FloOk
Race: Orc
Classe: D?moniste
Guilde: Horderie
Niveau: 70
Serveur: Elune
Jeu: World of Warcraft
Etat: Actif
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Nous étions quarante… Quarante combattants puissants et aguerris, portant sans équivoque le grade de raideur, le fer de lance de la guilde. Les consignes pour dépasser la première salle étaient déjà connues de notre bataillon, mais il est était indispensable de se les remémorer, la configuration de la pièce posant des difficultés sérieuses d'emblée.

 

Des groupes sont créés, pour répartir les forces aux quatre coins de la salle. Comme toujours avant le signal d'attaque, les magiciens de tous bords apposent des sorts bénéfiques aux membres de leurs groupes, pour augmenter leur puissance.

 

Pour ma part, j'invoque un de mes démons, un petit diablotin nommé Paguri, ayant la faculté d'augmenter fortement la vigueur des membres de mon groupe, par son sort de pacte de sang. D'ailleurs j'ais une légère appréhension en l'invoquant ; Millianne, dans le peu qu'il m'eut dit devant l'auberge, semblait avoir exprimé que les risques de problèmes avec les démons invoqués étaient généralisés, autrement dit qu'ils concernaient potentiellement n'importe lequel de mes démons. Pourtant, lorsque Paguri se matérialise, ma procédure de contrôle psychique se déroule comme prévu, et il accepte avec avidité mon fragment d'âme, prix à payer pour qu'il accepte de m'obéir.

 

J'éprouve un second soulagement quand l'effet de son changement de phase s'opère, car cette sorcellerie lui donnait plus d'autonomie, le plaçant à cheval entre notre dimension et la sienne, pour l'immuniser contre les attaques terrestres. Il pouvait me faire faux bond plus facilement si l'envie lui en prenait, ou pire se retourner contre moi, bien que cela ne fut jamais arrivé. Mais rien de tout cela ne se passa, ce qui me rassura et me redonna confiance en moi. Je bus la potion de Dargore. Je respirais lentement et profondément, me concentrant sur mes techniques de combat.

 

Cyrota, voleur de son état, se voit confier la tâche de contrôler une Orbe magique, qui était le seul moyen de contrôler mentalement un puissant dragon, du nom de Razorgore, ce dernier étant juste devant nous. Mais il ne présentait aucun danger tant qu'il fut contrôlé. Malgré tout, pour prendre possession de cette Orbe il fallait d'abord passer à trépas le gardien de la salle, ainsi que ses deux sbires. Korzeam, Lieutenant de la guilde et commandant des guerriers, donne enfin le signal d'attaque :

 
- Pour la Horderie, A L'ATTAQUE!!

- La chambre des œufs est envahie! Sonnez l'alarme! Protégez les œufs à tout prix!!

 

Crie le fameux gardien.

 

Car la particularité de cette salle était d'abriter des œufs de dragons, qui incubaient lentement. Nous devions d'abord détruire ces œufs, pour tenter de les exterminer, ou pour ralentir au moins leur natalité. Quant aux trois gardiens, ils se faisaient toujours massacrer, n'ayant jamais aucune chance de lutter contre quarante adversaires à la fois. D'ailleurs là n'était pas leur fonction. Ils devaient simplement se préoccuper de maintenir l'Orbe en activité pour contrôler Razorgore, et donner l'alerte en cas d'intrusion adverse. Ce qu'ils ne manquèrent pas de faire, et ce avant que nous n'ayons eut le temps de les passer à trépas.

 

Une fois les gardiens écrasés, l'Orbe est maintenant sous notre contrôle. La première étape de la bataille était réussie, mais c'était la plus facile. Cyrota prend ainsi possession de Razorgore, pendant que le reste de la guilde se positionne selon la stratégie définie. Cyrota oblige alors le terrible dragon à détruire ses propres oeufs, car c'était la seule façon d'en venir à bout, leur carapaces résistant aux plus puissantes des meilleures lames, et même aux balles les plus meurtrières des fusils.

 

Les adversaires, monstres divers et variés, commencent à pénétrer dans la pièce, alertés par les cris des gardiens. Il en venait de partout, des légionnaires Orcs, des Mages, et même des Drakes, réputés invincibles. La vraie bataille avait commencée.

