Je peux enfin prendre quelques minutes de pause pour écrire cette note. Je ne sais pas quelle importance les événements du jour prendront. À vrai dire, je ne suis plus sûre de rien. Je croyais avoir vécu toutes les ignominies que les êtres pensants pouvaient imaginer. Il y'en a néanmoins une à laquelle on n’est jamais préparé. La trahison, la pire de toutes.
Elle laisse toujours un goût amer, un sentiment d'impuissance, cette idée que l'on a été manipulé depuis le début. La trahison fait bien plus de victimes que tout autre acte infâme dont sont capables les mortels. Et celle-ci n'échappera pas à la règle. Entre les victimes devant la porte de la colère et les rumeurs de chaos, de guerre, sur le vieux continent qui me sont parvenues aux oreilles, les victimes seront trop nombreuses.
Nous étions prêts, pratiquement victorieux, devant ce mur réputé infranchissable appelé Angrathar. Nous avions abattu l'armée du Fléau dans un élan purificateur, forçant le Roi Liche lui-même à se montrer. Malgré la perte de Saurfang, trop impétueux, les défenseurs de la Vie se préparaient, ensemble, à l'arrière pour frapper un grand coup qui serait fatal à l'Ennemi.
Et puis la voix de Putress résonna dans la vallée. Ses paroles me firent frémir. Le temps que nous comprenions ce qu'il allait faire, il était trop tard pour empêcher quoi que ce soit. Très rapidement, la Peste se rependit sur le champ de bataille, tuant et infectant sans distinctions le Fléau, l'Alliance et la Horde sans que nous puissions rien y faire si ce n'est chercher à abriter un maximum de gens.
Putress avait parlé de la gloire des Réprouvés et de leur vengeance. Mais quelque chose sonnait faux dans son discours. Il était cependant impossible d'en convaincre qui que ce soit, tous trahis et désormais aveuglé par leur haine. La situation allait dégénérer, après l'intervention du Vol Rouge, passant de la consternation au pugilat gratuit des Réprouvé "survivant", pourtant tout autant victimes que les autres.
L'arrivée de Magistères, envoyé par Thrall fût salvatrice. Le Chef de Guerre ralliait toutes les troupes disponibles à Orgrimmar, la situation était extrêmement grave à ce qu'on disait. Beaucoup répondirent à son appel, cependant, je préférais rester avec un petit groupe de soigneur cherchant à sauver ce qui pouvait encore l'être.
Ce ne fut pas grand-chose. Le nombre de survivants à la Peste qui n'avaient pas pu se replier se comptait sur les doigts de la main. Le seul Fils de Quel'Thalas dans cette situation fut Severnaya Dead-Aim. Sa survie tenait littéralement du miracle de la Lumière. J'ai fait tout mon possible pour la maintenir en vie, ainsi que soigné mon compagnon, Loendryl, blessé au combat. Tous les Fils restés sur place ont ensuite été rapatriés à Quel'Drassil où ils pourraient recevoir des soins plus importants.
Ce jour restera gravé en moi comme le plus noir de mon existence. La cupidité et la trahison nous ont empêchés de vaincre le Roi Liche ... je ne sais pas de quoi sera fait demain ... mais il ne brillera pas de la Lumière tant espérée. De longs combats m'attendent encore ...
Anu belore dela'na.