Mar? Isilien
Race: Elfe de sang
Classe: Voleur
Guilde: Acad?mie Maestria
Niveau: 80
Serveur: Kirin Tor
Jeu: World of Warcraft
Etat: Actif
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Elle était assise sur un banc de Lune d'Argent, son calepin dans une main, sa plume dans l'autre, et subissait ce qu'elle apparentait a une véritable torture. Écrire ses cours... il en avait de bonnes, Elradias. Comme si elle était douée pour l'écriture. Pfff.

Maudissant intérieurement la moitié de la création, elle ratura - encore - une ligne, et mordilla le bout de sa plume d'un air concentré. Devant elle se tenait le bazar et les citoyens de Lune d'Argent passaient indifféremment, vaquant à leurs occupations. Elle n'y prêtait aucune attention. Il voulait un texte, il allait l'avoir... et tant pis si elle devait y passer la semaine. Elle relut les quelques lignes qu'elle avait écrites et ratura à nouveau un mot, rageusement, mais ce fut le moment que choisit sa plume pour faire des siennes et se mettre à couler. L'encre jaillit, constellant son visage de petits points noirs. Elle jura.

Elle était occupée se débarbouiller dans l'eau de la fontaine quand elle frissonna soudain. En quelques secondes l'air était devenu plus froid, presque glacial. L’elfe se figea. Elle connaissait cette sensation, et soudain ses souvenirs lui revinrent comme une baffe en plein visage. Elle se retourna d'un bond.

Mais déjà la température remontait. Dans la foule qui parcourait le bazar, elle distingua une silhouette sombre et encapuchonnée qui s'éloignait.

"Hey !"

Elle se redressa et se mit à courir en direction de l'apparition.

"Attendez !"

La silhouette se retourna, sa capuche glissant quelque peu, et comme dans un rêve Marà discerna un visage elfique aux traits durs, aux lèvres fines, aux yeux d'un bleu polaire. Ses longs cheveux châtains étaient retenus par un bijou rouge sang, orné d'un symbole qu'elle aurait reconnu entre mille bien qu'elle ne l'ait vu qu'une fois.
L'apparition croisa son regard, tout comme lors de leur dernière rencontre. Mais cette fois-ci elle fit demi tour, et le temps d'un battement de coeur, elle avait disparu dans la foule.

Un battement de coeur, ce fut ce qu'il fallut à Marà pour reprendre ses esprits. Elle s'élança à la poursuite de la femme, abandonnant ses feuilles raturées sur le banc. Mais elle eut beau chercher tant et plus, rien a faire. Il n'y avait aucune trace de la chevalier de la mort.

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Créé le 28/08/2009 à 13:54:16 - Modifié le 18/10/2009 à 13:53:43

et soudain ses souvenirs lui revinrent comme une baffe en plein visage...


Le fracas était impressionnant. Boucliers et épées s’entrechoquant, hurlements, grognements des goules et d’autres créatures répugnantes qu’elle savait a peine nommer. Les cris, aussi : gémissements de douleur, rugissements victorieux pour un ennemi abattu…

« Pour le bien, et pour la Milice Grise ! »

La voix claire de Valerian portait loin sur le champ de bataille et l’entendre retentir lui redonna courage. Elle se redressa et repartit au combat de plus belle, rugissant avec force. Ses lames, si vives que dans la mêlée on les distinguait a peine, tranchaient os et chairs pourries avec régularité. Mais l’armée du Fléau était bien plus vaste que la leur.
Autour d’elle l’herbe se teintait progressivement de rouge. Leur sang, celui de ses frères d’armes : les goules ne saignent pas. Elle avait douloureusement conscience du fait que chaque goutte écarlate qui colorait la plaine appartenait à un de leurs hommes, à quelqu’un qu’elle avait connu, à un ami. Si seulement les renforts se décidaient à arriver…
Au loin, sur sa gauche, elle distingua une forme sombre. La cavalière fixait le champ de bataille de ses yeux glacés, totalement immobile. C’était elle, comprit la capitaine, qui dirigeait l’assaut. Ayant achevé la goule qui lui barrait le passage, elle entreprit une lente progression en direction de la chevalier de la mort, perçant les rangs ennemis. S’il fallait mourir aujourd’hui, autant le faire en beauté, en emportant avec elle cette chienne du roi-liche qui les toisait du haut de sa monture.

