Articles de Klow - Le go?t d'une larme
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La brume l’entoure de toute part. Il continue de marcher, la seul chose dont il soit certain de faire. Marcher en avant comme le lui dicte son instinct.
Ne pas réfléchir, ni penser à ce qu’il vient de se produire. Ni à ce qu’il laisse derrière lui. Seulement avancer. C’est le seul chemin qui peut le ramenait chez lui, et il ne doit pas se perdre dans les espaces entre les univers.

Le problème est que plus on cherche à oublier une chose volontairement et plus cette chose vous envahit l’esprit.

La brume couvre tout. Il ne voit même plus devant lui. Il avance en aveugle. Rien ne prouve que c’est le bon chemin, seul une intuition sans fondement le guide dans cet univers de brume blanche.

 

La brume semble s’éclaircir. Difficile à dire quand tout vous entoure d’un blanc bien clair. Folie de l’esprit ou vrai impression ?

Mais ce n’est pas une impression. Les enroulements de la brume se font moins étouffants. Ce qui ressemblait auparavant devant ses yeux à un nid de gros serpents blancs se tortillant sans cesse, devient au fur et à mesure l’étiolement d’un simple brouillard chassé par le vent.

 

Et le brouillard disparaît en s’effilochant, tandis que certaines choses reviennent de la même façon…Ce blanc plus brillant que celui de la brume et scintillant quand les rares rayons du soleil joue dessus. Ce sol bleu ; lisse et dur ; semblable à du cristal mais tellement plus fragile.

 

Il arrive au bout du chemin. La certitude est là quand parmi tout ce blanc apparaissent doucement les couleurs sombres de la pierre.

Il pourrait lui sembler avoir tourner en rond. Après tout devant sa vue se trouve le même décor qu’il a quitté…Mais son corps, son âme et son esprit le lui hurlent !

Ce sentiment le prend au ventre. Ce sentiment que l’on a quand on revoit un décor familier en revenant d’un long voyage. N’est ce pas ce qu’il a fait dans un certain sens ? Un long voyage.

 

Et le lien s’est renforcé à nouveau. Il ne l’avait pas senti s’atténuer. Mais à le percevoir avec une telle intensité ne laisse plus de doutes possibles. Il est de retour chez lui…

 

L’épuisement le prend. Sa vue se trouble.

- - - - -

Nul besoin de chercher à oublier pour se concentrer. Ici la lutte pour cet instant seulement prend fin. Tout revient en mémoire.

La lente progression vers l’île sans croisée personne. Espoir et désespoir quand l’île est déserte des bruits de l’Académie et de ses occupants. L’odeur de la salle qu’il avait appris à reconnaître les yeux fermés tandis qu’il pose la lettre sur la table. Puis un arrive. Puis un deuxième, suivit de bien d’autres. Espoir et désespoir. Elle arrive finalement. Cette personne qu’il connaissait mieux qu’il ne l’aurait voulu croire, mieux qu’elle n’aurait voulu l’admettre. Et pourtant ce n’est pas cette personne là. Son lien est rattaché à une autre. Ca ne s’explique pas, c’est ainsi.

 

Il n’arrive pas à dire clairement la vérité. La peur. Toujours la peur.

Passait pour un fou. Il pourrait mais certaines fois, sa fierté et son amour propre, bien qu’il ne s’en occupe pas souvent, prennent le dessus. Il modifie, contourne, change la vérité. Ca ne veut pas sortir. Ca reste coincé au fond de sa gorge.

Ils veulent l’accompagner. Mais l’installation n’est pas faite pour autant de gens, il refuse. Ils insistent et ne veulent rien savoir. Alors il fuit. Il est doué là-dedans. Ca suffira pour tout briser avec un moindre mal.

