As?lryn
Race: Humain
Classe: Voleur
Niveau: 32
Serveur: Kirin Tor
Jeu: World of Warcraft
Etat: Actif
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Une nouvelle larme vient se disloquer sur les dalles humides.

 

La tête entre les mains, sa longue chevelure noire cachant son visage, elle pleure, comme jamais elle n’avait pleuré.

 

L’après-midi va s’achever, on entend les sons étouffés venus des quartiers commerçants, les flots en contrebas remuent paresseusement sous le souffle chaud d’une journée d’été. Rien ne bouge, seulement quelques sanglots fréquents, seule, elle pleure.

 

Jusqu’ici, papa et maman étaient toujours là pour calmer ses peines mais aujourd’hui, le malheur est incomparable. Elle ne veut pas les voir, les choses ne feraient qu’empirer.

Et ces questions qui lui martèlent le crâne, comme pour lui confirmer qu’elle ne rêve pas, comme pour laisser le champ libre au désespoir.

 

Pourquoi…

Mais pourquoi…

Pourquoi n’en suis-je pas capable ?

Pourquoi la Lumière ne veut-elle pas me répondre ?!

 

Le visage émacié du vieux frère Ornel lui revient en mémoire. Lui aussi fondait beaucoup d’espoirs en elle.

Elle lui avait causé une déception immense, mais certainement incomparable à celle de ses parents. Ils devaient être au courant à présent, frère Ornel devait les avoir prévenus. Elle ne voulait pas les voir.

 

Jamais elle ne connaîtrait l’harmonie dont ils lui avaient tant parlé, jamais elle ne marcherait sur leurs pas, jamais elle ne ferait leur fierté. Elle n’était plus qu’une pauvre ratée.

 

Elle reste assise au milieu de l’amas de caisses abandonnées au bord des canaux. Elle veut rester seule, elle pleure en silence. Que va être sa vie maintenant ?

Ses parents, tous deux paladins de l’Aube d’Argent, comment pourraient-ils vouloir d’une fille isolée par la Lumière, repoussée par celle-ci ?

Que doit-elle faire désormais ?

 

Les questions se bousculent toujours et la malmènent. Elles se pressent, la torturent, elle reste seule et pleure. Seule ? Non, pas vraiment en fait. Elle le croit juste.

 

Il l’observe depuis un moment, invisible grâce à cette technique mystérieuse qui fait toujours débat ouvert chez les sorciers. L’absence de magie semble les perturber, ils craignent ce qu’ils ne comprennent pas.

 

Il ne se montre pas. Il n’en a pas envie. Il ne sait pas ce qu’il pourrait lui dire en apparaissant soudain devant elle. Non, il attend. Lui aussi compte sur elle.

 

Les yeux embués, elle relève la tête après un long moment. Un nouveau sanglot lui secoue les épaules. La tristesse est la seule chose que l’on peut lire dans ses yeux gris.

Le soleil décline, la nuit va bientôt tomber. Si les rues de Hurlevent sont sûres de jour, la nuit les transforme en coupe-gorge. Elle se sent incapable de rentrer chez elle, incapable d’affronter ce qui l’y attend…

 

Elle plisse les yeux. Il y a quelque chose…

Elle ressent, plus qu’elle ne voit, la chose devant elle. Devient-elle folle maintenant ?

Elle préfère tendre la main en avant pour se rassurer.

 

 

Il sourit. Lui, elle ne l’a pas déçu. Lentement, il laisse les Ombres glisser sur lui et se révèle entièrement.

 

« - Salut Asélryn. »

 

Elle crie et recule contre le mur derrière elle. Elle essaie d’appeler à l’aide mais l’homme pose un doigt contre ses lèvres avec douceur.

Les cheveux bruns ébouriffés, le visage rieur mais marqué de légers cernes, la barbe bien coupée lui encadrant le visage. Il porte une armure de cuir sombre et elle devine les lames cachées en dessous. Il a tout d’un assassin mais ses yeux verts tentent malgré tout de la rassurer.

Il connaît son nom, elle ne sait comment, mais elle est certaine qu’elle l’a déjà vu. Oui, c’était il y a moins d’un an… Elle ne sait que deux choses sur lui : Papa le déteste et il s’appelle…

 

« - Sh…

- Shenak, oui c’est ça ! »

 

Il croise les bras et affiche un large sourire.

