Dohann
Race: Elfe de sang
Classe: Voleur
Niveau: 80
Serveur: La Croisade ecarlate
Jeu: World of Warcraft
Etat: Actif
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De coups de dague en coups du sort, j'ai parcouru les mailles irrégulières d'un destin taillé dans de l'étoffe de héros cousue au fil de lame. Je vous en livre ici les plis les plus marqués, les pans les plus froissés, les revers les plus notables. Vous pouvez vous en revêtir et vous en imprégner, ou bien le déchirer et l'oublier. Qu'importe, au fond.

Ici sommeillent les mémoires d'un voleur.

 

Dohann

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Créé le 17/11/2009 à 03:16:40 - Modifié le 20/11/2009 à 10:01:42

J'apprends de chaque combat. Même du combat le plus facile, le combat gagné d'avance, je peux tirer au moins une leçon. Je me rappelle de cette nuit où je n'ai pas tué sans être vu. On a raconté plus tard qu'un elfe insaisissable même par un regard s'est attaqué seul à une cité à l'étendard bleu orné d'une tête de lion, un elfe dansant sur le fil des lames. Voici donc le récit de cette nuit-là.

Cinq ans plus tôt.

Assis en tailleur sur un toit au cœur d'une cité humaine, mes yeux s'agitent à toute vitesse derrière mes paupières closes. Ma mission est terminée et je revis mon dernier combat, dissèque chaque geste, optimise chaque mouvement...

"Il me porte un coup d'estoc. J'esquive de justesse d'une rotation du buste. Je dois me servir du poids de mon ennemi... Je saisis sa lance avec ma main gauche et la tire vers moi d'un coup sec, ce qui l'amène tout près de moi. Maintenant je dois le déséquilibrer complètement. J'enchaîne tout de suite en frappant son cou du tranchant de ma main droite. Déséquilibré vers l'avant, il pose un genou à terre. Je..."

Ma concentration est soudain troublée par le vrombissement cristallin d'un objet tranchant s'abattant sur moi à grande vitesse. J'ai dû être repéré, qu'importe. Comme à chaque fois je garde les yeux clos et interroge les ombres sur le combat à venir. C'est un guerrier de très grande taille, un humain. Il m'a chargé en position de garde haute, il est en train de m'asséner un coup puissant, vertical, de haut en bas. Il est lent, bien moins rapide que moi en tout cas. Ce sera sa force contre mon agilité. L'énorme épée qu'il brandit de ses deux mains pataudes est trop lourde, il est déjà mort. Je le sais, jamais les ombres ne m'ont menti. Je garde donc les yeux fermés, il ne vaut pas la peine que je les ouvre. Le fil de l'imposante épée n'est plus qu'à quelques centimètres du sommet de mon crâne lorsque la paume de ma main droite vient frapper sèchement le plat de sa lame. L'arme est légèrement déviée de sa trajectoire, juste assez pour aller se ficher dans la poutre sur laquelle je suis toujours assis en tailleur, après avoir frôlé mon genou gauche. Il est vraiment puissant, je dois finir cette joute rapidement et ne pas commettre la moindre erreur. Le guerrier est presque deux fois plus grand que moi et porte une armure qui fera aisément ricocher mes dagues. Seul son heaume semble un peu moins épais que le reste... Je bondis sur mes pieds et me jette en avant, survolant dans toute sa longueur le métal tranchant dont l'extrémité est toujours prise dans le bois. J'atterris sur la garde volumineuse de la claymore et y cale solidement mon pied gauche. Afin de l'immobiliser je plaque fermement mes deux mains de part-et-d'autre de la tête du guerrier. Je sens son regard paniqué se poser tour à tour sur mon œil droit toujours fermé, puis sur mon œil gauche dissimulé derrière un cache-œil. Un sourire s'empare de mes lèvres tandis que j'envoie de toutes mes forces mon genou droit vers le visage de mon adversaire. L'impact est violent. Je sens la façade de son casque se fendiller puis céder, se froisser et enfin broyer son visage. Emporté par la puissance du coup l'humain s'arrache à mes mains, décolle légèrement et se voit projeté quelques mètres plus loin. Il ricoche et glisse pour finalement tomber du toit et s'écraser au pied du bâtiment dans un fracas peu discret. Le combat a duré environ trois secondes, entre le sifflement au-dessus de ma tête et le choc du colosse sur le sol.

Un milicien posté à environ trente mètres en contrebas évite de justesse le corps sans vie. Il lève la tête et aperçoit un elfe debout sur la garde d'une énorme claymore plantée dans la toiture d'un bâtiment. La légèreté surprenante de l'elfe et son aspect profondément sombre le rendent presque immatériel. Le garde entreprend alors de crier afin de sonner l'alerte, mais aucun son ne sort de sa bouche béante. Il observe la claymore, incrédule. L'elfe n'est plus dessus. Il entend un rire moqueur juste au creux de son oreille tandis que son regard se voile au fur et à mesure que son sang s'écoule le long de son plastron depuis sa carotide ouverte.

Il est temps de disparaitre, avant d'être identifié. Je marche à travers les ombres, ricochant de garde en garde sans qu'ils ne ressentent davantage qu'un léger souffle dans leur dos. Je suis hors de l'enceinte de la cité lorsque les corps mutilés sont découverts et que l'alerte et donnée. Ma monture m'attend silencieusement, je lui murmure quelques mots.

