Articles de Alrik - Adieux
Alrik lança un dernier regard derrière lui. Il apercevait la jeune femme qui agitait toujours son mouchoir pour le saluer. Elle l’avait serré très fort contre son cœur au moment de son départ. Alrik ne savait vraiment pourquoi, mais cette femme n’avait cessé de lui porter de délicates intentions. C’était elle qui était resté à son chevet quand il fut ramené au village, après avoir vaincu le troll. Avec l’aide de Blanchegriffe, elle avait veillé sur lui durant ses trois jours de coma et lui avait dispensé ses soins.
Elle changeait régulièrement ses bandages qui rougissaient à vue d’œil, lui administrait ses médicaments et veillait à ce que tout soit parfait pour son réveil. Elle avait disposé un petit bouquet de fleurs des champs à côté de son lit et laissait une brise douce entrer dans la pièce par la fenêtre entrouverte.
Quand il avait ouvert les yeux, elle lui avait immédiatement sauté dessus pour le forcer à rester assis et lui faire ingurgiter une dose de calmants, afin d’atténuer le choc du réveil. La première chose que sentit Alrik, se fut la main de cette jeune femme sur son front. Lorsque sa vue s’éclaircit, il croisa son regard, un regard bienveillant, maternel. Puis il s’était de nouveau endormi, sereinement.
Blanchegriffe était resté au village, pour aider les villageois à reconstruire les bâtiments dévastés et soigner les blessés. Alrik en revanche, devait retourner auprès de son clan, ou d’autres devoirs l’attendaient sûrement.
Après quelques minutes, il disparu derrière une colline et fut hors de vue du village. Il avançait au pas, sur son imposante monture. Son équipement avait terriblement souffert du premier assaut et du combat contre le troll. Les plates étaient cabossées de partout, et son casque était complètement déformé, inutilisable. De larges entailles laissaient apparaître ses vêtements de cuir déchiré derrière son armure de fer. Sa longue lame était toute ébréchée et extrêmement terne. Il n’avait plus du tout la prestance qui était la sienne lorsqu’il avait quitté l’auberge du Clair de Lune.
Son visage avait souffert de la rudesse du combat. Il portait les stigmates des incessantes griffures des gobelins, et une énorme balafre courrait de sa tempe gauche au bas de sa joue, manquant de peu de traverser son œil. Sa jambe droite le faisait toujours effroyablement souffrir, et ses bras étaient couverts de profondes griffures. Il lui semblait que son corps entier lui faisait mal. La douleur était omniprésente et atteignait jusqu’à son âme.
Passant près d’un ruisseau, il dévisagea son propre reflet dans l’onde scintillante. Il ne se reconnaissait pas lui-même. Pourquoi avait-il du affronter cette horreur seul ? Où donc étaient ses camarades pendant qu’il combattait seul une horde de gobelins et un énorme troll ? Que faisaient donc tous ceux qui se prétendaient guerrier ?
Il fut pris d’un soudain dégoût. Une répulsion envers lui-même, mais aussi envers tous les guerriers de ce monde. Il ne voulait plus voir qu’une personne. Une seule personne. Misspif, son amour. Il irait la voir directement. Il ferait un petit détour par la forteresse des chevaliers avant de retourner auprès de ses camarades. Bien qu’il ne savait pas s’il avait vraiment envie de les revoir. Sauf Dame Aaliyah peut-être. Les autres, il ne les connaissait pas trop, mais elle, il la respectait et l’admirait. Mais d’abord, il voulait serrer Misspif contre son cœur, et s’oublier dans ses bras amoureux.
Publié le 18/07/2008 - Pas de modifications