Llégion se sentait mal. Et comme ce n'était pas une sensation habituelle, il détestait ça. Surtout à cause du motif de ce malaise.
- Rhhhaaa ! Par la malepeste !
Puis il prit une nouvelle fois la liste des boutiques de Lune d'Argent qu'il avait empruntée à Seln et qui était maintenant recouverte de traits de crayons rageurs.
Mais c'était quelle boutique, par la malepeste ! Pourquoi il n'avait pas fait attention ! Il ne serait pas dans cette panade, à l'heure qu'il est.
Si seulement il avait des larbins pour s'occuper de ces corvées... Mais pour le moment, aucun volontaire ne s'était fait connaître pour le servir au sein de sa "Légion des Séides", malgré les affiches et les annonces.
Ca en était désespérant. Allez conquérir le monde sans armée pour se faire tuer à votre place...
Llégion s'assit sur un muret le temps de reposer ses pieds. Bizarrement, bien qu'il soit techniquement mort et que plus une goutte de sang ne circulait dans ses veines, il ressentait toujours la fatigue et la douleur.
A se demander à quoi ça pouvait bien servir d'être un Mort-Vivant.
Llégion essaya de se rappeler. Qu'est-ce qu'une Succube pouvait bien vouloir pour son anniversaire ? Qu'est-ce qu'une femme pouvait bien vouloir ?
Voilà bien un problème qu'il n'avait pas du temps où il était en vie. L'avantage d'être un vieux garçon, c'est qu'on vous fout la paix. L'inconvénient, c'est qu'on n'est pas préparé à affronter ce genre de défi.
Llégion soupira. Vieux garçon... Oh, certes, il avait bien connu l'amour. Et quel amour ! Ils avaient vécu une histoire tellement intense...
Enfin, surtout lu, il fallait être honnête. A bien y réfléchir, elle ne lui avait jamais porté la moindre attention. Le fait que leurs destins soient opposés à l'époque, probablement. Bien sûr, maintenant c'était différent. Il pourrait aller la revoir. Peut-être se souviendrait-elle de lui... Sûrement, même. Après tout, ce n'était pas n'importe qui.
Llégion soupira à nouveau. Tout devait être si simple, et tout avait été si compliqué. A se demander si quelqu'un ne lui avait pas joué un tour de cochon !
Mais non. Il avait passé du temps à chercher. A comprendre. Pourquoi un tel désastre. Un tel gâchis. Mais il n'avait rien trouvé.
A se bouffer les rognons !
Il revint à sa liste. Après tout, pourquoi il s'embêtait avec cette histoire d'anniversaire ? Il était le Maître et elle la Succube. En plus, elle était sensée obéir à ses moindres caprices.
Sauf que Seln ne faisait que ce qu'elle voulait. Ca ne le dérangeait finalement pas tant que ça, surtout au niveau de la bagatelle, vu que plus une goutte de sang ne circulait dans son corps. Quand on est mort, il y a des choses qui vous travaillent moins.
Cette gamine était exaspérante ! Voilà : exaspérante ! Toujours à piailler, à se plaindre, à lui donner des petits noms débiles, à dépenser son or si difficilement gagné...
Alors pourquoi s'en faire ?
Llégion grimaça. Bien sûr qu'il savait pourquoi. A quoi bon se leurrer. La Succube avait un bon fond, ne faisait de mal à personne - un paradoxe pour un démon - et dans l'ensemble était gentille.
Llégion l'aimait bien. Voilà, c'était dit : il l'aimait bien. Il y avait chez elle comme un besoin d'être protégée qui, quelque part, interpellait le Démoniste. Et puis, elle avait malgré tout de l'allure et un goût très sûr concernant sa tenue. Dommage qu'elle n'en ai absolument aucun concernant les autres !
SAUF... pour Llégion. Bizarrement, ses conseils étaient toujours justes. Et Llégion savait à quel point l'apparence compte quand on veut conquérir le monde. Pas question d'avoir l'air d'un pouilleux.
Et puis, un Démoniste se doit d'avoir une Succube. Ca fait partie des incontournables. Comme le Diablotin et le Marcheur du Vide.
Le Diablotin.
Llégion avait été verni pour le coup. Abatik savait trouver des plans malins pour son Maître. Il était obséquieux comme il fallait, impertinent si nécessaire mais sans jamais aller trop loin. On reconnaissait en lui l'expérience du démon ayant roulé sa bosse.
Quelle plaie qu'il soit aphone JUSTE en ce moment !
Les pensées de Llégion se fixèrent alors sur Mezz.
Foutu bleu ! Incroyable comme ça pouvait foirer aux Enfers ces temps-ci !
Un vieux démon au chômage ! Pour lui ! Le futur Maître du monde ! Rhaaa !
Si seulement il pouvait mettre la main sur sa bibliothèque personnelle. Il y foutrait le feu en deux temps trois mouvements histoire de se débarrasser de ces foutus Codes !
N'empêche... Llégion eut une moue de dégoût.
N'empêche que niveau chaos, Mezz se débrouillait comme un chef. Qui aurait cru qu'un simple bouquin ferait autant de dégâts ? Et puis, autre avantage, Mezz commençait à se bâtir une réputation qui bénéficiait à son Maître lui-même.
D'accord, c'était surtout des animaux qui en profitaient, mais quand même...
Et puis bien sûr, il lui avait été indispensable pour mener à bien son projet de reconnaissance comme Dieu Malfaisant.
Cette pensée fit surgir dans l'esprit de Llégion une vision de Zaza.
Argh... Foutu clébard... Tout ça à cause de Seln. Je t'en foutrais, moi, du "Chasseur Infernal" ! Un clebs ! Voilà ce qu'il avait dégotté ! Un foutu clébard bavant et aboyant, infoutu de se battre SAUF quand sa "maman" était menacée.
Sans parler des tentatives répétées de le mordre.
Un coup à l'envoyer chez le véto pour le faire piquer, tiens. Ou le faire castrer... Ca avait des... des "grelots", les démons ? Faudrait qu'il vérifie. Ca lui ferait les pieds, tiens.
Sauf que Seln ne le laisserait pas faire. Elle adorait TELLEMENT les animaux ! Zoophile, va...
Et puis, vu que Llégion n'avait jamais aimé les chiens, c'était plutôt pas mal que ce soit Seln qui s'en occupe. Au moins il avait - globalement - la paix.
Et puis il y avait le canasson. Buck.
Quel nom débile ! Parfait pour un bouseux comme ce cheval. Llégion voyait bien qu'il essayait de jouer au cheval de la "haute", avec sa façon ridicule de parler et ses manières de tafioles, mais il n'en restait pas moins un bouseux mal dégrossi.
Il fallait forcément que ça tombe sur lui...
Enfin, il fallait reconnaître quand même que depuis qu'il l'avait, la vie était beaucoup plus simple. Buck - Rhaaa ! Ce nom ! - galopait vite, ne rechignait pas aux voyages, bref, faisait son boulot de monture.
Si seulement il pouvait avoir un peu plus de classe...
En parlant de classe, Llégion se rappela son arrière-petit neveu. Edualk.
Où pouvait-il bien être maintenant ? Sûrement en Outreterre, à casser du démon. C'était bien son genre, l'héroïsme inutile et la course à l'exploit. Foutus paloufs...
Surtout quand on pense à la fameuse nuit où... Fallait que ce soit un palouf !
Llégion soupira. Enfin, ça pouvait toujours être utile d'avoir sous la main un gars serviable prêt à donner un coup de main ou à prêter un peu d'or.
Et puis, Llégion était forcé d'avouer que cela lui avait fait chaud au coeur d'apprendre que quelqu'un dans la famille conservait cette tradition. Son frère aurait apprécié...
Son frère... Il allait devoir mettre son nez là-dedans. Foutu merdier... Mais pas trop vite. Il avait encore le temps.