Un galop feutré dérange à peine la torpeur nocturne, une ombre s'éloigne dans un nuage de poussière.

Soudain un doute m'assaille. Un poids, une aigreur, une gêne, un regard. Un regard était posé sur moi durant ce combat et je ne l'ai pas senti... Quelqu'un capable de se dissimuler même face à un maître des illusions. Va-t-il parler de moi et de ce soir ? Peut-être. Peut-être pour me défier.

 

Dohann

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Créé le 17/11/2009 à 03:18:12 - Modifié le 27/11/2009 à 11:48:47

Beaucoup me surnomment Dohann le borgne, à cause de ce cache-œil qui barre mon visage. Je n'ai pas toujours été borgne. En réalité, je n'ai jamais été borgne.

Cela est arrivé au cours d'une mission de nuit, quand j'étais mercenaire, quelques années après avoir quitté le Manoir de Ravenholdt. J'avais pour mission d'infiltrer un manoir lourdement gardé pour y assassiner un seigneur humain, que pour une raison quelconque mon commanditaire ne portait pas dans son cœur. Je commettais encore quelques erreurs à l'époque, j'étais bien trop sûr de moi. Aujourd'hui je sais qu'on ne voit pas toujours mieux les yeux ouverts, la preuve en est que tous les gens qui me croisent et me regardent m'appellent, à tort, "Dohann le borgne".

Quinze ans plus tôt.

Je cours, dans une forêt. Plutôt que d'infiltrer les jardins et pénétrer de manière frontale dans la demeure, j'ai choisi la noirceur familière de la forêt pour effectuer mon approche. Les branches sifflent autour de moi et griffent le cuir de mes protège-bras, le vent caresse mon visage masqué. J'essaie d'être le plus rapide et fluide possible dans un souci d'efficacité, mais aussi d'esthétisme et de communion avec les éléments, avec l'environnement. J'atteins mon premier objectif sans avoir croisé un seul garde et pour cause : je suis sur une corniche rocheuse surplombant le manoir d'un peu plus de trente mètres.

Sans même marquer de pause je m'élance depuis le bord de la falaise. Trente mètres de chute libre, j'ai déjà fait pire. La vitesse est grisante et je regrette presque de ne pas avoir trouvé un point plus en hauteur depuis lequel sauter. Mais c'est ici que j'ai noté cette lucarne lors de mes repérages, toujours ouverte et suffisamment loin des zones les plus animées et gardées du manoir. Je ferme un instant les yeux, savourant le plaisir de ne sentir agir sur mon corps nulle autre force que celle de la pesanteur. J'ai les bras le long du corps et c'est mon visage qui fend l'air le premier. J'ouvre les yeux et me concentre sur ma réception. La lucarne est étroite, mais ce n'est pas un problème. En revanche, ce qui peut en être un, c'est qu'elle est fermée. Maudite soit mon assurance, de m'avoir fait sauter sans vérifier ! Je n'ai que quelques mètres pour réagir, mais cela suffit. Je me groupe rapidement pour effectuer une rotation vers l'avant. Durant ce demi-tour improvisé ma tête passe sous moi et je peux alors apercevoir la corniche d'où j'ai plongé. J'ai un sourire en coin en voyant cette corniche ricaner devant le ridicule de la situation. "C'est parti.", me dis-je. Je me dégroupe d'un coup, terminant ma rotation et ce sont mes pieds qui viennent frapper la lucarne les premiers. Dans un fracas bien trop démonstratif mon corps se faufile dans l'étroitesse de la fenêtre. J'ai un bras le long du corps et l'autre bras protégeant mon visage et mon cou d'éventuels débris de verre. Si le passage improvisé de la lucarne a été bruyant et bien peu discret, la prise de contact avec le plancher poussiéreux du grenier est parfaite. Cela fait partie des techniques de voleur et je les maîtrise parfaitement. "De même que le repérage des lieux, imbécile." La suite de la mission se déroule sans accroc, j'élimine en silence les deux gardes attirés par le bruit de mon arrivée fracassante et de crochetages en égorgements j'atteins la chambre de ma cible. C'est alors qu'il surgit et m'engage sans préambule. Il est différent des autres gardes. Il manie une sorte de hallebarde, mais il ne porte pas d'armure lourde et encombrante comme les autres lanciers. Au lieu de cela, il arbore une armure discrète et légère. Son arme d'hast aussi semble avoir été optimisée pour peser le moins lourd possible, elle est d'ailleurs plus courte qu'une hallebarde classique et donc plus maniable en intérieur. Le combattant qui m'attaque est terriblement rapide et possède une allonge considérable, c'est de justesse que j'esquive le coup circulaire qu'il vient de me porter. Dans un premier temps je ne peux qu'esquiver ses attaques. Elles s'enchaînent avec une fluidité qui me prive de toute initiative. La nature furtive de la mission m'a fait choisir deux courtes dagues comme armes et je sais que je vais devoir désarmer mon adversaire ou le déséquilibrer fortement pour pouvoir l'atteindre. Pour l'instant je ne dégaine pas, cela ne servirait à rien. Tout en esquivant tant bien que mal la pluie d'attaque s'abattant sur moi, je me rapproche d'une porte en bois donnant sans doute sur un étroit escalier en colimaçon. Mon opposant est rapide, mais je parviens tant bien que mal à prédire et esquiver ses attaques. J'ouvre brutalement la porte située maintenant juste à ma gauche et sa lance vient se ficher dans le bois massif. J'en profite pour m'enfoncer dans la noirceur de l'escalier. Après une courte de descente j'entre dans une pièce dont je peine à évaluer la taille tant la pénombre est complète. J'entends l'homme à la hallebarde sur mes talons, je n'ai aucune idée de s'il a pu récupérer son arme ou non. Silence. Cet homme qui me combat avec tant de hargne est décidément bien surprenant me dis-je en sentant à peine un souffle dans mon dos, une fraction de seconde avant que le tranchant d'une lame vienne cisailler mon épaulière droite. Sans même me retourner je saisis ma chance et referme ma main gauche sur le manche de la lance tout en dégainant brutalement une dague avec l'autre main. Je porte un coup rapide et aveugle vers l'arrière, en direction de l'endroit où devrait se trouver le cœur de mon ennemi. Je sens ma lame s'enfoncer dans sa chair. L'humain s'écroule, m'abandonnant sa lance que je serre toujours dans mon poing. Je l'ai vaincu, mais la mission est un échec. L'alerte est donnée depuis longtemps et ma cible est probablement en sûreté. Je prends la fuite et quitte sans difficulté l'enceinte du manoir.

