Articles de FloOk - III. LE REPAIRE DE L'AILE NOIRE
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III
 
 
 
 
 LE REPAIRE DE L'AILE NOIRE
 
 
 
 
 
 
De la technique, du combat,
Mais cela ne faisait que retarder l'échéance
 
 
 
 
 

Après cet épisode malheureux, je me dérobais aux leçons de mes maîtres, surtout pour fuir le courroux de Shungenja, et éviter son pénible interrogatoire pour tirer l'affaire de l'assemblée au clair. Mais c'était aussi la volonté de mon possesseur pour m'isoler de mes semblables.

Je me rendis à Fossoyeuse, la capitale des Morts-vivants. Je pris pour cela un zeppelin de facture gobeline en partance d'Orgrimmar, la capitale Orc, située sur le continent de Kalimdor. Je traversai l'océan en trois jours, pour parvenir sur le continent d'Azeroth. La station de destination du zeppelin était à quelques centaines de mètres à peine de l'entrée de Fossoyeuse.

 

Je suis assis en tailleur, sous un des ponts qui mènent à la banque de Fossoyeuse, et je rumine de sombres pensées. A mes côtés se tient un civil d'une trentaine d'années, lui aussi assis, et ayant l'air d'être perdu dans ses pensées. En tout c'est l'apparence qu'il donnait, car on disait de lui qu'il était simple d'esprit. Il vendait des cafards aux sombres sorciers pour leur concoctions dégoûtantes, mais ô combien précieuses pour amplifier les magies noires ou améliorer diverses compétences.

 

Je croyais être énervé, mais en réalité la force maléfique qui me poursuivait continuait son travail de sape, en s'attaquant à mes défenses psychiques, les faisant toutes tomber les unes après les autres. Elles s'affaiblissaient inexorablement, le temps jouant en faveur de l'entité maléfique.

 

- Grrrrr, j'enrage... grognais-je à voix basse.

 

Afin de me faire perdre plus facilement la raison, la force mystérieuse me confortait dans un sentiment erroné d'injustice mêlée de paranoïa.

 

- Comment osent-ils me traiter de la sorte?

 

C'était insupportable. Ma guilde, qui m'était solidaire jusque dans la mort se trompait à mon égard. Mais c'est parce qu'ils avaient changés! Ils ne m'aimaient plus! Ils ne croyaient plus en moi, c'était indéniable, alors que j'étais incontestablement leur champion! Je me levais brusquement, indigné et révolté, et criai :

- Ne suis-je pas le champion de La Horderie? sans me soucier aucunement de la possibilité d'être vu et pris pour un fou. D'ailleurs, j'étais peut être un bon démoniste, mais ne pouvait sûrement pas prétendre au titre de champion de ma guilde ; d'autres, tels que Korzeam ou Deathmask auraient pu revendiquer ce titre officieux plus justement que moi. Pointant ensuite un doigt devant mes chefs que j'imaginais devant moi, je les défiais :

-Et bien c'est ce que nous allons voir... Puis, finissant par un bras d'honneur à leur égard, je concluais : 

- "Justice sera faîte en vérité..."

 

Pendant ce temps, Dargore, passionné par l'alchimie, s'adonnait tranquillement à son art, à quelques pièces de moi à peine, sans savoir le drame qui se préparait, et dont il allait être impliqué malgré lui. Il fabriquait des potions en tous genres et, s'accordant une pause, il sentit ma présence. Quoi qu'au début il n'était pas sûr que ce fut moi, captant de nombreux signaux magiques dont la cité souterraine était emplie. Faisant le tri dans tous ces canaux d'énergies, il finit par me détecter formellement, et, ajustant la fréquence du canal spirite, me parle par télépathie :

 
-C'est toi FloOk?
 

Recevant son signal, mes sombres pensées sont brusquement écartées, du fait d'une conscience extérieure faisant irruption dans mon esprit, perturbant pendant un court instant mon possesseur. Et je fus ébahi, prenant conscience de ma présence dans la grande cité, et retrouvant un semblant d'humanité. Je réalise en même temps que je deviens fou, mais je ne veux pas inquiéter mon ami, tout comme mon possesseur, et veut lui faire croire que tout va bien en cachant mon trouble :

 

- Oui... Oui c'est moi Dargore.

- Mais qu'est ce que tu fais à Fossoyeuse?