Oui... Espérons...
Llégion secoua la tête et se leva.
- Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai pas réglé mon problème, moi.
Il se mit à faire les cent pas en parlant tout seul, les mains derrière le dos. Deux gardes passèrent à côté de lui en se tapotant la tempe avec un doigt, mais heureusement pour eux, Llégion était plongé dans ses pensées.
- Bon, comment je pourrais faire... Le truc, ce serait de trouver une femelle pour lui demander.
Llégion grimaça.
- A condition d'en trouver une avec du goût. Un goût de Succube, au moins.
Il continua à faire les cent pas, jetant au passage un coup de pied peu inspiré sur une gamine elfe passant à sa portée - et la ratant.
- A part une catin, je ne vois pas trop qui... Mais là, c'est pas la peine : je n'ai pas souvenir d'en avoir vu une seule depuis que je suis revenu. Foutu époque de coincés...
Il fit un écart pour éviter un petit robot qui lui passa entre les jambes, et réussit à esquiver la même gamine qui cherchait à l'attraper.
- Il y a sûrement des femelles de ce genre là quelque part, mais je me vois mal les interpeller toutes pour leur demander. On ne me fait pas le coup deux fois de suite...
Llégion passa une main sur ses côtes... Même après tout ce temps, il sentait encore la douleur.
- Où est-ce que je pourrais trouver une femelle avec de la classe, féminine, et amatrice de trucs brillants...
Plongé dans ses pensées, Llégion s'arrêta soudain. Le petit robot qui revenait vers lui ne réussit pas à changer de route à temps et percuta sa jambe dans un fracas de métal.
Le Démoniste ne broncha même pas.
- Ou alors...
Llégion plissa le front en réfléchissant. Puis un sourire se fit lentement jour.
- Après tout, pourquoi pas ? Je suis sensé être à son service, et puis...
Il secoua la tête, le visage soudain fermé.
- Non. Elle ne doit pas savoir. Elle ne devinera d'ailleurs pas. Vu mon apparence actuelle... Non.
Llégion empocha la liste désormais inutile. Oui, "elle" devrait pouvoir l'aider. Fallait juste aller à Fossoyeuse. Au moins, Seln ne voudrait pas venir avec lui.
Moustaches était dubitatif. Il n'arrivait plus à comprendre le Démoniste. Il pensait que ce n'était qu'un minable utile, et puis finalement... sa dernière pensée pourrait être lourde de conséquences pour lui.
Puis le rat pissa sur les bottes du Démoniste.
***
Chapitre 140 : Psss !
- On ne passe pas.
Llégion leva les bras au ciel.
- Par la malepeste ! J'ai le droit de la voir ! Je suis un Réprouvé !
- Et moi je te dis qu'on ne passe pas.
Le garde à l'entrée de la salle royale de Fossoyeuse était un magnifique spécimen de ce qui se faisait de mieux en matière de garde.
Obtu, stupide, et incapable de comprendre autre chose que ses ordres.
- Qui a donné cet ordre ?
- On ne passe pas. Ce sont les ordres.
- De qui ?
- Ce sont les ordres.
- RHHHAAA !!! Espèce de...
Llégion s'arrêta net et, en tremblant légèrement, fit quelques pas avant de s'accroupir au sol sous le regard dépourvu d'intelligence du garde.
Puis il prit une profonde inspiration et ferma les yeux.
- Cool... Zen... Petits zoziaux... RHHHAAA !!!... Vent dans les arbres... Amour... Paix... Voilà.
Llégion se releva, soudain plus calme, et se posta à nouveau devant le garde.
- Bon, le pignouf, on va faire ça de façon logique.
- On ne passe pas.
- Ta gueule. Bon, tu obéis aux ordres de Sylvanas, correct ?
- Affirmatif.
- Et c'est Sylvanas qui t'a donné l'ordre de ne pas laisser passer les Réprouvés.
- On ne passe pas.
- Par la malp... ! Cool, zen, lexomil... Okay. Quels sont tes ordres ?
- On ne passe pas.
- Ca vaut pour tout le monde ?
- On ne passe pas.
- Et si Thrall vient, tu lui dis la même chose ?
- On ne passe pas.
- Et si Vari-trucmuche, le démon qui encombre la salle, veut passer, tu lui dis quoi ?
Le front du garde se plissa soudain sous l'effort de la réflexion.
- Euh...
- Ah ! Ah ! Tu vois !
- Le gros démon a dit : Sylvanas ne veut pas voir le grand chauve à l'air con. On ne passe pas.
- Le gros dém... Attends, attends... Ca ne concerne que moi ?
- On ne passe pas.
- Je... Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ?
- On ne passe pas.
Llégion fit lentement demi-tour, plongé dans ses pensées, et se dirigea lentement vers les canaux.
Le garde le regarda partir avec le même regard bovin que d'habitude, puis eut soudain une illumination.
- Eh ! Et on ne passe pas !
Puis il sombra à nouveau dans le vaste désert intellectuel que représentait pour lui son tour de garde.
...
- Psss !
Llégion continua de marcher, toujours plongé dans ses pensées et murmurant tout seul.
- Pourquoi moi... ? Et pourquoi le démon voudrait... ?
- Eh ! J'ai fait "psss", et tout !
Le Démoniste sortit de ses pensées et leva la tête.
- Hein ? Quoi ?
Une Réprouvée au regard réprobateur sortit de l'ombre. Malgré les morceaux manquant et son pas traînant, elle semblait relativement jeune.
- Ah quand même ! J'avais dit "psss", hein ! Comme il faut, et tout !
- Mais... Que... Tu es qui, toi ?
- C'est vrai, quoi. Je l'ai bossé, mon "psss" ! Surtout que je n'ai plus de lèvres, alors vous auriez pu faire un effort, quoi.
Llégion secoua lentement la tête.
- Ecoute, femelle, je ne suis pas d'humeur. Alors tu dégages.
- Ah, non ! Pas question ! Pas après avoir bossé mon "psss" et tout !
- Mais tu veux quoi, à la fin ?!
- Comment ça, qu'est-ce que je veux ? J'ai fait "psss", et tout !
- Oui, d'accord, mais pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
La Réprouvée resta silencieuse sous le regard de Llégion qui se passa une main fatiguée sur le visage.
- J'aimerais tellement que, pour une fois, je ne me coltine pas tous les tarés de cette foutue ville de...
- Ca y est ! Je sais pourquoi j'ai fait "pss", et tout !
- Et ?
- Euh... Comment c'était, déjà... Avec mon "psss", j'ai un peu perdu le fil...
- Sans blague.
- Euh... Ah oui ! Elle veut vous voir. Là. Maintenant.
- D'accord. Mais qui ?
- Qui quoi ?
- Qui veut me voir ?
- Ben elle veut vous voir. Et maintenant, pas demain.
- Par la malepeste ! C'est qui, "elle" ?!
- Oula ! T'es un marrant, toi !
Llégion jeta une main à la gorge de la Réprouvée et la ramena fermement vers lui.
- Ecoute, petite, le "t'es un marrrant, toi", tu oublies. Et surtout, SURTOUT, tu évites des mots comme "lol". Ca me rappelle de mauvais souvenirs, et je n'aime pas les mauvais souvenirs. Alors tu me dis, là, tout de suite, qui t'envoie, et je ne te mets pas en pièces. Pigé ?
- Euh...
- Pigé ?
- Oui... M'sieur. Sylvanas. C'est elle. La "elle". Celle qui veut vous voir. Là. Maintenant. Elle.
- Petite ?
- Oui, m'sieur ?
- Ta gueule.
- Oui, m'sieur.
Llégion lâcha la gorge de la Réprouvée, et resta la regarder. Puis après un long silence mutuel...