Alors que je rejoins mon repaire, un campement provisoire des Lames Dentelées, je tente de comprendre et de tirer des leçons de mon combat de cette nuit. Je comprends que si je suis encore en vie, je le dois à un coup de chance. Si le lancier avait visé juste dans le noir, je serais mort. Je me vante toujours d'avoir une excellente vision nocturne, mais il me reste une faiblesse finalement assez handicapante : il me faut un certain temps pour m'habituer à l'obscurité. Heureusement, c'était le cas pour mon adversaire aussi. Je me couche et m'endors en revivant le combat que j'ai gagné, gagné par chance.

Au matin je rejoins mon compagnon d'entraînement et ami Aotearoa de Sen'whagi, un Troll aussi farceur que doué pour le combat rapproché. Il est surpris et me demande pourquoi je porte un cache-œil. Je lui raconte ma mésaventure de la veille, mais quand j'ai fini il me demande de nouveau le pourquoi de ce cache-œil.

- Et bien je vois plutôt bien la nuit, mais je dois trouver un moyen de supprimer le temps d'adaptation à l'obscurité, n'est-ce pas ? Pour cela je vais garder mon œil droit caché lorsqu'il fait jour et une fois la nuit venue je changerai le cache-œil de côté, de sorte que mon œil droit soit toujours adapté à l'obscurité. J'aurai un œil pour le jour et un pour la nuit.

- Tu te poses twop de questions, l'Elfe ! me répond le Troll en caressant machinalement une de ses longues défenses, l'œil moqueur.

Nous commençons l'entraînement.

Tandis que mon ami troll et moi nous battons à mains nues, je sens tout de suite que quelque chose ne va pas. Mes gestes sont moins précis que d'habitude et je finis par manquer une parade et recevoir un coup qui m'envoie au tapis. C'est alors que je comprends. Nous avons deux yeux pour une raison précise : apprécier les distances. C'est par la triangulation rendue possible par la pluralité de points de vue qu'offre notre paire d'yeux que nous pouvons estimer qu'un objet est proche ou éloigné de nous, lorsque les ombres et les détails de perspective ne nous permettent pas d'en juger. Je deviens fou de rage en me rendant compte que mon idée de cache-œil est complètement stupide, à quoi sert de voir la nuit si c'est pour avoir une perception imprécise des dangers ? Mais je veux en avoir le coeur net et je propose un exercice au troll. Je me place au centre de l'aire de combat et je lui demande de m'attaquer à l'arme de jet, d'où il veut, avec la fréquence qu'il veut. Je me concentre un instant.

- Vas-y.

Aotearoa marque une pause, juste le temps de sourire, puis il disparait soudain dans un nuage de poussière. Je sais qu'il bouge à grande vitesse autour de moi, mais je distingue à peine ses mouvements. C'est sa spécialité, c'est son art. Je n'ai jamais saisi l'essence de cette technique, qu'il appelle mystérieusement la "Danse de l'Ombre". Soudain je perçois le très léger sifflement caractéristique d'une lame fendant l'air, imperceptible pour une oreille mal entraînée. Je me retourne et entreprends de dévier le couteau en le frappant du plat de la paume, comme je l'ai fait des milliers de fois. Mais mon geste est hésitant et je touche à peine l'arme. Elle frôle mon visage tandis qu'une goutte de sueur perle sur mon front. Second sifflement. L'attaque vient encore de derrière et je n'ai pas le temps de me retourner, je me baisse et sens l'arme passer au-dessus de moi, tandis que tout en m'accroupissant je commence à faire volte-face. Mais ce coup-ci Aotearoa a lancé deux couteaux et le second arrive droit sur moi à hauteur de visage. Il savait que je me baisserai pour esquiver le premier et a lancé le second en conséquence. Mon unique œil peine à m'indiquer précisément la position de la menace et cette fois-ci ma parade est complètement ratée. Le couteau me frappe en pleine tempe. Aotearoa a calculé son lancer pour que ce soit le manche qui me frappe et non la lame, mais je sais qu'au combat je serais mort. Le troll ralentit le mouvement, me voyant un genou à terre et touché à la tempe.