- Heu, je...

Percevant un trouble certain dans ma pensée, comme si j'étais inquiet, il me dit alors :

- Et où étais tu passé? Ca fait trois jours qu'on te cherche... Attends, ne bouges pas je te rejoins. Où es tu exactement?

- Je suis à la banque, je trie des objets personnels.

- Ha, fallait le dire plus tôt. J'arrive FloOk.

 

Il abandonne sa concoction en cours, prend une des fioles de son laboratoire, et marche vers le centre de la ville. Dans le même temps je monte les escaliers menant à la banque, pour justifier mon alibi improvisé. Lorsqu'il arrive, il me voit en train de trier des objets, et me salue, sur un ton bienveillant :

 

- Salut FloOk. Qu'est ce qui t'amène au royaume des Morts-vivants?

- Je devais... Je devais trier des objets que je voulais vendre depuis longtemps...

- Ha bon... dit il stoïquement, étant étonné que je sois si loin de chez moi pour simplement commercer.

- Ce sont des objets rares que j'avais consigné ici pour ne pas avoir à les transporter jusqu'à ma banque personnelle.

- D'accord, je comprends.

 

Cela ne suffit pas à effacer ses soupçons à mon égard. Etant à mes côtés, cela lui permet de lire dans mon esprit, et il perçoit une énergie noire qui ne vient pas de moi. Mais de façon confuse. Il soupçonne quelque chose d'anormal. Avec ses talents, cette perception était flagrante.

 

- Il y a quelque chose qui ne va pas?

- Si, si, j'expérimente des énergies sombres pour voir si je peux les contrôler afin d'augmenter mes pouvoirs en général.

- Tu sais pourtant que Shungenja voit les expérimentations personnelles d'un mauvais oeil. Il y a toujours un risque à jouer avec des forces qu'on a pas identifié. Après un court silence, il rajoute : D'ailleurs je me demande moi aussi à quoi tu joues. J'aimerais bien savoir...

 

Au pied du mur, je me devais de trouver rapidement un prétexte pour détourner son

attention :

- Oui mais bon, je sais quand même ce que je fais. Si je percevais un risque ou un danger quelconque j'arrêterais tout immédiatement pour t'en parler, ou le dire à notre maître...

- Oui enfin bref. Je te fais confiance. Alors que dans son esprit ce n'était pas du tout le cas. Il commençait à douter sérieusement de moi, et ne comptait pas abandonner l'affaire, surtout depuis mon acte insensé lors de l'assemblée.

- Sinon pour changer de sujet, tu sais qu'on retourne au Repaire de l'Aile Noire?

-Vraiment?

-Oui. Thrall a donné cet ordre à Anaxagor pour tenter à nouveau de vaincre le Comte Néfarian. Et tu as été désigné pour faire partie du raid. Mais quand je vois ton état, je me demande si je ne vais pas te mettre hors-jeu pendant quelques temps... dit il en cachant sa suspicion à mon égard. Entendant cela j'ai une expression un peu ahurie, comme un sportif de haut niveau qu'on met sur le banc sans bonne raison, malgré son palmarès. Je me dis qu'il faut à tout prix le convaincre de me laisser venir, ne me rendant même plus compte que c'était une ruse de mon possesseur.

- Non, non! Mes problèmes sont passagers, il n'en sera rien dans quelques jours! Tu sais bien que les démonistes passent des périodes où ils doivent libérer partiellement des forces noires pour réajuster leurs protections psychiques. Tu le sais non? Laisses moi venir avec vous!

 

Sans le savoir non plus, je le soumettais à un cas de conscience. Là où Shungenja aurait imposé un refus catégorique, ma requête le fit hésiter, lui imposant un dilemne. Il était profondément partagé entre l'amitié et la confiance qu'il me portait, et son sens du devoir, qui lui conseillait de m'écarter du raid contre Nefarian.

 

Mon possesseur percevant cela se rue vers cette faille, et me fais rajouter :

 

- Et c'est ce qu'il m'arrive en ce moment. Mais je suis parfaitement en état de combattre et de mettre de côté la libération partielle, pour la reprendre plus tard. Laisses moi venir avec vous au Repaire. Je veux combattre à tes côtés!

 

Il doute encore, se posant des questions sur mon état et ses responsabilités. Finalement, après quelques hésitations, il me tend le flacon qu'il avait pris avec lui, et conclua

symboliquement :

- Tiens, voilà une potion de sorts. Elle augmentera la puissance de tes sorts offensifs.