- Par la malepeste ! Est-ce que je suis sensé trouver le chemin tout seul, abrutie ?!
- Euh... Ah ouais ! C'est vrai ! Après le "psss", je devais vous y amener.
- Alors ?
- Ben... Ah oui !
La Réprouvée se mit à courir le long du canal, suivie par un Llégion quelque peu excédé.
- Je me demande dans quel merdier on va encore me fourrer... J'aurais dû prendre Abatik avec moi, finalement.
- Eh, m'sieur ! Vous lui direz, à la Dame Noire, que j'ai réussi mon "psss" ? Parce que je l'ai vachement bossé, quand même !
- Ta gueule.
Le rat trottinait aux côtés du Démoniste en jetant de brefs regards à droite et à gauche. La partie allait être serrée, ce coup-ci. Même si la Banshee ne devait sûrement pas se douter de grand-chose.
Puis le rat fit un écart pour pousser un congénère dans le canal.
***
Chapitre 141 : La Dame Noire
La pièce était plongée dans la pénombre. Quelques torches brûlaient sur les murs, mais elles ne faisaient que souligner l'obscurité générale.
Et le froid, glacial.
La Réprouvée s'était rapidement éclipsée après avoir mené Llégion par des passages détournés jusqu'à cette pièce qu'il ne connaissait pas.
Le Démoniste passa en revue du regard le mobilier trop rare.
Une seule table, à moitié noircie par le feu, était installée dans un coin et un arc reposait sur un présentoir installé dessus. Llégion n'avait pas besoin de s'en approcher pour reconnaître l'arme de la Dame Noire, Sylvanas Coursevent, Maîtresse des Réprouvés.
Une grande partie des murs étaient cachés par des étagères au style ancien, remplies d'ouvrages pour la plupart à moitié brûlés.
Il s'approcha de l'une d'entre elles, et jeta un oeil intéressé sur les couvertures.
Il frissonna.
La plupart des titres faisaient écho à de lointains souvenirs. A un temps où...
Llégion secoua la tête pour revenir au présent, et nota au centre de la pièce deux sièges au dossier haut, portant les armes de l'antique Lordaeron.
Et sur l'un des sièges...
- J'espère que ma servante n'a pas été trop agaçante. Elle a parfois cet effet-là sur certains.
La voix de Sylvanas était dure et glaciale. Toute autre qu'elle, assise comme elle les jambes croisées sur l'antique siège, portant sa tenue légère d'éclaireur elfe, n'aurait pu que séduire tout mâle normalement constitué.
Mais Sylvanas était devenue la Banshee, et elle ne dégageait qu'un froid aussi glacial que celui de son coeur.
Llégion s'approcha du siège libre et s'agenouilla respectueusement devant la Dame Noire.
- Je suis honoré de cette invitation, Ma Dame.
- J'avais entendu dire que Llégion le Maléfique, Génie du Mal, plus grand cerveau criminel d'Azeroth et... oui, futur Maître du monde, ne s'agenouillait devant personne.
Llégion grimaça.
- Vous oubliez "dieu malfaisant", Ma Dame.
- En effet.
- Devant personne de ce monde et de ce temps, Ma Dame. Mais vous êtes Sylvanas Coursevent...
- La Sylvanas des anciens temps n'est plus.
- Je... connais cela, Ma Dame.
Sylvanas désigna d'un geste le siège libre sur lequel s'installa le Démoniste.
- Ambitieux... et pourtant si maladroit.
- Je suis dans une mauvaise période. Mais cela va changer. Ne le prenez pas mal, Ma Dame, mais ce sont mes affaires.
- Tu es un Réprouvé, dorénavant. Rien de ce qui touche mon peuple ne m'est étranger.
- Mouais...
- Et... rien de ce qui te touche... ne peut m'être indifférent.
- Ma Dame ?
Llégion leva un sourcil.
- Je ne suis qu'un Démoniste parmi tant d'autres. Je ne veux pas d'ennuis. Je m'occupe de mes affaires.
Sylvanas sourit et, étrangement, son sourire sembla moins glacial qu'habituellement.
- Croyais-tu pouvoir m'abuser ?
- Ma Dame ?
- Croyais-tu que Sylvanas aurait tout oublié de ce qu'elle fut, autrefois ?
- Vous l'avez dit, Ma Dame. La Sylvanas d'autrefois n'est plus. Vous êtes la Banshee, la Dame Noire des Réprouvés.
Llégion eut un sourire narquois.
- Et je n'aimerais pas être là quand le pingouin repointera le bout de son nez – puisqu'il paraît qu'il se prépare à revenir.
- Tu emploies des mots étranges, Llégion.
- Je parlais d'Arthas. Une expression d'un parent qui... enfin bref.
- Si tu veux le monde, il te faudra l'affronter. Briser le Fléau.
- Mon armée s'en occupera - quand j'aurais réussi à la lever. Si vous ne vous en chargez pas vous-même, Ma Dame. Ou si les habituels pignoufs ne vont pas lui faire la peau.
- C'est étrange...
- Etrange, Ma Dame ?
- Autrefois, tu n'aurais pas toléré l'existence d'un être comme le Roi-Liche.
Llégion resta silencieux.
- Autrefois, tu ne te serais pas agenouillé devant moi.
- Je ne comprends pas, Ma Dame.
- Je n'ai pas oublié.
- Ma Dame...
- Toutes les histoires de taverne ne sont pas inintéressantes. Un Paladin... une belle... un dragon...
Llégion se redressa, les yeux plissés. Puis il sourit, d'un sourire sans joie.
- Je vois... Depuis quand tu... sais ?
- Qui aurait pu te faire revenir ?
Llégion hocha la tête.
- Je me doutais bien d'un coup foireux dans ce genre-là. Tu n'aurais pas dû. Le passé est le passé.
- Mais je n'ai pas oublié. Je n'ai pas oublié que tu fus...
Sylvanas ne murmura qu'un nom. Un nom oublié et perdu, qui ne devait plus être prononcé en ce monde.
Moustaches hoqueta de surprise. Lui ? Ici ? Sous cette forme ? Cela modifiait tous ses plans, voire les réduisait à néant. C'était... inattendu, et dangereux.
Le rat s'enfuit à toutes pattes par un trou de souris pour prendre de nouvelles dispositions.
***
Chapitre 142 : Le passé, le présent... et un avenir possible
Llégion secoua lentement la tête.
- Décidément... Moi qui croyais avoir fait ce qu'il fallait...
Puis il poussa un profond soupir, soudain très las.
- Moi non plus je n'ai pas oublié. Mais j'ai choisi mon destin, ainsi que je l'ai toujours fait. Alors pourquoi me faire revenir ?
- J'ai des devoirs envers mon peuple.
- Ne compte pas sur moi pour faire la peau au pingouin quand il réapparaitra. Il ne m'a jamais été destiné.
- Je le sais. Mais nous ne sommes pas les seuls à revenir des temps anciens. Quelque chose... s'agite, dans l'ombre.
Llégion plongea son regard dans celui de la Banshee, puis hocha lentement la tête.
- Tu as toujours été pleine de surprises, Sylvanas. Et très forte.
- J'ai ressenti quelque chose. Et il y a des rumeurs qui commencent à courir. Faibles, éparses, mais inquiétantes.
- Je crois deviner lesquelles. Mais nous avons encore le temps.
- Je n'ai pas oublié ce que fut cette abomination. Sa disparition fut un soulagement. Mais j'ai toujours su qu'un jour, "elle" reviendrait.
- Nous ne risquons plus grand-chose. Tu oublies que nous n'avons plus beaucoup de sang dans les veines !
- Oui, c'est vrai. Mais je dois être prête.
Llégion haussa les épaules. Puis il se leva et commença à faire les cent pas.