- Continue s'il te plait !

J'ai presque hurlé, de rage et de frustration. Mon compagnon reprend sa danse de l'ombre. Je me redresse et attends, essayant de me calmer. Sifflement, face à moi. Mon regard est brouillé par la rage et la sueur. Je ne veux pas esquiver, je veux parer. En combat parfois je n'ai pas le choix et je dois savoir stopper ce genre d'attaque, j'ai toujours su stopper ce genre d'attaque. L'idée s'impose alors. D'elle-même. Je ferme les yeux. Je ne vois pas mais j'écoute, je perçois, je ressens. J'essaie de capter et d'interpréter les vibrations de l'air, je tente d'interroger les ombres, elles qui me sont si familières. Aotearoa suspend sa course folle, me voyant les yeux fermés et n'esquissant pas un geste. L'acier est à trente centimètres de mon visage. Maintenant. Je coupe ma respiration et dans un silence assourdissant lance ma main droite. La paume de celle-ci vient frapper le couteau fermement, parfaitement, juste en son centre de gravité. L'arme est complètement déviée et va s'écraser dans la poussière à quelques mètres de moi. J'ouvre les yeux, Aotearoa et moi nous regardons, nous échangeons un sourire. Mon ami a deviné qu'à partir de maintenant, il s'entraînerait contre un Elfe aux yeux clos.

 

Dohann

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Créé le 17/11/2009 à 03:18:51 - Modifié le 27/11/2009 à 11:50:00

J'ai peu de souvenirs datant d'avant mon initiation à l'art du combat rapproché. C'est au Manoir de Ravenholdt que j'ai appris mes premières techniques de voleur, c'est là-bas que j'ai découvert et aiguisé mon affinité avec les ombres. Après l'initiation, aussi longue qu'éprouvante, les assassins de la Ligue servent en général durant quelques années les intérêts du Manoir. Le récit qui suit relate ma première mission.

Vingt ans plus tôt.

Je suis impatient, excité. C'est ma première mission pour la Ligue et je compte bien m'imposer tout de suite comme un élément fiable et efficace. Je connais l'ordre de mission par coeur, il s'agit de dérober un grimoire à un vieux mage qui vit en ermite dans un grand chalet en apparence abandonné, à quelques heures de marche de Ravenholdt. La position exacte de ce mage a été révélée récemment par des éclaireurs. Je sais que je dois me méfier de cet Isaac Stolen, il est âgé, mais expérimenté. L'objectif prioritaire de la mission est le vol de ce grimoire, mais il est clairement stipulé que je dois également éliminer le vieil homme, pour éviter d'éventuelles représailles. Après quelques heures de marche et un peu d'escalade, j'aperçois finalement la bâtisse délabrée censée abriter le livre convoité. J'empoisonne mes dagues, vérifie que mon armure de cuir et mes différentes armes sont bien en place, puis je me fonds dans l'ombre en direction d'une fenêtre aux vitres brisées. J'entre. L'intérieur est en piteux état, au moins autant que la façade. J'ai du mal à croire que quelqu'un vive vraiment ici. Et pourtant, le voilà. Le vieillard est assis à une table et griffonne justement quelque chose sur ce fameux grimoire. Je n'aurais pas eu à chercher longtemps.

Je m'élance silencieusement dans le dos de ma cible. En un instant ma main gauche vient bâillonner le vieux mage tandis que j'enfonce sèchement ma dague dans la base de son cou de l'autre main. Silence. Je relâche mon étreinte, l'homme glisse et tombe sur le sol, inanimé. Je reste immobile, debout derrière la chaise. Je sens une présence, je sens sa présence. Je viens de le tuer pourtant son aura est intacte. Je me tiens prêt, guettant la menace. J'entends un tintement étouffé, glacé, venant de quelque part dans la pièce, loin derrière moi. J'effectue une rapide roulade sur le côté et évite de justesse un éclair de givre qui vient s'écraser froidement contre la chaise. Je ne comprends pas, le cadavre est toujours là, pourtant il m'attaque, depuis un autre point. Je m'élance le plus rapidement possible en direction de la source présumée de l'éclair et j'atteins mon ennemi avant qu'il n'aie eu le temps de lancer un autre sort. Je le tue de nouveau. Tintement glacé. C'est impossible ! Je tente encore une esquive, mais ce coup-ci mon mouvement a été anticipé. L'éclair me frappe de plein fouet. Je sens une douleur glaciale engourdir tous mes membres et une solide chape de glace se forme autour de mes pieds, m'immobilisant fermement. Comment fait-il ? Savait-il que j'allais venir aujourd'hui ? Pourquoi cette mission anodine tourne-t-elle si mal ? Il est en train d'incanter un nouvel éclair de givre, je ne m'en remettrai pas s'il me touche. Dans un cri de rage je saisis un des couteaux de lancer fixés à mon plastron et l'envoie de toutes mes forces vers mon ennemi. L'arme de jet lui traverse la gorge avant qu'il ait eu le temps de lancer son sort de glace.