Elle se souvient. Il était venu à la maison un soir. Papa avait refusé de le laisser rentrer et lui avait crié dessus jusqu’à qu’il parte. Elle lui avait demandé qui il était et son père avait juste répondu « un indésirable » avant de changer de sujet.

 

« - Bon sang, treize ans ? Le jour de ta naissance me paraît si proche, et pourtant, on te donnerait plus en te voyant. Tu es très belle, tu sais. »

 

Elle ne sait que répondre, quelle attitude adopter face à cet homme. Il soupire en la voyant craintive.

 

« - Essuie tes larmes, ce n’est pas aussi grave que tu le pense. »

 

Elle ne le quitte pas des yeux.

 

« - Oui, bon. J’avoue que je t’ai observée presque toute la journée. Aujourd’hui était un grand jour non ? »

 

Elle ne répond pas. Lui non plus ne sait pas vraiment que dire pour la rassurer.

 

« - Hem... Tu… tu redoutes la réaction de tes parents après ton échec au test d’aptitude à l’appel de la Lumière ? Tu t’en fais trop, crois-moi. En t’observant, je ne pensais pas que tu échouerais… En fait, je l’espérais. »

 

Il accompagna ces mots d’un sourire énigmatique. Il lui faisait peur, mais sa présence avait tout de même quelque chose d’apaisant. C’était sans doute l’homme le plus contradictoire qu’elle ait jamais rencontré.

 

« - Si tu as pu me voir, alors c’est que j’ai vu juste. Je pense que tu as juste mal choisi ton chemin. »

 

Silence…

 

« - Tu pourrais au moins dire quelque chose. J’ai l’impression de parler seul. J’ai quelque chose à te proposer, j’y pense depuis un certain temps tu sais. Un grand homme a dit un jour : Là ou la Lumière échoue, les Ombres, des obstacles se jouent… »

 

Regard incompréhensif, le silence se prolonge.

 

« - Pas ces ombres-là ! Je ne te parle pas de devenir une sorcière ou une dompteuse de démons, non ! »

 

Il lui adressa une expression dégoûtée, vaguement comique pour tenter de la détendre mais ses yeux gris étaient toujours braqués sur lui, en silence. Il reprit alors un ton sérieux mais toujours en douceur.

 

« - Je ne parle pas des Ombres magiques, mais de celles qui attendent en silence, qui te rassurent, qui t’offrent un refuge et des possibilités, celles qui règnent sur la nuit, qui jouent avec les illusions, qui te font voir ce que personne ne voit, qui font même que personne ne te voit… Celles qui accompagnent ceux que l’on qualifie de voleurs. »

 

Asélryn écarquilla les yeux.

 

« - Les… voleurs… ?

- Ah ! Enfin tu ouvres la bouche ! Et oui, tu as tout compris. Depuis le temps que je t’observe, je suis sûr que tu serais parfaitement à l’aise parmi les Ombres. Oublie juste tous les clichés négatifs qui leur sont liés, c’est toujours moins nocif que de pratiquer de la magie !

- Mais qu… Hey ! »

 

Shenak l’interrompit en la prenant par le bras pour l’entraîner avec lui, un large sourire aux lèvres.

 

« - T’inquiète pas pour la suite, je suis persuadé que tu as du talent dans ce domaine ! J’ai du flair, fais-moi confiance. »

 

Asélryn fut emportée sans la force, ni le désir de s’enfuir, totalement désorientée, jusqu’à que Shenak n’ajoute la phrase qui eut le don de lui remettre les idées en place.

 

« - Et puis bon… j’peux pas laisser ma nièce seule dans un état pareil ! »

 

Sa nièce ?!

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Créé le 24/09/2009 à 20:44:44 - Pas de modification

Le choc fut brutal et lui coupa littéralement le souffle. Elle resta immobile quelques secondes, le visage déformé par la douleur puis tenta de remuer un peu au sol mais ça ne faisait que raviver l’onde qui lui transcendait les os.

Shenak se passa une main sur le visage puis secoua la tête, toujours perché sur le toit.

 

« - Ta chute alerte les hommes en faction et ils t’exécutent sans la moindre forme de procès… Fais un effort Asél’ ! »

 

La jeune fille ouvrit difficilement les yeux et lâcha quelques mots entre deux suffoquements douloureux.

 

« - Tu m’as… mis un corde trop fragile… !