- J'ai toujours gardé un oeil sur cette histoire. Question de prudence. Tu as raison, cette saloperie va revenir. L'Esprit de Sang... Un nom de circonstance - pour une fois, les peaux-vertes ont trouvé les mots justes. Impossible à détruire définitivement.
- Mais emprisonné par... quelqu'un que tu connais bien.
Llégion s'arrêta net et se retourna en direction de Sylvanas. La colère se lisait dans ses yeux.
- Tu sais donc cela aussi ?! Damnée Elfe... Toujours à fourrer ton nez là où il ne faut pas !
Sylvanas se leva. Ses yeux brillaient d'une colère froide.
- N'oublie pas à qui tu t'adresses, Llégion.
- Allons ! Pas de ça entre nous, Sylvanas ! Nous sommes seuls, et ce ne serait pas la première fois que nous avons ce genre de conversation ! Il me semble d'ailleurs que c'est ce que tu appréciais chez moi... autrefois.
- Je n'ai jamais pu te supporter, Sorcier. Tu étais... malsain. Tu l'es toujours. Sauf que désormais, tu n'es plus rien. Tu parles haut et fort, mais ton pouvoir n'est plus.
Llégion ricana.
- Sylvanas... Une des plus belles, désormais si froide... Ne te trompe pas : ce que je fus n'est plus, mais uniquement car je le veux ainsi. Il me suffirait de changer d'avis...
- ... et tu gagnerais alors ta place à mes côtés.
Llégion sourit, quasiment nez-à-nez avec la Dame Noire.
- Non. Je n'en ai pas envie.
- Mais concernant l'Esprit...
- Je pense que pas mal de choses vont bientôt se produire. Cette saloperie a déjà été vaincue, et d'autres partiront en chasse quand elle réapparaitra. Mais nous avons encore du temps, je te l'ai dit.
Sylvanas eut un bref sourire.
- La partie est délicate. Et avec cette abomination en plus...
- Ca va mettre un joyeux bordel, c'est vrai.
- Tu me dois une faveur, Llégion.
- C'était autrefois.
- Vraiment ?
Llégion soupira à nouveau, puis sourit.
- Je n'ai pas envie de discuter avec toi. Je me souviens d'avoir rarement gagné.
- Tu n'as jamais gagné.
- Ah. Oui. C'est vrai.
- Quand l'Esprit réapparaitra, je veux que tu le traques et que tu le détruises. Tu es le seul à pouvoir le faire.
- Non. Aussi surprenant que cela puisse te sembler, je ne suis pas de taille. Je ne l'ai jamais été.
- Pourtant...
- Je lui ai survécu. En soi, c'est déjà un exploit. Mais si j'en avais eu les capacités à ce moment-là, j'en aurais fait de la charpie.
- Alors nous sommes perdus.
Llégion secoua la tête.
- Tu n'écoutes donc rien ? D'autres s'en chargeront. J'en connais certains, et ils ne seront pas seuls.
Pour la première fois depuis bien longtemps, Sylvanas fut surprise.
- Il n'y a jamais eu qu'un seul être capable de l'affronter. Et il n'est plus de ce monde. J'ai vérifié.
- Tu as raison, ma chère. Il n'est plus de ce monde. Mais il existe d'autres mondes. D'autres… possibilités. Et certains évènements vont se produire qui rouvriront à nouveau ces possibilités.
- Tu veux dire... ton frère ?
- Il n'a fait que... s'effacer. Il avait réussi à la vaincre et à l'emprisonner, mais pas à la détruire. Et le connaissant, malgré ce qui s'est passé, il est resté pour un jour terminer le travail.
Llégion eut un sourire triste tandis qu'il se rasseyait.
- Ce qui aurait dû être et qui ne fut pas. Mais je le connais bien. Mieux que quiconque. Il a prêté un serment, autrefois. Il ne l'aura pas oublié. Pas lui.
- Et il pourra...
- Soit sûre d'une chose, ma chère : lui et moi avons toujours été les meilleurs dans nos domaines respectifs. Mais ce n'est rien comparé à ce dont nous aurions été capables ensemble.
- Vous étiez ennemis...
- Mais il était mon frère, Sylvanas. Il était tout ce que j'avais.
Llégion ferma les yeux.
- Et je n'ai jamais cessé de l'aimer. Mon frère. Mon ennemi. Notre destin. Je n'ai jamais oublié.
Un long silence se fit. Llégion avait les yeux fermés, plongé dans ses souvenirs. Il semblait soudainement très vieux.
Puis Sylvanas, sans dire un mot, s'approcha du Démoniste.
Elle leva une main hésitante, et la posa sur son épaule.
- Moi non plus, je n'ai pas oublié...
Llégion ouvrit les yeux et leva le regard sur la Banshee. Puis il posa sa main sur celle de celle qui, autrefois, fut une Elfe de Lune d'Argent.
Celle qui, autrefois, défendit son peuple contre la folie d'un prince.
- Euh... Au fait, tu t'y connais en... hem... en Succube ?
Le rire de Sylvanas cascada dans la salle et se répandit dans Fossoyeuse, faisant se serrer le coeur des Réprouvés qui, pour la première fois pour beaucoup d'entre eux, se rappelèrent soudain des temps où la vie les habitait encore.
Sylvanas Coursevent. Autrefois Elfe. Aujourd'hui Banshee.
Et qui, autrefois, fut aimée par un Homme...
Moustaches était sous le choc. Il savait forcément. Forcément ! Et s'il savait... S'il allait faire... Et si l'autre abomination... Tout ces efforts, ruinés ?!
Au fond de son repaire, le rat se mit à sangloter nerveusement.
***
Chapitre 143 : Joyeux anniversaire !
- Alors ? Ca te plaît ?
Seln réussit à détacher son regard du paquet ouvert devant elle et regarda Llégion qui attendait d'un air légèrement inquiet au milieu de leur chambre de l'auberge de Lune d'Argent.
- Ca a intérêt à te plaire, Seln, parce que c'était le dernier et que ça m'a coûté une fortune ! Quels escrocs, ces Gobelins…
Seln restait silencieuse, d'une pâleur extrême.
- Et puis, entre nous, je trouve la couleur à vomir. Mais bon, il paraît que ça va avec tout. Alors ?
Seln prit une profonde inspiration, et Abatik et Mezz se lancèrent un regard inquiet et firent deux pas en arrière d'un air innocent.
- C'est… C'est…
- Oui ?
- C'est… Oh, mamour, c'est TELLEMENT joli ! C'est encore MIEUX que ce que je voulais ! Mercimercimerci !
Seln se jeta au cou de Llégion en rougissant et en le couvrant de baisers, sanglotant à moitié.
- Je suis TELLEMENT heureuse d'être avec toi ! Tu es TELLEMENT gentil, et tu penses TOUJOURS à moi, et en plus tu es TELLEMENT trognon, et puis…
- Oui, bon, ça va, j'ai compris…
- … tu as TELLEMENT bon goût, et…
- Seln ! Lâche-moi, par la malepeste ! On pourrait nous voir !
Llégion réussit à détacher Seln de son cou et à la repousser. La Succube se mit à trépigner en serrant ses bras sur sa poitrine.
- Je peux l'essayer, mon Llélé ? Hein ? Dis oui !
- Bien sûr. C'est ton cadeau.
- Oh, si tu savais… Je suis TELLEMENT heureuse !
Seln prit le paquet et se précipita vers sa chambre, non sans avoir fait un dernier détour pour plaquer deux bises sonores sur les joues de Llégion.
Elle claqua la porte, et on entendait de petits cris de joie et des gloussements venant de derrière.
Llégion poussa un soupir de soulagement, et se tourna vers ses démons en ricanant.
- Vous avez vu ? Qui c'est le meilleur, hein ?
- (voix caverneuse) Il y a un truc, Maître.
