Bonjour à vous, lecteurs de ce journal.

Mon nom est Ashela. Avant de partir pour un voyage probablement sans retour vers l’Outreterre, j’ai décidé d’écrire ce qui méritait de traverser les âges, sur le support d’un livre.

Les lignes qui suivent relatent l’histoire de mon grand ami, Leorwenn, aujourd’hui parti pour l’Outreterre, avec l’espoir de découvrir un remède contre cette soif de magie qui nous affaiblit tant.

Le reste de la page est illisible, noirci de fumée. Seul demeure ceci :

« Ici est consignée l’histoire de Leorwenn, du début a la fin. »

Puis :

« Ashela Pistelune »

     Les rayons orangés du soleil passant entre les rideaux rouges de la fenêtre de sa chambre réveillèrent Leorwenn. C’était un elfe de sang, assez grand, le teint clair, avec des oreilles d’une dizaine de centimètres environ et de grands yeux verts. Il se leva, et les souvenirs lui revinrent peu à peu : la grande fête d’hier soir, et la liqueur de Sangrelle ! Ah cette liqueur… il avait longtemps envié les adultes qui dégustaient cet alcool si rare. Hier, et ce pour la première fois de sa vie, il avait eu droit d’y gouter. Car hier il avait eu 18 ans. Et à 18 ans, les jeunes elfes choisissent leur « attribution », une sorte de métier qui allait orienter toute leur vie à venir. Bien qu’il eut fait des études de mage comme ses parents, une part de son être avait toujours rêvé de devenir chevalier de la lumière. Un songe de cette nuit lui avait d’ailleurs suggéré de le faire. Aussi sa résolution était prise : il serait Paladin.

« Je ne boirais plus jamais de cette liqueur ! se dit-il tout en s’approchant de la fenêtre. J’ai maintenant un mal de tête à réveiller un mort ! »

Il se mit alors à contempla le paysage. Partant de la place de l’épervier où se trouvait sa chambre et l’auberge, et progressant vers l’île de Haut-soleil, le Sentier des Murmures Sereins traversait les tristes rues des ruines de Lune-d’argent. On pouvait apercevoir des colonnes, d’une blancheur éclatante et zébrées de trait rouges sang, qui bordaient le sentier. Elles étaient ornées de représentations d’ailes de phénix en or massif incrustées d’un gros rubis.

Après un bref déjeuner, Leorwenn longea les murs en ruine de le vieille cité avant d’arriver à ceux, blancs et droits, de la nouvelle Lune d’argent. Il pénétra à l’intérieur de la cité. Il fut d’abord un peu surpris devant la taille des édifices mais il retrouva rapidement son chemin grâce aux indications d’un garde. Il suivit tout d’abord le chemin qui traversait le quartier nommé « Promenade des Anciens », puis il obliqua à gauche pour arriver enfin à la place des pérégrins[1] et admira l’imposant bâtiment qu’était le hall des Paladins. Regardant discrètement à l’intérieur, il vit des paladins qui s’entrainaient à frapper une cible en paille, d’autres qui essayaient de protéger un autre paladin attaqué par un mannequin animé. Ils étaient tous musclés grâce à leur entrainement physique mais Leorwenn qui avait uniquement travaillé son intelligence[2], car les mages se fichaient de la force, paraissait ridicule à coté d’eux. Le chevalier de sang[3] Anestos qui patrouillait et à qui Leorwenn avait fait part de ses doutes, lui répondit :

-« Écoute-moi bien mon garçon. Nos ennemis, les chevaliers de l’Alliance sont ce que nous appelons communément des guerriers, sachant uniquement se servir de leur force. Mais les chevaliers elfes, eux, savent aussi faire de la magie afin de soigner leurs alliés ou de les protéger : ce sont des Paladins. Autrement dit, l’intelligence que tu as développé dans tes études de mage te servira aussi ici.

- Mais j’aurai tout de même besoin de force non ?

- Oui. Mais un paladin peut se spécialiser, améliorant ses capacités à faire des soins magiques, à protéger ses alliés ou à combattre en mêlée. Cela ne limite en rien ses capacités premières et tu n’aura qu’a te spécialiser dans les soins car c’est ici que tu utiliseras au mieux ta forte intelligence. Quant à tes problèmes de force, l’entrainement te donnera le nécessaire pour pallier un peu ce manque. Mais le devoir m’appelle, et je dois partir. Souviens-toi de ce que j’ai dit, gamin. Au revoir. »

Prenant son courage à deux mains, Leorwenn pénétra à l’intérieur de l’immense hall de l’imposant édifice. Au milieu de cette même pièce se tenait un agent derrière un bureau.

Il dit à Leorwenn :

- Vous venez pour le recrutement j’imagine ?

- Oui.

- Bien lui dit l’agent, visiblement las, en lui donnant un billet. Apportez ceci à l’autre agent dans la pièce adjacente pour qu’il vous enregistre définitivement. »

Leorwenn suivit le couloir avant de trouver une porte avec "ENREGISTREMENT" marqué en lettres rouges. L’agent lui dit sèchement :

- Vous souhaitez ?

Leorwenn répondit, intimidé par le ton hautain de l’agent :

- Euh… je dois vous donner ceci, dit-il en lui tendant le billet.

- Ah oui  dit l’agent, en se radoucissant tout d’un coup. Voici justement le chevalier de sang Bachir, chargé de l’enseignement des jeunes Paladins.

Le maître plut tout de suite à Leorwenn. Ce dernier le détailla d’abord de haut en bas avant de dire :

- Bien ! Jeune homme, suivez moi, nous allons commencer tout de suite si vous le voulez bien.

Leorwenn le suivit, heureux. Tout commençait bien…