- Tu as perdu, voleur !

Une porte vole soudain en éclats faisant ainsi apparaître Isaac en train d'incanter longuement je ne sais quelle atrocité. Ses mains semblent être en feu et la seule puissance émanant de lui a suffi à détruire une porte en bois massif. C'est alors que je comprends. Ce n'est pas lui que je viens de tuer à trois reprises, mais des sortes de clones. Les mages ont un pouvoir qu'ils appellent Image Miroir, il permet de créer des copies basiques d'eux-même, j'en ai entendu parler même si je ne l'avais jamais vu jusqu'à présent. Les trois clones n'ont servi qu'à m'occuper et m'immobiliser pendant qu'Isaac canalisait son énergie derrière cette porte. Il sourit, il sait que j'ai compris et que je ne pourrai pas esquiver son attaque. Il projette soudain ses mains vers moi, créant une sorte d'énorme boule de feu. L'explosion pyrotechnique survole la pièce en dévastant tout sur son passage, tandis que mes pieds pris dans la glace m'interdisent toujours tout mouvement. Non. Non ! Je ne peux pas mourir ainsi, lors de ma première mission ! Une idée me frappe. J'ai souvent observé les maîtres voleurs de la Ligue des Assassins lors de leurs entraînements. Les plus talentueux d'entre eux utilisent une technique qu'ils appellent le Pas de l'Ombre. Cela consiste à disparaître instantanément pour marcher à travers les ombres et réapparaître dans le dos de l'ennemi, au prix d'une grosse dépense d'énergie qui interdit plusieurs utilisations consécutives de cette technique. Le Pas de l'Ombre est réservé aux maîtres et on ne me l'a pas enseigné, mais c'est ça ou la mort. C'est le moment de montrer que je suis fait pour être un assassin. La sphère incandescente est toute proche. Je ferme les yeux pour mieux me concentrer. Isaac est à dix mètres de moi, un peu plus. Ce serait une formalité pour un maître voleur. Silence. Impact. L'explosion pyrotechnique pulvérise l'armoire qui se trouvait juste derrière moi, tandis que dans un feulement feutré j'apparais dans le dos du vieillard. D'un geste fluide je dégaine et tente de lui asséner un violent coup dans le flanc droit, mais mon attaque ne transperce que le vide. C'est un transfert, cette fois-ci je connais la technique qu'il utilise. Isaac a disparu, mais il va réapparaître dans un très court instant, un peu plus loin. J'estime rapidement la position la plus probable du mage après son transfert et lance rapidement quatre couteaux dans cette direction. Il apparaît à l'endroit prévu, mes traits d'acier se dirigent droit vers son dos, j'ai gagné. J'observe non sans ressentir une pointe de découragement mes quatre lames ricocher dans un crépitement typiquement arcanique sur un bouclier magique invisible jusqu'alors. La bulle bleue apparait un court instant autour du mage. Ce dernier se retourne et  me sourit.

- Cela suffit, voleur.

Je comprends alors. Je relâche enfin la tension et manque de tomber, de douleur et de fatigue. Isaac affiche maintenant un sourire bienveillant. Il s'approche de moi et pose sa main sur mon épaule. Il récite quelques paroles incompréhensibles et après un court instant nous téléporte au Manoir de Ravenholdt. Nous arrivons dans la grande pièce, à l'étage. Fahrad, mon maître, est présent, ainsi que Jorach Ravenholdt, le seigneur de la Ligue des Assassins. J'entends des mots, vaguement, je ne les comprends pas. Je m'évanouis. Je me réveille dans une chambre. Lorsque je me présente à Fahrad, il me félicite et m'informe que j'ai réussi le test final, non sans me rappeler que je devrai encore beaucoup progresser avant d'être apte à utiliser correctement le Pas de l'Ombre.

- Mais mon maître, je n'ai pas réussi à toucher Isaac ne serait-ce qu'une seule fois !

- Dohann, Isaac est un mage extrêmement puissant, tu n'avais aucune chance contre lui. Cependant, tu as prouvé que tu étais capable d'utiliser la juste technique au juste moment et que tu savais t'adapter à la situation plutôt que de te décourager. Bienvenue dans la Ligue des Assassins, voleur.

Je salue respectueusement mon maître et me retire dans mes quartiers. Je dois dormir encore.

 

Dohann

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Créé le 18/11/2009 à 11:29:29 - Modifié le 28/04/2010 à 00:15:20

Parmi les étapes jalonnant notre chemin, les plus importantes sont sans doute les rencontres. J'ai fait une de ces rencontres il y a seize ans. Je séjournais chez les gobelins de la Baie du Butin, j'avais pour dessein de découvrir Strangleronce dont on m'avait tant conté les dangers. J'avais hâte de découvrir cette jungle dense et hostile, au sein de laquelle prospéraient de dangereuses bêtes et d'avides bandits. Le lendemain de mon arrivée à la Baie, j'ajustai les sangles de mon armure la plus légère, puis entrepris de me fondre dans la végétation environnante à la recherche de je ne sais quel trésor.