La femme chevalier l’avait vue arriver et l’attendait de pied ferme. Les dagues frappèrent l’épée runique dont l’aura bleutée glaça la capitaine jusqu’au os. Elle roula sur le coté pour se désengager mais son adversaire la suivit, frappant de taille. Esquivant de justesse, elle bondit à son tour, parant d’une main tandis que l’autre montait chercher la gorge. L’espace d’un instant elle cru qu’elle l’avait touchée, et elle eut tout loisir de contempler le visage de son ennemie dont la capuche sombre avait glissé. Une elfe brune, à peine plus grande qu’elle. La haine et la colère déformaient ses traits durs, d’une étrange beauté malgré des yeux de glace. Un joyau rouge sang retenait sa chevelure.
Puis la chienne du fléau la repoussa, avec une force qu’elle n’aurait jamais soupçonnée chez quelqu’un d’aussi frêle. Les échanges reprirent. Parade, feinte, attaque… la femme chevalier se battait bien, parant chaque coup avec une célérité implacable. Marà combattait avec la fougue et l’énergie du désespoir, et pourtant peu a peu elle perdait un terrain. Pas après pas, son adversaire la faisait reculer et elle avait beau être rapide, esquivant d’un bond les coups de l’énorme épée runique, elle commençait à s’épuiser alors que la chevalier restait imperturbable. Un coup finit par l’atteindre, lui entaillant durement le bras. Elle fit un pas en arrière et le coup suivant, manquant de la décapiter, lui ouvrit la joue de la ligne de la mâchoire jusqu'à la pommette.
Elle hurla de douleur tandis que le sang chaud commençait à couler le long de son cou. Parer l’attaque suivante la fit tomber à la renverse. Elle roula sur le coté, tenant de se relever, mais un coup de pied de la chevalier de la mort la fit mordre a nouveau la poussière. Les yeux écarquillés, elle vit l’arme de son adversaire descendre vers elle, trop vite, trop fort pour qu’elle puisse l’esquiver.

Un hurlement clair, et qui portait loin. Alors qu’elle se préparait a sa propre mort, Valerian, sorti de nulle part, chargea la chevalier et l’envoya au sol. Celle-ci parvint cependant a se rétablir, repoussant son assaillant, et le combat commença. Le regard vitreux déjà voilé de rouge, Mara tenta de se redresser, mais elle perdait trop de sang et elle le savait. Les blessures infligées par sa dernière adversaire étaient loin d’être les premières qu’elle récoltait au cours de cette bataille. Son visage tailladé lui donnait l’impression de n’être plus qu’une plaie sanglante et le liquide rouge imprégnait ses cheveux, ses vêtements, sa bouche…
L’énorme épée à deux mains de Valerian parait avec force les coups de l’arme runique mais pourtant Marà sentit que lui aussi perdait du terrain. Chacun de ses coups se faisait peu a peu moins puissant, chaque parade moins assurée que la précédente. Prenant appui sur un tronc derrière elle, l'elfe ramassa l’une de ses dagues et se releva lentement. Elle avait a peine la force de tenir son arme et son regard suivait difficilement le combat. La chienne du roi-liche lui tournait le dos, pourtant, et elle su que c’était la son unique chance. Valerian allait mourir, elle n’avait pas le droit a l’échec. Elle s’élança.

C’est alors que son corps la trahit. Ses jambes trop faibles se dérobèrent sous elle et elle trébucha, tombant à nouveau. Tout ce qu’elle vit fut le sang qui jaillissait tandis qu’avec un hurlement Valerian s’écroulait lui aussi,  l’abdomen ensanglanté le bras tranché avec une netteté effroyable. Elle cria à son tour, dégainant ses dagues de lancer, mais la chevalier fut plus rapide. Elle se retourna vers la capitaine, son aura glacée grandissant tandis qu’elle tendait la main. Un trait de lumière violacé en jaillit et Marà sentit sa gorge se serrer jusqu'à l’étouffement. Elle lutta, se débattit pour chercher de l’air, en vain. Elle fut propulsée vers son adversaire, qui l’attendait lame en avant. Un froid terrible s’empara de tout son corps alors que l’épée runique s’enfonçait dans ses chairs…

