FloOk
Race: Orc
Classe: D?moniste
Guilde: Horderie
Niveau: 70
Serveur: Elune
Jeu: World of Warcraft
Etat: Actif
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VI
 
 
 
 
 

L’EXORCISME EPIQUE

 
 
 
 
 
 
 
 
 
Et elle chanta.

De ces chants lointains et émouvants,

Qui auraient fait pleurer un enfant.

 
 Et elle dansa.

De ces danses lentes et irréelles,

Qui auraient subjugué les plus belles.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le petit matin était frais, le fort cénarien s’éveillait lentement, les plus matinaux entamant paisiblement leurs activités. Quelques modestes habitations en bois, contigus, côtoyaient des bâtisses en pierre dans l’enceinte fortifiée. Elles avaient un style presque minimaliste, plus fonctionnelles qu’esthétiques, hormis quelques fleurs ou lierres grimpants qui ornaient fenêtres et façades de quelques unes d’entres elles. Non loin du fort se trouvaient des ruches d'abeilles géantes, qui infestaient les alentours, et dont le bourdonnement incessant résonnaient mal sainement aux oreilles des occupants du fort. Et, au milieu de la place centrale, bien dégagée, le Puits de lune à l’eau calme et scintillante, semblait nous attendre. Notre petite troupe pénètre sans tarder dans l’unique auberge du fort, et s’installe à l’une des tables, afin de se restaurer. Après m’avoir allongé par terre, à côté de la tablée, mes trois amis discutèrent, pour préparer la mission qu’ils s’étaient donnés.

 

Deathmask prend les devants d’emblée, en menant le débat de manière sérieuse et responsable, ce qui changeait de son comportement étonnant et fantasque pendant le voyage de Baie du butin à Silithus.

- Nous avons réussit à parvenir à notre objectif, arriver jusqu’au Puits de lune de Silithus… Ceci étant dit, pendant que Kilexia va préparer son rituel, toi et moi nous irons surveiller les alentours pour voir si tout va bien.

Dargore acquiesce en hochant lentement la tête.

- Kilexia, de quoi as-tu besoin pour mener à bien ton rituel ?

- Je crois que le plus important pour moi, c’est de ne pas être dérangé. Si on interrompt mes incantations, il faudra tout recommencer, avec le risque que cela ne soit plus possible…

Son entreprise était périlleuse, elle le savait. Et pas seulement au niveau magique, mais aussi sur un plan matériel. D’ailleurs ils s’en doutaient tous plus ou moins. Si elle était interrompue par quiconque, cela pouvait s’avérer catastrophique pour la réussite du rituel, aussi bien pour elle que pour moi. Ils se demandent comment procéder sans attirer l’attention des habitants, et surtout des militaires qui devaient patrouiller un peu partout. Ce qui leur inspire ces réflexions.

- Hum, et vu le monde qu’il y a au fort…
- Et vu que le puits est en plein milieu de celui-ci…

- …Il risque bien sur d’être gardé. Dargore, tu dois trouver les soldats qui gardent le puits, et essayer de les soudoyer pour que non seulement ils laissent notre amie faire ce qu’elle a à faire, mais aussi qu’ils la protègent si des gêneurs venaient la perturber. Proposes leur de l’argent…

- C’est d’accord.

- Et maintenant, Kilexia, que faut-il faire avec FloOk pour l’inclure dans le rituel ?

- Il faut le placer à l’intérieur du puits...

Elle ne dit que le strict minimum, car elle est irritée par l’orc, qui jouait selon elle au petit chef, comme pour montrer qu’il prenait les choses bien en main. Elle se retient toutefois d’exprimer son agacement, et se mettait mentalement en condition. Quant au mort vivant, il ne s’attarde pas sur la pédanterie de son ami démoniste, considérant que c’était secondaire, et se contente de se concentrer sur la tâche qui l’attendait, ainsi que le plan qui se préparait autour de la table. De par sa simplicité était il le plus sage ? Il boit une gorgée de breuvage chaud, et pose une question pratique.

- Comment le mettre dans le puits sans qu’il ne se noie ?

L’orc trouve vite des idées.

- Faut mettre quelque chose dessous pour le soutenir. L’eau n’est pas très profonde. Je sais pas, des caisses en bois ou des matelas. Je vais essayer de trouver ça. Une fois cela fait, que vas-tu faire après ?

- Je vais essayer d’invoquer le Loa, et lui demander de faire partir l’entité noire de l’âme de FloOk…

Deathmask est un peu étonné par la brièveté extrême de la prêtresse, et aurait aimé en savoir plus. Il essayait sincèrement de voir les problèmes qui pourraient surgir, et attendait des détails de sa part, pour anticiper des problèmes éventuels. Dargore quant à lui, faisait totalement confiance à la prêtresse, mais après réflexion fait la remarque suivante.

- Et si le Loa ne vient pas ?
- Et bien je tenterais de chasser l’entité moi-même…

Elle le dit avec un aplomb et une détermination qui montre bien qu’elle est déjà prête à passer à l’action. Elle avait accumulée son énergie psychique et augmentée son mana du sacré au maximum. Son regard se fait plus intense, et force le respect de Dargore, qui détourne le sien. Deathmask, au contraire, la défie du regard, insolent. On avait l’impression qu’ils se parlaient sans prononcer de parole, et Dargore fait semblant de ne pas y prêter attention, ne voulant pas s’en mêler. Il voulait poursuivre la discussion, pour mettre au point les détails, et achever les préparatifs, sans se rendre compte qu’il n’était pas du tout écouté.

- Bon, y a-t-il autre chose ? Admettons que le Loa vienne, et qu’il exorcise FloOk, et que vraiment tout se passe au mieux, cela sera il suffisant ? Moi je sais pas, j’ai un mauvais pressentiment ; quelque chose me dit que nous allons avoir besoin d’aide. Je voudrais qu’on appelle des renforts…

Pendant qu’il exposait son point de vue, le jeu de défi des regards entres les deux autres s’était poursuivi, s’amplifiant au point de créer une aura de puissance palpable, qui se matérialise sous la forme de faibles volutes blanches et noires qui s’entremêlent. Les mouvements des volutes noires émanant du démoniste illustraient sa volonté de la dominer, en absorbant les volutes blanches de la prêtresse. Lors de la dernière remarque du mort-vivant, Deathmask détourne brusquement son regard vers lui, et le regarde de la même manière que la prêtresse. Il le défie aussi du regard, de façon hypnotique, mais cela dure un peu trop longtemps au goût de Dargore. Il pense qu’ils gaspillaient leur énergie magique, et il n’apprécie pas qu’ils fassent étalage de leurs pouvoirs dans l’auberge. Pensant qu’il valait mieux communiquer avant de passer à l’action, il finit par dire, en fronçant le sourcil et en regardant la table :

- Quelque chose ne va pas Death ?

Cela surprend ce dernier, qui fait un mouvement de recul sur sa chaise. Cela détourne sa concentration, et les volutes d’ombres disparaissent progressivement. Il regarde à nouveau la prêtresse, avec un regard plus détendu.

- Tout ce que je souhaite, c’est que tu réussisses, Kilexia. Sincèrement…

Les volutes blanches émanant de la prêtresse s’estompent elles aussi quelques instants après ceux du démoniste, ramenant l’auberge à une ambiance normale. C’étaient ils défié pour émuler mutuellement leur pouvoirs, ou parce qu’une équivoque les opposait ? La prêtresse avait signifiée son agacement du début en ayant relevé le défi de Deathmask, et le démoniste quant à lui jalousait ses pouvoirs. Son souhait d’être le plus puissant possible générait un conflit dans le choix de ses écoles de magie, et bien qu’il eut choisit l’ombre et le feu, il convoitait secrètement les autres écoles, bien qu’elles furent impossible à les cumuler toutes.

La prêtresse garde le silence, car elle commence déjà à partir. A partir vers son destin. Elle ne redoutait plus la mort, et était prête à perdre sa vie sans aucun regret. Ce qui allait se produire lors de son rituel, elle ne le savait, mais elle ne voulait pas y penser. Son silence eut valeur de réponse, et ils sentirent que le moment était venu de passer à l’action. Deathmask conclut.

- Très bien, je résume : Kilexia va préparer son rituel, pendant que toi tu vas soudoyer les gardes, tout en gardant un œil sur notre amie. Et moi je vais inspecter les environs pour voir si quelque chose pouvait nous poser problème. C’est clair pour tout le monde ?

- Oui, c’est bon pour moi.

Dit le mort-vivant, en donnant un petit coup sur la table en signe d’assentiment. Il se voulait conciliant, mais il était déçu de ne pas avoir reçu de réponse quant à sa proposition d’appeler des renforts.

- Oui…
Dit Kilexia d’une voix absente…
 

Ils sortent de l’auberge, et font les quelques dizaine de mètres qui les séparent du Puits de lune. Un bassin, de forme vaguement oblong, d’environ cinq mètres sur trois, avec des rebords en pierre grises grossièrement taillées, parsemés de cinq petites colonnes en roc, de tailles inégales, fixées sur les rebords, qui s’érigeaient sur un à deux mètres de hauteur. L’eau, d’un bleu clair à la surface calme, contenait un extrait du liquide sacré du Puits d’éternité. Ce dernier avait existé depuis le début du monde d'Azeroth, et était le véritable cœur de la magie et des puissances naturelles de la planète. Tirant ses énergies du Néant Distordu par delà le monde, le Puits d’éternité était comme une fontaine mystique déversant ses énergies puissantes pour nourrir la vie dans sa multitude de formes. Un extrait du liquide de cet antique Puits avait été déversé dans le Puits de lune juste avant sa destruction, et l'énergie à la fois apaisante et puissante qui émanait du lieu était perceptible par nous tous, moi y compris…

En attendant de trouver un support pour me placer à l’intérieur, ils me déposent précautionneusement sur la pierre rêche, étant toujours dans le coma. Puis chacun commence sa tâche. Kilexia trace une fine ligne avec de la poudre tout autour du puits, pour former un cercle, dont le rayon dépasse celui du puits de quelques centimètres à peine. Elle en dépose aussi dans l'eau, pour former des figures géométriques connues des seuls vaudous Trolls, des vévés, en constatant avec soulagement que sa poudre ne se dilue pas, et qu'elle n'est pas dispersée par l'eau calme. Elle fait cela sans y penser, par automatismes, mais en gardant présent à l’esprit ses facultés psychiques.