 

J’entamais le combat selon les ordres donnés pour notre classe : infliger des sorts d’effroi aux drakes, pour les rendre innofensifs pendant quelques instants, et se débarrasser des mages.

 

Hélas, alors que tout se passait bien pour nous, je sens mon diablotin changer de phase et rajouter un nouveau canal d'énergie sombre dans nos liens psychiques. Mon possesseur était en train de reprendre possession de moi, par le biais de Paguri. Ce dernier supprime son pacte de sang, affaiblissant la force de mon groupe, puis amplifie le relais entre la force et moi.

 

Contrairement à ma possession lors de l'assemblée, je garde cette fois-ci ma conscience, mais le possesseur me fait perdre la raison en m'infantilisant, comme si je retombais en enfance, oubliant totalement l'intelligence de l'adulte et les responsabilités du démoniste que j'étais. Il sembla que pour réaliser une telle prouesse, la force en question usa d'une technique qui me fit remonter le temps dans mon esprit. Dans un autre contexte, j'eus trouvé ça fabuleux, mais j'étais engagé dans une bataille très sanglante. Toutefois, je gardais aussi la conscience et la maîtrise de mes sorts, et fut émerveillé à l'idée de les tester.

 

Parmis les adversaires présents, il y avait des mages. Même s'ils relativement faibles en résistance, leurs sorts étaient les plus destructeurs de tous les adversaires présents. C'est pourquoi nous devions les tuer en priorité. L'un de mes impératifs consistait à leur lancer un sort de malédiction des langages, qui a pour effet d'augmenter considérablement la durée d'incantation de leurs sorts offensifs, et les rendre ainsi moins dangereux. Au lieu de cela, je trouvais amusant d'apposer sur l'un deux le sort de respiration infinie, lui permettant de respirer sous l'eau pendant quelques minutes. On sait jamais, il aurait pu tomber dans une des flaques d'eau parsemant la pièce et se noyer, le malheureux...

 

Malgré mon amusement, l'effet d'infantilisation est tellement extraordinaire que la bataille passe au second plan dans ma tête. J'arrive peu peu à la fin de l'adolescence. Dargore, bien que fort occupé, voit que je commences à faire n'importe quoi, et entre deux sorts me demande, par télépathie :

 

- Qu'est ce qu'il t'arrives FloOk? Tu fais quoi là?

- Ca se voit pas? J'arrose les plantes, connard! mes paroles étant celles de mon adolescence rebelle et effrontée lors de sa question.

- Quoi??
 

C'eut été ma réponse en ce temps là, pour exprimer mon mécontentement à son égard par rapport à ce qui paraissait évident, la bataille en cours. Il devait sûrement me prendre pour un crétin en me demandant des choses pareilles...

 

Ensuite, arrivé aux âges pré pubères, je comprends quand même que je suis la cible de nombreux adversaires, mais, au lieu d'en prendre peur, je me fais un plaisir de les passer à trépas, exalté par la puissance incroyable de ces sorts réservés normalement aux sorciers adultes.

 

Finghin, un de nos mages, est aux prises avec un légionnaire Orc et, au lieu de l'aider je lui appose un sort de détection de l'invisibilité, au cas où un méchant chien invisible voulut le mordre. Constatant à nouveau mon comportement inapproprié, Dargore voulut me rappeler une nouvelle fois à l'ordre, l'obligeant à faire des efforts pour ne pas se déconcentrer :

 

- Mais qu'est-ce tu fouuus? Attaaaaaques!

- Nan! Je suis le plus gentil de tous les coin-coin! Je fais de mal à personne! le sortilège sournois m'arrêtant à l'enfance et l'amour des animaux, teinté d'une ironie puérile.

 

Le combat se poursuit, chaque membre de la guilde combattant bravement, et nous parvenons peu à peu à éliminer des adversaires, malgré leur nombre. Lors d'un bref instant, n'étant pas attaqué, j'envoie un trait de l'ombre - sort très destructeur - sur Dargore, pour le remercier de ses conseils, et aussi parce que je trouvais cela amusant. Je voulais voir quel effet ça faisait sur lui. D'ailleurs c'était d'autant plus hilarant qu'il ne pouvait pas me le reprocher ni me rendre la pareille, étant aux prises avec plusieurs adversaires à la fois. C'est lors de l'impact du sort sur lui que le lien télépathique entres nous deux fut brutalement brisé, et il comprit que je faillissais sans nul doute à mon devoir.