 

Je le remercie en feignant une joie certaine, lui serre la main, puis le bras, et le félicite de m'accepter dans le raid :

- Merci Dargore, je te promets que je ne te décevrais pas!

- De rien. Fais tes paquetages en prenant le minimum avec toi, il faut partir aujourd'hui vers Molten Core.

- D'accord, comme je suis déjà à la banque, ça sera vite fait, rassures toi.

Mon possesseur percevant encore un doute au fond de mon supérieur, il me fait encore rajouter :

- Ne t'inquiètes pas pour moi, te rappelles-tu combien de fois nous avons combattu ensemble? Nous avons toujours triomphés! Nous n'avons échoué qu'une seule fois, et devant ce maudit Néfarian. Je compte en découdre définitivement avec lui. il n'y a pas que le prestige de notre guilde, il y a aussi ma volonté personnelle de réparer cet affront! concluais-je en feignant un air digne.

 

- Oui mais n'en fais pas trop non plus. Il ne s'agit pas d'un jeu mais d'une guerre réelle...

- Oui bien sur. Je le sais aussi. Allez, force et honneur Chef!

- Ouais, force et honneur, dit il sans conviction. Dépêches toi maintenant. Moi aussi je dois préparer mes affaires. Prends une monture volante et rendez-vous devant le Repaire.

- Oui Chef. Je ne te décevrais pas.

 

Il fait demi-tour et retourne à son laboratoire pour achever rapidement les quelques travaux qu'il avait commencé.

 

Je pousse un soupir de soulagement. Dargore était le dernier obstacle inattendu contre la volonté de mon possesseur de me rendre au Repaire. J'avais gagné, ou plutôt il avait gagné. Qu'est ce qui avait pu réellement le convaincre? Etait-ce mon grade de raideur? Il justifiait de mon expérience du combat, et donc de ma maîtrise. Il se pouvait aussi que nous soyons juste au niveau des effectifs. Notre guilde était très demandée pour asseoir de nombreuses causes de la Horde. J'achevais de faire mon paquetage ; le strict minimum comme me l'avait recommandé Dargore : quelques potions, de la nourriture, une vingtaine de fragments d'âme, et ma pierre de foyer...

 

Avant de partir, je relisais une dernière fois quelques grimoires sur les sorts de peurs, révisant comment les adapter aux divers monstres qui peuplaient le Repaire, dont notamment des créatures, appellées Drakes, que les démonistes devaient effrayer magiquement, car ces derniers étaient quasi-invincibles. Puis, vérifiant que ma pierre de foyer était bien focalisée sur le camp de Kargath, non loin de l'entrée du donjon maudit, je l'active. Quelques instants plus tard je suis téléporté à l'auberge dudit camp, et adresse un bref salut à l'aubergiste en passant.

 

En sortant, je respire profondément l'air poussiéreux du désert des Terres Ingrates. J'adorais cette région, et la possibilité d'y être pendant quelques minutes me réjouis, et me redonnes un peu de baume au cœur. Par le plus grand des hasards, je rencontre, à l'extérieur, Yamcha, un Mort-vivant. Il fut mon deuxième maître de classe lorsque je faisais partie de la guilde des Larmes d'Azeroth. Il en fut également le maître, juste après la disparition de Millianne. Puis ses pas, avant la création de La Horderie, l'avait mené vers une autre guilde, nommée Paul le Pêcheur. Me reconnaissant à son tour, nous nous faisons une fraternelle accolade, et échangeons quelques mots.

 

- Salut Yamcha, quel plaisir de te voir! Si je m'étais attendu à ça!

- Salut FloOk. Moi aussi je suis très heureux de te revoir! Tu vas bien?

- Oui, ma foi ça peut aller. Et ma guilde aussi. Seulement...

- Oui?

- Quand je repense à toi, je me dis que Shungenja, mon maître actuel, est bien dur avec nous. Toi je te trouvais plus sympathique.

- Oui merci. Mais je connais un peu Shungenja aussi. Sous ses aspects très durs et militaires, il est compréhensif. En plus il est très compétent dans son domaine. Il n'est pas le maître des démonistes de votre prestigieuse guilde pour rien, tu peux me croire.

