Mar? Isilien
Race: Elfe de sang
Classe: Voleur
Guilde: Acad?mie Maestria
Niveau: 80
Serveur: Kirin Tor
Jeu: World of Warcraft
Etat: Actif
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« Je te préviens, si tu franchis ce seuil, tu ne remettras plus les pieds ici ! »

Elle le foudroya du regard, l’air provocateur, et enjamba rageusement le seuil.

« Tu n’es plus ma fille, tu m’entend ? Je te renie ! »

Elle claqua la porte sur les cris de son père et les sanglots d’Astra, et s’éloigna d’un pas décidé de l’antique demeure familiale, s’enfonçant dans les ruelles de la vieille Lune d’Argent.

Elle avait quatorze ans. Le sac de toile fine qu’elle portait sur l’épaule ne pesait pas bien lourd, et l’unique chose de valeur qui reposait au fond était une petite statuette de jade et d’or qu’elle avait volée en partant. Elle se sentait légère.
Elle prit une grande inspiration. Elle marchait vite, dansant presque, savourant cette liberté nouvelle. Les dernières paroles de son géniteur ne lui faisaient ni chaud ni froid. Plus jamais ils ne tenteraient de réglementer sa vie, plus jamais ils ne lui imposeraient quoi que ce soit, leurs robes idiotes, leur préciosité imbécile, leurs galas ridicules. Elle ne dépendait plus que d’elle-même !
Il ne faisait aucun doute qu’elle se débrouillerait parfaitement bien toute seule. Bien mieux qu’eux ne l’auraient fait, en tout cas. Après tout, elle avait passé toute son enfance à guetter les occasions de s’échapper quelques heures pour traîner dans les rues. C’était un monde qu’elle connaissait, et elle y serait forcément bien mieux que dans la demeure familiale. Elle serait bien mieux n’ importe où ailleurs, en fait.
Elle erra quelques heures dans les rues, sans but particulier, se contentant de savourer l’instant présent. Lorsque la faim se fit sentir, elle vendit la petite statuette contre un grand sac de vivres et s’installa au pied d’une fontaine pour manger à sa guise.
Elle dormit là, la tête reposant sur son paquetage. Les nuits du printemps éternel étaient douces, et elle n’eut même pas froid.

Elle repartit au petit matin, marchant ou ses pas l’entraînaient. La ville était bien plus grande qu’elle l’aurait pensé de prime abord, et elle avait beau y avoir grandi, elle réalisait que l’immense majorité des quartiers lui étaient totalement inconnu. Elle n’aurait probablement pas pu rentrer toute seule jusqu'à la demeure familiale, même si elle l’avait voulu. Cependant l’idée ne lui traversa même pas l’esprit, toute occupée qu’elle était a s’émerveiller de tout ce qu’elle voyait. Elle comprenait parfaitement maintenant ce que son précepteur voulait dire quand il parlait de la grandeur des Haut-elfes. Une telle hauteur, une telle richesse, le marbre et les fontaines dorées… assurément, Lune d’Argent était la plus grande et la plus magnifique de toutes les cités. Le centre du monde.
Marcher aussi longtemps lui donnait faim, et a la mi-journée elle eut englouti près du tiers de ce qui restait de ses provisions.

Elle traversa un grand bazar animé et remonta une petite ruelle, qui débouchait sur une allée.
Il fallut quelques secondes à ses yeux habitués à la lumière éclatante pour s'accoutumer à la pénombre qui y régnait. De vastes tentures obscurcissaient le ciel, faisant de la rue un endroit confiné, presque oppressant. Elle réprima un frisson. Ça n’était tout de même pas quelques bouts de tissus qui allaient l’arrêter, se répéta-t-elle tout en avançant. Dans un coin, pelotonné contre un mur, un elfe d’une maigreur effrayante semblait dormir, une bouteille a ses côtés. Elle détourna le regard et accéléra le pas.
Elle ne remarqua pas l’ombre qui la suivait avant de se faire plaquer contre un mur. Son dos encaissa durement le choc et elle laissa tomber ses sacs. Un grand elfe sale et hirsute la fixait d’un air lubrique, tout en la retenant fermement.