 

Shungenja remarque la même chose, mais n'ayant pas de lien télépathique avec moi, ne peux rien me dire. Toutefois, voyant que je ne lançais plus mes sorts d'effroi contre les Drakes, la mission la plus importante des démonistes ici, il abandonne pendant un instant son groupe pour me rejoindre et le faire à ma place, en me menaçant froidement au passage :

 

- Tu vas payer très cher ce que tu fais si tu te ressaisis pas!

 

N'écoutant pas les méchancetés de ce méchant adulte, je saute en l'air en lançant en même temps un sort de connexion instantané, toujours pour m'amuser, mais aussi parce que ce sort permet de convertir une partie de l'énergie vitale en mana, l'énergie qui permet d'incanter les sortilèges. Cela m'affaiblit un peu, mais me permet de poursuivre la bataille plus longtemps, et donc de me divertir encore, me sentant les ailes d'un enfant émerveillé qui veut continuer à tester ces facultés hors du commun.

 

Je fais un autre sort de connexion en sautant sur place, et il ne me restait presque plus de vie. Sans me rendre compte que j'étais presque mort, je lance pour la dernière fois ce sort si dangereux en sautant encore en l'air, et je mis moi-même fin à ma vie en pleine bataille...

 

Voyant cela, Dargore, dans une tentative désespérée de me faire éviter le pire, se retourne vers moi, et crie : "FLLOOOOOOOOKKKK!!!!"

 

Réaction fatale, son regard détourné ne lui fit point voir un Drake s'approcher de près, qui lui infligea une profonde morsure au bras, et le fit hurler. N'ayant que de faibles aptitudes au combat rapproché, il ne put se défendre, et vit son autre bras se faire broyer, le privant de la possibilité d'incanter. Voyant cela, Galimdur, le maître guerrier protégeant le même coin de salle, voulut le sauver. Il courut vers lui, et attaqua bravement l'invincible Drake pour faire diversion. L'armure du guerrier lui permit d'encaisser de nombreux coups, mais il avait, dans cet élan de fraternité, abandonné le légionnaire orc qu'il combattait. Le laissant libre de ses volontés, ce dernier en profita pour attaquer Kilexia, sentant que la prêtresse en résistance n'égalait son compagnon guerrier. L'orc ne fit qu'une bouchée de la troll, la tuant sur le coup.

 

Dargore agonisait par terre, Galimdur revint sur le légionnaire, mais il était déjà trop tard. Désespéré et enragé d'avoir perdu sa compagne, il répandit héroïquement le sang, en pourfendant tout ce qui se trouvait à portée de son épée, mais il finit par succomber sous les coups de quatre Drakes à la fois.

 

Ainsi, ce groupe déjà affaiblit perdit aussi la possibilité d'être régénéré magiquement en combat, et fut peu à peu décimé. Les adversaires purent alors se focaliser sur un autre groupe, augmentant en cela la difficulté déjà surélevée des épiques mêlées. Etant deux fois plus nombreux sur un groupe déjà débordé, celui-ci se fit aussi défaire.

 

La suite vaut elle la peine d'être racontée? La moitié du raid ayant failli, les derniers et fiers membres de la guilde furent anéantis. Le massacre se terminant, l'élite de La Horderie fut mise à bas, par la faiblesse d'un seul des leurs...

 
 
 
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Créé le 18/01/2009 à 17:54:28 - Pas de modification


IV
 
 
 
 
 L'EXIL DE LA TERREUR
 
 
 
 

La souffrance connaît-elle une limite?

Il semblait bien que non...

 
 
 
 

J'étais assoupi dans un lit de l'auberge de Tranchecolline, un petit village Orc en Kalimdor.

 

Avant mon éveil je fis un cauchemar. Je rêvais que j'étais dans la réalité, tel un rêve éveillé. C'était le noir total, et je sentais une menace effrayante rôder autour de moi. J'avais peur, terriblement peur, d'autant que je me sentais vulnérable, étant totalement paralysé. Cette force maléfique pénétrait jusqu'au plus profond de mon esprit, le sondant avec une facilité déconcertante, et touchait à mes peurs les plus fortes et les plus enfouies de mon subconscient.