Il se revoit l’activé du pouce. Il sent la légère vibration du petit appareil tandis qu’il ouvre un portail et qu’il se jette à travers pour fuir. A peine son sabot touche le sol glacé, que sa main lâche l'instrument et qu’il courre vers un assortiment de métal, de voyants, de manettes, de touches et de bobines qu’il semble avoir un léger lien de parenté avec l’instrument qui gît par terre.

Trop occupé à démarrer son moyen de retour, il ne les sent pas arriver par le même chemin que lui. Foirage du portail individuel. Il laisse passé un groupe. Aléas de la technologie, mais cela est moins important que ce qu’il prépare maintenant. Il a trop gardé le secret et ils ne partiront pas sans savoir.

Mais il n’a pas le temps d’expliquer. Le temps n’attend jamais. Attendre est une notion qu’il ignore totalement.

La machine s’emballe en repérant tant d’amas organique vivant si gros dans son périmètre.

Il n’a plus le temps, il sait que ses chances sont faibles. Ca va dégénérer plus qu’ils ne peuvent l’imaginer. Même lui n’a pas pu le calculer jusqu’à quel point ça peut dérailler.

Ce point là ne se pronostique pas.

Malgré cela, il se refuse à s’arrêter. Il doit rentrer ou tout faire pour. Il avait prévenu et ils sont là. Qu’ils assument !

 

Comme attendu tout s’emballe ! Le dispositif ne contrôle plus rien, et les forces qu’il aurait à maîtriser à grandes peines pour lui seul ; il doit le faire pour plusieurs. Une seule solution reste : Limiter la casse autant qu’on peut.

 

La dimension hurle à sa façon sur ce viol qu’elle subit et la maîtriser, même en étant bien équipé pour cela, se relève bien plus ardu que prévu. C’est quelle se défend bien la salope !

Cette sale garce possède de sacrés réserves et il faut l’agresser, la blesser pour que tout fonctionne. Quitte à utiliser l’équipement jusqu’à la rupture pour que la blessure soit suffisamment tenace. Le temps guérira, il guérit tout…à sa façon.

Elle rue et cela il ne l’avait pas prévu, ni pour lui, ni pour les autres. Le prix doit être payé même pour être venu jusqu’ici. Même pour les ignorants, même pour les récalcitrants, même pour les malchanceux présents.

 

Fouler ce lieu ainsi, peu peuvent se targuer d’y avoir droit. Eux, n’en font pas parti. Le prix est à payer, reste à savoir si tous ont suffisamment de réserves pour ça.

La dimension hurle, s’énerve, rue, se défend. En ce lieu, tel un gardien la loi prélève ce qui doit être prélevé.

Les douleurs s’enchaînent. La dimension prend, pour sa revanche. La loi prend également.

Le paiement fait, elle se calme. Ils peuvent voir sa blessure, ils ont donné pour ça et elle ne peut que rester passive à voir ce qu’ils vont choisir.

 

Chacun doit choisir, au fond de lui-même. Le bruit si gênant n’a aucuns droits en ce domaine.

 

Il se lève. Ca fait mal.

Il se lève. Tout le déchire. Corps, âme et esprit.

Il se lève, et avance.

On veut l’arrêter. Comprennent t’ils ce qui le pousse à ça.

Point de retour à nouveau. Cœur de glace et volonté de fer.

Il repousse ce qui veut l’arrêter et avance.

Il avance…Et fuit. Sans un regard en arrière.

 

La brume l’entoure de toute part. Il continue de marcher, la seul chose dont il soit certain de faire. Marcher en avant comme le lui dicte son instinct…

- - - - -

Une larme vient de naître au coin de son œil. Elle coule le long de sa joue se perdant rapidement dans son pelage. Elle meurt laissant la seule preuve de son existence dans un sillon humide, doucement salé et amer.

Une larme de fatigue ou une larme de joie ?

Une larme de joie ou une larme de chagrin ?

La seule preuve de son existence est un sillon humide, doucement salé et amer.

 

Le goût d’une larme…

Publié le 04/10/2009 - Pas de modifications
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