Seize ans plus tôt.

J'ai bien fait de partir à pied, la végétation est d'une densité spectaculaire. Ma taille relativement petite et mon agilité me permettent tout de même de me mouvoir à une vitesse satisfaisante. Le danger semble omniprésent, les bêtes étranges, les brigands et les campements de pirates ne laissent que peu de répit au voyageur mal préparé. Les habitants locaux m'intéressant le plus sont les Trolls, mais je n'en ai pas encore aperçu. J'ai pu entendre de nombreuses histoires à leur sujet. Ils seraient cachés dans des ruines au plus profond de la jungle où ils pratiqueraient des sacrifices, entre autres atrocités. Le détail le plus intriguant à propos de ces humanoïdes émaciés à la peau bleutée est sans doute leur soit-disant cannibalisme. Il paraît aussi que certains seraient très doués pour la magie ou encore pour le comb... Une présence. Une présence vient de couper le fil de mes pensées.

Sentir une aura n'est pas surprenant dans cette forêt habitée par une multitude d'êtres vivants, non, ce qui me trouble c'est que je ne peux voir sa source. Je ralentis ma course pour pouvoir me déplacer plus furtivement, les sens aux aguets. Je gravis lentement ce qui ressemble à un énorme talus afin de prendre un peu de hauteur. La paroi devient presque verticale, mais je continue doucement mon ascension jusqu'à un encorbellement rocheux sur lequel je m'accroupis. Je suis à présent totalement déphasé, invisible pour un oeil ordinaire. En grimpant, j'ai compris quelle était cette chose qui rôdait dans l'ombre. Elle est assise à quelques mètres de moi, elle observe la vallée. C'est une panthère, je la distingue à présent, non sans difficulté. C'est la première fois que je vois un animal utiliser une technique de camouflage semblable à la mienne. Je pense qu'elle a senti ma présence aussi, mais qu'elle m'a pris pour une des leurs. Peut-être que cette affinité avec les ombres que nous semblons avoir en commun pourrait nous aider à nous comprendre, ou au moins à ne pas nous attaquer. Je ferme les yeux et me concentre sur l'aura de la panthère. Je lui intime de me conduire à un Troll, n'importe lequel. J'ouvre les yeux. Elle n'a pas bougé, évidemment, c'était stupide. Je m'apprête à quitter mon perchoir pierreux quand j'entends un léger feulement. Elle a tourné la tête dans ma direction. Elle me voit, j'en suis persuadé cette fois-ci. Nous nous observons quelques instants, oscillant entre confiance et méfiance. Soudain une étrange lueur jaune s'empare de ses yeux, comme s'ils s'embrasaient. Dans un rugissement puissant, elle fait brutalement volte-face et s'élance, sortant ainsi de son camouflage et exhibant une fourrure rase et compacte d'un bleu sombre et métallique.  D'un bond puissant, je quitte aussitôt la corniche pour me lancer à sa poursuite, laissant derrière moi un nuage de poussière. J'atterris sur un sol encombré dans un fracas de branchages alors que la panthère n'a pas produit le moindre bruit. Je relève la tête, la boule de muscle sombre est déjà loin. Hors de question que je me fasse semer par une bête sauvage ! Je ne peux réprimer un grognement de rage en me lançant à sa poursuite. Le rythme est soutenu et à plusieurs reprises j'ai bien du mal à empêcher la végétation luxuriante de me gifler le visage. Rapide comme la foudre et légère comme les embruns, la bête au pelage bleu cobalt fend la verdure hostile avec assurance, laissant dans son sillage des obstacles qui semblent tous vouloir m'empaler. Elle est à la fois un monstre de vélocité et la quintessence de la grâce. La beauté féline de chacun de ses mouvements est au service de la perfection du geste. Je ne peux qu'admirer et prendre exemple sur elle, m'inspirer de la pertinence avec laquelle elle appréhende son environnement. En quelques bonds aériens elle gravit sous mes yeux le tronc pourtant lisse d'un arbre dont les proportions frôlent la démesure. Je vais la perdre de vue si je ne parviens pas à la suivre, mais l'écorce n'offre aucune prise. Je n'ai que quelques secondes pour trouver une solution. Je sais, je sais comment faire. Le Pas de l'Ombre est une technique offensive, mais après tout rien ne m'empêche de l'utiliser juste pour me déplacer. La quiétude trompeuse de la nature aux alentours n'est même pas troublée par le discret sifflement que produit ma disparition. Je réapparais une fraction de seconde plus tard sur la même branche robuste que la panthère, juste derrière elle, alors que les particules soulevées par mon départ du sol sont encore en suspension dans l'air humide de la jungle. Mon guide quitte la branche précipitamment, comme surpris par ma soudaine présence. La poursuite se prolonge encore durant quelques minutes à vingt mètres du sol. Bien qu'assez acrobatique, cette progression d'arbre en arbre me semble moins pénible que la course entre les racines géantes et les plantes carnivores. Le fauve s'arrête enfin sur une énorme branche recouverte de mousse. Je m'accroupis sur cette même branche, conservant une distance de quelques mètres entre l'animal et moi. La panthère, majestueuse et à peine essoufflée, donne alors un coup de museau dans le vide, comme pour désigner quelque chose. En scrutant dans la direction indiquée je ne distingue rien de notable si ce n'est un pont de bois tendu sur une faille profonde d'environ dix mètres. Lorsque mon regard revient sur la branche la bête a disparu, mais je sens encore sa présence. Elle m'observe. En guise de remerciement je pose un genou à terre et incline la tête. J'entends comme seule réponse un rugissement, court, net. L'aura a disparu.

