Articles de Hatake Jioshu - Les voyages de Mallyn - morne soir.
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J’ai promis à Mallyn de lui faire découvrir le monde. Je lui ait promise. J’ai commencé par Strangleronce et sa magnifique vue surplombant la ville. Plus tard, nous sommes remontés Cabestan, ville qu’elle a toujours voulu voir. Malheureusement ville fantôme depuis trop longtemps, les forbans sont loin à se dorer la pilule ou saillir des elfes dans un coin sombre d’une jungle. Nous sommes revenus à la maison ensuite, dormir. Comme souvent, je me réveille avec un corps collé au mien, presque en boule. Si j’étais un loup, je l’envelopperai de ma toison. Mais je ne suis que moi.

 

Assis d’où je suis, je la vois penchée sur la table de notre petite salle à manger, portant un de mes habits, trop ample pour elle. Elle parcourt mes cartes et carnets de voyages, les yeux en soucoupes, brillants comme des perles jaggales. Sans relâche elle retrace mes parcours, et veut visiter mes retraites, y voir mon monde. Si curieuse, si avide de voir une parcelle de mon parcours, pour des raisons qui lui sont propres, que j’en ai le vertige. Et je souris toujours, bêtement, mais je souris. Un sourire heureux, je crois que comme celui-là ; c’est un sourire qui m’a manqué. Comme le sourire que j’eus en pensant être père comme n’importe qui d’autre. Père et avec une mère pour le futur enfant.

 

Maintenant, juste père, d’une grande et belle enfant qui n’est pas de mon sang. Père d’une jeune avide de savoir, de vues, de vécu. Baie-du-Butin, Berceau-del’hiver, Berceau-de-l’été, Féralas, Steppes ardentes, Un-goro, les Grisonnes. Alors qu’elle se trace son parcours à travers le mien, j’échafaude un voyage pour elle, pour moi, pour nous. L’œil rouge de la Horde et les cris de guerre dorés de l’Alliance se centrent sur Arthas, et le moment est on ne peut mieux choisit. Qui parmi les gardes-frontières prêteront attention à un elfe accompagné de ce qui semble vaguement elfe aussi ? Voyager avec elle agrippée à moi sera bien plus aisé.

 

Enfin, la voilà qui monte dormir, après mes injonctions. Elle ne dormira pas. Elle attendra que j’aille me coucher pour me rejoindre. Un ballet connu. Je monte dormir et je fais mine de m’assoupir. Mais je veille. Je guette. Je guette, endormi, une venue qui vient vite et qui ne crée aucune vague dans mon karma. Heureusement que je vis seul, car la limite de l’immoral est franchit pour beaucoup. Je suis immoral. Qui garderait une humaine de pas vingt ans dans ses draps la nuit tombée ? Qu’importe, elle est mon joyau, une pièce maîtresse de ma construction présente. Personne ne connaît son existence.

 

Mais, ma fille, ce soir, il n’y aura pas le ballet du sommeil d’attente.

 

Car ce soir est morne. J’ai lu ce qu’il a écrit. J’ai lu et j’ai ressentit. Ce soir, je mets mon bandeau noir sur mon épaule à nouveau et pleure de mon âme. Ce soir, Klow est mort, au repos, un repos qu’il a cherché longtemps par la lutte. Ce même repos auquel j’aspire et que je finis par trouver auprès de mes souvenirs. Klow s’en est allé doucement, s’adonnant à un sommeil qui je pense, lui avait échappé si longtemps.

 

Klow, mon vieil ami, ancien ennemi, ancien officier et rival. Klow, mon partenaire d’aventures, de pêche, d’infortune… Je bois à ta santé. Je bois pour adoucir ma peine et empêcher une larme de couler. Je bois. Je bois. Je bois…

Publié le 07/01/2010 - Pas de modifications
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