 

Tous ces préparatifs attiraient depuis quelques minutes l’attention de deux elfes en armes. La prêtresse tournait autour du bassin, et se livrait à des actes qui éveillaient leur suspicion. Dargore le remarque, devine qu’il s’agit des gardes en charge de la surveillance du puits, et estime qu’il est temps d’aller les voir. Il se dirige vers eux, dont les noms étaient Fonbouf et Gnolguy :

- Bonjour gardes.

Il ne cherche même pas à être spécialement poli ou respectueux, les morts-vivants étant souvent regardés avec méfiance par les elfes.

- Quoi ? Que nous veux-tu ?
- J'ai un petit marché à vous proposer…

Les deux elfes plissent les yeux suspicieusement, et Fonbouf répond :

- Un marché ? C’est louche…
- On t'écoute…

- Voilà : je vous donne à chacun cinquante pièces d'or… Non, je vous donne à chacun cent pièces d'or si vous laissez mon amie tranquille pendant quelques minutes sur le puits, et si vous la protégez contre quelqu'un qui voudrait lui faire obstruction.

Les deux gardes écarquillent les yeux pendant un instant ; cette somme représentait facilement quinze ans de leurs maigres soldes. Autant dire une fortune. Dargore pouvait se le permettre, il était riche de par une ancienne descendance noble de sa famille. En même temps, il voulait être sur que sa tentative de corruption réussisse, en avançant d'emblée l'argument de la somme folle.

Les deux gardes se regardent pendant un instant, puis acquiescent imperceptiblement du menton en signe d'accord. Mais ils ne voulaient pas montrer qu'ils étaient aisément corruptibles. Ce n'est pas sur la somme, qui était impossible à négocier, mais sur des détails qu'ils résistent :

- Et elle en a pour longtemps ?
Dargore feint la simplicité :
- Ho non, une heure ou deux, tout au plus.
- Et elle veut faire quoi ?

- Ne vous inquiétez pas, elle va juste chanter un peu autour du puits et puis c'est tout. Mais je voudrais que vous fassiez autre chose pour moi.

- Quoi d'autre ?

- Je veux que vous alliez chercher trois solides caisses en bois, pour qu'on puisse déposer mon ami orc à la surface de l'eau du puits.

- Non ! Pas question ! Personne n'a le droit d'entrer dans le puits sans l'autorisation du commandant en chef du camp ou le magicien.

- D'accord. Alors on va dire que je vous offre à chacun deux cent pièces d'or si vous le faites.

Les deux gardes, à nouveau étonné, restent méfiants :

- Montres nous ton or avant d'avancer des sommes pareilles, et on te dira si on accepte ou pas.

Dargore sort deux bourses, les ouvre, et verse quelques pièces dans le creux de sa main. Le regard cupide des deux gardes est visible pendant un instant, et ils se regardent à nouveau. Voilà à présent qui leur permettaient de prendre une retraite anticipée et de démissionner de cette pénible armée. C'était une occasion unique pour eux qu'ils ne voulaient pas rater. Leur cupidité leur fit oublier de demander au mort-vivant pourquoi il leur proposait une somme aussi énorme pour ce qui semblait être un si menu service, et finissent pas accepter.

- Très bien, affaire conclue le mort vivant. Et bien sur ça reste entre nous.

- Ho oui, bien sur, moi aussi je ne souhaite pas que ce petit marché ne parvienne à d'autres oreilles. Ne vous inquiétez pas, et surtout faîtes ce que je vous ais dit. Pas d'entourloupe, alors je résume notre marché : un, vous protégez la Troll des éventuels gêneurs, et deux vous placez mon ami orc à la surface du Puits en le posant sur trois caisses en bois. Vu l'argent que je vous donne, vous avez intérêt à faire ce que je vous dis. C’est d'accord ?

- Oui c'est d'accord. Donne-nous l'or maintenant.

Grognent-ils sur un ton agacé. Dargore leur remet leur bourses respectives, pendant qu'ils scrutent autour d'eux si personne ne les remarquent. Ils cachent rapidement l’or dans leurs poches, et Dargore s’en va sans les saluer.

 

Puis il revient vers la prêtresse, qui avait revêtue une robe cérémonielle blanche et bleue.

 

- C'est bon, j'ai trouvé de quoi te protéger pendant ton rituel. Les deux gardes que tu voies là bas sont chargés de surveiller le puits, dit il en les montrant discrètement du doigt. Je leur ai demandé de te protéger en cas de problème.

- Merci Dargore, il se peut en effet que je sois exposé à des risques divers et variés, dit elle en sortant de son sac un crâne humain. Et il ne faut pas que je sois dérangée.

- Qu'est ce que c'est?

- C'est une tête vaudou. Elle va permettre, si tout ce passe bien, d'emprisonner l'âme du possesseur de FloOk pour éviter qu'il ne m'attaque après sa sortie de son corps.

- C'est astucieux. Et ça marche bien?

Ce qu’elle aurait du expliquer lors de leur préparatifs dans l’auberge, elle le fit avec le mort-vivant, en qui elle faisait plus confiance, et parce qu’elle ne voulait pas trop parler à l’orc prétentieux, se méfiant intuitivement de lui.

- En théorie oui, ça a toujours marché avec moi, bien que je n'ais fait que deux ou trois sorts d'exorcismes dans ma vie, et toujours sous le regard de mes maîtres formateurs lorsque j'apprenais le vaudou étant jeune. Mais comme on ne connaît toujours pas l'identité du possesseur de FloOk, j'ignore si la tête sera assez puissante pour le rendre captif. Il faut l'espérer, c'est tout.

- Et bien, je te souhaite de réussir. C'est tout ce que je peux espérer pour toi.

Ses figures géométriques complexes étant à présent terminées, elle sort ensuite un flacon de son sac, l'ouvre, et commence à s'enduire les bras avec un liquide visqueux de couleur verdâtre. Dargore ne cherche pas à lui demander qu'elle en est l'utilité, il comprend que ce parfum faisait partie des préparatifs.

 

Pendant ce temps, Deathmask se dirige vers une bâtisse, entre, fais quelques pas assurés dans quelques couloirs, et parvient devant une porte blindée. Une personne l’attendait, un elfe en robe noire, assis sur une chaise. Ils échangent un regard perçant sans dire mot, et à eux deux ils verrouillent magiquement la porte blindée. Ils approchent leurs mains de la serrure, et tout en manipulant habilement leurs doigts dans de lents mouvements, murmurent intérieurement des incantations qui fait tourner le loquet de la porte et la bloque. Une fois leur sortilège terminé, ils échangent un dernier regard perçant, et, toujours sans parler, s’en vont leur chemin. L’orc sort du bâtiment, revient au puits, et constate l’avancée des préparatifs de la prêtresse. Il s’adresse à Dargore.

- Je n'ai pas trouvé de détail particulier susceptible de gêner Kilexia.

Il regarde autour de lui pendant un instant, puis fait par de son étonnement.

- Il n’y a pas de garde ?

- Si, rassures toi, je m'en suis occupé. Comme j’ai réussit à les persuader de ramener des caisses en bois pour poser FloOk dans le puits, ils ne devraient pas tarder à revenir.

- Très bien. Je te félicite.

- Merci. Sinon, je répète ce que j’ai dit tout à l'heure dans l’auberge. Quelque chose me dit que Kilexia risque d'avoir besoin d'aide si elle veut sauver FloOk. J'ai envie d'appeler mes amis à la rescousse, et je pense que tu devrais faire pareil.

Il réfléchit un instant, sentant un début de tension en regardant le puits, celui du destin qui allait se jouer, puis répond :

- Je ne sais pas... Je ne me rappelle plus que tu ais dit ça dans l’auberge…

- Si, mais vous ne m’écoutiez pas…
- Ha… dit il un peu songeur.

Le début de tension ressenti s’enchaîne par un état second ; les deux démonistes, la prêtresse, se détachaient progressivement de la réalité, et l’ambiance prenait des tournures irréelles. Ils entendaient les voix des autres de façon lointaine, un peu comme dans un rêve éveillé. Kilexia avait terminé l'élaboration du cercle protecteur vaudou, et, agenouillée sur le rebord du Puits, elle priait. Elle pensait à la Déesse Elune, gardienne spirituelle du bassin sacré, afin de mettre son esprit en contact avec elle.

- Tu veux bien faire ça pour moi Death ? En souvenir de nos batailles communes.

- Ouais… Non…

Il hésite encore, puis finit par dire, sur un ton ironique :

- Ha, si je comprends bien, je raterais pour de bon le mariage de mon cousin alors…

Dargore traduit cela comme une affirmative de sa part, voit le sourire de son ami, et le remercie.

- Merci Death, je ne l'oublierais pas.
- Ho, de rien, je n'ai pas oublié FloOk non plus...
- Honneur à toi, grand démoniste.

- Merci. Allez, nous avons assez parlé. Je pars immédiatement chercher tous les démonistes que je connais qui ne font pas partie de ta guilde.