 

J'avais le sentiment que cette menace latente pouvait à tout moment se muer en attaque physique, ou en torture psychique, ou quoi que ce fût d’épouvantable, me sentant totalement à sa merci.

 

Au bout de quelques instants, le noir céda la place à un visage, de grande taille, laid et difforme. Il me sourit avec un regard sadique, et me dit, à voix lente :

 

- Maintenant... Tu es à moi..." le visage se rapprocha progressivement de moi, pour arriver jusqu'à mon visage, me traversa, et je me réveillai brutalement. Etant paralysé aussi dans la réalité, je ne pus sursauter, comme le font la plupart des gens se réveillant brutalement lors d'un cauchemar, et ne pus non plus crier.

 

Retrouvant l’usage de mes membres, je m'assis sur le lit. Au fur et à mesure que la clarté du jour et de l'éveil gagnaient ma conscience, je réalisai peu à peu ce que je venais de vivre, et ne pus réprimer ces murmures :

 

- Quel horrible cauchemar...

 

Je frottai mon visage avec mes mains, machinalement, en espérant y trouver un quelconque soulagement.

 

- Pourquoi suis-je tourmenté comme ça?

 

Je m'habillai, et décidai de sortir de l'auberge, en espérant que cela me changerait les idées, et ferait disparaître ces rêves inquiétants. Une légère brise effleurait mon visage, et le ciel était nuageux.

 

Si fait, je tombai quasiment nez à nez avec des gens que je connaissais bien, et ce de façon totalement inattendue. C'étaient Anaxagor, Shungenja, et Matzai, le guide spirituel de la guilde. Le chef de guilde était à pied, au milieu des deux autres, sur leur monture. Ils m'attendaient devant l'entrée de l'auberge. Sans aucune salutation, Anaxagor me pointe du doigt et demande, sur un ton étrangement banal :

 

- FloOk, pourquoi t'es tu suicidé avant la fin du combat, au Repaire de l'Aile Noire?

 

A ces mots, je comprends immédiatement à quoi il fait allusion, et me souviens alors du massacre survenu deux jours plut tôt. Encore une fois, après l'invocation de l'Inferno lors de l'assemblée, j'étais visiblement à leurs yeux le responsable de cet échec cuisant. Pendant un instant, je reste interdit, la bouche entrouverte. Puis j'essaye de me ressaisir rapidement, en feignant de ne pas comprendre sa question :

 

- Je comprends pas...

- C'est pourtant clair. Faut-il te rappeler ce qu'il s'est produit cette journée là?" S'apprêtant à expliquer, il se ravise aussitôt, puis décide de résumer d'abord la situation récente : "On t'as ramené à ton auberge, car tu étais inconscient lorsque notre combat s'est terminé. Tu es resté inanimé deux jours, pendant lesquels tu étais entre la vie et la mort, malgré les soins de nos guérisseurs. Et c'est depuis ce matin que tu es revenu à toi ; juste maintenant pour ainsi dire...

- Ha heu... Et pourquoi étais-je mourant?

- Tu n'en as pas une petite idée?

Je comprends qu'il me teste un peu, en sous-entendant que je pourrais m'en douter. J'essaye de résister, continuant mon rôle d'ignorant, mais avec visiblement moins d'assurance, vue la lourde menace qui planait sur moi :

- Et bien... Je me souviens que notre bataillon d'élite est parti au Repaire de l'Aile Noire, pour essayer de tuer Néfarian...

- Oui et?

- Heu, et après... On a combattu bravement et...

- Et donc?

Je me perdais dans la confusion, cela devenait flagrant, et mon esprit embrumé ne m'aidait pas à favoriser mon jeu d'acteur. Shungenja, avec sa manière toute militaire intervient :

- Bon FloOk si tu arrêtais de faire semblant, on pourrait gagner du temps.

 

Finalement, je baisse la tête, me frotte le visage, laissant planer un lourd silence. Puis, décidant enfin d'avouer mon problème, comme avec tout le poids du monde sur mes épaules, je réponds sur un ton grave et presque murmuré, tout en me cachant les yeux avec mes mains :

- Je suis possédé par les démons que j'invoque... Ils ne m'obéissent plus... Je souffre le martyre, j'en peux plus...