Je me retourne et observe à nouveau ce pont dont la précarité ne semble faire aucun doute. D'un bond je quitte la mousse rassurante de la haute branche, me laissant tomber dans l'épaisse végétation qui commente à m'être familière. Après une cinquantaine de pas j'atteins la faille aperçue plus tôt. Au fond de cette dernière se faufile jusqu'à l'océan un minuscule cours d'eau dont le clapotis sonore mais courtois se fond harmonieusement avec les autres bruits de la forêt. J'emprunte le pont fait de bois et de lianes. La solidité inattendue de cet édifice minimaliste relève du plus grand mystère. À peine ai-je franchi le gouffre que les bribes étouffées d'une conversation viennent chatouiller mes oreilles pointues. Je progresse doucement en direction du bruit, évitant les racines qui pourraient produire des craquements peu discrets, ne posant mes pieds qu'aux endroits recouverts de mousse. Ce sont deux humains. Ils sont armés de fusils et progressent péniblement à grand coups de machettes. Je ne comprends pas grand-chose à leur discussion, mais il semblerait qu'ils chassent je ne sais quel animal en vue de s'emparer de ses défenses. Ils en possèdent déjà un certain nombre que je vois dépasser du sac de l'un d'eux. Les deux chasseurs interrompent soudain leur marche à la lisière de la jungle pour se cacher grossièrement derrière un rocher. Au-delà du mur végétal s'étend une plage au sable blanc et remarquablement fin. C'est alors que je l'aperçois, enfin.

Un Troll. Il est accroupi, penché sur un cadavre sanguinolent qu'il dévore goulûment en fredonnant un air étrange agrémenté de paroles déformées par la mastication, le tout dans un dialecte incompréhensible. Les bottes et le chapeau du cadavre qu'il a laissés de côté ne laissent aucun doute, c'est la dépouille d'un Pirate, probablement un éclaireur. Le Troll est plutôt maigre, comme on me l'avait décrit, mais les muscles ciselant ses bras sont impressionnants de fermeté. Son visage est recouvert de peinture blanche et jaune. Deux longues défenses maculées de sang hérissent sont visage aux traits profonds. Un des humains se dresse soudain et le met en joue. Cependant, plusieurs détails m'ont convaincu que le Troll ne se laissera pas tuer aussi facilement. Tout d'abord, je n'ai pas senti sa présence à l'approche de la plage. Il sait donc l'occulter, ce qui laisse à penser qu'il sait aussi repérer les autres présences, particulièrement celles de deux humains patauds et tapageurs. Je remarque aussi que le sabre du pirate est dans son fourreau. Le Troll l'a sans doute tué avant qu'il ne puisse dégainer. Ce grand être bleu pâle porte plusieurs lames courtes sur les côtés ainsi qu'une armure légère rappelant étrangement celles que je porte, c'est assurément un combattant. Un dernier détail vient me frapper au moment de la détonation : le cannibale n'a laissé aucune trace de pas dans le sable. Une grande flamme jaillit du canon et la balle traverse le Troll avant de s'écraser dans le sable, soulevant un petit nuage. Silence. L'humanoïde aux longues défenses ne chante plus, il est immobile. Mais il ne tombe pas, ne saigne pas. Il devient flou, son image grésille et vibre bizarrement. L'illusion n'a été parfaite qu'une seconde, mais ce fut suffisant. Le Troll est comme tombé de nulle part sur le tireur imprudent, lui enfonçant deux poignards dans le corps, de part et d'autre du cou. Son comparse pousse alors un cri horrifié et donne un grand coup circulaire avec la crosse de son arme en visant le visage de l'assassin. Bruit mat, comme le bruit d'un couteau se fichant fermement dans le bois de la porte contre laquelle il a été lancé. Pétrifié, l'Humain observe le visage couvert de peintures tribales de son ennemi. Celui-ci sourit, puis recommence à fredonner son chant étrange, sans bouger. Lorsque le chasseur malchanceux a tenté de porter un coup, l'assassin n'a eu qu'à pencher légèrement la tête pour que le bois du fusil soit stoppé net par les pointes de ses défenses. La scène, malgré la violence de la situation, prend une tournure comique. L'humain couvert de sueur tente en vain de récupérer son fusil qu'il tient par le canon et tire par à-coups, tandis que le Troll ne fait rien d'autre que laisser sa tête suivre les mouvements de la crosse en psalmodiant toujours, l'oeil moqueur et les deux mains dans le dos. Sans cesser de chanter, le tueur sort lentement une main de derrière son dos et l'agite en l'air, pour attirer l'attention de sa future victime. L'humain terrorisé cesse alors de tirer sur son arme et fixe la main à trois doigts. Maintenant. D'un geste d'une rapidité foudroyante, le Troll fracasse le fusil du tranchant de la main, arrachant la crosse à ses défenses. Avec la même main, sans que l'homme n'ait le temps de distinguer la transition entre les deux mouvements, il lui porte un direct violent au visage, en gardant toujours l'autre main derrière son dos. Dans un craquement sinistre, la tête du chasseur effectue un mouvement peu naturel vers l'arrière avant qu'il ne s'effondre. Le cannibale se perd alors dans un long rire gras, la tête en arrière et les deux mains plaquées sur le ventre.