- Oui, assez bavardé. Le mieux pour moi c'est d'aller à Ogrimmar, c'est là que vit Shungenja. S'il accepte, c'est bon pour nous, car avec son pouvoir dans la guilde, il pourra mobiliser plus de monde que moi.

- Je crois surtout qu’Orgrimmar doit toujours être bien protégé de l’invasion. En tout cas c’est une bonne idée.

- Sauvons FloOk…
- Oui. Je m’en vais à présent…

Ils se posent la main sur leur épaules respectives, se dirigent vers le maître des montures volantes, et s'envolent chacun de leur côté. Dargore chevaucha vers la capitale orque, tandis que Deathmask partit vers d'autres lieus.

 

Pendant ce temps, Fonbouf et Gnolguy reviennent avec trois caisses, d'une taille idéale pour me maintenir à la surface de l'eau. Malheureusement, leur négligence leur avaient fait choisir les trois premières caisses qui leur étaient tombées sous la main, qui étaient vieilles et vermoulues. Cependant, elles sont juste assez solides pour soutenir mon poids, et, aidé de Kilexia, ils pénètrent dans le Puis, posent les caisses au milieu de celui-ci, et enfin déposent délicatement mon corps dessus. Mouillés jusqu'aux genoux, ils se repostent en faction, en surveillant les alentours.

 

La dernière étape des préparatifs de la prêtresse consiste à se taillader les bras avec un poignard, pour offrir du sang au Loa. Ensuite, elle revêt une cape enchantée pour se protéger des forces de l'ombre, puis, pour me guérir, elle chanta...

De ces chants lointains et émouvants, en langue Troll, qui auraient fait pleurer un enfant - même d'une autre race - tant la sensibilité et la compassion qui en émanaient étaient fortes. Puis, pendant ses mélopées, pour accompagner le flux de sa voix, elle dansa...

De ces danses lentes et irréelles, qui aurait subjugué - même les plus belles - tant ses mouvements étaient fluides, mais pourtant si difficiles à suivre. Son corps ondulait en suivant le rythme de sa voix.

Son chant est empli de consolation, et parle de souffrance. D’un démoniste qui avait été attaqué de façon injuste, et qui ne méritait pas le sort qu’il avait subi. Qu’il devait faire le deuil de son errance, s’en remettre, et l’oublier pour reprendre le cours de la vie. C'était à la fois pour me consoler des souffrances que j'avais enduré depuis des lustres, et aussi pour me redonner du courage, et me préparer aux évènements qui resteraient gravés dans l’histoire du fort de Silithus.

 

Un commerçant Tauren tenait une boutique de produits artisanaux. Son commerce étant à quelques mètres à peine du puits, il nous remarque au moment où Kilexia avait entamé son rituel, hésite, et finalement abandonne son étal pour s’approcher des gardes, mu par un acquis de conscience.

- Que fait il, il est à l’intérieur du Puits sacré… Il se tourne vers Fonbouf : C'est vous qui êtes chargés de la protection du puits ? Vous savez qu'il est interdit d'y pénétrer ?

- Oui ! Nous le savons mieux que toi, marchand, c'est nous qui sommes chargés de sa protection !

Aboie-t-il d'un ton méprisant.

- Et nous avons reçu l'ordre de protéger ces deux là ! Répondit l’autre. Passes ton chemin le Tauren, et mêles toi de tes affaires ! Conclut-il d'un ton impérieux. Le marchand, un peu cynique, cède en laissant échapper un commentaire un peu désabusé.

- D’accord, c’est pas moi qui aurait des problèmes en tout cas…

Le Tauren n'insiste pas, retourne à sa boutique et reprend son travail en jetant un coup d’œil de temps à autre à la scène en fronçant le sourcil. A plusieurs reprises pendant la matinée, des passants, étonnés par notre présence, nous remarquent, mais les gardes jouent bien leur rôle, en prenant soin de faire fuir les gêneurs qui auraient pu s’interposer à la prêtresse.

 

Puis l’intonation de la voix de celle-ci changea. Son chant se fit passion. Il se fit en même temps plus ferme, plus décidé. Elle m’encourageait à reprendre espoir, et de ne pas abandonner la lutte contre l’adversité, et de me concentrer sur la vigilance que je devais préserver, afin de garder présent à l’esprit que je pouvais encore être sauvé, au moment où je ne m’y attendrais peut être pas.

 

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Créé le 18/01/2009 à 18:09:17 - Pas de modification

Jusqu’à la fin de la matinée, elle n’est pas interrompue, mais peu avant midi, un sergent arrive, le supérieur direct de Gnolguy et Fonbouf. Il constate notre présence défendue, et invective ses deux gardes âprement :

- Qu'est ce qu'il fout lui en plein milieu du puits ? Et elle, elle fait quoi là ?? Vous savez bien qu'il doit être protégé ce puits ! Pourquoi ne les avez-vous pas arrêtés ?

Il scrute ses subordonnés en attendant leur réponse. Les deux gardes, ayant failli à leur devoir, n’avaient pas d’excuse, et n’avouent pas tout de suite qu’ils étaient corrompus. Comme ils ne disent mot, le sergent menace :

- Alors là, vous allez vous retrouver en taule pour un bon bout de temps, vous pouvez me croire !

Tout en disant cela, il s’approche du puits, avec l’intention de nous en extraire. Effrayé à l’idée de faire échouer notre plan, mais surtout d’être emprisonné, Fonbouf s’interpose, tente de soudoyer le sergent, ce qui fait se dresser les cheveux de terreur de son compagnon d’armes, craignant un refus, voire une dénonciation pour tentative de corruption. Fonbouf mise, tout comme Dargore, sur l’argument d’une somme très importante – cinquante pièces d’or – pour se donner les chances de réussites. A leur grand soulagement, leur supérieur accepte, malgré son air militaire dur et droit, et il ferme les yeux sur leur petit marché et notre présence. C’était le prix à payer pour que les deux gardes préservent leur place au soleil…

C’est alors qu’au moment où le sergent s’en allait que des lumières bleues apparaissent au-dessus de l’eau. Des bribes vaporeuses d'eau bleutées lumineuses, flottant en suspension dans l'air au-dessus de la surface, jusqu'à une hauteur d'environ deux mètres, apparaissent progressivement, et se font de plus en plus nombreuses. Kilexia avait fait appel aux forces primordiales du puits, qui venait de s’activer. Elle avait pour cela enfoncé son esprit dans la terre, puis pensé à la déesse Elune, gardienne spirituelle du Puits, faisant apparaître les fameuses couleurs bleutés. Son chant s’était fait dévotion, et dépassait déjà la raison.

Les trois militaires sont stupéfaits, mais le sergent venant d’être corrompu juste avant, renonce lui aussi à faire son devoir, qui aurait été de nous extraire manu militari du puits sacré, puis nous dénoncer à ses supérieurs. Au lieu de cela, il passe son chemin, en ayant marmonné négligemment aux soldats de rester vigilant, et de ne pas hésiter à le rappeler si un évènement nouveau se produirait. Mais cet ordre était plus pour se protéger lui-même de représailles au cas où cela tournerait mal, plutôt que pas réel souci du devoir bien accompli.

 

En début d’après-midi, alors que le soleil propageait une chaleur de plus en plus forte, Kilexia poursuivit la deuxième phase de son rituel : amplifier encore et toujours les forces terrestres du Puits, en se concentrant et en priant, et, le sergent ne voulant pas avoir de problème avec la relève, il punit ses deux subordonnés en les obligeant à faire un deuxième tour de garde, toujours pour se protéger mutuellement de leur corruption, et ne pas ébruiter l’affaire. Les deux gardes s’en moquaient, ils pensaient déjà à leur retraite, et une telle somme d’argent valait bien la peine d’une demi-journée de surveillance supplémentaire. La dernière de leur vie…

 

C’est alors qu’un adjudant, dans l’après-midi, pendant que les gardes cénariens observaient toujours le spectacle les sens en alerte, passe devant le Puits. Il fait à peu près la même remarque que le sergent, et leur demande des explications. Il le fait sur un ton moins menaçant, étant plus surpris qu’en colère, et n’étant pas affecté à la surveillance du bassin sacré. Ne voulant pas perdre plus d’argent que celui déjà donné pour les préserver, Gnolguy trouve une réponse très militaire pour se disculper.

- Mon adjudant, ils viennent juste d'arriver. Nous ne savons pas qui c’est, mais nous avons déjà alerté notre sergent. Fonbouf rajoute :

- Nous avons fait notre travail, et sommes restés là pour les surveiller au cas où ça tournerait mal !

- Et votre sergent ne vous a pas demandé de les sortir du puits ?

- Non, il nous a dit de les laisser là, et d’attendre les ordres.

Ce qui reportait la responsabilité de la faute sur leur supérieur s’ils étaient dénoncés, et maintenait le marché passé avec Dargore. Tandis que ce dernier leur avait annoncé une attente d’une heure ou deux, ils avaient compris qu’ils avaient été berné sur la durée, mais comptaient gagner le plus de temps possible. Du fond de leur petitesse, ils avaient une once de droiture qui les poussait à augmenter les chances de réussites de Kilexia.

- Même avec ces lumières magiques ?