 

Malgré la fermeté à laquelle ils s'étaient préparés pour me juger, Anaxagor et Matzai sont effarés pendant quelques instants, mais pas Shungenja, qui me rétorque de façon alerte :

- Tu n'as pas suivi mes conseils de protection psychique FloOk." Soudainement énervé par la mise en cause de mes talents, et voulant retourner lâchement la faute sur lui, je relève la tête :

- A qui en incomber la faute?

 

Matzai réagit à son tour spontanément :

- Pourquoi? Tu pense que c'est pas ta faute?

Ils me regardaient l'air interrogateur, se demandant qui je voulais incriminer, et si j'avais une raison valable de le faire. Puis, inculpant directement mon maître de classe :

- Non! Shungenja est un mauvais maître, il comprend rien à ce qu'il se trame en ce moment! D'ailleurs Millianne est revenu pour me prévenir de...

Shungenja, courroucé, m'interrompt :

- Comment oses-tu me répondre de la sorte? Je suis ton maître de classe! Quand on ne combat pas, je passe mes journées à t'apprendre à te perfectionner, et c'est comme ça que tu me remercies? Quelle ingratitude!

 

Cette réponse forçait mon silence, j'avais déjà le sentiment que je ne pouvais plus que subir la suite de leur jugement.

 

Anaxagor, abandonnant un peu sa désinvolture feinte, se fait plus explicite :

- A cause de toi, nous n'avons même pas pu dépasser la première salle du Repaire l'autre jour. Tu sais très bien que nous avons besoin de toutes nos forces pour parvenir jusqu'à Nefarian. Une seule erreur, un seul membre perdu, et c'est la défaite.

 

Shungenja enchaîne en commentant la suite du marasme, sur un ton détaché, car à  ses yeux mon destin au sein de la guilde était déjà scellé :

- Anaxagor et moi, ayant senti l'échec généralisé arriver, avons réussi à sortir in extremis du Repaire, et à nous cacher dans l'antichambre. Il a ressuscité les autres, et j'ai du les téléporter un par un, les exposant à chaque fois au risque de se faire repérer, et de se refaire tuer avant les téléportations.

J'apprenais la suite des évènements, éberlué. Mon réveil était décidément difficile.

- De plus, il a fallu te ressusciter de l'extérieur du donjon, car ton âme était hors de ton corps, je ne sais où... Tu sais ce que ca coûte un sort de résurrection à longue portée?

 

Ce qu'il ne savait pas, c'est que mon possesseur s'était s'emparé de mon âme après mon décès au Repaire. J'avais lutté contre lui, mais il avait réussi à la déplacer sur une longue distance, me faisant traverser vertigineusement le néant distordu, probablement pour me rapprocher de son fief. Heureusement pour moi, le sort de résurrection d'Anaxagor avait été plus fort que le sien, mais pendant ce temps, Shungenja n'avait pas pu me téléporter comme les autres. Je compris alors qu'ils avaient effectué le sort à longue portée dont il venait de parler. Et ce sort demandait effectivement beaucoup d'énergie vitale et de mana : il fallait un prêtre pour invoquer l'âme du défunt, et trois démonistes pour accomplir le sort de téléportation, qui durait une bonne heure. Après quoi, il leur fallait une journée complète pour s'en remettre.

 

Shungenja, comme blasé de me raconter la suite :

- Lorsque tu es revenu parmi nous, tu étais inconscient, et il a fallu te transporter sur une civière hors du Mont Blackrock, puis te ramener jusqu'à ton auberge par téléportation... Encore une... On a veillé sur toi pendant deux jours. Jusqu'à ce matin, où tu es revenu à toi.

 

J'étais effaré à mon tour. Je ne me souvenais plus de rien après avoir lutté contre mon possesseur, et j'apprenais les mauvaises nouvelles brutalement. Matzai me regardait, s'efforçant de rester impartial, et essayant de comprendre mes réactions.

 

Mon maître de classe, quant à lui, ne m'épargna pas. Il revint sans transition sur mon comportement délirant pendant le combat :

- Et depuis quand lance-t-on des sorts offensifs contre ses propres compagnons d'armes? Quelles que furent les raisons de cet acte contre Dargore, cela n'est ni plus ni moins que du sabotage. C'est inacceptable...