- Oui, c'est vrai. Mais un peu de sympathie exprimée de temps à autre ne ferait pas de mal non plus...

- Bah! Quelque part il faut se résigner à la réalité. Nous sommes en guerre, et les guildes militaires n'existent que pour servir la cause de Thrall. Et puis, lorsque nous étions dans les Larmes d'Azeroth, nous n'étions pas aussi développé et puissant que vous. Nous étions presque des chiens de guerre, avec peu d'expérience, et réussissant nos missions souvent avec chance. Ceci explique aussi pourquoi votre maître vous mène avec autorité.

- Ha, oui. La triste réalité... Mais que de bons souvenirs tu me rappelles!

- Oui, c'était le bon vieux temps, dit il d'un air songeur. Et sinon, pourquoi tes pas te mènent-ils jusqu'ici, dans ce désert perdu?

- Je me rend au Repaire de l'Aile Noire, pour en finir avec Néfarian.

A ces mots, Yamcha ne peut cacher un peu de surprise :

- Vous avez été chargés de tuer Néfarian? Tu vois, c'est bien la preuve que votre guilde est prestigieuse, pour que vous ayez été désigné pour combattre un tel adversaire.

- Oui. Finalement je me demande si je ne me sous-estime pas un peu.

- Tu as toujours été comme ça FloOk. Un Orc à l'air presque enfantin et cabochard, mais en combat, d'une puissance et d'une bravoure digne des plus grands démonistes!

Je ne peux m'empêcher de sourire, flatté et ému par ce mélange de compliment et de réminiscence de nos souvenirs communs. Et il était dans le vrai! En me voyant attendri, avec cet air enfantin qu'il venait d'évoquer, il rajoute :

- D'ailleurs ça m'a toujours étonné. Dans la vie quotidienne tu ressemblais à ces enfants humains, un peu bête et naïf, mais en combat tu faisais peur à tous tes ennemis. C'est un peu ton côté paradoxal. Entres démonistes on se demandait même si tu ne le faisais pas exprès : feindre une sorte de faiblesse ou de fragilité, pour mieux tromper ton adversaire, et l'inciter ainsi à faire baisser sa garde. Mais comme tu étais comme ça avec nous aussi, on a fini par comprendre que c'était ta vraie nature.

Mon sourire s'épanouit largement, devenant presque moqueur.

- Et oui, tu ne t'es pas trompé. Mais ça va encore plus loin : je reste naturel, même face à mes adversaires, car çela suffit la plupart du temps à tromper leur vigilance. Je n'ai même pas besoin de jouer un rôle pour le faire. Je me contente de rester moi-même, sans me soucier du reste.

A ces mots, nous rions franchement

- T'es extraordinaire FloOk. Tu me fais bien rire! Tu es vraiment un grand démoniste.

- Merci Yamcha. Toi aussi tu es un grand démoniste. Quand je repenses à tes précieux enseignements, je ne suis pas près de t'oublier. Mais je dois partir à présent. Mon destin m'attend.

- De rien FloOk. Je te souhaite aussi, à toi et ta guilde, toute la réussite qu'on puisse espérer. Et passez-moi à trépas ce Néfarian!

- Merci. Au revoir Yamcha.

 

Nous nous donnons à nouveau l'accolade, et nous séparons, nos esprits faisant resurgir d'agréables souvenirs, et un peu de nostalgie du temps passé. Ce devait être la dernière fois où j'avais été moi-même et heureux.

 

Je débourse quelques pièces d'argent au maître des coursiers volants, pour monter sur une Wyverne, qui m'amène au camp des Gorges Brûlantes, dans les Steppes Ardentes. De là, j'invoque ma monture pour achever de me rendre à l'intérieur du Mont Blackrock, un ancien complexe Nain bâti autour d'un volcan en activité. J'escalade une chaîne géante, et je parviens jusqu'à l'entrée du Repaire. Enfin, une entrée… Disons plutôt un portail enchanté qui téléportait dans l'antichambre du donjon. Car il n'y avait apparemment pas de lieu concret d'entrée, en tout cas pas à ma connaissance. Ce portail ressemblait à une petite sphère faiblement luminescente, de la taille d'une tête, posée sur un trépied en métal. En posant la main dessus, je sens son action magique, entamant le processus de dématérialisation de mon corps.

Publié le 18/01/2009 - Pas de modifications
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