- Tu aurais du t’en rendre compte par toi-même et chercher un autre chemin.

- Tu crois que je me suis engagé là-dessus… sans avoir évalué le… reste ? »

 

L’homme récupéra la partie de la corde sectionnée par le poids d’Asélryn tout en restant sur sa portion de toit puis coupa la base attachée au bâtiment à l’aide d’un poignard court. Ses gestes étaient vifs et précis, trahissant une habitude certaine, et sa nièce parvenait à voir chacun d’entre eux malgré la distance. Shenak récupéra ainsi un peu plus de trois mètres de corde puis s’approcha du haut rempart auquel jouxtaient les habitations en-dessous. Il se courba légèrement puis s’élança, marchant directement sur la paroi verticale, et atteignit une bonne hauteur grâce à son élan, mais insuffisante pour s’accrocher aux créneaux.

 

Dès qu’il eut atteint le sommet de son ascension, une extrêmité de la corde dans chaque main, il envoya la large boucle autour de la proéminence de granit située directement au-dessus de lui et se suspendit au rempart. Il joignit les deux parties pour le tenir d’une main, puis de l’autre, et atteignit vite le créneau. Après une rapide vérification, il se hissa sur le mur et passa la ruelle, le canal, puis la rue d’en face, avant de venir sur le toit le plus proche.

 

Il adressa un sourire goguenard à Asélryn qui s’était redressée et était restée au sol en regardant son oncle traverser l’obstacle qui la tenait en échec.

 

« - Tu t’es servi de la corde que j’ai brisée, t’avais tout prévu ! C’est quoi cette vieille combine ?!

- Je n’avais pas prévu de faire ça, ni même de te voir échouer. Quand à cette combine, elle a un nom. »

 

Il s’accroupit en lui adressant son inséparable sourire énigmatique avant de préciser :

 

« - L’ingéniosité. »

 

 

 

 

« - Je te vois… »

 

Soupirant, l’air profondément ennuyé, Shenak effectua un rapide balayage à sa droite. Les Ombres cachant Asélryn se dissipèrent tandis qu’elle chutait en avant. Elle eut le temps de placer ses mains devant elle pour amortir la chute avec un grognement. Son oncle ne lui jeta pas un regard.

 

« - Tu manques cruellement d’entraînement. Le camouflage est l’un de nos atouts principaux et s’il n’est pas parfait, tu seras peut-être moins visible mais on te repérera au premier coup d’œil si tu t’approches. »

 

La jeune fille se releva et le fixa de dos, vexée et la mine légèrement boudeuse.

 

« - Et pas la peine de me regarder comme ça. Tu n’as plus treize ans, comporte-toi en grande personne…

- J’en ai à peine un de plus, y a pas de grande différence ! Et puis je manquerais moins d’entraînement si t’étais plus souvent là pour m’aider ! Tu crois que c’est facile de progresser seule ?!

- Je me suis formé sans l’aide de qui que ce soit. Les Elraan finissent tous serviteurs de la « sainte Lumière » normalement. Et je t’informe que je dois déjà négocier plus que je ne le devrais auprès de mes supérieurs pour avoir le temps nécessaire à ton entraînement.

- Et si t’arrêtais un peu de te payer la tête des paladins… ? »

 

Asélryn lâcha ses mots d’un ton froid. Si une chose n’avait pas disparu depuis que son oncle l’avait recueillie, c’était bien le respect immense envers ses parents, et pour les paladins en général. Shenak daigna enfin lui faire face, son petit sourire aux lèvres.

 

« - Là où la Lumière échoue, les Ombres des obstacles se jouent… N’oublie pas ça. »

 

Il s’évapora littéralement, laissant sa nièce avec cette phrase étrange, phrase qu’elle n’oublia cependant jamais.

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Créé le 24/09/2009 à 20:45:24 - Pas de modification

Asélryn resta aussi droite que possible. Le gobelin en armure noire lui tournait autour et l’inspectait minutieusement. Ses petits yeux noirs avaient quelque chose de malsain, comme s’ils cherchaient sans cesse d’hypothétiques défauts pour venir étoffer ceux déjà présents. Son oncle l’avait prévenue en plus. « Si tu as le « Kriss » comme examinateur, tes chances d’entrée au SI :7 risquent de baisser considérablement. »

 

Portant toujours la vieille armure de cuir que lui avait trouvée Shenak, elle n’avait plus rien de la gamine en larmes qu’il avait reccueillie. Alors âgée de quinze ans, l’adolescence n’avait fait que l’embellir. Son visage s’affinait, ses cheveux étaient désormais coupés plus courts, au niveau des épaules, ses formes commençaient à se dessiner mais ses yeux gris transparents étaient toujours les mêmes et distillaient encore cette espèce d’hypnotisme troublant pour ceux n’ayant pas l’habitude. Elle n’était pas très grande, mais suffisamment pour surplomber le gobelin de plusieurs têtes.