 

Anaxagor, abandonnant sa fausse désinvolture, exprime ouvertement son mécontentement :

- Quoi qu'il en soit, je vais devoir fournir pour la deuxième fois des explications au Seigneur Thrall quant à notre échec. Je ne sais pas comment il va le prendre, mais je vais devoir rivaliser d'imagination pour lui trouver une excuse valable, afin de ne pas jeter le discrédit sur notre guilde. Tout ça à cause de toi!

 

Sur la défensive je tentais encore de plaider ma cause :

- Mais j'y peux rien, je suis contrôlé par des entités que je ne parviens pas à identifier! Je suis possédé par je ne sais quoi!!

A ces mots, Matzai plisse légèrement les yeux, intrigué. Il voulut me demander des précisions sur cette révélation, mais Anaxagor reprit la parole aussitôt, apparemment pressé d'en finir. Toujours mécontent :

- Je t'avais prévenu lors de l'assemblée. Une nouvelle erreur de ce genre, et tu étais renvoyé de la guilde!

 

Je ne réponds rien, le poids de leur jugement faisant son effet. Je me sens comme cet enfant humain, sévèrement réprimandé par ses parents, dont m'avait parlé Yamcha lors de notre rencontre au désert des Terres ingrates. Eux aussi gardèrent le silence, pour écouter mes explications, bien que ce fût plus pour le principe que par réelle volonté de m'écouter. Mais comme elles ne venaient pas, le chef de guilde conclut. Il le fit sur un ton radouci et un peu gêné, car se rappelant très bien les services que j'avais accomplis pour La Horderie, ainsi que mes excellentes qualités de combattant. Mais c'était plus pour donner l'apparence de me ménager pour prononcer son verdict que par réelle compassion. Il allait perdre un bon élément, mais sa décision était déjà prise avant même le début de notre conversation :

- Hum, bon FloOk tu es devenu trop dangereux pour notre sécurité... Je suis obligé de te bannir définitivement de la guilde...

Interloqué, je réponds :

- Quoi??
 

Alors, pour me donner une dernière leçon - une leçon volontairement mauvaise - il imita mon comportement lors de mon départ fracassant de l'assemblée. Il invoque sa monture magique, pour se placer plus haut que moi, me toise, et me lâche avec un air arrogant :

- Ouais, c'est ça.

Il vire de droite avec sa monture, Shungenja fait de même, et ils partent en direction du nord vers la capitale orque, Orgrimmar.

 

Matzai était resté devant moi, et me regardait avec regret. Le Tauren massif qu'il était se voulait plus clément que les autres à mon égard, mais ne pouvait pas s'opposer à la volonté d'Anaxagor et Shungenja, bien qu'il fût le deuxième plus haut placé dans la hiérarchie de la guilde. Il détestait les jugements expéditifs comme celui que je venais de subir, et mon mutisme sur ma vision des évènements l'intriguait, renforçant sa gêne. Il finit par me dire :

- Je suis désolé FloOk. Saches qu'on a statué sur ton cas. J'aurais bien aimé te donner une seconde chance, mais il y avait tellement de chefs d'accusations contre toi qu'on n'a pas pu faire autrement. Je te souhaite de résoudre tes problèmes, car tu as l'air d'être complètement ailleurs. Comme si tu n'étais pas dans la réalité. Je ne sais pas ce que tu as, mais tu devras trouver de l'aide ailleurs, maintenant. Adieu FloOk.

 

Le voyant s'éloigner pour rejoindre les autres, je leur dit : 

- Non, attendez... Ils filèrent sans se retourner, et je criai, en levant les bras, dans un mélange de rage et d'impuissance :

- NOOOOOOOONNNNNNN!!!

 

Après ce dernier contact avec les représentants de la guilde dont je venais d'être brutalement exclu, mon possesseur continua à me manipuler comme une marionnette. Me retrouvant tout seul, le risque d'être aidé par mes amis était maintenant écarté. Il me poussa à invoquer ma monture magique pour aller vers Orgrimmar. Juste avant l'entrée de la capitale, j'oblique à droite, parcours quelques centaines de mètres, et arrive à la tour des zeppelins gobelins. Je paye un billet pour retourner à Fossoyeuse, la capitale des Morts-vivants, et me retrouve à nouveau à côté du vendeur de cafards, tel qu'avant la bataille ratée au Repaire. Et là, je pleure toutes les larmes de mon corps. Entre deux sanglots, je désespère :

- Je ne suis plus rien maintenant! Tout est foutu!

