ses épreuves, et avoir perdu sa dulcinée, il n’avait pas le courage d’approcher sa fille, et fini ivrogne à son tour à l’Arche.
Affiliée aux animaux depuis son entrainement dans les cimefroides, Eïffy elle aussi avait rejoint Noirfaucon, et devint Fauconnière là-bas, où les jours étaient paisible à s’occuper des oiseaux, les entrainant, les dressant pour en faire de parfait porteurs de messages fideles. Elle s’attacha à deux d’entres eux tous qui étaient les plus loyaux : Justh et Kadfra. Deux faucons vifs et loyaux envers leurs maitresses, et les plus rapides de ceux envers lesquelles elle pu s’attacher ses dernières années.
Mais la sérénité n’était qu’éphémère. A trente-trois ans de vies désormais, Eïffy allait devoir la découvrir. Ce monde, entres les organisations malsaines, et les dragons ancestraux, les chevaliers défenseurs et nobliaux arrogants. Vivre l’amitié, et peut-être l’amour. C’était les désirs les plus chers de celle qui fut nommée la rôdeuse blanche, à cause de sa chevelure qui lui rappelait à jamais les mots de sa défunte mère, et lui permit de tenir chaque jour avec le sourire.
« J’en suis sûre maintenant. Demain, ce sera le début de mon histoire ! »