- Le gros bleu à raison, Maître. Comment vous avez fait ?
- Eh ! C'est moi ! Llégion ! Un pur Génie du Mal, le plus grand cerveau criminel d'Azeroth !
Abatik lança un regard à Mezz.
- Non, sérieusement, Maître : vous êtes parti complétement paniqué il y a trois jours de ça en piquant à la gamine sa liste des boutiques de Lune d'Argent, et vous revenez avec un truc encore plus génial que ce qu'elle voulait.
- (voix caverneuse) Je dis qu'il y a un truc, Maître. Même Abatik n'aurait pas pensé à ça.
- Merci vieux.
- (voix caverneuse) De rien, mon ami. Comment vous avez fait, Maître ?
- Je suis génial ! C'est tout !
Les deux démons gardaient un air clairement suspicieux. Puis Abatik soupira.
- Vous savez, Maître, Mezz et moi on est à votre service. Vous devriez tout nous dire.
- (voix caverneuse) Et puis comme ça, nous pourrons prévoir les ennuis, Maître.
- Exact. Autant prévoir les mauvais coups à l'avance, Maître, histoire de prendre nos précautions.
- Dites-donc, vous ! Qu'est-ce que vous sous-entendez ? Je ne serais pas capable de trouver un cadeau d'anniversaire pour Seln ?
- Franchement, Maître ? Vous êtes nul avec les femmes.
- Seln n'est pas une femme, mais une Succube. Et puis d'abord…
- Même, Maître. Vous le dites vous-même.
- (voix caverneuse) Ou alors, vous êtes malade, Maître.
- Le gros bleu a pas tort, là. C'est vrai que je vous trouve bizarre depuis notre virée en Désolace, Maître.
Llégion sourit encore plus ouvertement.
- Ah oui, Désolace ! Une jolie balade, non ? Et profitable.
- On s'est fait à peine 4 POs, Maître. J'appelle pas ça une balade "profitable".
- Abatik ?
- Oui, Maître ?
- Ta gueule.
- Bien, Maître. N'empêche que j'aimerais que vous me disiez ce que vous mijotez.
- (voix caverneuse) Pareil, Maître. Je vous rappelle que la jurisprudence en matière de procédure...
- Toi aussi ta gueule, Mezz. Bon, Abatik, j'ai envie de m'amuser un peu ! Trouve-moi un coin sympa.
- Ben, Maître...
Abatik sortit son carnet et commença à le feuilleter tandis qu'on entendait de petits cris de joie et des gloussements venant de la chambre de Selneri.
- On pourrait aller jeter un oeil du côté des Hinterlands, Maître.
- C'est pas un coin de nabots ?
- Et des Trolls aussi, Maître.
- Rien à cirer. Ensuite ?
- Sinon on passe en Kalimdor. Y'a le désert de Tanaris, Maître, mais c'est sec et ça grouille de bestioles.
- Mouais...
- Feralas, peut-être. C'est une forêt, Maître. Des Ogres, d'autres trucs à tuer.
- Marre des arbres. Ensuite ?
- On commence à avoir fait le tour, Maître.
Llégion s'était mis à faire les cent pas.
- Pas très enthousiasmant tout ça, Abatik. Et ce n'est pas ça qui me fera progresser dans la voix de la conquête du monde.
- Sinon, il y a l'Alterac, Maître, mais...
- Alterac ? Un royaume sympathique, d'après mes souvenirs. Des nobles bien fourbes, des saloperies et des traitrises en pagaille... Ca me rappelera le bon temps. Bon, prépare les affaires, Abatik !
- Euh... Maître ?
- Quoi encore ?!
Abatik lança un regard blasé à Mezz qui se contenta de hausser les épaules.
- Vous ne devez pas être au courant, Maître, mais Alterac a été foutu par terre il y a déjà un certain temps.
- Foutu par terre ?
- Oui. maintenant, on y trouve des Ogres, et des voleurs aussi.
- Et le Prestor ? Je croyais que ce foutu salopard aurait réussi à monter un truc sympa là-bas ?
- Ben... Ecoutez, Maître, je vous prépare un mémo pour vous expliquer tout ça. Mais en tout cas, Alterac, maintenant, c'est un champ de ruines. Désolé.
Llégion se mit à fulminer.
- Par la malepeste ! Ca m'aurait étonné ! Avec tout ce que j'avais investi là-bas ! Je...
- Llégion !
***
Chapitre 144 : En route pour de nouvelles aventures !
Tout se tut et se retourna vers la chambre d'où Selneri venait de sortir, folle de rage, accompagnée par un Zaza manifestement en colère. Le fait même d'avoir employé le nom de Llégion l'avait interrompu en pleine rage.
- Que... Qu'est-ce qui se passe, encore ?
- Ca ne va pas du tout ! Non, mon Llélé, pas du tout !
- Quoi ?
- Mon cadeau, mamour !
- Quoi ? Je croyais que ça te plaisait ?
- Je... Tu...
Tout le monde regardait Selneri en train de bafouiller.
- Quoi ?!
- Llégion ! Il est trop petit ! Tu DOIS aller m'en acheter un autre ! Tout de suite !
- Mais...
- Moi qui me faisait une TELLE joie, tu as tout gâché !
- Je...
- Et en plus, ce PAUVRE Zaza dont tu ne t'es toujours pas occupé !
- Waf ! Grrr...
- Comment...
- Alors que tu avais promis de TOUT faire !
- Mais de quoi...
- (voix caverneuse) Excusez-moi de vous interrompre, Maître, mais je profite que vous soyez là pour vous rappeler que nous n'avons pas encore parlé de la question des primes annuelles.
- Non mais...
- Et si on pouvait mettre à plat toutes les histoires que vous nous cachez, Maître, pour que je sois un peu au courant.
- Il est...
- Ah, Monseigneur est bien ici.
L'arrivée de Buck acheva de cerner le Démoniste.
- Qu'est-ce...
- Il serait séant que vous envisagiez, Monseigneur, quelqu'aventure épique pour notre compagnie. Les producteurs pensent... je veux dire, JE pense qu'il nous faudrait plus d'action actuellement.
- Mais...
Llégion baissa alors les yeux et tomba sur Moustaches qui lui lançait un regard sombre et déprimé.
Il ferma les yeux, tandis que ses démons parlaient tous en choeur et étalaient leurs récriminations. Puis...
- PAR LA MALEPESTE ! VOS GUEULES ! TOUS ! J'en ai marre ! Vous entendez, MARRE ! Vous... et vos... et toujours...
- Respirez, Maître, vous devenez bleu.
- RAS-LE-BOL ! C'est décidé, j'arrête ! Tout ! Qu'un autre abruti se farcisse la conquête du monde ! Moi, je laisse tomber !
Et... Tiens ! Des vacances ! Des vraies ! Loin de tout ce merdier !
Plus de quêtes débiles pour les emmerdeurs habituels !
Plus de course à l'autre bout du monde !
Plus de sombres complots, de trahisons, de plans foireux !
Et vous, là, avec vos airs d'ahuris qui passez votre temps à me regarder ! Vous voulez de l'aventure ? De l'action ? De l'humour ?
ALLEZ VOUS FAIRE VOIR !
J'arrête.
Démerdez-vous avec un autre abruti.
Et si vous n'êtes pas content... rien à carrer.
Par la malepeste !
[Rideau]
***
Comment ? Vous êtes surpris ? Vraiment ?
...
Non, rassurez-vous, vous connaissez Llégion. La patience d'un Diablotin sous acide, la modestie de... de... non, aucune modestie !
Llégion va revenir, plus en forme que jamais - qui a dit "hélas" ?
Vous retrouverez bientôt ses nouvelles aventures, en Norfendre pour "baffer le pingouin", mais aussi en Azeroth où il explorera pour votre plus grand plaisir les instances les plus mythiques !