 

Le vendeur de cafards, toujours perdu dans ses folles pensées, me regarde, et me demande laconiquement :

- Pourquoi ne changes tu pas de guilde, tout simplement?" Lui, un vendeur de cafards, mendiant et miséreux, voulait m'apporter ses conseils, à moi, puissant sorcier. Je le toisais pendant quelques instants, le méprisant du haut de ma condition récemment perdue, et pourtant sur un ton de désespoir, je lui dis :

- Mais ma guilde c'est ma deuxième famille! J'ai presque tous mes amis dedans, je ne peux me résigner à aller voir ailleurs!

Le vendeur de cafards regarda vers le bas, semblait garder son air absent, alors qu'il compatissait un peu pour moi.

- De toute façon tout est foutu maintenant! J'ai perdu tout contrôle de mes actes, je le sens bien! J'ai peur de ce qu'il va m'arriver!

Le vendeur de cafards maintenait son regard vide, et il comprenait intuitivement mon désarroi. Mais que pouvait-il faire? Rien assurément. C'est pourquoi il ne disait rien.

 

Je me lève alors, suis tenté de prévenir quelqu'un de ma détresse, mais mon possesseur m'oblige à me taire et à prendre une monture volante pour parcourir un long voyage jusqu'au désert des Terres ingrates, au sud ouest d'Azeroth. Après quelques haltes dans des villes étapes, ma monture volante s'arrêta tout près du camp de Kargath, sans savoir que je le voyais pour la dernière fois. J'invoque mon destrier démoniaque, et entame une longue traversée du désert. Alors que je me dirige vers l'est, je rencontre un habitant du désert, un petit robot du nom de Servo, devant l'entrée d'un minuscule campement de gnomes. Je l'avais rencontré à plusieurs reprises, et m'amusais à l'époque à tester les limites de son intelligence artificielle, qui était particulièrement primitive, en lui parlant comme s'il s'agissait d'un être évolué :

 

- Tiens, salut Servo, ça va?

- Il peut faire vraiment chaud ici, dans les Terres ingrates. Mais au moins c'est une chaleur sèche.

- Oui, malgré la chaleur c'est une belle région," en me disant : "Toujours aussi simplet ce Servo". "Et moi, tu me reconnais?"

- Un jour je serais un vrai garçon.

 

Le laissant, je poursuivis mon chemin vers l'est en donnant un coup d'éperon à ma monture, jusqu'à parvenir à l'extrême sud-est du désert, non loin d'un repaire de Dragons, dans une région appelée le Ravin de Lethlor. J'arrive enfin devant une pente raide mais praticable, parsemée d'un éboulis de pierre ocre, couleur dominante du désert. Moi qui adorais cette région jadis, j'allais finir par la détester.

 

J'escalade péniblement la vingtaine de mètres de la pente, jusqu'à parvenir à une petite plateforme, d'une superficie d'environ cinq mètres sur cinq. Ce mini plateau, relativement plat, était entouré de trois flancs de montagnes. Il allait devenir mon autel de l'enfer, ma cachette dédiée aux cérémonies noires et solitaires.

 

Et là, je m'asseyais par terre, et j'attendais. J'attendais que la journée se termine, ne pensant à rien, en attendant mon sort avec fatalité. Puis vint le soir, je m'endormis. Puis vint la nuit, je me réveillai. Mon possesseur m'obligea à incanter un sort d'invocation, en prenant soin de m'empêcher de savoir quel type de démon j'allais attirer dans le désert. Et je criai :

- Non! Non! Je veux pas! Je veux pas!

