Sathiaa Sug Razak est une femelle semi orque sculpturale de taille moyenne. Pupilles sanguines et canines inférieures proéminentes assorties au teint grisâtre des orcs de l’est trahissent ses origines. Une rune scarifie sa joue gauche, de nombreux colifichets tribaux ornent ses oreilles et se perdent dans ses cheveux sombres.  Une tunique tribale en peau de lugubra souligne des formes voluptueuses.

Elle garde lovée contre elle une étrange chauve souris, la couvrant telle une pelisse de velours noir pourvu d’une paire d’yeux orange luisant de malice. La queue-rasoir enserre sa taille tandis que les ailes membraneuses l’enveloppent tel une mante douée de vie.

La chasseresse solitaire

Les choses avaient changé depuis son arrivée, et la trace de l’œil tribal s’affinait à ses sens. Comme un chasseur, elle avait reniflé la piste et…s’en était mordu les doigts. Son premier allié s’était avéré de piètre utilité, maudit par la lune, les gens s’en méfiaient ; Même l’elfe honnie l’avait mise en garde contre lui. Shar était murmurée, condamnée, et crainte…à méditer …
Néanmoins, ses recherches avançaient, même s’il fallait pour cela porter le « fer » de la reine de ce royaume, Sathiaa s’en moquait ! Elle avait grandi dans l’esclavage des femelles orques soumises aux mâles, et elle acceptait de bonne grâce de ne porter atteinte à ce royaume. La clause était vaste, elle pouvait massacrer autant qu’elle voulait le Culte du dragon et ses sbires, les marchands thayens, Corinth y compris….tous ces actes servaient « le royaume » et elle n’encourait aucune sanction…quand elle aurait l’œil, elle s’en servirait comme d’une rune, ainsi que les pierres runiques dont elle usait pour sa magie. Son sang pour tracer la rune, et la croyance de milliers de peaux vertes pour donner vie à la magie de l’artefact. Elle savait avec certitude qu’elle accomplissait le dessein de la déesse…. Elle savait que le temps venu, elle briserait le sceau qui la liait à l’Aglarond. Sorcière elle était née, et sa connaissance des mystères rivalisait avec les érudits fourbus de l’humanité. Son peuple, ses ancêtres ne venaient pas de ce monde, on les avait apportés ici, la horde noire qui avait fait trembler les empires mulhorandi ou le vaste nord, les cités naines rasées dans le déferlement de la fureur des orques…tous avaient oublié cette époque glorieuse ; les tribus s’étaient battus, séparées, éparpillées, et les orques devenus la risée des communautés guerrières. Ils n’avaient que la force brute, ni sagesse, ni esprit tactique, et aucune cohésion…

Introspection

Luthic lui pourrissait la vie, il n’y avait pas à dire. ! Depuis qu’elle s’était lancée sur la trace de l’œil, elle n’avait pas eu un instant de répit pour elle. Le culte du dragon, les thayens, et maintenant les Maîtres de l’ombre de Telflamme…se venger de Brath ? Encore fallait il qu’elle survive ! Le mage thayen était un bon instrument, docile dés lors que l’on flattait son orgueil, aisément manipulable…néanmoins sa magie était étrange, Sathiaa ne parvenait pas à savoir d’où provenait l’énergie arcanique de son art. Certes l’Art différait dans sa pratique selon les utilisateurs, ainsi elle se savait supérieure dans sa nature d’ensorceleuse à un mage ! D’ordinaire ! Elle avait affronté certains lanceurs de sorts elfiques, et avait triomphé, pourtant, le moindre sort mineur que lançait Corinth fuyait ses détections, comme si une surnaturelle énergie se mêlait de la partie. Shar, la déesse noire des peaux roses, ou l’une de celles dans la multitude que vénéraient ces crétins serviles…la colère bouillonnait en elle…
« Serviles ? Et toi Sathiaa, qu’est ce que tu es sinon un chiot aux ordres du seigneur de guerre ? Avec pour longe la crainte de la Sorcière de la lune de sang !» Le dépit de sa condition la rongeait, inexorablement.
Elle songea à la drow. Une drow qui contre toutes les formes de racismes était appréciée ici, en Aglarond. Dans ce vaste royaume des hommes, elle avait reniée la reine araignée d’Outreterre, et marchait sous le soleil, libre et fière, sans se cacher dans les ténèbres. Mieux ! D’après les dires de la taverne, elle pouvait fouler les frondaisons du bois maudit, alors que, de ce qu’en savait Sathiaa, méme les hommes de la grande cité ne s’y risquaient ! Ces yuirs ne savaient ils donc pas de quelles horreurs les drows étaient ils coutumiers ? Impossible, partout sur faerun on savait ce qu’un drow était capable de faire ! Intrigante Linaewen qui avait réussi le coup de maître de se faire accepter comme une elfe…folie des humains ! La semi orque ourla un rictus léger…
« Tu n’endormira pas Sathiaa oreilles pointues, pas plus ta peau pâle que le miel qui coule sur tes lèvres, survivre c’est….prévoir l’imprévisible »
Cependant, Linaewen donnait là à la sorcière tribale une curieuse leçon de vie : si une drow pouvait s’intégrer ici, pourquoi pas elle ? Après tout, sa chienne de mère humaine lui avait fait le legs d’une demi humanité. Depuis toujours elle avait pris cela comme un fardeau, parce que chez les orques, s’en était un…mais voilà qu’à Velprintalar, elle allait ou bon lui semble. Pas de coups, pas de griffes la tirant de son sommeil pour la violer, les bains parfumés de Cryméline, l’atmosphère feutrée de la taverne du demi elfe, les repas goûteux dont elle se repaissait, le lit douillet….la liberté avait la douceur d’un fruit interdit à ses crocs ! Elle songea à l’humidité de la caverne, à la crasse des orques, et aux regards des peaux roses qui la reluquaient en dépit de son sang mêlé. Une fois l’œil tribal rapporté à Brath, qui en tirerait la gloire ? Sathiaa ?
« Il s’appropriera tes hauts faits d’armes, et s’il ne te tue pas pour te réduire au silence, tu demeurera dans son sérail soumise à son bon vouloir… »
La mine sombre, elle caressa le ventre de la nyctére qui ronronna, perdue dans ses pensées…