Au loin, une trompette retentit mais elle ne l’entendit qu’a peine. La chevalier de la mort dégagea son arme et une fois encore le corps de la capitaine percuta durement le sol poussiéreux du champ de bataille. Au nord le bruit se faisait plus fort, et il lui semblait entendre des clameurs. En un dernier effort, elle tourna la tête et regarda Valerian, étendu comme elle un peu plus loin, dans une marre de sang. Il lui rendit son regard et il lui sembla voir ses lèvres s’étirer en un mince sourire, mais déjà l’éclat des yeux du général faiblissait. Leur lumière vira progressivement au gris, et il la contemplait toujours lorsque l’ultime éclat disparut, remplacé par le regard vide de la mort. Les clameurs venant du champ de bataille redoublèrent, et le son clair des trompettes de Lune d’Argent résonna à nouveau. Mara ferma les yeux et se laissa emporter dans les ténèbres.

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Créé le 28/08/2009 à 13:55:33 - Modifié le 18/10/2009 à 13:52:55

L’elfe leva les yeux vers la fenêtre et constata avec surprise que la lune était déjà basse. Elle repoussa d’une main les feuilles qui jonchaient le bureau et secoua la tête. Cela suffisait pour ce soir, le reste des comptes de l’Académie pourrait bien attendre un peu. Elle se leva, souffla la chandelle et quitta le bureau du directeur.
Son bureau. Elle aurait beaucoup de mal a l’envisager comme ça, réalisa-t-elle tandis qu’elle avançait en silence en direction des dortoirs. Elle n’avait pas touché a la décoration et continuait de s’y sentir une étrangère. Ce qui n’était peut-être pas une mauvaise chose, de toute façon, Elradias finirait peut-être par revenir…

Elle pris garde de ne pas faire craquer le parquet en pénétrant dans le bâtiment, et se glissa jusqu'à son lit. Elle écarta le lourd rideau de fabrication taurène qui lui procurait un peu d’intimité, et s’assit sur ses draps, contre le mur, avant d’allumer une petite lampe à huile.

La gestion des comptes de l’académie la fatiguait plus que ses entraînements quotidiens, et elle était extrêmement lasse. Elle ôta son armure, la rangeant soigneusement pièce après pièce, puis elle tira de sa table de nuit un peigne d’ivoire et un petit miroir tout simple. Elle entreprit de démêler ses cheveux décolorés par le soleil.

Elle faisait rarement attention à son image, et les coups d’oeil qu’elle jetait au miroir étaient purement pragmatiques. Elle connaissait suffisamment ses traits pour ne pas éprouver le besoin de se contempler.
Elle n’avait jamais été d’une beauté particulièrement époustouflante, mais autrefois elle avait eu un certain charme. Ses traits quoique réguliers n’étaient pas particulièrement remarquables, cependant son expression volontaire et le feu du défi qui allumait son regard lui conféraient un magnétisme indéniable.
C’était avant, cela dit. Aujourd’hui la première chose qui attirait l’œil était sa balafre, large et rougeâtre, gâchant l’harmonie de ses traits pourtant fins. Son expression elle aussi n’était plus la même. La flamme qui l’habitait avait disparu, remplacée par un masque impassible de calme, des sourires de façade, un regard grave.

Elle le savait parfaitement, mais ne s’en inquiétait pas plus que cela. Ses cheveux démêlés, elle reposa le peigne et le miroir, se glissa sous le drap et éteignit la lampe.

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Créé le 18/10/2009 à 14:13:58 - Modifié le 18/10/2009 à 14:17:14
La musique avait une qualité indéfinissable, envoûtante, obsédante. Elle la portait presque, tandis qu’elle valsait dans les bras de Valerian entre les feux du campement de la milice. Violon elfique, tambours trolls, chants taurens graves et profonds. De plus en plus forts, de plus en plus vite dans l’étreinte a la fois ferme et douce de son partenaire, tandis que le décor s’effaçait autour d’eux jusqu'à ce qu’ils évoluent dans une douce lumière blanche. Elle s’éloigna de quelques pas pour mieux tourbillonner, les yeux à demi fermés, mais quelque chose de glissant et de poisseux sous ses pieds nus la fit s’arrêter net.
Un liquide rouge sombre maculant le sol. Effarée, elle marqua un temps d’arrêt et son regard se posa sur ses mains. C’était du sang, comprit-elle, un sang épais qui coulait de ses paumes et gouttait jusqu’au sol, formant une mare à ses pieds.