 

Le nommé Renzik cessa son inspection et planta son regard mauvais dans le sien. Il pointa vers elle une griffe parfaitement taillée, si elle n’était pas même aiguisée.

 

« - T’as pratiqué une magie bizarre ou quelque chose du genre pour avoir ça ? »

 

Il s’intéressait visiblement à ses prunelles. Sa voix était assez grave pour un gobelin, mais grinçante au possible, et pleine de mépris.

 

« - Non c’est… juste un bleu très clair… »

 

Avant même de finir sa phrase, elle savait qu’elle avait fait une bourde. D’abord, sa réponse était stupide, ensuite, son ton était tout aussi minable. Shenak lui avait pourtant répété sans cesse quel devait être son comportement. « Toujours brève et sûre d’elle, aucune précision inutile, être tranchante oralement pour laisser imaginer à quel point elle pouvait l’être avec une lame et surtout, surtout, ne jamais paraître impressionnée. » Elle avait déjà tout faux.

Le « Kriss » lui montra une rangée de dents, non, de crocs étincelants, esquissant un rictus méprisant avant de s’éloigner en lâchant un simple :

 

« - Par ici… »

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Créé le 24/09/2009 à 20:45:56 - Pas de modification

Les pointes sombres de l’édifice semblaient plus hautes et plus menaçantes chaque seconde, à mesure que la barque approchait. Le faible croissant de lune était bien insuffisant pour éclairer correctement les canaux. La prison de Hurlevent les toisait de son ombre immense. Asélryn connaissait ce bâtiment pour être passé d’innombrables fois devant, de jour comme de nuit, mais elle était bien incapable de maîtriser les battements affolés de son cœur. Le Kriss ne laissait pas transparaître quoi que ce soit, pendant qu’un homme vêtu d’une armure noire et portant un masque qui laissait à peine paraître ses yeux faisait avancer l’embarcation à la rame, presque sans le moindre remous dans les eaux froides du canal.

 

Si Asélryn avait du talent dans un quelconque domaine, c’était sans aucun doute l’escalade. Il lui arrivait même d’y surpasser son oncle. Ses précédentes observations de la prison lui avaient révélé quelques prises, il ne faisait aucun doute qu’elle réussirait cette ascension sans trop de difficultés. Mais la crainte lui nouait le ventre sans qu’elle ne puisse se l’expliquer…

 

« - Tu dois avoir compris ce que tu as à faire. Nous avons accroché quelque chose au sommet de la plus haute pointe de la prison haute sécurité. A toi de le récupérer et de le ramener… Ah et au fait, personne ne sait que nous sommes ici, évite de te faire prendre par les factionnaires. »

 

Asélryn leva les yeux. La taille du bâtiment semblait avoir doublé depuis sa dernière venue. Elle souffla un bon coup puis inspecta le mur dont la barque approchait lentement, décelant ses premières prises. Les pierres assemblées en un véritable rempart se faisaient de plus en plus proches tandis qu’elle essayait de prévoir ses mouvements au maximum pour ne pas perdre de temps. Le rameur donna soudain une impulsion dans le sens inverse, stoppant presque immédiatement l’embarcation, et la voix de Renzik siffla :

 

« - Vas-y ! »

 

Elle bondit de la barque, achevant de la faire repartir dans l’autre sens, et s’agrippa aux premières prises trouvées. Celles-ci n’étaient qu’au nombre de trois mais avoir la jambe gauche dans le vide ne l’empêcha pas de bien se réceptionner. Immédiatement, elle se hissa à la force des bras pour appuyer ses deux pieds sur une roche dépassant suffisamment, puis, d’une impulsion, elle plaça ses mains dans des anfractuosités du mur, un peu plus haut.