Je décide de sortir de l'ombre. D'un bond je me place face au Troll, à quelques mètres de lui. Il cesse de rire et m'observe en penchant la tête. Il n'avait vraisemblablement pas senti ma présence non plus. Nous nous observons longuement, plusieurs minutes s'écoulent. La nature aux alentours est calme et semble observer les deux voleurs, debout face à face. Je décide d'attaquer, je veux savoir si son art est supérieur au mien. D'un geste rapide, je saisis un des couteaux de lancer cachés dans mon plastron et le projette en direction du visage du troll tout en m'élançant vers lui. Il dévie nonchalamment mon arme de jet en la frappant du cuir recouvrant son avant-bras. Je l'attaque à mains nues, il ne dégaine pas non plus. Les coups pleuvent, mais tous sont parés ou esquivés, de part et d'autre. La rapidité de ce combattant est impressionnante, surtout compte tenu de sa grande taille. Lassés de ne pouvoir prendre le dessus sur l'autre, nous posons de concert une main sur une de nos dagues. D'un seul geste, je dégaine et porte un coup direct vers l'abdomen de mon opposant, mais je ne rencontre que le vide d'une image grésillant légèrement, comme l'a fait balle de fusil. Il est ailleurs, mais où ? Je ferme les yeux et me concentre sur son esprit, son aura. Trouvé ! Je lance mon Pas de l'Ombre, disparaissant à l'instant précis où sa lame allait m'atteindre à la tempe. Lorsque je réapparais dans son dos, j'ai déjà amorcé mon attaque en direction de son cou, je sais qu'il n'a pas le temps d'esquiver. Je bloque mon geste au dernier moment. La pointe de mon arme touche la peau de son cou, sans l'entamer. En outre, je sens un picotement à l'aine.  Le Troll a dégainé aussi et a visé juste : l'artère fémorale. Son geste est d'une précision stupéfiante, il a transpercé le cuir de ma combinaison, mais a laissé ma peau intacte. Nous décidons tacitement d'en rester là et rangeons nos lames sans quitter l'autre du regard. Nous nous saluons, signant ainsi officiellement la fin des hostilités. Le combattant aux longues défenses s'étire le dos, abandonnant pour un instant sa posture voûtée tandis que je réajuste le noeud tenant mes cheveux groupés en une queue de cheval plutôt sauvage. Le Troll fait mine d'arranger la crête colorée que forment ses cheveux pour se moquer de moi, avant d'éclater de rire. Je prends alors une posture voûtée et grimace le plus fort possible pour imiter son visage torturé. Il reste un instant perplexe, puis nous rions ensemble.

- Je m'appelle Dohann, Dohann de Ravenholdt, tu comprends ce que je dis ? dis-je le plus intelligiblement possible.

- Bien sûw que oui, tu me pwends pouw qui ? me rétorque le Troll dans un sourire. Je suis Aoteawoa de Sen'whagi, wavi de faiw ta connaissance, mec !

- Pourtant, je n'ai pas compris ce que tu chantais tout à l'heure...

- C'est nowmal mec ! Seuls les Twoll de Sen'whagi compwennent cette langue ! Je te le chante en commun si ça peut te faiw plaisiw !

- J'avoue que je suis curieux, oui...

Le Troll se met alors à dodeliner doucement la tête en récitant ces paroles :

"Une ombre t'observe, mais tu ne le sais pas

Aotearoa de Sen'whagi, Aotearoa de Sen'whagi

Elle va te tuer puis te dévorer

Aotearoa de Sen'whagi, Aotearoa de Sen'whagi

Il aurait mieux valu que jamais tu ne croises

Aotearoa de Sen'whagi, Aotearoa de Sen'whagi

Il ne laissera de toi rien d'autre que les os

Aotearoa de Sen'whagi, Aotearoa de Sen'whagi"

Silence. La panthère ne m'a pas montré n'importe quel Troll. Aotearoa et moi avons des destins entrelacés, je le sens et il le sent aussi.

- Au fait le Troll, comment fais-tu pour créer cette illusion, là, celle qui nous fait frapper dans le vide ?

- Hey mec ! Je vais pas te livwer mes techniques secwètes ! Et puis on diwait que tu sais faiw des choses mawantes aussi ! s'écrie le Troll passant machinalement un doigt sur la pointe de l'une de ses défenses.

- Ouais, d'ailleurs je pensais que seul le Manoir de Ravendholdt enseignait de telles techniques. Remontre-moi un peu pour voir ? Par exemple si je t'attaque de manière frontale, comme ça...

 

Dohann

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Créé le 27/11/2009 à 11:51:25 - Modifié le 28/04/2010 à 00:30:02
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