Elle releva la tête, cherchant le secours de Valerian, mais lui aussi était environné de sang, qui jaillissait de son bras coupé. Ses yeux avaient pris la teinte grise et terne de la mort dans son visage émacié, et il la fixait d’un air accusateur.

« Tu m’as abandonné. »

Le sang n’en finissait plus de couler, et elle pataugeait maintenant dans plusieurs centimètres du liquide écarlate qui montait dangereusement. Elle n’en recula pas moins de quelques pas, secouant la tête en signe de dénégation. Elle voulu protester, mais sa gorge contractée ne produisit aucun son.

« Je suis venu te sauver, et tu m’as abandonné. Regarde ce que tu m’a fais. »

Il se tourna totalement vers elle, et elle pu voir l’autre plaie qui lui déchirait l’abdomen. Elle aussi saignait abondamment.

Elle recula encore, le sang lui arrivant maintenant à la taille. Valerian lui semblait évoluer dessus sans effort, comme si la masse liquide se solidifiait sous lui.

Ou gelait.

Elle le regarda a nouveau, et ses yeux n’étaient plus gris, mais d’un bleu de glace et de mort. Le sang atteignit le torse de l’elfe, puis son cou. Puis Valerian se mit à rire, son beau visage déformé par un affreux rictus, tandis que Marà luttait en vain contre la noyade, le sang commençant à la submerger. Elle bu la tasse, recracha une gorgée au goût métallique tout en tâchant de se maintenir a la surface. Valerian s’approcha d’elle, riant toujours, et appuya sa botte sur sa tête d’un coup ferme. Elle coula en se débattant.




De l’air, enfin. Elle aspira à grandes goulées et mit quelques secondes a comprendre pourquoi elle ne se noyait plus. Les bruits rassurants de la nuit des Tarides, la respiration des autres dormeurs, les ronflements de Jinzoul…
Un frisson la parcourut. Remontant la couverture jusqu'à son nez, elle se pelotonna en position fœtale, cherchant vainement à chasser les images persistantes de son cauchemar. Ce n’est qu’une heure avant l’aube qu’elle parvint finalement à retrouver le sommeil.
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Créé le 18/10/2009 à 14:15:26 - Pas de modification

Elle se réveilla en grelottant. Encore un cauchemar... Ils étaient de plus en plus réguliers. Elle se tourna et se retourna dans ses draps, tout en sachant pertinemment qu’elle ne se rendormirait pas avant plusieurs heures. Elle finit par écarter la tenture et quitter son lit, marchant sans bruit jusqu'à la porte du dortoir.

La nuit était fraîche, et elle frissonna dans la brise nocturne qui transperçait le lin fin de ses vêtements. Pieds nus, elle escalada la colline d’en face et s’installa au sommet, face a la lune qui s’abîmait lentement dans la mer. A l’est, le ciel blêmissait déjà. Tout n’était que silence.
Dans son rêve, cette fois, elle avait entendu un enfant pleurer. Elle ferma les yeux et porta la main a son ventre, sentant sous ses doigts la fine cicatrice blanche qui le traversait de part en part. Cette blessure-là avait été mieux soignée, mieux traitée que celle de sa joue, et la marque s’était peu a peu estompée jusqu'à devenir ce fin liseré clair et discret. La douleur qui transperçait son cœur, elle, n’avait pas faibli.

Lorsque le premier rayon du soleil surgit de derrière les montagnes, il trouva au sommet de la butte un écho, une perle liquide dans laquelle refléter sa gloire et sa lumière. Une larme, unique et solitaire, glissait sur la joue de Marà.

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Créé le 18/10/2009 à 14:20:37 - Pas de modification
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