 

Son ascension se poursuivit à un rythme effréné. Asélryn n’osait pas s’offrir la moindre seconde de repos pour trouver ses prises suivantes. Elle ne se rendait compte de leur présence qu’une fois bien appuyée dessus. Une sorte d’instinct guidait ses gestes, lui faisant oublier le Kriss, le SI:7, tout… Elle n’avait à l’esprit que la volonté d’aller plus haut, plus vite, toute peur l’avait abandonnée. Elle arriva vite au premier chemin de ronde.

La jeune fille resta accrochée quelques secondes aux créneaux le bordant, s’offrant sa première trève depuis le début de son ascension. Mais le souffle ou la fatigue n’y étaient pour rien. Elle sentait ses ressources décuplées et aurait bien pu tenir ce rythme pendant longtemps encore. Elle resta immobile plusieurs secondes, concentrée à l’extrême, puis se hissa une fois assurée qu’aucun garde n’était présent. Elle n’avait pas entendu le moindre souffle, le moindre cliquetis d’acier et ses yeux confirmaient sa pensée. Personne…

 

D’un bond agile, elle atteignit la nouvelle paroi et reprit l’escalade. Le second chemin de ronde fut lui aussi désert sur la portion qu’elle avait à traverser. La chance était de son coté, elle ne devait pas plus perdre de temps.

 

Elle se hissa enfin sur le toit de la prison sans avoir perdu une once de son agilité. D’un pas rapide mais silencieux, elle approcha la haute pointe surplombant le sommet. Quelque chose était bel et bien accroché au pic de pierre mais elle ne pouvait toujours pas dire de quoi il s’agissait. Ce dernier obstacle était lisse au possible, sans la moindre prise. Si elle tentait de grimper comme elle l’avait fait jusque là, elle glisserait irrémédiablement.

 

Quelques secondes de réflexion lui suffirent.

 

Remerciant son oncle par la pensée, elle défit sa ceinture puis vint juste devant la pointe. Elle passa la ceinture autour de celle-ci et tînt fermement chaque extrêmité dans une main. Asélryn s’appuya alors contre l’obstacle, tirant la ceinture de tout son poids, et l’escalada lentement, totalement courbée pour « marcher » à la verticale tout en tenant la lanière de cuir. De brèves impulsions lui permirent de garder la ceinture à son niveau tout au long de l’ascension. Lorsqu’elle arriva enfin au sommet, elle put voir le sac de tissu en partie traversé par la pointe de granit et le décrocha d’une main, se tenant toujours de l’autre. Elle laissa tomber son chargement en-dessous d’elle pour pouvoir redescendre et l’entendit émettre un son creux en tombant sur le toit.

 

Asélryn se laissa glisser jusqu’au sac et le vida sans hésiter. Il s’agissait d’une petite boîte en bois ornée de gravures.

Le lion, symbole de Hurlevent, devant lequel s’entrecroisait une paire de lames. La même chose était visible des quatre cotés de la boîte. Elle la remit alors dans le sac, qu’elle attacha à sa ceinture, avant de remettre celle-ci.

 

La descente fut bien plus rapide. Sans cesse en mouvement, on aurait pu croire qu’elle chutait librement, en ralentissant à peine sa descente à l’aide des prises lui ayant permis de monter. Elle traversa rapidement le chemin de ronde supérieur dont elle avait aisément pu constater qu’il était vide depuis sa position surélevée. Elle se stoppa sondain en arrivant vers l’inférieur. La chance la quittait au dernier moment, deux gardes venaient de s’installer sur le passage.

 

Asélryn se plaça au-dessus d’eux, sous le couvert des Ombres, gargouille silencieuse ne demandant plus qu’à s’envoler. Elle ne pouvait pas se résoudre à les contourner. Elle perdrait trop de temps ! Les gardes ne semblaient pas vouloir bouger avant d’avoir minutieusement inspecté les canaux en contrebas. Comment allaient faire le Kriss et son larbin ? Elle retînt un soupir exaspéré. Elle allait encore devoir en faire trop…

 

Elle descendit sans le moindre bruit, juste derrière eux, courbée et chaque sens en alerte, prête à réagir si l’un des gardes venait à détourner un peu trop son regard des canaux. Elle agit alors avec force et vivacité.