Alors qu’il soupçonne quelque chose d’anormal, intrigué par l’activation du Puits, un éclair rouge apparaît subitement au dessus de l’eau, faisant un intense son de courant électrique, et alerte les trois militaires. Puis un autre éclair rouge vif déchire l’air, et encore un autre. C’est mon esprit et mes énergies corrompues qui entrent en conflit avec les forces du puits, les vapeurs bleus magique entrant en opposition avec ma corruption, qui se manifestent par l’apparition des éclairs rouges perturbateurs. Le puits commence à purifier mon corps des énergies négatives qui me possèdent, gênant mon possesseur. L’effet étant spectaculaire, aussi bien d’un point de vue auditif que visuel, le nombre d’éclairs rouge augmentant, l’adjudant se parle à lui-même à voix haute, effaré par le spectacle :

- Ça a l'air vraiment trop spécial pour qu'on prenne nous même une décision. Je vais quérir le commandant en chef du camp immédiatement, sans passer par le capitaine… J'ai peur qu'il se passe quelque chose de grave… Il y a urgence comme dirait l'autre... Vous, vous restez-là, et si une sale bestiole sort de là, vous la tuez !

Eux, de concert :

- A vos ordres mon adjudant !

Pendant que l’adjudant s’éloigne d’un pas vif, les deux elfes règlent leur compte à leur manière, en marmonnant et en serrant les dents, tout en continuant de surveiller le puits.

- Je t'avais dit qu'on allait avoir des problèmes.

- Ta gueule. Il suffit de rien leur dire et puis voilà. C'est pas notre faute si cette sorcière fait son sort de chépakoi.

- Mais on aurait du lui dire que la prêtresse faisait un sort de guérison.

- T'es fou ? Comme ça ils auraient pu comprendre notre marché avec le mort-vivant ! Vaut mieux la fermer je te dis...

- Mais pourtant…

- Ta gueule, on va faire comme si on savait pas.

- Tu sais dire autre chose que « Ta gueule » ?

- Oui, fais pas chier…

- Ouais, ben les cinquante pièces au sergent, c’est pour ta gueule.

- Non, fais pas chier…

Puis ils restent encore sur place, comme deux plantons, gardant leur corruption pour eux.

 

Et Kilexia chantait, et mes frères sorciers n'arrivaient toujours pas...

 

Trois minutes à peine après le départ de l’adjudant, le commandant en chef arrive, accompagné de son second, le capitaine Vish Kozus, marchant d’un pas rapide et ferme. Evaluant rapidement la situation, voyant le puits activé, ainsi que les volutes bleues et les éclairs rouges spectaculaires, ils hésitent toutefois sur la décision à prendre. Le commandant Mar’li, le plus haut militaire du fort, après avoir été intrigué pendant un cour moment, discute avec son capitaine, mais ne savent pas s’il vaut mieux arrêter Kilexia ou la laisser faire, supposant que cela risque d'aggraver la situation dans les deux cas.

S’opposer au rituel avant son commencement aurait été l’idéal, mais ils redoutaient les conséquences de vouloir l’interrompre en cours de réalisation. D’un côté s’ils nous laissaient faire, ils ne savaient pas quelles pourraient être les conséquences, n’y connaissant rien à la magie. D’un autre côté ils avaient l’intuition que s’ils interrompaient la prêtresse, cela pourrait avoir une incidence négative sur le puits, voire le fort tout entier. Craignant de mauvaises surprises de ce qu’ils perçoivent comme étant clairement de la sorcellerie, il se tourne ensuite vers Fonbouf et Gnolguy.

- Pourquoi ne les avez vous pas empêchés ? Vous serez jugés pour ça, vous pouvez en être assurés.

Il le dit sur un ton calme et sans animosité, mais qui effraie pourtant les deux gardes, qui tremblent des jambes. Juste après ça, le commandant et son second nous regarde à nouveau, et constatent éberlué que mon corps commence à se mettre en lévitation. Mon corps se soulève, lentement, s’éloignant des caisses de bois, et monte doucement dans les airs. Cela les surprend, et les laisse interdits.

La raison de ma lévitation était due à mon possesseur, qui essayait de me faire sortir du puits, par lévitation forcée, afin de ne plus me faire bénéficier des effets magiques de l’eau sacrée. Kilexia s’en était aperçue, et malgré qu’elle s’efforce de maintenir les forces du puits actives, elle fit un effort supplémentaire en s’interposant au démon. Le résultat fut intermédiaire : une lévitation au-dessus de l’eau, à environ un mètre de sa surface, les forces de la prêtresse et de mon possesseur étant à peu près égales. Car le démon devant résister aux forces du puits qui gênaient sa noirceur, sa puissance était réduite à l’intérieur du bassin, alors que ses pouvoirs dépassait largement ceux de la prêtresse.

Ce sortilège accentuant la méfiance du commandant, il prend une décision et donne l’ordre idoine à son second :

- Capitaine, faîtes venir ma garde personnelle immédiatement, ainsi que tous mes officiers disponibles. Si je ne sais pas quoi faire avec eux pour l’instant, je veux être en mesure de répondre par les armes si une attaque inattendue devait se produire.

- Oui mon commandant.

Il claque les talons et s'en va chercher sa garde personnelle. Il continue de nous observer, lucide mais indécis, et, quelques minutes à peine après, deux lieutenants, trois adjudants, quatre sergents, ainsi qu'une quarantaine de gardes d'élite arrivent devant le puits, en armure et armés jusqu’aux dents. Ils se positionnent en rangs, occupant la quasi-totalité de la place centrale du fort, et attendent les ordres. Gnolguy et Fonbouf sont effrayés ; leur marché avec Dargore était à présent visiblement compromis de façon irréversible. Ils prient de toute leur force pour se faire oublier, en restant à leur place, en retrait par rapport à la garde d’élite, mais ils ne pouvaient pas se faire plus petits que ce qu’ils n’étaient déjà…

Rassuré par la présence de sa garde, le commandant continue de réfléchir sur notre sort. Au bout d’un moment, comprenant qu’il ignorait ce qu’il se passait exactement, et estimant que son hésitation augmentait de plus en plus le risque de problème, il prend la décision de faire quérir le magicien en chef du fort, pour lui demander conseil, sur ce qui se tramait au grand jour, insolemment aux yeux de tous. Comment deux inconnus osaient se permettre de faire de la sorcellerie, qui plus est en transgressant l’interdiction de pénétrer le puits sacré ? Et dans quel but ? Il comptait sur lui pour l’aider à prendre la meilleure décision possible. Il donne l’ordre à un de ses adjudants d’aller le chercher le plus vite possible. Le sous-officier s’exécute et part en courant.

 

Pendant ce temps, Huum Crin sauvage était dans son laboratoire. Une grande pièce, parsemée d'innombrables objets en tous genres, servant à la pratique magique et alchimique, et dont les murs débordaient d'étagères où trônaient des grimoires plus ou moins rares. Tout ce qui concernait les affaires magiques du camp, ainsi que celles de toute la région de Silithus était de son ressort. Autant dire qu'il était puissant. Ce Tauren avait, du bureau personnel de son laboratoire, détecté une anomalie au niveau du Puits de lune, peu de temps après le début du rituel de Kilexia. Plus précisément il le perçut lors de l’activation de celui-ci, à travers une orbe de cristal, mais il avait préféré rester à l'analyser de son laboratoire pour essayer d'en savoir plus, avant de se rendre sur place. Il le regretterait par la suite…

 

Devant le puits, l'après-midi s'éternise sous un soleil de plomb. Les gardes, sous leurs lourdes armures de plaques suent abondamment, et endurent l'usure du soleil, mettant à l'épreuve leur résistance. Et la prêtresse poursuivait son exorcisme, inflexible et déterminée, dont le chant résonne aux oreilles des soldats, telle une berceuse, les obligeant à faire des efforts supplémentaires pour ne pas succomber à la tentation de l’endormissement que ses psalmodies induisent.

La tentative de me faire extraire du puits en faisant léviter mon corps était un premier coup bas de mon possesseur, et la prêtresse avait eut la présence d’esprit et le pouvoir de s’y opposer suffisamment pour me maintenir dans l'enceinte du Puits, mais cela lui usait plus de mana. Quant à moi, je sens que le démon fait tout pour extirper mon âme de mon corps, et, en me sapant à l’usure, il était en train d’y parvenir petit à petit. C’était un jeu contre la montre, car le démon détestait devoir être à proximité du puits – qui plus est en plein dedans – pour faire sortir mon âme de mon corps. Je luttais contre lui, mais sentais que je ne pourrais pas résister encore très longtemps.

Au bout d’un assez long moment d’attente supplémentaire, la pression psychologique augmentant, et ne voyant pas le magicien en chef arriver, le commandant décide de faire arrêter Kilexia. Il commande à un lieutenant de la tirer hors du puits, et de l'attacher si nécessaire. Le lieutenant s'approche de la prêtresse, tend la main, et attrape la robe de la troll. Il affermit sa prise, et avec lenteur, craignant une sorcellerie inattendue, il fait pression sur sa robe, ce qui perturbe partiellement sa danse. Elle ne se laisse toutefois pas interrompre, et continue son rituel sans relâche, en bandant ses muscles pour résister à l’action du militaire.

Elle a envie de lui dire qu’il est inconscient, qu’il ne se rend pas compte de ce qu’il fait, et de la laisser poursuivre son œuvre, mais elle ne peut plus parler. Elle doit mobiliser toute sa concentration et son intelligence pour maintenir le puits actif et s’opposer à ma lévitation. Et parler lui aurait demandé de revenir brusquement dans la réalité, en plus d’interrompre son chant magique. Alors que la pression du lieutenant se fait plus forte, altérant la beauté de sa danse, insistant, au point de risquer de tout faire rater, la cloche d'alerte du camp sonne, l’interrompant dans son mouvement. La vigie crie à gorge déployée :

- Une tempête arrive vers l'ouest ! Elle sera là dans quelques heures !

