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Ils arrivèrent devant ce qui avait été autrefois la place du village. Au centre d’un petit cercle pavé se tenait une fontaine qui n’avait jamais fonctionné. Les ronces grimpaient autour des jambes du lion par la bouche duquel devraient jaillir des gerbes d’eau, et les pierres qui constituaient le bassin étaient fissurées. Autrefois, les enfants venaient jouer autour de cette statue, ils escaladaient le lion de pierre et se prenaient pour des chevaliers chevaucheurs de félins, une branche en guise d’épée à la main. Les rires des enfants rythmaient les discussions des parents, qui venaient se détendre sur les bancs de bois après le travail.

Mais aujourd’hui, la place était déserte, et un silence pesant, presque terrifiant, régnait. Les bancs étaient complètement détruits, et les pavés recouverts de boue et d’herbes sauvages. Alrik s’approcha doucement du félin, et caressa la pierre de sa main, le cœur emplit de tristesse.

- Qu’est devenu mon ami Lorius, avec qui je venais souvent joueur ici ?
- Il est parti, avec toute sa famille. Un beau matin, ils avaient tous disparu, plus rien. Personne ne sait ce qu’ils sont devenus.

Le guerrier baissa les yeux, l’amertume gagnant à nouveau son cœur.

- Beaucoup sont partis, ajouta la jeune femme. La faim devenait insupportable, et nous avons traversé plusieurs épidémies. Je crains que beaucoup ne soient morts avant d’avoir pu atteindre la moindre habitation.
- J’aimerais me recueillir sur la tombe de mère. Elle est enterrée au cimetière ?
- Oui, juste à côté de la petite Mariana.

Jamais Alrik n’avait vu autant de petites stèles dans le cimetière du village. Les planches de bois mort grossièrement taillées n’avait jamais été aussi nombreuses, témoins silencieux des horreurs qu’ont du traverser les habitants.
Les tombes de leur famille se trouvaient dans un des coins du cimetière. Une planche plantée dans le sol portait l’inscription « Ici repose Alicia, qui a perdu la vie en la donnant à son dernier fils ». Quelques pissenlits fanés et recouverts de boue étaient posés en un maladroit bouquet sur le tas de terre qui faisait office de tombe.

- C’est Alek qui les a déposés, expliqua Milena.

Alrik prit alors son petit frère dans les bras, et le serra très fort contre sa poitrine.

- Alek, mon frère… je suis désolé…

Le petit ne dit rien, mais passa une de ces petites mains sur les joues de son grand frère pour en chasser les larmes, et il sourit.
Alrik reposa l’enfant, et s’agenouilla devant la tombe. Il pria un très long moment pour sa mère, ainsi que pour sa petite sœur emportée par la maladie.

Alrik et Milena sortirent du cimetière main dans la main. Ils firent encore quelques pas à travers champs, et s’arrêtèrent à la sortie du village. Au loin, trois silhouettes courbées au dessus de la terre raclaient de leurs outils le sol inhospitalier.

- Ce sont nos frère et sœur, et notre père, expliqua Milena. Si tu veux aller les voir, je ne t’accompagnerais pas, je crains trop la réaction de père.
- Je n’irais pas. Je vous ai causé suffisamment de soucis comme ça. Mais je voudrais que tu transmettes tout mon amour à Zefira et Deril, ainsi qu’à Thalek si tu le revoies.
- Je n’y manquerai pas, répondit Milena en souriant.
- Je vais bientôt devoir y aller, avant que père ne revienne. Je voudrais juste passer une dernière fois à la maison.

Publié le 18/07/2008 - Pas de modifications
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