Articles de Asteroth - Me Voil
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[Ambiance éventuelle]



Me voilà. Foulant cette bonne vieille Terre à la recherche d’un nouveau chemin à prendre, ou d’un nouveau chemin à donner… à ma vie. A mon cœur.
Me voilà. Triste à en mourir ? Heureux à en crever. Comment pourrais-je décrire ce que je ressens ? Un mot parfait : dualité. Animé de furieuses impulsions, envahi d’une plénitude fantastique. A la fois l’éclat de l’enfant et l’étincelle de l’adulte brillent au fond de mon regard, c’est un regard neuf et vieux de vingt ans qui balaie la surface de cette bonne vieille Terre. Une terre d’à peine vingt ans, mais qui ne fatigue pas. Non, elle ne fatigue pas. Elle me cloue au sol, désespérément. Mais je lui ai déjà échappé tant de fois. La main en visière, je lève les yeux vers le ciel. Ce n’est pas raisonnable, mais pour l’heure…
…pour l’heure je vais la quitter une fois de plus.

Me voilà. Fendant les airs à la recherche d’un nouveau courant ascendant ; et cette bonne vieille Terre m’apparaît déjà un peu plus ronde de là-haut. Je suis oiseau d’esprit, et je sais que ma dualité est là. Ou plutôt, je sais que je me trouve exactement à la frontière qui sépare mes deux moi. Flottant entre ciel et terre. Perdu entre sol et cieux. Plane le doute. Dois-je rebrousser chemin et cesser de fuir ? Dois-je le poursuivre et assouvir mes envies du moment ? Mais suis-je réellement en train de fuir au moins ?
Non.
Non, je sais que je ne fuis pas. Je ne file pas me réfugier dans mes souvenirs, prisonnier du passé, tourné vers ce qui n’est plus, violant pour un plaisir factice les lois de la thermodynamique ! Je file revivre les plus beaux, les plus doux, les plus simples moments d’un passé révolu, mais qui ne pourra pas me lacérer le cœur de ses tentacules effilés. Tout au plus, lorsque je me mettrai par malheur à découvert en profitera-t-il pour me l’érafler, mais ces blessures superficielles cicatriseront sans peine. Car les lames du temps s’émoussent une fois qu’il est accepté.
Alors moi, oiseau d’esprit, je penche la tête et regarde le sol qui défile sous mes ailes.
Alors moi, errant de la vie, je relève la tête et regarde le ciel en quête perpétuelle… de celles-ci.

Alors j’ai décidé : Quitte à se roussir les pennes, je m’élève encore, et vise le cercle de feu.

Et te voilà. Toi, dans ton beau costume de lumière. Ta simple vue me réchauffe et me fait tressaillir le cœur. La moindre once de caresse de tes fils d’or me fait vibrer comme jamais. Toi, dont le chemin sur la terre ferme a bifurqué du mien. Toi, pour qui je triche sans la moindre honte afin de te retrouver, afin de revivre pour un instant ce qui a été vécu. Toi, Soleil qui guida durant un temps mes pas égarés. Toi ! Qui renforça doucement ma démarche mal assurée. Je m’embarque presque malgré moi vers ton rivage, je décolle pour rattraper ton sillage, je m’enlise encore dans l’un de tes mirages.
L’oiseau d’esprit que je suis n’est plus bien loin de tes bras. Il s’aveugle, mais la vue ne lui est plus d’aucune utilité. Au contraire, il sent avec délice la chaleur qui ruisselle sur ses lèvres, la chaleur qui l’enveloppe toujours plus, la Shaleur qui s’insinue sur chaque centimètre carré de sa peau, qui l’épouse. Je rêve. Je rêve mais ce n’est pas de l’invention. Simple reconstitution.
Elle prend fin sur l’image d’un oiseau et son astre, lovés le plus simplement du monde…

Au sol ? Un garçon s’arrête, rabaisse la tête et fixe l’horizon. Il le balaye pour y trouver un nouveau chemin tout tracé, et se rend compte qu’il n’en existe pas. Avec un demi-sourire, il décide de reprendre la route vers l’inconnu. Il n’a pas remarqué l’oiseau d’esprit qui s’est posé sur son épaule, ni le fragment d’Etoile qui pulse au fond de lui.

Publié le 12/09/2008 - Pas de modifications
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