Le lieutenant relâche la robe, surpris par l’alerte. Cela lui donne un prétexte pour retarder l’exécution de son ordre, angoissé par la peur de la sorcellerie. Il regarde son commandant, attendant un ordre. Ce dernier oublie un instant Kilexia, se tourne vers l'ouest, fais quelques pas, et dit à voix basse :

- Ho non, quel est encore ce nouveau maléfice ?

Il voit effectivement au loin un minuscule point mouvant et flou, signe d'une tempête. L'observant pensant quelques instants, le regard ferme, ne se laissant pas impressionner, a l'intuition que cette tempête n'est pas anodine. Il se tourne vers un autre lieutenant qui se tenait en faction :

- Lieutenant, donnez l'ordre à tout le monde de se mettre aux abris, aussi bien les civils que les militaires. Et vite !

- A vos ordres mon commandant !

Les sous-officiers donnent des ordres, et la garde d'élite se retire. Elle ne combattu finalement pas, et s'en alla se mettre aux abris, tandis que les officiers et sous-officiers donnent des ordres pour accélérer le repli généralisé. Une énorme agitation s’ensuit, pendant laquelle civils rangent en urgence leurs affaires les plus importantes laissées à l’extérieur, et militaires les poussent prestement à faire au plus vite.

 

Et Kilexia dansait, et mes frères sorciers n'arrivaient toujours pas…

 

Pendant ce temps, l’adjudant qui avait été envoyé pour chercher le magicien en chef s'était rendu à son laboratoire. Arrivant devant la porte blindée verrouillée magiquement par Deathmask et l'elfe, il tombe nez à nez avec ce dernier, qui était revenu.

- Bonjour, le commandant m'a donné l'ordre d'amener le magicien Huum Crin sauvage, il est dans son bureau ?

- Non, il a du partir vers l'ouest, pour étudier une anomalie magique sur place. Il ne sera pas de retour avant longtemps, je le crains.

- Pouvez-vous me dire où il est parti exactement ?

- Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que c'est pile à l'ouest du fort...

- Très bien, merci. Je vais le chercher.

Après un salut militaire, il part en direction d'une écurie pour prendre une monture.

L’assistant, du nom de Keyl Vivegriffe, qui venait d'échanger ces quelques mots avec l'adjudant, souriait diaboliquement, en pensant que Huum Crin sauvage était à quelques mètres d'eux à peine, absorbé par son travail, et qu'il venait d'envoyer l’adjudant sur une fausse piste, en l'induisant facilement en erreur, dans le but d’éviter l’intervention de son supérieur au Puits.

Le militaire, chevauchant un destrier, se dirige au triple galop vers l’ouest, droit sur la tempête. Après avoir parcouru plusieurs lieues, la voyant arriver au loin, il est surpris, car étant parti du fort avant l’alerte de la vigie. Tirant sur les rênes pour calmer la fougue du cheval, qui s'agitait et piaffait nerveusement à cause de la tempête, il murmure :

- Par les Dieux, elle va droit sur le camp...

Effrayé, il décide alors de rebrousser chemin et retourne au fort, toujours au galop. Il comptait prétexter son abandon de la recherche du magicien pour prévenir de la tempête qui arrivait, mais ne nous leurrons pas, il voulait surtout sauver sa peau, en évitant d’être pris au piège et emporté par les sables volants…

En revenant au fort, le hasard voulut qu’il passât devant le laboratoire du magicien, et il entend que celui-ci tambourine à la porte en criant. Intrigué par ses cris, et reconnaissant sa voix, il entre dans le bâtiment. Arrivé devant la porte blindée du laboratoire, l'elfe ayant disparu, l'adjudant constate qu'elle est verrouillée. Huum entendant sa présence, l’interpelle vivement :

- Ouvrez ! Ouvrez la porte !
- Je suis là, où est la clé ?

- Il n’y en a pas ! Il faut l’enfoncer ! Prenez un objet lourd pour l’enfoncer ! Dépêchez-vous !

Le magicien avait la clé, mais elle était inutile. Le verrouillage magique de Deathmask et du premier assistant scellait la serrure. L'adjudant prend un coffre lourd en bois, et assène les coups les plus forts possibles sur la porte, toute aussi lourde de chêne massif. Dans le même temps, le magicien opère des sorts de déverrouillage magique, en cherchant les codes adéquats pour délier le sortilège. Le sort de Deathmask et de Vivegriffe est puissant, et font perdre du temps aux deux hommes, un temps précieux qui empêche le magicien de se rendre au Puits...

 

L’après-midi touchant à sa fin, la tempête de sable s’approche à présent, et une légère brise annonciatrice caresse le fort, à présent désert, excepté les personnes restées devant le puits. Le commandant veut rester devant celui-ci le plus longtemps possible, à la fois pour surveiller les évènements, et pour intervenir si nécessaire. Si le magicien n’arrivait pas, il comptait mettre un terme au rituel de la prêtresse, et l’arrêter pour l’interroger avant que la tempête ne l’en empêche. Quant à moi, il ne sait pas quoi faire, inquiet des conséquences de me toucher ou me déplacer. Mon aura démoniaque l’effraye, et les perturbations magiques à l’intérieur du puits ne le rassurent pas plus. Il nous observe toujours, subissant un sentiment d’impuissance.

Le chant de consolation de Kilexia m’avait redonné espoir, et apaisé mes traumatismes de façon accélérée. Mon possesseur, comprenant qu’on tente de l’empêcher de voler mon âme, me tourmente. Mais l’action conjuguée du puits à mes résistances avaient suffis à maintenir mon âme dans mon corps pendant toute la journée.

Kilexia, estimant que son chant revigorant à mon égard est suffisant, le conclut par un rappel télépathique que je reste vigilant, et entame la troisième partie de son rituel. Tout en maintenant les forces du puits actives, elle passe à l’invocation du Loa. Pour se faire, elle entre en transe, et après être entré en contact par une prière invocatoire, elle parle à Lukou, dieu Troll de la guérison. Elle pénètre dans une dimension baignée de lumière blanche et aveuglante, et est obligée de fermer son regard magique pour ne pas être gênée par la clarté. Son entrée dans la dimension du Loa a pour effet d’électriser sa robe de raies bleutées, qui rajoute un détail supplémentaire à l’aspect fantastique de la scène.

- Bénis soyez-vous Dieu Lukou… Pouvez-vous déposséder mon ami ?

Elle répète son antienne, pour être sure d’être entendue, tout en explorant le monde enchanté du Loa, afin de le trouver. Finalement, Lukou l’entend, vient à elle, puis lui répond.

« Nous ne t'aiderons pas parce qu'il est un démoniste, car son âme est noire, et la notre est blanche. Nous ne t'aiderons pas parce qu'il est un Orc, car les Orcs sont vils, et nous sommes des divinités des Trolls. Nous t'aiderons car nous n'aimons pas l'entité qui menace ton compagnon »

- Merci Dieu Lukou.
« A présent, continues ton office… »
 

Et Kilexia invoquait, et mes frères sorciers n'arrivaient toujours pas...

 

La nuit tombant, la tempête s'abat à présent sur le fort, et devient peu à peu à la limite du supportable. Les rafales de vent les poussent de plus en plus violemment, et le sable gêne leur respiration. Le commandant et son second ajustent un foulard sur leur visage pour se protéger. Kilexia, quant à elle, ne tiendrait plus longtemps son rituel dans ses conditions, et elle faiblissait. La fatigue mentale se faisait sentir, et son mana s’épuisait peu à peu, mais elle persévérait dans son rituel, faisant abstraction de la tempête pour rester concentrée, en poursuivant toujours sa danse. Le capitaine, qui connaissait le souhait du commandant de rester le plus longtemps possible, lui fait part malgré tout du péril grandissant.

- Commandant ! Il faut faire quelque chose ! On ne peut plus rester là !

- On va prendre la Troll pour la faire parler, et on va laisser l'Orc ici ! Sortez-la du puits avec le plat de votre épée, et saisissez-vous d’elle !

Le capitaine dégaine, approche son épée de Kilexia, mais hésite. La robe de la prêtresse est électrisée, et les raies d’énergie bleutées qui parcourent sa tenue l’inquiète ; cela le fait s’interroger sur la façon de s’y prendre pour la sortir du puits. L’officier ne savait pas si la conductance métallique de son arme aurait une incidence sur son corps. Il s'approche quand même, réfrène sa peur de subir une décharge magique, et pose le plat de son épée sur la robe de la Troll. Il déplace sa lame, pour tester son action, et, ne constatant pas de décharge ou d'effet magique, la pousse. Doucement d'abord, puis avec plus de force ensuite, mais toujours avec prudence et lenteur. Cela commence à perturber une nouvelle fois la danse de la prêtresse, et donc son invocation du Loa, et risquait de mettre à nouveau un terme au long rituel. Elle continue malgré tout son chant et sa danse, imperturbable, mais l’intervention du militaire risque encore de tout faire rater. Kilexia résiste, mais l’officier insiste, forçant de plus en plus la pression de son épée sur elle, et les incantations allaient s’interrompre définitivement, et faire échouer l’exorcisme.

Au dernier moment, alors qu'il était sur le point de renverser la prêtresse, le magicien, qui avait enfin réussit à se libérer de son laboratoire, arrive en courant.

- Arrêtez ! Arrêtez !

L’entendant, le capitaine retire son épée et la laisse dégainée. En arrivant sur les lieux, Humm Crin sauvage comprend en un instant l'explication à ce qu'il avait perçu depuis son laboratoire, et regrettait de n’avoir pas pu venir plus tôt. Le commandant, le voyant arriver, le questionne aussitôt. Il n'était plus temps de se saluer.

- Vite ! Vous savez ce qu'ils font ?