« Alors, ma jolie, on vient s’encanailler dans l’allée du meurtre ? »

Ses yeux brillaient d’une lueur malsaine, et son sourire ne faisait que le rendre plus effrayant. Elle tenta de se débattre mais la poigne de son agresseur semblait faire d’acier. Il approcha son visage du sien. Son haleine empestait l’alcool et la feuillerêve. Il lui lécha la joue et tenta de l’embrasser.

« Eh, vous ! Lâchez cette jeune fille, immédiatement ! »

Le garde a l’air sévère se précipita vers eux. L’agresseur la lâcha, se précipita pour ramasser les sacs tombés au sol et fila sans demander son reste.

« - Vous allez bien, mademoiselle ?
- Je… je crois… je n’ai rien, ça va....
- Une jeune fille comme vous ne devrait pas traîner dans ce genre de rues. Venez… je vais vous raccompagner chez vous.
- Non… non, c’est pas la peine, ça va… j’aimerai juste quitter cet endroit… »


Le garde lui posa une main rassurante sur l’épaule et reconduisit doucement l’elfe encore sous le choc jusqu’au bazar.

« - Vous êtes sure que ça ira ?
- Oui… a partir de la, je saurais me débrouiller. Merci. »


Il la regarda, l’air dubitatif.

« Très bien… bonne journée, mademoiselle. Soyez prudente… »


***


Elle traîna plusieurs jours dans le bazar. Elle buvait à la fontaine, mais la faim se faisait de plus en plus tenace. Son agresseur avait emporté avec lui ses affaires et ses vivres. Elle n’avait plus rien.
Blottie contre un mur, serrant ses genoux contre son ventre vide, elle fit le point. Elle était au bord du désespoir.
Rien n’avait tourné comme prévu, et vivre seule était bien plus difficile qu’elle ne l’aurait cru. A la simple idée du repas qui l’attendrait si elle rentrait à la maison, son ventre se mit à gargouiller de façon abominable, et les larmes lui montèrent aux yeux.
Tout était de la faute de ce pouilleux, dans l’allée sombre, qui lui avait tout pris. Si seulement elle avait su se battre, si elle avait été plus forte, alors tout serait allé différemment. Au lieu de cela, elle s’était laissée faire comme une pauvre biche effarouchée, et sans le garde…le garde…
Elle eut un sursaut, et ses pensées prirent soudain un tour nouveau. Rentrer chez elle, c’était admettre sa défaite, et ça il n’en était pas question. Non, il fallait qu’elle persiste, qu’elle se batte… ou du moins qu’elle apprenne à le faire. Comme ce garde.
Elle se releva et contempla son reflet quelques instants dans l’eau de la fontaine. Ses cheveux étaient emmêlés et son visage crasseux. Elle le plongea dans l’eau claire pour effacer les sillons de ses larmes et arrangea sa coiffure comme elle le pu. Sa décision était prise.

Elle se renseigna. Les combattants de Lune d’Argent étaient forcément formés quelque part. On lui indiqua le bureau de recrutement.

Une heure plus tard, une petite elfe de sang blonde et maigre s’y présentait, et remplissait d’une main tremblante le formulaire d’inscription.
Lorsqu’on lui demanda son nom, elle hésita. Son père l’avait reniée, pouvait elle encore utiliser son nom ? Elle pencha la tête, comme elle le faisait souvent quand elle se mettait à réfléchir. Ses parents auraient détesté ce qu’elle était en train de faire. Si cela venait à se savoir, ils se mettraient probablement dans une rage folle. Elle sourit, et décida que c’était une raison suffisante de le faire.

« Je m’appelle Marà Erica Isilien, du clan Atan’hae. »

Prend ça, papa, pensa-t-elle.

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Créé le 18/10/2009 à 14:55:00 - Pas de modification
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