Trahison

La sorcière semi orque ruminait sa colère, ce thayen malingre l’avait dupée, entraîné à ramper devant ce soit disant Tarpak pour s’associer après avec cette pute d’Assima. Tous jouaient double jeu dans cette histoire, Nulara qui servait en fait le Culte du Dragon, Assima qui priait cette catin de Shar, et enfin Corinth qui songeait à préserver ses fesses, sacrifiant au besoin Sathiia. Elle n’était pas de la chair à Kobold, elle ne consentait aux sacrifices que lorsqu’ils servaient la Sorcière de La Lune de Sang, sa déesse…
Tapie tout contre elle, le Draghazar terrifiant de malice ronronnait tandis qu’elle le caressait…lointaine…
Elle exécuterait son contrat, afin de délier la langue de Yelonne, mais elle allait désormais damer le pion à Corinth et Nulara. Assima s’était sûrement déjà mis, dans l’extase de ses jeux pervers, le culte de Mask à dos. Rejoindre leur rang procurerait à Sathiaa un soutien inespéré et probablement quelques ennuis à l’horizon pour la catin sharéenne. Elle jurerait sur leurs plus anciennes reliques son adoration à Mask si ça pouvait les  exciter, peu importe les paroles mielleuse et les serments faits aux peaux roses : ils étaient fait pour être brisés, c’était là leur unique raison d’être ! Tant que les maskites lançaient la chasse à Corinth et à son alliée….
Pour l’heure, elle n’impliquerait pas Nulara, l’humaine ne s’était pas déclarée son ennemi, la horde avait ses propres lois. Elle la tenait à l’œil…
Sathiaa remania mentalement les derniers événements…
Jusqu’alors, elle avait compté deux adversaires principaux, eux méme protagonistes. Le Culte de la liche folle qui voulait livrer le monde aux lézards d’os, et le réseau de voleurs Theskien adeptes d’art qui avaient subtilisé l’œil dans les souterrains du réseau de Yossuth. Assima elle servait Shar, mais l’œil l’intéressait également…et Nulara lui semblai dévouée. La semi orque ressassait les dernier événements, se pouvait il que les sharéens tentent d’infiltrer le culte du Dragon ? Peut être l’avaient il déjà fait….
Assise en tailleur, elle méditait, à moitié emportée par les vapeurs de la baccara, cette drogue forte propices aux rêves prémonitoire…

-Luthic, mère des orcs, toi la femelle féconde aux griffes de mort, entends ton enfant égarée dans le monde des hommes et montre moi le chemin…

Son esprit erra dans les méandres du passé, elle se souvint de son périple en ombreterre, là ou elle avait invoqué sa précieuse compagne de bataille, Cho’gal. Tout au long de la grande descente, elle avait senti la déesse prés d’elle, elle en était revenue, vivante et plus puissante que jamais. Avec Cho’gal, les viols s’étaient arrêté. Elle se souvint du premier mâle qui avait tenté de la toucher dans son sommeil, le dragazar l’avait éventré, puis avait fouaillé ses entrailles goulûment tandis que les hurlements de l’infortuné résonnaient dans le silence cavernaire. Repu, il s’était niché contre sa maîtresse…jamais plus une main orque ne l’avait tripotée dans son sommeil. Là ou Gorb avait failli à la protéger, ne revenant pas d’Aglarond, Cho’gal, de sa queue rasoir et de ses griffes avait restauré sa sérénité….
Elle posa les yeux sur la nyctére qui la fixait, à moitié endormi, seules deux fentes d’orange luisant la fixaient .Elle posa un baiser sur le crâne de la créature, déclanchant un susurrement de plaisir…
-Bientôt je vais avoir besoin de toi ma belle, la chasse est lancée, dangereuse, incertaine, et mes ennemis sont nombreux…toi seule peut veiller sur moi, noire démone des cavernes…