A cause du rugissement de la tempête, ils sont obligés de crier pour se faire entendre.

- Elle incante un sort positif qui n'affecte pas le puits ! C'est l'Orc allongé qui le perturbe ! Mais le Puits de lune limite son action ! C'est pour ça qu'il y a ces éclairs !

- Oui ! Mais pourquoi ils font ça ?

- Je sais pas ! A mon avis elle doit essayer de sauver l'Orc !

Les deux officiers comprirent enfin qu’il s’agissait d’un exorcisme.

- Oui mais si on les laisse ici, ils vont y passer tous les deux !

- Et vous les connaissez ?

- Non! Je les ai jamais vus !

- Et la tempête ! Elle est naturelle ou magique ?

- Non ! Elle est magique ! C'est Ossirian qui l'envoie ! Mais le type allongé doit être sauvé tout de suite ! Je sens qu'on pourra pas le sauver si on recommence demain ! Il est trop atteint ! Et si le rituel est interrompu, ça peut les tuer !

Ossirian, dit l’Intouché, était l’une des plus puissantes entité Anubisath de l’empire Qiraji, un peuple d’insectes intelligents peuplant une partie du désert de Silithus. Le magicien comprit qu’il avait envoyé cette tempête pour contrecarrer l’exorcisme de Kilexia, mais il n’avait pas besoin de le préciser ; le commandant le comprit intuitivement aussi. Pour qu’une attaque d’une telle ampleur soit lancée contre nous, il pensait que nous devions sûrement avoir une certaine importance. Et même s’il ignorait complètement le rôle que nous tenions, ainsi que l’enjeu des évènements, cela le confortât enfin dans son intention de ne pas s’interposer à nous, et ainsi nous donner une chance d’achever le rituel.

- Vous pouvez faire quelque chose pour eux ?

- Oui ! Je peux créer un champ de force protecteur autour d'eux ! Mais je sais pas combien de temps je pourrais tenir !

- D'accord ! Je vous charge de le faire ! Protégez-les le plus longtemps que vous pouvez ! Si ça tourne mal, sauvez votre peau !

- D'accord !

- Vous avez quelque chose à transmettre à des proches ?

- Oui ! Si j'y passe, donnez la direction de mon labo d'alchimie à Garrula ! C'est mon deuxième assistant ! Et faîtes tout pour arrêter Vivegriffe ! C'est mon premier assistant ! Il veut ma place mais c'est une ordure ! Vous trouverez la preuve de son complot dans le coffre de mon labo !

Il prend la clé autour de son cou et la donne au commandant.

- Prenez mes documents comme pièce à conviction ! Vivegriffe est un tordu ! Même à vous il peut poser des problèmes !

- D'accord ! J'ai compris ! On y va maintenant ! Bonne chance !

 

Alors que le commandant et son second quitte les lieus en courant, le magicien monte sur le rebord du puits, incante rapidement son sort de champs de force, en calculant une taille minimale du volume pour lui permettre de le maintenir actif le plus longtemps possible. Son champ se matérialise sous la forme d'une sphère verte aux bords faiblement luisants, d'environ quatre mètres de diamètre, englobant les trois quarts du puits, ainsi que nous trois. La lumière dégagée amplifie encore plus l’aspect surréaliste de la scène, dont la couleur contraste avec la pâleur de la nuit du désert. Pour le maintenir actif, il doit se concentrer en psalmodiant le sort en continu, en gardant le bras droit en l'air. L'action de la bulle est efficace, et le vent rugissant ainsi que le sable projeté aux alentours sont entièrement neutralisés à l'intérieur de celle-ci.

En partant, le commandant jette un dernier regard en arrière, et voit le champ de force activé. Lui et son capitaine courent, en faisant d'énormes efforts pour ne pas emportés, mais ils parviennent à regagner les abris in extremis.

 

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Créé le 18/01/2009 à 18:10:52 - Pas de modification

Pendant ce temps, si mon corps physique est toujours en lévitation dans le puits, en d’autres lieux, mon possesseur était parvenu à extirper mon âme de mon corps, et il me faisait à nouveau traverser le néant distordu, mettant à rudes épreuves mon effroi. Il me fait traverser des quantités de dimensions, m’attirant un peu plus vers son fief. Je lutte contre lui en essayant de changer de dimension au sein du néant distordu, mais il me rattrape à chaque fois, ayant plus de facilité pour le faire. Je tente aussi de disparaître, par un sort de camouflage magique, mais ce sort, d’une efficacité ridicule par rapport aux siens, ne le trompe pas. Tout en luttant, nous nous menacions, lui pour m’asservir, et moi pour lui montrer que je ne comptais pas me laisser faire, ni me soumettre.

Mon possesseur se manifeste alors, sur un ton cruel et effrayant. Je vois son visage, tel que lors de mon dernier cauchemar avant d'être banni de la guilde, hideux et repoussant :

«  N'essayes pas de me résister, tu es à moi ! »

- Non ! Vas te faire foutre ! Je te jure que je me vengerais de tout ce que tu m'as fait subir !

« Tu ne peux rien faire contre moi. Quand votre petit jeu de mortels sera fini, je recommencerais à me servir de toi, et tu continueras à servir ma cause. »

- Jamais ! Jamais !

« Alors je te torturerais pour l'éternité. »

- Jamais ! Jamais !

« Tu n’as plus aucune chance, tu arrives à présent chez moi, et tu seras prisonnier pour toujours ! »

Je suis terrorisé, mais je m’oppose à lui, seulement en mots, dans une tentative vaine et désespérée de lui faire croire – ou de me persuader – que j’avais encore une chance de lui échapper, mais après avoir utilisé tous les moyens dont je disposais pour lutter contre lui, je comprend que je ne peux plus rien tenter. Je ne pouvais plus invoquer aucun démon pour me protéger, mais était ce seulement utile ? Mes démons devaient être soit d’une puissance ridicule par rapport à lui, soit de son côté, ignorant toujours à qui j’étais confronté.

 

Pendant ce temps, devant le puits, Huum Crin sauvage s’aperçoit que je commence à psalmodier des phrases en langage démoniaque. Mon ton de voix, d’abord murmuré, s’amplifie de plus en plus, et lorsqu’il le perçoit, il comprend qu’il s’agit de contre sorts pour s’opposer à lui ou la prêtresse. Il fait un effort pour traduire le langage châtié, et, dans le peu qu’il entend, comprend que c’est pour s’opposer à son propre champ de force, et le détruire. Car mes paroles maudites sont exécutés sur l’ordre de mon possesseur, qui a le don d’ubiquité. Alors qu’il m’attire inexorablement vers ses terres, il se trouve en même temps devant le puits, active mes cordes vocales, et me fait incanter les contres sorts.

Le chaman intensifie sa bulle protectrice, et est obligé d’incanter à son tour des sorts en langue chamane pour limiter l’action de mon sortilège. Les deux langages magiques traversent l’air, entrent en opposition, s’interférant dans des modulations harmoniques étranges, le magicien semblant négocier avec la voix, tel un diplomate qui tient compte de son interlocuteur et acquiesce, tout en restant ferme sur ses souhaits.

A force de psalmodies répétées, la subtilité du verbe du chaman, plus intelligente et maîtrisée, annule progressivement mes incantations. Grâce à cela, nous sommes toujours protégés de la tempête, mais un effet négatif fut quand même produit, celui de lui faire consommer plus de mana, et donc de réduire la durée pendant laquelle il pouvait nous protéger.

 

Kilexia, quant à elle, continue encore de maintenir le Puits activé, et de s’opposer à ma lévitation, mais elle faiblit. Elle était plongée dans l’exécution de son rituel depuis plus de treize heures, sans aucune interruption. Elle avait réussit son invocation du Loa, et avait compris qu’il n’était plus nécessaire de communiquer avec lui. Elle était toujours concentrée sur ses deux autres opérations magiques simultanées.

La densité énergétique du lieu devenait de plus en plus importante. Toutes les forces magiques différentes cumulées et concentrées sur le même lieu s’intensifiaient, au point de devenir palpable. Le Puits de lune imprégnait toute la place du fort de son aura, puissante, et dont les ondes magiques se propageaient jusqu'aux plus proches bâtisses, en les illuminant d'une faible lueur bleutée .

 

Lukou, quant à lui, s’était rendu devant le puits. Il était dans la dimension la plus proche de la notre, et observait la scène de sa vision magique. Il voyait la scène, percevant de façon superposée la matière et l'énergie ambiante. Ayant examiné rapidement la situation, il constate immédiatement que mon âme est déjà volée. Il part alors sans tarder en chasse à ma retrouvaille, en explorant le néant distordu, puis, ne me trouvant pas devant sa vertigineuse immensité, décide de se rendre directement au fief de mon possesseur. Il traverse les dimensions, avec une rapidité digne de l’éclair, arrive devant le fief du démon avant lui, se poste en altitude au dessus de celui-ci, et attend.

Arrive ensuite mon possesseur, accompagné de son esclave, le malheureux démoniste que j’étais, complètement sonné par les traversées violentes et brutales des multiples dimensions, dont je m’avais pas eut le temps de m’adapter au passage de chacune d’elles. Alors que le démon ouvre magiquement la porte d’entrée de sa demeure, Lukou prend son envol, et pique droit sur nous.