 

Son tibia vint faucher les jambes du premier homme, juste derrière les genoux pour le faire chuter en arrière tandis qu’elle posait une main sur son casque pour le faire se heurter au sol avec le plus de violence possible. Le second la vit dès que son partenaire fut à terre et dégaina son épée mais elle se rua sur lui, une main sur le poignet de l’homme, au moins pour ralentir la sortie de son arme, l’autre tenant une minuscule lame à l’aide de laquelle elle sectionna les attaches de son casque. Le garde réussit à sortir son épée, dépassant Asélryn physiquement, et tenta de la faucher avec. Elle se jeta à terre pour éviter l’attaque, puis roula sur le coté en se redressant prestement. Elle fut sur son adversaire en moins d’une seconde et fit voler son casque d’une frappe de la paume. Le visage du garde était jeune et la peur s’y lisait sans la moindre difficulté. C’était à peine s’il était plus âgé qu’Asélryn et à la tenue de cette dernière, il croyait sans doute à un assassin.

 

Avec une impressionnante agilité, elle bondit sur la jeune recrue, lui grimpant littéralement dessus et son genou vint violemment heurter la mâchoire du malheureux dans un claquement sec. Il chuta en arrière sonné tandis que le premier garde semblait reprendre doucement ses esprits. Asélryn posa le pied à terre et n’attendit pas une seconde pour revenir à ce dernier. Elle perdait bien trop de temps avec ces gardes. Elle s’approcha de son adversaire, évalua rapidement ses possibilités ainsi qu’un moyen de le neutraliser rapidement. Elle se résolut à un violent coup de talon à l’entrejambe qui arracha un cri étouffé à sa victime. Au moins, il ne bougerait plus avant un moment.

 

Elle atterrit enfin sur le bois usé de la barque. Renzik ne lui accorda pas un regard, les yeux toujours fixés sur sa montre-gousset.

 

« - Treize minutes et vingt-sept secondes… »

 

Asélryn resta bouche bée. Il ne s’était pas écoulé un quart d’heure depuis son départ mais elle avait la ferme impression d’y avoir passé près d’une heure entière. Son regard revint vers la prison. Comment avait-elle pu faire l’aller-retour en si peu de temps ? Elle repensa à tout ce qu’elle avait pu faire et allait de surprise en surprise. Elle avait neutralisé deux gardes de Hurlevent à elle seule ! Et malgré cela, elle avait effectué l’ascension et la descente de ce bâtiment bien plus vite qu’elle ne s’en croyait capable. C’était donc de cela que parlait son oncle… Un « talent » sur la voie des Ombres… ?

 

Après la surprise vint la joie. Elle avait accompli une performance exceptionnelle qui lui avait sans doute permis d’impressionner l’examinateur le plus dur et le plus borné du SI:7 ! Il lui suffisait à présent de ne pas être ridicule sur les épreuves suivantes et elle serait des leurs ! Elle ne put réprimer un sourire de gamine ravie, caché en grande partie aux deux agents par l’obscurité. Le Kriss sortit alors un petit calepin et se mit à griffonner rapidement quelques mots, probablement sur les exploits d’Asélryn. Elle se plaça derrière lui le plus discrètement possible pour tenter de voir quelque chose de son appréciation mais le gobelin la remarqua rapidement et rangea ses notes.

Malgré tout, elle avait eu le temps de lire un seul et unique mot :

 

Médiocre…

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Créé le 24/09/2009 à 20:46:32 - Pas de modification

Renzik se stoppa brutalement au milieu de la rue. Littéralement abattue, Asélryn ne le remarqua pas immédiatement et manqua de le heurter. Il resta quelques secondes immobiles après avoir jeté un œil aux deux roublards à ses cotés. Puis soudain, il bondit. A voir sa carrure rabougrie et trapue, Asélryn n’aurait jamais soupçonné une telle agilité de sa part. Il s’appuya au mur pour continuer sa montée puis se rattrapa sur le rebord d’une toiture avant de se hisser. Elle n’était pas encore remise de sa surprise lorsqu’elle réalisa que l’homme qui les accompagnait était déjà monté lui aussi. Honteuse, elle les rejoignit rapidement.

 

Une fois sur les toits, le gobelin sortit d’un endroit que la jeune fille ne parvint pas à deviner un large éventail de couteaux et poignards d’un geste alerte et habitué. Elle resta quelques secondes silencieuse en fixant les armes, à se demander s’il attendait quelque chose d’elle. Il lui confirma cette idée en poussant un grognement pressé. Asélryn s’empressa de venir devant le Kriss qui lâcha d’un air agacé :

 

« - Choisis-en deux. »

 

Elle hésita d’abord entre de plus petits, à l’aspect plus légers, ou d’autres, plus lourds ou à lame plus large ou dentelée. Elle se rendit vite compte que la patience de son examinateur était très limitée et qu’elle en abusait. Elle en saisit alors deux sans vraiment réfléchir.

