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Peu à peu, Alrik avait perdu le contact avec le clan Clair de Lune. La section dont il avait la charge n’était plus que l‘ombre d’elle-même, et plus rien ne le retenait à la forteresse. Sa bien-aimée Misspiff était bien loin de lui, aux côtés des membres des autres sections du groupe.

Cependant, Alrik mit un point d’honneur à ne pas tomber dans l’oisiveté, et il voulut profiter de cette absence d’obligations pour prendre un peu de temps pour lui. Il avait consacré la grande majorité de sa vie aux autres, et n’avait jamais réellement pris le temps de vivre pour lui.

Après quelques temps à parcourir les Terres d’Argent sans but précis, il prit une dure décision : il irait rendre visite à ses parents. Ses parents, de pauvres paysans qu’il avait purement et simplement abandonnés un matin pour partir à l’aventure. Se souvenaient-ils de lui ?  Lui reprocheraient-ils son acte ou bien le comprendraient-ils ? Etaient-ils seulement encore en vie ?

Le guerrier redoutait cette rencontre, et en même temps il désirait ardemment revoir sa famille. Il n’en pouvait plus de vivre sans cesse dans l’ignorance, il voulait savoir ce qu’étaient devenus ses frères et sœurs, sa pauvre mère, affaiblie par ses grossesses, et son père, accablé par le labeur.

Il laissa donc son armure reluisante dans sa chambre, dans la forteresse de la section des Majors, et jeta sur ses épaules son vieux manteau de voyage poussiéreux. Il choisit de laisser son imposant destrier à la robe sombre à l’écurie, et harnacha un petit mais robuste palefroi bai. Il partit aussi simplement équipé, allant au devant du soleil qui se levait à peine, inondant de sa douce tiédeur les plaines désolées.

Il chevaucha de longues journées, prenant quelques haltes pour faire souffler et boire sa monture, et pour se rassasier lui-même. Chaque soir, il s’arrêtait dans des auberges différentes. Plus il s’enfonçait dans les régions perdues, plus les bâtiments étaient délabrés, les lits miteux et la nourriture exécrable. L’hiver tirait à sa fin, et les paysans décharnés levaient des yeux vides lors de son passage, puis se remettaient à travailler la terre encore gelée, mécaniquement, tels des êtres sans âme.

Enfin, il arriva en vue de son village. Il reconnu le petit vallon boisé où il avait grandi, et la petite rivière sur les rives de laquelle il avait tant joué avec ses frères et amis. Au-delà des bois, les maisons des paysans émergeaient ça et là de la terre grise, sans organisation particulière. Au loin, le donjon du petit seigneur du domaine dressait ses tours vers le ciel. Alrik eut un petit pincement au cœur en voyant cette scène.

Publié le 18/07/2008 - Pas de modifications
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