Conversion

La servitude, la soumission à la brutalité de Brath le noir, voilà ce qu’elle avait enduré depuis sa naissance, le prix à payer pour le dégoût qu’elle avait inspiré à sa mère humaine…
Sathiaa avait cru être libérée, du joug, elle était partie derrière l’œil, cherchant la vengeance pour son frère et un moyen d’unir les tribus…et maintenant ? En cette heure de ténèbres, elle se sentait seule. Les peaux roses avaient exploités les orcs, il en était ainsi depuis la grande guerre des Portorques, là ou la horde avait tenu l’ultime chance de conquérir le monde entre ses griffes et l’avait laissé filer…les orcs ? Des geignards incapables de la moindre discipline, jadis un peuple guerrier ayant fait trembler l’humanité, aujourd’hui des maraudeurs blottis dans les cavernes du thesk ou dans la servitude envers les thayens ou les zenths…voilà ce qu’il restait de son peuple, morceaux épars d’une gloire oubliée…Sathiaa s’était levée pour  restaurer l’honneur de cette guerre d’antan, extirpant des mémoires brisée des peaux vertes les hauts faits d’armes des temps jadis, l’appel du sang, ici au cœur du temple de Mask, elle devait réveiller son peuple…
Au cœur des ténèbres, elle saisit son tambourin tribal et le flanqua sur sa hanche, tandis que doucement ses pieds martelaient le sol par saccades rythmées…son esprit plongea en elle dans la magie de la transe, entonnant un chant dans la langue gutturale des orcs gris de l’est…

litanie
Sentez chiens de Thay, la griffe de l’orc
Taraudant vos échines courbées d’esclaves,
Sathiaa danse, piétine vos entrailles,
Riant de voir gémir les porcs !

Regarde Tarpak, homme puissant du Thay
L’œil tribal dans ma main scintille, moqueur !
Il est promesse de révolte annoncée,
Les peaux vertes d’ici peu goûteront ton cœur !

Entend dévote Aasima, honte de la Sombre déesse,
Ses ombres n’éteignent pas le rouge du sang,
Chaque vie que je prends  étale ta faiblesse !
Dans sa colère ta déité t’affligera sûrement !

Respirez  porteurs du pourpre, l’odeur de la défaite !
Persévérez à faire les ongles de vos lézards crevés,
Voilà une tâche digne de votre secte,
D’avoir si pathétiques larbins les dracs soient loués !

Oh Gruumsh, celui qui ne dort jamais !
Illneval le chef de la horde !
Shargass, seigneur de la nuit !
Luthic, sorcière de la lune de sang…
…je vous maudis !

Elle s’arrêta, essoufflée, le regard posé sur l’œil de Nartheling, objet de sa quête, de ses souffrances, ses doigts relâchèrent l’étreinte sur le tambourin tribal…la colère brûlant en elle comme un feu vengeur inassouvi. Colère contre elle méme. Elle avait connu la crasse des orques, le mépris affiché par les mâles pour les femelles justes bonnes à enfanter, elle avait grandi dans la froideur des cavernes… d’un seul œil…
Les orques puant lui avaient tout pris, son frère, sa destinée ! L’affligeant de vivre parmi leur crasse imbécile ! Comment avait elle pu s’imaginer elle, la bâtarde de peau rose, avoir un jour une place prés du chef de guerre ? Elle ramenait l’œil et après ? Elle recommencerait à scruter les ennemis de la tribu, n’espérant nulle autre récompense qu’un brouet fade ou quelques os…Luthic était faible ! elle ne l’avait jamais protégé ! Sa sorcellerie l’avait protégée, son don à elle, son pouvoir ! Les humains l’avaient jeté comme un chiot dont on se débarrasse sous une pluie battante, les orques eux l’avaient brisé dans la servitude…ils devaient mourir, tous, doucement, agonisant, rejoignant le néant des ténèbres…

Elle leva bien haut l’artefact tribal, dénudant ses crocs en un rictus malicieux, Aglarond connaîtraient la colère de la horde, les thayens le prix de la défaite…et les hommes la révolte des orques. Que tout ce monde s’entretue pour la conquête d’un artefact qui déjà…ne leur appartenait plus…

-Oh Dame cachée, déesse de l’ombre, maîtresse de la nuit, Sombre déesse ! Je suis Sathiaa fille de rien, catin des ténèbres et je t’offre ma foi. J’ai combattu tes serviteurs car ils étaient faibles et te déshonoraient ! Offre moi la magie de noirceur, et je tuerais pour toi déesse ! Je bafouerais les lois des orques et des hommes, je verserais le sang de tes ennemis et jamais ton nom ne sera impunément prononcé, une rivière de sang pour étancher ta soif, juge moi sur mes actes, car…Sathiaa ne faillit pas !