 

Le premier était plus une dague d’un poignard, la lame approchant les vingt centimètres et légèrement effilée. Une petite gravure se trouvait sur le manche : Une paire de crocs assimilables à ceux d’un tigre ou d’une panthère.

La seconde lame était parfaitement aiguisée mais le poids nettement supérieur du manche lui fit regretter son choix hâtif. Un couteau de lancer… Elle était d’un niveau minable au lancer et son oncle n’avait jamais manqué de le lui faire remarquer avec un étonnant (et sans doute volontaire) manque de subtilité.

 

Après tout, il ne l’avait que très peu entraînée au combat. Une crainte lui noua soudain le ventre et ne fit que s’accroître lorsqu’elle eut la confirmation de ce qu’elle redoutait. L’agent qui les accompagnait choisit à son tour deux poignards, l’un effilé et pointu, l’autre moins bien aiguisé mais parsemé de petites dents d’acier, le genre de lame qui faisait mal quand elle rentrait et faisait hurler quand elle sortait…

 

Le voleur vint se placer alors face à elle. Son cœur s’emballa une nouvelle fois. Elle n’avait presque aucune expérience du combat et sa victoire face aux gardes était un pur coup de chance. Elle avait affaire à un agent du SI:7, un assassin de sang-froid, un guerrier tenace et insaisissable. L’évidence s’imposait : Elle n’avait pas la moindre chance.

 

Il plaça la lame pointue devant lui, menaçante et légèrement inclinée tandis qu’il tenait le couteau dentelé en retrait, vers le bas. Asélryn ne savait pas quel intérêt avait cette posture mais elle ne doutait pas qu’elle était terriblement efficace. Elle calma les tremblements de ses poignets en resserrant sa poigne sur sa dague et son couteau de lancer. La peur débordait de son regard et son adversaire le voyait sans doute.

 

Le Kriss la fit presque sursauter en prenant la parole.

 

« - Ne le laisse pas te désarmer et évite de te faire tuer. »

 

Evite de te faire tuer ?! Parce qu’en plus il allait se battre pour tuer ?! Et quelle était la différence ? Armée ou pas, face à un homme pareil, elle ne pouvait rien faire !

 

« - Allez-y… »

 

Le sang d’Asélryn gela dans ses veines à ces mots. La tension monta d’un coup alors que l’homme commençait à se déplacer, non pas aussi vite qu’elle l’attendait, mais latéralement, avec une lenteur et une maîtrise qui lui donnaient des sueurs froides. Il ne quittait pas sa posture et la fixait intensément.

 

Elle se courba légèrement en avant, une lame devant elle, l’autre proche de son flanc. La seule position de combat qu’elle connaisse. Elle imita comme un relfet les déplacements de son adversaire, avec nettement moins d’assurance, simplement pour rester face à lui. Elle se le répétait inlassablement malgré elle. « Tu ne fais pas le poids, c’est impossible. »

 

Ils continuèrent ainsi pendant deux minutes… trois minutes… cinq… puis le mouvement lent de l’agent changea légèrement de trajectoire. Asélryn cacha son horreur mais elle voyait bien qu’il s’approchait d’elle, toujours aussi inquiétant, et même plus. Il gagnait de plus en plus de terrain, elle devait attaquer la première, prendre une initiative que jamais une débutante ne prendrait, le surprendre pour avoir une chance peut-être de l’effleurer au moins, et ne pas perdre pitoyablement. Au moins prouver sa bravoure et ne pas abandonner sans avoir fait montre de sa valeur au combat… Pourquoi diable les enseignements de paladinat de ses parents lui revenaient-ils en tête maintenant ? La Lumière n’allait pas lui venir en aide maintenant. Non…

 

Là où la Lumière échoue… les Ombres… des obstacles de jouent…

 

Le manche du couteau quitta la main d’Asélryn et sa lame fut soudain bloquée entre ses doigts, parée au lancer. Ce geste n’échappa pas au roublard en face qui recula immédiatement en levant ses lames pour se protéger du jet. Exactement comme prévu dans le plan insensé qui avait germé dans l’esprit d’Asélryn en l’espace d’une seconde. Dents serrées, elle se rua sur son adversaire, brandissant sa dague devant elle. Elle tenta une frappe horizontale dès qu’elle fut à sa hauteur mais la lame dentelée coinça son arme entre deux de ses crocs avant de l’emmener vers le haut.