En attendant, vous vous pencherez peut-être sur cette histoire inquiétante dont Llégion et Sylvanas ont parlé, celle de l'Esprit de Sang...
Une histoire sombre, glauque... terrifiante...
***
*
Bonjour à tous !
Après mes quelques textes épars ;
Après les inénarrables aventures de Llégion le Maléfique (enfin terminées - temporairement ! - à lire sur le site en signature) ;
Après la vie d'Edualk en 15 épisodes marquants ;
Voici enfin un nouveau récit : le LIVRE DE SANG.
Contrairement à mes habitudes, je commencerais par un prologue explicatif de l'intrigue, des enjeux et des personnages, histoire que tout le monde réussisse à suivre ! (oui, je crains d'avoir monté une intrigue assez complexe et d'avoir trop de personnages... On verra bien...)
De plus, je vous renvoie à plusieurs récits ayant précédé celui-ci, et posant les personnages, tous sur le même site :
- L'histoire d'Edualk (la fin introduit en partie ce récit)
- "Le plus parfait des Paladins", l'histoire de son aïeul chevalier et de sa chute (parce que ce personnage réapparait)
- La dernière quête du Nain, où apparait l'Esprit de Sang, protagoniste de ce récit
Ce récit se veut sombre voire glauque. Il raconte la réapparition d'un esprit maléfique - l'Esprit de Sang - et de sa traque par plusieurs personnages. Mais je vais mélanger sérieux et humour selon les personnages, en espérant que ça fonctionne correctement.
Précisons aussi que ce récit commence juste avant la réapparition du Fléau et du Roi-Liche, et de l'assaut des deux factions contre le Norfendre.
***
Toute histoire a un commencement.
Celle-ci commence il y a une éternité de cela, très loin d'Azeroth, en un monde que l'on nommait Draenor.
Il y avait en ce monde une abomination. On le nommait l'Esprit de Sang.
De temps en temps, une bête, toujours une femelle, devenait folle, possédée par cet esprit. Elle se mettait à tuer, sans aucune limite, sans distinction, sans raison. Ou plutôt si, pour une seule et unique raison : le sang.
Sa soif était sans limite, sans frein, si exigeante que les yeux de la bête possédée luisaient d'un lueur rougeâtre... noyés de sang.
L'Esprit de Sang était connu et craint des principaux peuples de Draenor. Quand il prenait possession d'une bête, ils lançaient la chasse immédiatement, pour l'abattre, pour mettre fin aux atrocités, aux massacres, avant qu'ils n'atteignent un point de non-retour.
La chasse interrompait même la guerre.
Un cycle sans fin.
...
Le temps passe, et nous aussi - il y a près d'un siècle, en Azeroth.
L'histoire de deux frères, un chevalier et un sorcier.
Ces deux frères étaient les meilleurs dans leur domaine. Et leur excellence devait sceller le destin d'Azeroth. C'est du moins ce que l'on aurait pu croire.
Car le chevalier à la morale si élevée connut l'amour, la perte... et la trahison. Il se lança dans une longue quête qui se termina par la destruction de tout ce qu'il était, de tous ses principes. De son existence en tant qu'être humain.
Il chuta, et disparut, comme s'il n'avait jamais existé. Il ne laissa qu'une histoire tragique, celle du Paladin, de sa belle et du dragon.
Une histoire... et un fils. Sa lignée ne s'éteignit pas.
Et son frère le sorcier ? Lui aussi disparut.
Ce fut la fin de leur histoire... ou du moins pouvait-on le croire.
...
Puis il y eut Gul'dan et son pacte maudit. En Draenor, les Orcs sombrèrent dans la sauvagerie, et exterminèrent l'autre peuple de ce monde, les Draeneis.
Et quand l'Esprit de Sang réapparu, comme il le faisait régulièrement, personne cette fois-ci ne s'opposa à lui.
Il se gorgea de sang, plus qu'il n'en avait jamais eu. Et apprit, car on lui en laissa le temps.
Il y eut néanmoins des héros qui, en ce monde sombrant dans le chaos, n'avaient pas oublié. Encore une fois, l'Esprit fut abattu... et prit possession d'un autre porteur. Plus efficace, plus apte : une Orque.
Et la course sanglante recommença, pire que ce que ce monde agonisant avait déjà pu connaître.
Il y eut alors une ultime alliance entre les bourreaux et leurs victimes, entre des Orcs et des Draeneis qui n'avaient pas oublié - dont un Orc, un péon devenu grunt du fait de la guerre, que ses soldats surnommèrent plus tard [u]le Cagneux[/u].
Ils traquèrent l'Esprit, devenu plus fort, plus assoiffé, plus mortel, en espérant cette fois-ci pouvoir le détruire définitivement.
La traque réussit. L'Orque fut tuée, et l'Esprit de Sang emprisonné et banni.
Cela devait mettre fin au sang, définitivement. Ce ne fut pas le cas.
Car au moment même où l'Esprit fut banni de Draenor, la réalité fut déchirée par un acte qui devait sceller le destin d'un autre monde : l'ouverture d'une faille entre Draenor et Azeroth, due à la trahison de Medivh, le Gardien de Tirisfal.
Avant même que la Porte ne fut complétement ouverte et ne livre passage aux Orcs, l'Esprit l'avait traversé et était passé en Azeroth.
Ce monde vivait dans une fausse sécurité, attendant sans le savoir encore sa dévastation. L'arrivée de l'Esprit de Sang, dont nul ne pouvait imaginer les atrocités, en fut un signe avant-coureur.
Ce fut une Humaine, une simple fille de ferme, qui reçu l'Esprit et se transforma en monstre assoiffé de sang, dévastant, massacrant, tuant sans limites, à tel point que son nom, la Sanglante, devint synonyme de terreur.
L'Esprit découvrait un monde qui ne le connaissait pas, et en jouit sans réserves.
Un petit groupe d'aventuriers se chargea de le combattre et de l'éliminer. Un guerrier Nain du nom de Gloïn Marteau d'Acier, qui cherchait à venger la mort de son seul fils. Un érudit Gnome, Grangarçon. Et un jeune voyou que Gloïn espérait remettre dans le droit chemin, du nom d'Arsène.
Arsène... un voyou, certes, mais il était le petit-fils d'un chevalier oublié de tous, sauf d'un de ses rares amis, Gloïn Marteau d'Acier. Un chevalier... le chevalier, au destin brisé.
La femme fut tuée - et l'Esprit, encore une fois, s'échappa.
Mais il continuait d'apprendre, de se développer, de rechercher de nouvelles façons d'étancher sa soif sans limites. Pendant plusieurs années, il se cacha, observant, le temps de trouver un nouveau porteur.
...
Les Orcs passèrent la Porte Noire, et Azeroth sombra dans le chaos jusqu'à la destruction de Hurlevent et la fin de la Première Guerre.
Et l'Esprit, toujours, cherchait celle apte à l'accueillir - il cherchait, et trouva. Une Elfe, jeune mais ambitieuse. Folle, aussi. Leur soif se rejoignirent, et l'Esprit la posséda.
Ce fut une nouvelle course sanglante dans un monde en suspens. La Sanglante était réapparue et écrivait une histoire de sang et d'horreurs, dans le seul but d'étancher sa soif sans fin.
Les Orcs avaient oublié.
Les peuples d'Azeroth n'avaient pas encore compris.
Mais il avait quelqu'un pour se souvenir. Un vieil Orc surnommé le Cagneux, qui ne pouvait s'en charger. Et un vieux Nain dont il était devenu l'ami, du nom de Gloïn Marteau d'Acier...
Le vieux Nain reprit la route alors que l'Alliance et la Horde se préparait à livrer leur ultime affrontement. Seul, sans illusion. Prêt à mourir.