J’étais désespéré. Je me doutais qu’une fois à l’intérieur, je ne pourrais plus rien faire pour me sauver, et que j’allais probablement souffrir un martyre encore plus horrible que celui de mon exil dans le désert des Terres ingrates. La possession du démon obscurcissait mon esprit, en m’empêchant d’avoir une pensée claire. C’est alors que je repense à Kilexia, et la deuxième partie de son exorcisme, qui m’avait conseillée de rester vigilant, et de croire en mes chances de survie, même au moment où tout semblait perdu. Cela me donne l’ultime sursaut de regarder autour de moi, alors que j’étais hypnotisé par la porte d’entrée, et j’aperçois le Loa…

Une entité, de pure lumière blanche, à la forme d’un oiseau géant, peut être semblable à un aigle ou un faucon. Etait-ce sa forme magique réelle, ou mon imaginaire qui déformait la perception de sa nature intrinsèque ? Ou encore était-ce l’une des nombreuses formes qu’il pouvait revêtir, celle-ci étant celle lui permettant de voyager ? Les plumes de ses ailes semblaient être des flèches blanches, prêtes à être décochées, telles des armes, ou au contraire des énergies de guérison, voire les deux à la fois, la nature de ses attributs divins m’échappant en partie. Son visage de rapace était quant à lui indicible, et ses yeux encore plus, à la fois dotés d’énergie blanche intense et de vide insondable sans aucune matière ou énergie.

Tout cela, je le perçois en une fraction de temps, et c’est alors, que cet être majestueux passant à ma portée, je saisis par réflexe les serres de ses pattes dans les airs, et il m’amène, après être passé au travers du démon. Ce dernier était de forme mouvante et expansive, occupant un espace cent fois supérieur au Loa. Tandis que ce dernier au contraire, était d’une taille minuscule par rapport à lui, faîte d’énergie condensée et concentrée à l’extrême.

Constatant son sauvetage, mon possesseur enrage en poussant un hurlement de terreur, et Lukou prend de la vitesse pour retourner au puits de Lune. Au passage, grâce à la lumière magique qui émanait du Loa, je parviens à apercevoir le fief de mon possesseur, vu de l'extérieur, et je tente de mémoriser son aspect…

Le démon, craignant de se faire doubler, nous poursuit, et il continue de me menacer.

« N'essayes pas de m'échapper, tu es à moi !! »

Ma haine est féroce, et je le défie :
- Non ! Qui que tu sois, je te retrouverais, démon !
Lui, narquois.

« Ouais, c'est ça. Essayes de me retrouver. »

Conclut-il sur un ton teinté d'une ironie malsaine.

Furieux, mon possesseur nous poursuit, mais le vol du Loa est plus rapide et habile, et parvient à le distancer. Son vol est tel – au moins dix fois plus rapide que celui du démon – que mon âme s’évanouit purement et simplement, ne pouvant plus supporter à nouveau la traversée des dimensions, de surcroît à cette vitesse prodigieuse. Alors que j’allais lâcher les serres du Loa, perdant peu à peu conscience, celui-ci croise ses deux pattes, emprisonnant ainsi mes poignets, en me liant de force à lui, pour ne pas retomber dans les griffes de mon adversaire démoniaque, ou me perdre dans le néant distordu. Amené par le Dieu, nous volons en direction de la dimension d'Azeroth.

 

C’est ainsi que nous arrivons à la dernière dimension avant de rejoindre le puits, et Lukou fait à nouveau appel à Kilexia pour lui demander d’ouvrir un passage dimensionnel. La prêtresse entend son appel, et afin de faire le pont entre notre dimension et celle du néant distordu, elle incante un nouveau sortilège, qui la fait se dématérialiser à moitié, laissant le chaman médusé par sa transformation. Sa danse atteint son paroxysme dans sa beauté et sa magnificence, dans le sens où son corps disparaît complètement pendant une fraction de secondes pour se rematérialiser ensuite quelques centimètres plus loin, les séquences de déplacement dimensionnels s’accordant sur le même rythme que sa danse. Elle est en osmose parfaite entre le monde de la densité et les dimensions subtiles. Sa robe et sa cape enchantées s’illuminent d’éclairs multicolores qui jaillissent tout autour d’elle, parcourant son corps complètement électrisé. Elle est à la fois matière et énergie, à la limite du translucide.

Elle ouvre le passage dimensionnel, qui se matérialise par un vortex tourbillonnant d’environ deux mètres de diamètre et, une fois le Loa ayant pénétré dans notre dimension, il réintègre mon âme dans mon corps, en le protégeant des possessions.

Huum Crin sauvage n’avait jamais vu de divinité trolle se matérialiser devant lui, et l’aura d’énergie blanche l’aveugle. Tout en plissant les yeux, il maintient toujours la bulle protectrice, et il est surpris que le Loa puisse la traverser sans encombre. Kilexia ayant les yeux fermés, et le Loa faisant partie de son école de magie, est moins gênée que le chaman. Elle est juste impressionnée par la puissance émanant de l’oiseau divin, augmentant encore plus la densité énergétique du lieu.

Les différentes énergies de chaque entité se chevauchant et s’interpénétrant de force dans un espace aussi réduit que les alentours du Puits, la charge magique globale devenait difficilement supportable pour eux deux. Mais la robustesse du corps massif du Tauren lui permettait d'encaisser les charges magiques, bien que péniblement, tandis que la prêtresse, dont le corps transcendait la matière, supportait plus facilement les cumuls d'énergies magiques.

 

Le démon arrive juste après. Il essaye de me posséder à nouveau, mais ne le peut plus malgré ses tentatives, et comprend que le Loa m’a protégé. C’est la première chose qu’il tenta de faire, faisant fi de toute autre chose, et son échec le fait enrager. Il est au dessus de nous tous, le Loa interposant sa présence entre lui et moi, virevoltant de son vol imprévisible, attendant une réaction du démon avant de déployer sa force.

Etait-ce pour lui faire reporter son attention sur lui, ou pour régler des comptes ? Qu’elle qu’en fut la raison, ils s'observent et se défient mutuellement pendant un instant, durant lequel le chaman retient son souffle, appréhendant la suite des évènements. Puis, passant à l'attaque, s’ensuit un combat épique et titanesque, pendant lequel le démon essaye d’engloutir l’oiseau lumineux dans son néant d’ombre, ce à quoi le Loa contre attaque en décochant ses plumes blanches contre lui. Des étincelles, des gerbes d’énergie foudroyantes projetées contre le démon, sont si intenses lors de leur impact qu’elles illuminent toutes les bâtisses du fort par successions de flashs. Mais les villageois jurèrent par la suite qu’il s’agissait d’éclairs du tonnerre de la tempête.

 

Seul un petit enfant eut le courage de regarder à travers l’interstice du volet de sa demeure, et vit une infime partie du combat, éberlué et ébahi. De là où il était, il voyait une partie du puits, mais surtout les deux entités magiques qui s’opposaient violemment. Il garderait un souvenir impérissable de cette vision, épouvanté et émerveillé à la fois, et lui donnerait par la suite le désir de connaître l’origine des puissances magiques et des forces de l’au-delà. Il vit également des éclairs de plumes déviées s’écraser contre les piliers du puits, ainsi que sur les murs des bâtisses avoisinantes, les déchiquetant dans des fracas et des projections de pierre, l’effrayant par la violence des explosions. Que nous ne soyons pas touché tenait du miracle. Un seul de ces éclairs aurait suffit à nous foudroyer et nous tuer net en nous transformant en tas de cendres.

 

Alors que le combat fait rage, l’action purificatrice du puits finit par avoir raison des forces corrompues de mon être, et les éclairs rouges disparaissent progressivement. Mais hélas, tandis que le chaman était soulagé de voir les inquiétants courants électrique rouge s'éteindre, un dernier éclair, plus fort que les autres, électrise ma robe, et l’enflamme. Le feu se propage progressivement sur ma robe, me menaçant d’une nouvelle mort, alors que je venais de réintégrer mon corps depuis quelques instants à peine. Je suis brutalement réveillé par la morsure brûlante des flammes, et la douleur que je ressens est si intense que je hurle à présent de ma vraie voix. Assistant à ce nouveau péril, le chaman écarquille les yeux, et voit le danger immédiat. Par réflexe, il hurle à l’attention de la prêtresse.

- IL BRULE ! PRETRESSE ! IL BRULE !

Mais Kilexia n’entend plus rien. Elle est toujours concentré à maintenir le Puits actif, et à s’opposer à ma lévitation. Ainsi, moi, lévitant dans les airs, en train de brûler, tandis que les deux dieux s’affrontant au-dessus du Puits, sous le regard médusé du chaman qui maintient sa bulle protectrice, inquiet de constater qu’il n’a presque plus de mana, et la fatigue de la prêtresse, qui tenait désormais à peine sur ses jambes. La situation, compliquée et insoutenable, devenait critique.

 

Et je brûlais, et mes frères sorciers n'arrivaient toujours pas...

 

Mon possesseur met alors toute sa puissance en jeu. Tandis qu’il poursuit sa tentative d’absorption du Loa, il subit cependant quatre pressions en même temps : les contre attaques du Loa, la plus puissante de toutes, l’opposition de Kilexia à ma lévitation, qui atténuait légèrement ses ressources, l’attraction du crâne vaudou, à l’action ridicule, et les forces du Puits de lune, puissantes.

C'est trop. Ces énergies et attaques cumulées finissent pas le faire ployer, mais plutôt que de fuir, il décide alors de feindre de céder au crâne vaudou. Par ruse, car l’attraction exercée par ce dernier est ridiculement faible par rapport à lui. En fait, son intention est de trouver un sursis, en faisant croire qu’il est vaincu, pour lui donner le temps de trouver un moyen de poursuivre le combat.

 

Mon possesseur se laisse absorber par le crâne vaudou, Kilexia s'effondre par terre, ma lévitation s'interrompt brusquement et je chute.