 

Ne pas se laisser désarmer…

 

Elle ne lâcha pas sa dague mais réalisa son erreur immédiatement après l’avoir commise. Son aisselle droite était exposée au possible et le poignard aiguisé ne semblait pas se diriger ailleurs que vers cette ouverture. La panique l’envahit instantanément et elle lâcha elle-même son arme pour reculer prestement. Les mouvements de l’un et de l’autre furent rapides, mais pas de même vitesse.

 

Le souffle saccadé, les yeux écarquillés, Asélryn tenait son couteau de jet devant elle pour toute défense tandis que le sang s’écoulait lentement de l’estafilade sur son épaule droite. Le cuir avait été tranché aussi net que la peau et la brûlure insidieuse lui donnait envie de hurler. Elle n’avait pas la moindre chance… Pas la moindre !

 

Cette fois-ci, ce fut à l’homme d’attaquer. La pointe sournoise fusa vers son abdomen mais elle parvint à le dévier tout en se décalant avec son pauvre couteau à lame légère. L’acier lui effleura le flanc, ayant tout juste quitté sa trajectoire suffisamment pour lui épargner une nouvelle blessure. Mais le couteau de son adversaire heurta le sien violemment et la différence de poids mêlée à son inexpérience lui fit lâcher sa seconde et dernière arme. Asélryn pensait qu’il s’arrêterait une fois qu’il l’aurait neutralisée… Pauvre naïve.

 

Réalisant brutalement que son adversaire ne comptait pas en rester là, elle se jeta sur le coté dans un acte désespéré, guidée par la peur, dans le seul but de survivre. Elle se rattrapa en touchant le sol de tuiles d’une roulade puis chercha immédiatement l’agent du regard. A sa grande stupeur, plus rien ne subsistait là où il s’était trouvé un instant auparavant.

 

Elle sentit une force soudaine lui tirer les poignets en arrière pour les joindre dans son dos. Puis un tibia qui fauche ses jambes derrières les articulations des genoux pour la faire chuter. Et les tuiles percutant violemment son visage, suivies par l’apparition de la lame dentelée sous sa gorge.

C’est à ce moment que les larmes qui ne demandaient qu’à jaillir sous l’effet de la peur et du désespoir vinrent ternir ses yeux gris. Totalement effarée, elle se mit à hurler.

 

«  - Ça suffit !!! J’abandonne !!! Je peux pas me battre !!! »

 

Elle serra les dents en plaquant son front contre le sol alors que le couteau se retirait de sa gorge. On lui avait trop demandé. Shenak l’avait sur-estimée, elle était incapable de rejoindre les rangs du SI:7, surtout à son âge. Personne n’en était capable à un si jeune âge, personne. Et certainement pas elle. Elle ne parvint pas à retenir quelques sanglots et n’osa pas relever la tête en entendant la voix du Kriss.

 

« - Ton examen s’achève ici. Tu n’as pas les compétences requises pour être des nôtres… »

 

Elle savait déjà tout cela mais l’entendre lui donnait l’impression qu’on broyait sa volonté, ses espoirs, ses ambitions. Elle était vouée à l’échec… Indigne de la Lumière deux ans auparavant, indigne des Ombres aujourd’hui.

 

« - Cependant, tu as appris mon identité ainsi que plusieurs informations que le SI:7 souhaite garder secrètes. Nous ne faisons confiance qu’à nos agents, et comme tu n’en as pas les qualités, nous allons devoir nous assurer que tu ne divulgues rien. »

 

Pour la énième fois de la soirée, son sang se figea. Ils allaient donc la tuer… ? Elle voulut relever la tête mais un violent choc ramena sa tête sur une tuile, la brisant du même coup.

 

L’obscurité envahit l’esprit d’Asélryn suite aux chocs, inhibant toutes ses percpetions. Elle sentit à peine qu’on la soulevait et qu’on la déplaçait, puis sombra dans un sommeil sans rêves.

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Créé le 24/09/2009 à 20:47:02 - Pas de modification
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