C'est au cours de cette dernière quête qu'il rencontra un homme mystérieux et encapuchonné, solitaire et muet. Un homme sans âme, d'où émanait un vide effroyable, tenu par une douleur si terrible que nul n'aurait dû pouvoir la supporter.
Un homme qui, il le comprit vite, cherchait la même chose que lui.
Gloïn et son étrange compagnon trouvèrent la Sanglante, quelque part en Lordaeron.
Le vieux Nain n'était pas de taille. La Sanglante pouvait le briser uniquement par sa soif illimitée. Mais elle ne put briser l'homme mystérieux.
Celui-ci affronta la Sanglante... et la soumit à sa volonté.
Il l'emprisonna, prenant en lui sa soif, sa folie sans limites.
Et Gloïn Marteau d'Acier, les larmes dans les yeux, comprit que cet homme mystérieux était le chevalier au destin brisé, disparut tel un ancien rêve, mais qui était revenu, pour lui. Pour son ami.
Et pour accomplir une ultime fois son devoir envers ce monde.
Le chevalier disparut à nouveau - disparu dans une obscurité sans fin, en un lieu qui n'existe pas.
Douleur et vide.
Et un Esprit assoiffé tenu prisonnier faute de ne pouvoir le détruire - jusqu'à la fin des temps...
...
Le temps passa. Azeroth continua de vivre, et les héros de se couvrir de gloire et de mourir.
La guerre entre l'Alliance et la Horde prit fin - d'une certaine façon.
Un Prince promis à de grandes choses choisit la voie de la mort et de la destruction. Arthas, nouveau Roi-Liche.
Maître du Fléau.
Ennemi de toute vie.
Il détruisit son propre royaume, et disparut, pour un temps.
...
Le temps passa, encore.
Gloïn Marteau d'Acier avait cessé de s'intéresser au monde.
Arsène n'avait jamais cessé d'être un voyou. Son propre fils, du nom d'Edualk, devint Paladin.
Le Cagneux, perclus de rhumatismes mais bien content d'avoir survécu, coulait des jours paisibles en Durotar.
Mais ce n'était qu'une pause, qu'une respiration.
Pour des raisons que nul ne songea à lui demander, la reine banshee des Réprouvés de Fossoyeuse, la sombre Sylvanas, fit revenir à la non-vie un sorcier oublié portant le nom de Llégion.
Un sorcier qui, autrefois, fut le meilleur et devait affronter son propre frère... un chevalier.
L'histoire bredouille, en bien ou en mal.
Car le Prince traître à son peuple est revenu. Il se prépare à lancer ses forces contre Azeroth, pour détruire ce monde, et mettre fin à toute vie. Pour cela, Arthas a levé des serviteurs dignes du mal qu'il veut commettre : les Chevaliers de la Mort.
Il a pour cela dû user de moyens si terribles que la réalité, encore une fois, en a été ébranlée.
Encore une fois...
Obscurité sans fin. Un lieu qui n'existe pas.
Un esprit assoiffé, torturé, soumis mais non maté cherche depuis une éternité un moyen de s'échapper.
Cherche... et trouve.
Alors que le nouveau Roi-Liche provoque une nouvelle guerre, l'Esprit de Sang s'est échappée de sa prison. Il est assoiffé, fou de colère et de rage, rempli de toute l'expérience de siècles de massacres.
Il a appris de ses hôtes, appris à les choisir, à se cacher si nécessaire, à choisir ses proies.
L'Esprit de Sang est revenu. Et il a soif. Une soif comme il n'en a jamais connu. Comme Azeroth n'en a jamais connu.
Il a repris sa chasse.
Chasseur... et bientôt chassé.
En ce qui reste de l'ancienne Lordaeron, une jeune Réprouvée amnésique surnommée Mainnoire est convoquée par la Dame Noire.
Venant d'Outreterre, un Paladin du nom d'Edualk traîne son ennui dans les Maleterres.
En Durotar, un vieil Orc que ses soldats surnommaient le Cagneux marche vers Orgrimmar, convoqué par le Chef de Guerre en personne.
A Hurlevent, une crapule de bas étage du nom d'Arsène squatte une taverne.
Et en un lieu qui n'existe pas, au coeur d'une obscurité sans fin... "IL" ouvre les yeux.
Il a échoué. Son prisonnier s'est échappé.
Une tâche à accomplir.
Réparer son erreur.
Définitivement.
Une bête assoiffée.
Des chasseurs.
Et un souvenir du passé, pour faire en sorte que la chasse réussisse.
Nous sommes en Azeroth.
Vingt-sept années après l'ouverture de la Porte Noire et l'invasion originelle d'Azeroth par les Orcs.
Sept années après la trahison d'Arthas et la chute de Lordaeron.
Une sombre obscurité va bientôt se répandre... et un froid glacial, venu du Norfendre...
Les première pages du LIVRE DE SANG vont pouvoir s'écrire...
NB : Il s'agit d'un résumé écrit il y a bien longtemps, pour présenter en gros tous les personnages, leur histoire commune, ceci dans le cadre du récit du "Livre de Sang"
Plusieurs options ne sont plus valables, mais je préfère poster ce texte tel quel plutôt que de le reprendre.
Considérez-le comme une sorte de "work in progress" concernant la fin et Ichorine.
*
Il était une fois...
Il y a de cela environ un siècle vivaient deux frères. Des Humains.
L'aîné était Paladin. Enthousiaste, courageux et pieux. Le plus parfait des Paladins.
Et bête comme ses pieds, histoire de compenser.
Le cadet était Démoniste. Perfide, mauvais, ambitieux.
Avec un but dans la vie : conquérir le monde. Et le talent pour ça.
Les deux frères avaient un destin : un jour, le cadet serait en mesure d'accomplir son but, et ce jour-là, l'aîné serait en face pour l'affronter.
De cet affrontement découlerait l'avenir d'Azeroth.
Deux frères. Deux ennemis.
Tel était leur destin.
Mais cela ne fut pas.
Le Paladin tomba amoureux d'une Prêtresse. Aussi bête que lui. Et surtout, pour reprendre l'expression du cadet, une vraie "folle du cul". En gros, elle avait couché avec tout ce qu'Azeroth avait compté d'êtres vivants.
Pas par vice, mais simplement par une gentillesse alliée à une bêtise crasse. Et parce que les mâles sont des porcs.
Ils se fiancèrent, mais le jour du mariage, la belle fut enlevée par un dragon.
Et le Paladin, malgré sa popularité, malgré son charisme, se retrouva seul pour aller libérer sa belle. Et un dragon, même pour le plus parfait des Paladins, ça reste une affaire sérieuse.
Enfin, presque seul.
Son frère resta avec lui. Parce que son imbécile d'aîné avait toujours été incapable de se débrouiller seul, et parce que leur destin, leur affrontement, était écrit et qu'il ne voulait pas le laisser faire n'importe quoi.
La quête fut longue. Des années. Toujours le Paladin rencontrait des gens connaissant sa belle, et baissant les yeux devant lui. Mais jamais il ne la trouvait.
Jusqu'au jour où le Paladin et son frère finirent par trouver l'antre du dragon, près d'un village isolé.
Mais le Paladin avait été rongé par ses doutes, ses échecs, cette quête si longue et si désespérante. Il était devenu dur, froid... inhumain.
Il renia son serment de Paladin et massacra les habitants du village, puis entra dans l'antre affronter le dragon et libérer sa belle.
Le dragon était seul. Il lui raconta qu'un autre Paladin était venu, des années plus tôt, et avait libéré la belle. Ils étaient revenus à Hurlevent, s'étaient mariés et avaient fondé une famille.
Le Paladin avait gâché sa vie. Il avait jeté au feu son serment de Paladin. Pour rien.