 

Je tombe brutalement, et, sous la violence du choc, les caisses de bois vermoulues se brisent. Je me retrouve totalement immergé sous l'eau, gisant parmi les éclats de bois qui se dispersent dans l'eau, et commence à me noyer. Ma tête heurte le fond en pierre, et m’assomme. Ainsi, après avoir été mis en péril par les forces du feu, j'allais périr noyé par les forces de l'eau.

Alors que le démon attend patiemment dans le crâne de la prêtresse, le Loa s'en fut de son vol majestueux et retournât dans son monde enchanté. Il se dématérialise dans de derniers éclairs blancs, et disparaît. Même les dieux pouvaient ils se tromper ? Estimait il que sa tâche était accomplie, ou était il brusquement appelé ailleurs ? Qui aurait su le dire ?

Le magicien voit effaré que je me noie, mais il ne peut pas se mouvoir, car il sait que cela risque de perturber son champ de force. Il observe la scène, halluciné, se sentant impuissant. Pourtant, sa conscience ne pouvait pas lui laisser me voir mourir sous ses yeux, alors qu’il était à quatre pas de moi à peine. Alors, après une hésitation, il tente le tout pour le tout. Il prend le risque de rentrer dans le puits, en se déplaçant le plus lentement possible.

Huum fait un premier pas en posant son pied dans l’eau, et son champ de force se met subitement à grésiller, perturbé par son déplacement, comme il s’y attendait. Il s’arrête, se re concentre, renforce la bulle, et fait un deuxième pas. La sphère se dégrade dangereusement à nouveau pendant un instant, menace de se rompre, et laisse pénétrer du sable à l’intérieur. Il s’en prend dans les yeux, met brusquement son poignet gauche devant son visage par réflexe, et est obligé de s’arrêter à nouveau. Le sable affectant douloureusement ses yeux, il fait alors un troisième pas les yeux fermés, bousculés et ralentis par les vents. Pourtant je suis en train de me noyer, il sait que chaque secondes est vitale pour m’extirper du fond du puits. Il réduit la taille de la bulle, en brûlant toute l’énergie vitale qui lui reste. Il parvient à faire un quatrième pas, et arrive enfin devant moi. Son pied bute sur mon épaule. Il s'accroupit, cherche à tâtons mon corps avec sa main gauche, le trouve, et sort ma tête hors de l'eau. Il la cale contre son genou droit, tout en maintenant son bras droit en l'air, et me sauve in extremis de la noyade.

Mais les vents pénètrent à présent dans la bulle de façon sporadique, et menacent de plus en plus de nous emporter. Pendant que je tousse en recrachant l'eau de mes poumons entres deux spasmes, le sable se répand partout en tourbillons et gênent nos respirations. Le chaman constate qu’il n’a pratiquement plus de mana, la protection de sa sphère s’amenuise inexorablement, et ne voie pas comment sortir de ce guêpier. Il repense à l’ordre du commandant qui lui avait intimé de se sauver s’il devait craindre pour sa vie, mais il ne pouvait pas faire de longues distances à pied en maintenant sa bulle protectrice. Les quatre difficiles pas qu’il avait accomplit pour me sauver de la noyade le prouvait bien. Il était piégé.

Il se sait condamné, et regrette amèrement de ne pas pouvoir vivre plus longtemps pour continuer ses recherches en magie qui lui tenaient tant à cœur. Il repense aussi à ses proches, ses amis, et voit alors sa vie défiler dans son esprit en accéléré. Il l’interprète comme un signe des dieux le rappelant à lui, tandis qu’il maintenait toujours ma tête hors de l’eau, avec les yeux fermés.

 

Et le magicien faiblissait, et mes frères sorciers n'arrivaient toujours pas…

 

Dans le même temps du sauvetage improvisé de Huum, Kilexia s’était effondrée par terre au moment de l’interruption de ma lévitation. Elle est allongée sur le ventre, sur le rebord du puits, un bras dans l'eau et l'autre pendant sur le sable qui borde le bassin. Elle halète, exténuée par la longue succession de sortilèges opérés pendant toute la journée et une partie de la nuit. Elle s’est rematéralisée, et commence à retrouver peu à peu ses esprits. Elle est vidée de ses forces et éreintée. Elle est désormais incapable de tenter quoi que ce soit de surnaturel, ayant elle aussi épuisée toutes ses ultimes réserves de mana. Pourtant elle a conscience que la bataille n’est pas terminée, sentant la présence du démon dans le crâne posé à côté d’elle. Elle se demande ce qu’elle peut bien tenter, mais sans mana, elle perd tout espoir d’achever l’exorcisme. Le départ du Loa augmente son découragement, et, sans soutien de sa part, elle craint la défaite sous peu. La situation lui semblait désespérée.

Finalement, elle respire fortement pour se réanimer, et, dans un ultime effort, elle rampe lentement dans le puits, en se mouillant de l’eau sacrée, pour parvenir à l’extrémité basse de mon corps gisant. Instinctivement, et comme devinant ce qui allait se produire, elle saisit mes deux chevilles, et les serre de toutes les forces qui lui restaient.

Par les yeux et la bouche du crâne vaudou, de la fumée noire s’exhale, signifiant que la charge qu’il contient est trop forte pour son mot de pouvoir de contention. De petites fissures apparaissent sur les joues, s'étendent sur la mâchoire, puis sur l'ensemble du crâne, qui prend une teinte noire. Et c’est alors que mon possesseur commet sa dernière félonie : il fait éclater le crâne, pour s’en libérer, et la puissance de la déflagration est telle qu’un éclat frappe Huum entre les deux yeux, transperce violemment sa tête, et le projette en arrière. Il meurt sur le coup, le champ de force est brisé instantanément, et la tempête qui faisait rage depuis la tombée de la nuit fait subitement irruption dans le puits. La force des vents, irrésistible, nous emportent tous trois, tels des fœtus de pailles, et le corps du magicien en chef disparaît quelque part dans le désert. Il ne serait jamais retrouvé…

 

Et le magicien mourut en héros, et mes frères sorciers n’arrivaient toujours pas…

 

Kilexia et moi, liés par ses mains sur mes chevilles, sommes emportés dans la furie de la tempête. Nous volons de façon complètement chaotique, dépassant par moment le sol de plusieurs mètres, tandis que mon possesseur disparaît à son tour, frustré de ne pouvoir plus me posséder. Au bout d’un moment, alors que des cendres de ma robe s'éparpillent dans tous les sens, nous heurtons violemment la façade d’une des bâtisses du fort, et nous sommes à nouveau projetés dans les airs, jusqu’à atterrir dans la cour intérieure d’une maison en pierre. Les quatre murs nous protégeant un peu des vents, la prêtresse en profite pour me traîner devant l’une des portes, et essaye de l’ouvrir. La porte étant fermée, elle tire désespérément et frénétiquement sur la poignée en criant pour l’ouvrir, mais elle n’y parvient pas.

C’est alors que, tenant fermement la poignée, elle est entraînée brutalement par une nouvelle rafale de vent, qui fait céder la serrure sous son poids. Les gonds sont violemment arrachés, et la porte est emportée au loin par les vents furieux. Elle se casse le poignet au passage, mais oubliant la douleur, elle entre rapidement à l’intérieur, et découvre un long couloir sombre. Elle m’amène avec elle, alors que je suis à moitié dans le coma, titubant, hurlant des frottements du sable et de Kilexia contre mes brûlures, et elle cherche un abri contre les vents qui nous pourchassent. Ces derniers, des élémentaux, ont l’aspect de visages de sable rugissant et maléfiques, perceptibles par moment entres deux tourbillons chaotiques. Leurs hurlements effrayants se mêlent aux sons des vents, en se confondant au point qu’il était impossible de distinguer leurs cris des feulements des vents réels.

Après avoir traversé le couloir, elle ouvre une porte, pénètre dans une grande salle, et constate qu’il s’agit d’une salle d’armes déserte. Tandis qu'elle cherche un abri, les démons du vent nous poursuivent, et nous éprouvons tous deux des difficultés pour respirer. La force de leur action nous renverse souvent, entamant le courage de la prêtresse exténuée.

Finalement, elle se relève à chaque fois, s’approche d’une grosse armoire métallique d'armement, l’ouvre, me tire à l'intérieur, referme la porte, s’assoit, et me prend dans ses bras dans une posture protectrice. Les démons du vent sont bloqués par l'armoire. Ces derniers étant furieux de ne pouvoir nous assaillir de leurs vagues de sables, ils hurlent devant pendant ce qui nous semblât durer une éternité, mais ils finirent eux aussi par abandonner et partir enfin au bout d’une bonne heure...

 

Petit à petit, la tempête finit par se retirer, et la nuit s'acheva par un Puits de lune à moitié détruit, dans un fort au trois quart ensevelit par les sables, et par ses occupants laissés totalement apeurés et hébétés…

 
…Et mes frères sorciers n’étaient pas arrivés…
 

Les forces magiques de l’Eau sacrée,

Salvatrices et traîtres à la fois,

N’eurent pas raison de notre ténacité,

Et affirmèrent leur loi.

 

Les forces du Feu,

Avaient beau m’avoir menacé,

Elles ne firent que me blesser,

Laissant mon corps affreux.

 

Les esprits mauvais du Vent,

Les serviteurs d'Ossirian,

Finirent par s'en aller,

Frustrés d'avoir échoués.

 

Les tempêtes se retirèrent,

De ceux-là qui lâchement tentèrent,

De faire échouer les forces de la Terre,

Laissant derrière eux leurs complaintes amères…

 

Ainsi, mon possesseur avait maintenant une dette envers Ossirian l'Intouché, et bien sur il était furieux. Furieux d'avoir échoué face à des soit disant minables mortels…

 
 
 
 
 
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Créé le 18/01/2009 à 18:12:11 - Pas de modification
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