Articles de Asteroth - Cages Dor?es
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Il est un rêve qui me revient sans cesse…
Le genre qui dans le feu de l’action délaisse…
Le genre que j’aimerais vivre à l’infini…
Qui s’échappe toujours lorsque j’ai besoin de lui…

Car ce que ce rêve m’apporte sur l’heure
N’est ni plus ni moins que lourdes promesses :
J’y vis une myriade d’allusions, bonheurs
Simples mais truffés d’illusions ? Ivresses…

Oui, exactement, ressentant de l’alcool ses caresses,
Je me laisse bercer dans un jardin fourni de fleurs.
De douces notes achèvent de m’enivrer, et dressent
Autour de moi le mur, paroi figée, de mes peurs…

Je me sens frissonner du corps jusqu’à l’esprit,
Non pas d’un effroi lié - pas de terreur transi -
A ce rempart maudit auquel me désintéresse :
Grâce à cette mélodie qui m’absout de mes détresses…



…et c’est à ce moment-là que je m’éveille.
Malgré le fait que le rêve soit agréable, je m’en extirpe en sueur. Pourquoi ? Qu’importe.
Je me dégage de mes draps, me lève et me dirige à pas feutrés vers la salle de bains. Je m’appuie exagérément sur le lavabo, bascule la tête en avant. Mon âme est reposée mais j’ai les muscles endoloris. Je fais couler l’eau, attrape un gant et me débarrasse de ma transpiration, non sans insister sur le cou pour me le détendre.
Je me suis habillé, je regarde l’heure et constate que mon réveil prématuré ne l’était pas tant que ça. Je suis pleinement réveillé, tout va bien. Je m’en vais faire ce que j’ai à faire et la journée se passe…

Je n’ai pas vu passer le temps, me voilà déjà de retour chez moi. Je me débarrasse de mes affaires, prend une douche, mange. Je m’apprête à aller dormir, regarde mon lit. Voilà le berceau de mon songe, songe que je vais revivre. J’en suis persuadé, j’ai hâte ! Je me couche et malgré mon impatience, le sommeil me happe. Aaaaah tout se passe comme prévu. Je suis encore sur ce banc à bénéficier d’une sérénité irréelle, touché par ces notes qui s’insinuent sous ma peau et me reposent l’esprit…
Je sais que le rêve va prendre fin, je n’en ai pas conscience, mais je l’ai remarqué lorsque j’étais éveillé. Lorsque je jetterai mon coup d’œil indifférent sur le mur de mes peurs, le rêve s’arrêtera, je le sais. Ça y est, j’y suis… mais… mais qui est-ce ?!…
Je me réveille en sursaut. J’ai vu quelque chose… quelque chose d’inhabituel… quelqu’un parmi les silhouettes fantastiques qui hantent ce mur, comme prisonnières… Quelqu’un de familier…
Je sens la sueur qui serpente entre mes omoplates, je… je suis en nage ! Je file dans la salle de bains d’un pas lourd. Je m’appuie sur le lavabo en fermant les yeux, soupire, bascule la tête en avant. J’ai mal partout. Je me redresse en me massant le cou et sursaute à nouveau. J’ai… j’ai la sensation que ce miroir n’a jamais existé, et j’y découvre mon reflet pour la première fois depuis très longtemps...



Je ne me reconnais pas… que m’est-il arrivé ? J’ai peur… de moi. A qui appartiennent ces yeux bouffis, injectés de sang ? Ce teint blafard ? Ces joues émaciées ? Mes doigts tremblants effleurent le miroir… qui est-Il ? Mes doigts… sont squelettiques. Qu’est-ce qui se passe bon sang ?!
Je m’habille. Mes yeux captent une faible lumière rouge, et je parviens à déchiffrer les symboles qui sont affichés, dans ce flou qui s’est emparé de ma vue. Les cristaux liquides ondulent, peut-être pour me faire comprendre que je ne suis pas loin d’être en retard... je m’empresse de sortir et la journée se passe…

…après l’avoir trouvée interminable. Je me débarrasse de mes affaires, mais ne mange ni ne prend de douche. Je regarde mon lit et éprouve alors une sensation que je n’avais jamais ressentie auparavant à son sujet : l’appréhension. Oui, l’appréhension, car je me sens soudain perdu, partagé entre le bonheur que je connaissais depuis maintenant longtemps et l’angoisse que j’ai connue tout juste la veille. L’appréhension face à l’inconnu…
Je finis par me coucher… et ne dors pas de la nuit.
Est-il nécessaire de préciser que ni ma douleur physique ni mon apparence ne se sont arrangées durant la nuit ? J‘ai décidé de ne pas aller au travail, de toute façon mes collègues m’évitent. Un autre miroir de découvert. Je ne comprends pas. Je ne comprends rien. Je dois percer le mystère de mon rêve, mais tout m’échappe. Je connais la mélodie, je connais la silhouette prisonnière, la première symbolise la seconde mais… impossible de m’en souvenir. Il n’y a que dans le rêve que je connais ces détails, enfin je crois…
Je n’ose pas aller dans la salle de bains, de peur d’y croiser mon reflet. Je me néglige, mais tant pis. Je dois d’abord savoir… je ne sors pas et la journée ne se passe pas…

Je parviens à m’endormir, croulant sous la fatigue et la faiblesse de mon corps délaissé, à l’abandon. C’est alors que…




Sur le banc sous influence florale
J’en oublie l’appréhension passée.
Ne subsiste que la passion, vitale,
Emblème d’une renaissance amorcée.


Mais de ces lointaines angoisses du passé
Ressurgit le souvenir de l’apparition.
Je joue mon avenir dans la disparition
De l’ombre malsaine qui hante mes pensées.


L’ombre… elle est présente, là à me narguer,
Se mouvant frénétiquement dans sa cage,
Tournant en mon âme le papier d’une page
Sombre… c’est la descente, las de m’accrocher.


Car dans ces lieux oniriques, ces lieux sacrés
Où la mémoire s’abstient de me faire défaut,
Je reconnais l’âme unique, vestige nacré
Qui ne m’a fait vaciller le cœur que de trop.


Cet amour oublié qui revient à nouveau
Emporte la rosée de mon jardin coloré,
Tarissant du même coup, de ce même assaut
Les méandres doux de ma tristesse cachée :


Larmes… qui depuis longtemps ont fini de couler.
Je comprends cependant le funeste héritage
Qui m’a été révélé, victime d’un mage.
Charme… j’ai succombé à ton sort endiablé.


C’est en le brisant que je me suis condamné.
En t’abandonnant, est chue la malédiction.
Je vivais sans ton souvenir, sous protection.
Comprenant le rêve, plaisir, je me suis tué.


Parce que sans le savoir, je t’ai retrouvée.
Parce que sans le vouloir, j’incarnais le mal.
Parce que sans m’apercevoir, mon temps a filé.
Me voilà prisonnier du labyrinthe fatal.


Je ne me réveillerai pas : Thésée m’a tué.
Publié le 12/09/2008 - Pas de modifications
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