Il retourna à Hurlevent, et apprit alors que la maison de sa belle venait de brûler. Toute sa famille avait péri, et la belle seule avait survécu, mais atrocement brûlée.
Le Paladin disparut, mais régulièrement, il venait voir celle qui avait été sa belle et à laquelle il resta fidèle.
Quand elle mourut, quelques années plus tard, celui qui avait été le plus parfait des Paladins disparut, et nul ne le revit plus jamais.
Le cadet aurait dû en profiter pour reprendre la poursuite de son but : il n'avait plus d'adversaire digne de l'en empécher.
Mais il refusa de suivre ce destin.
Il passa les années suivantes à préparer patiemment la disparition de toute trace de celui qui était son frère. Et à faire disparaitre les siennes.
Quand la belle mourut, le Démoniste prit ses dispositions pour que son frère puisse disparaitre en paix - si tenté que cela soit possible pour son âme carbonisée. Son nom fut perdu, et son histoire ne fut plus connue que des siens.
Puis le Démoniste disparut lui aussi. Le plus puissant Démoniste ayant peut-être jamais vécu, ou plutôt qui aurait jamais dû vivre, s'effaça.
Quelques années plus tard, un Démoniste maladroit, vantard et un peu idiot fit son apparition. Il acheta un bout de marais, y fit construire un repaire et se proclama Génie du Mal.
Il devint rapidement un sujet de moquerie : le grand con paumé dans son trou boueux.
Il se faisait appeler Llégion.
...
Quand les Orcs franchirent la Porte des ténèbres, ils ne furent pas les seuls à passer en Azeroth. Quelque chose qui n'aurait jamais dû exister la franchit aussi.
C'était un Esprit de Sang. Une forme d'esprit primaire, assoiffé du sang des mortels, qui n'existait qu'en prenant possession de femelles.
En Draenor, il avait découvert combien il était plus efficace de s'emparer d'humanoïdes au lieu des animaux habituels. Il s'empara d'une Orque qui devint la plus effroyable meurtrière jamais vue, cruelle, sadique, buvant le sang de ses victimes, dont les crimes n'allaient qu'en s'aggravant.
Des Orcs et des Draeneis s'allièrent et traquèrent la meurtrière, et finirent par l'attraper et par l'éliminer. Mais l'Esprit ne fut pas détruit, et franchit la Porte pour gagner un monde plus attrayant pour lui.
L'Esprit erra avant de s'emparer d'une Elfe. Le carnage recommença, encore plus sanglant, encore plus effroyable.
Le nom d'Ichorine - celui que l'esprit s'était choisi, car il en aimait la sonorité - resta peu connu pendant longtemps, en-dehors de ceux qui avaient été les proches de l'Elfe qu'il possédait. L'époque était dure, la guerre meurtrière, et nul ne s'intéressa alors à ses crimes.
Mais plus le temps passait, plus Ichorine s'enfonçait dans sa "danse du sang". Son nom finit par devenir un nom de terreur et d'atrocités, et elle devint une proie pour ceux qui voulaient mettre fin à ses crimes.
Car la nouvelle que l'Esprit de Sang était revenu parvint aux oreilles des derniers survivants de ceux qui l'avaient traqué autrefois, en Draenor, et qui avaient franchi la Porte des Ténèbres avec les armées d'invasion. Et qui reformèrent leur groupe pour éliminer définitivement l'Esprit.
L'Esprit de Sang était primaire, quasi-animal. Mais l'Elfe qu'il possédait était intelligente. Bien que totalement contrôlée par l'Esprit, bien que son âme soit quasiment broyée par celui de l'Esprit, l'Elfe conservait encore quelques fragments de ce qu'elle était avant, et réussit, par réflexe de survie, à orienter l'Esprit.
Ichorine s'enfuit pour disparaître. La danse du sang s'interrompit alors, et tous crurent que l'horreur était terminée.
En réalité, Ichorine réussit à calmer sa soif un temps, par réflexe de survie, et finit par frapper à une porte. Un repaire isolé, perdu au milieu de marais fétides, où vivait un Démoniste.
L'Homme qui y vivait n'était guère accueillant. Mais il sentit ce qu'était l'Elfe et n'osa la rejeter. Il l'accueillit donc, et accepta de la former aux arts démoniaques.
Il s'appelait Llégion.
Pourquoi lui ? L'Esprit voulait-il accroître ses pouvoirs ? L'Elfe voulait-elle apprendre à contrôler l'Esprit ? Essayait-elle de trouver un moyen de mettre fin à son calvaire en frappant à la porte de celui qui fut puissant ?
Nul ne le saura jamais. Ni ne saura, à part Llégion lui-même, ce qu'il se passa.
Peut-être Ichorine devint-elle la maîtresse de Llégion. Ou peut-être pas.
Ce qui est sûr, c'est que Llégion avait à cette époque comme bras droit un Orc, vieux et expérimenté, du nom de Cagneux. Un Orc ayant participé à la traque de l'Esprit en Draenor.
Ce qui est sûr, c'est que Llégion finit par chasser son apprentie sans lui apprendre grand-chose.
Et Ichorine reprit sa danse du sang, plus effroyable encore, plus cruelle, plus impitoyable.
Jusqu'à une rencontre.
Un Homme, sans nom ni passé. Et Ichorine disparut du jour au lendemain.
L'Homme avait été Paladin. Le plus parfait des Paladins.
Et de ce jour, cet homme sans nom ni passé disparut de la surface d'Azeroth.
...
Llégion finit par mourir. Bêtement.
Et en Azeroth, les héros continuèrent à vivre et à mourir.
...
Llégion est revenu. Revenu à la non-vie, ranimé sur ordre de Sylvanas Coursevent, la Banshee régnant sur les Réprouvés installés sous les ruines de Lordaeron. La raison de ce choix n'appartient qu'à Sylvanas, et personne n'a songé à la lui demander.
Llégion a donc repris la route. Il est toujours le même "grand chauve à l'air con", maladroit et râleur.
Mais...
...
Dans les Maleterres, Le Roi-Liche a relevé les Chevaliers de la Mort pour le servir. Il s'est installé en Norfendre, à la Couronne de Glace, et prépare la destruction d'Azeroth.
L'Alliance et la Horde ont pris conscience de la menace, et ont envoyé des troupes pour l'affronter. Mais les anciennes haines sont tenaces, surtout si on les alimente. Surtout si de sombres trahisons provoquent chaos et conflits.
Morgraine et ses Chevaliers ont pris conscience de la perfidie du Roi-Liche, et ont brisé leur soumission pour rejoindre la lutte contre leur ancien maître.
Mais en relevant les Chevaliers de la Mort, le Roi-Liche a provoqué un choc profond sur le tissu de la réalité. Et ce qui n'aurait jamais dû revenir a été réveillé.
Tous ceux qui l'ont affronté ou croisé l'ont senti. L'Esprit de Sang s'est réveillé, et cherche à revenir du lieu où il a été exilé.
Encore plus assoiffé. Encore plus sanglant. Encore plus cruel.
Mais il n'est pas seul.
Ichorine, coup du sort ironique, a été relevée sous la forme d'un Chevalier de la Mort. Et elle se souvient de tout, et refuse de se cacher cette fois-ci.
Et surtout, l'âme de l'homme sans nom ni passé l'accompagne désormais.
La traque va commencer.
Ichorine, aidée par l'âme du Paladin déchu, a pris la route.
Seul survivant de ceux qui avaient chassé l'Esprit de Sang de Draenor, Cagneux est lui aussi sorti de sa retraite, sur ordre de Thrall qui commence à entendre des rumeurs et qui a déjà assez d'ennuis comme ça.
Et ils se dirigent vers le seul capable de les aider, de vaincre et, pourquoi pas, de détruire l'Esprit de Sang...
Un Démoniste. Autrefois puissant.
Llégion.
*