 

Résistance inutile, le démon apparaît à cinq ou six mètres de moi, sous la forme d'un marcheur éthéré. Sans jambe pour se déplacer, sa masse bleue nuit lévitant au dessus du sol, au regard rougeoyant. Il s'approche de moi pour m'attaquer. Je savais par expérience qu'il était peu dangereux offensivement, mais il était long à tuer, possédant une armure magique et une endurance importante. Mais cela importait peu. Le temps qu'il se rapproche de moi je lui inflige un sort de trait de l'ombre puissant. Pour l'achever, je décide de le semer. Je recule au fond de la cachette rocheuse, et comme sa vitesse de déplacement est lente, je lui lance ensuite des sorts d'agonie et de corruption qui lui infligent des dégâts sur la durée, tout en tournant autour de la cachette. Le combat dura quelques minutes, puis il fut vaincu sans grande peine.

 

La fatigue du voyage était telle que je m'écroulai sur le sol et tombai dans les brumes du sommeil sans être gêné par le froid des nuits des déserts.

 

Au matin, un peu reposé, n'étant pas dérangé par mon possesseur, je pris le temps de réfléchir un peu, et je déduisis rapidement que la priorité était de trouver une aide, n'importe laquelle, pour au moins prévenir mes amis les plus chers. Je voulus descendre de la cachette, prison de pierre ouverte, mais au moment où j'entame la descente je suis pris subitement de douleurs dans tout le corps, comme si mon système nerveux ressentait une souffrance généralisée, cerveau y compris. Je ressens en même temps un mal être psychique, très fort, et difficilement descriptible : un mélange de panique et d'angoisse, sans en connaître la cause. Comme si cette douleur était induite par rien de motivé ou d'explicable. Ma marche était rendue difficile, et intuitivement je remonte les quelques mètres que j'avais descendu. Une fois revenu à la cachette, les douleurs s'arrêtent rapidement.

 

J'étais bloqué. La prison de pierre n'avait de porte matérielle, mais une barrière de douleur tout aussi efficace et redoutable. Traumatisé par cette douleur très intense, ressenti pour la première fois de ma vie, je reste quelques instants hébété, assis, adossé à une des parois.

 

Je me demande alors comment j'allais me nourrir, si je ne pouvais pas sortir de ce piège. Je prends le risque de tenter une deuxième fois de descendre la pente, mais à peine deux ou trois mètres parcourus, les douleurs reprennent. Je remonte vite, et revient à nouveau au point de départ, attendant impatiemment que les douleurs cessent. Douleur revécue inutilement, je restai donc à attendre : le matin, j'avais un peu faim, l'après-midi, mon estomac gargouillait, puis le soir, la faim se fit pressante.

 

Arriva la nuit, et avec l'estomac dans les talons, une autre invocation forcée débuta. Le rituel noir terminé, ce fut une succube qui apparut. Elle s'approche de moi, tenant dans la main un fouet menaçant, qu'elle brandit dans ma direction. Je lance un sort de bannissement, qui la paralyse totalement pendant un instant. Hélas, je ne pouvais rien lui faire d'autre pendant ce sort, ne pouvant le cumuler avec un autre. Ca me donne toutefois un sursis, pendant lequel je me demande comment en venir à bout. Je savais que ce genre de démon avait le pouvoir de se rendre invisible, et si elle le faisait, j'aurais toutes les difficultés du monde à le vaincre.

 

Heureusement, lorsque mon sort de bannissement s'achève, j'ai le temps de l'asservir avant qu'elle ne lance son sort d'invisibilité. Mais comme je ne parvenais pas à la renvoyer dans le néant distordu, je lui ordonne alors de se jeter tête la première dans la pente de la cachette, et elle se fracasse le crane cinq mètres plus bas. Comme elle bouge encore malgré la violence du choc, je l'achève à coup de traits de l'ombre, et une fois morte, son enveloppe matérielle disparaît. Je survécus encore une fois, mais je dormais une deuxième nuit sans n'avoir rien mangé.

 

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Créé le 18/01/2009 à 17:59:11 - Pas de modification

Le lendemain matin, je constate avec joie que l'emprise démoniaque est un peu moins forte, et je tente à nouveau de m'enfuir de la prison sans porte. Une fois la pente dévalée sans ressentir les vagues de douleur de l'autre jour, je tentais désespérément de rejoindre le camp de Kargath. Ce campement Orc devenait avec le temps ma bouteille à la mer dans cet océan de poussière rouge, que je ne parvenais pas à jeter. Pendant ces instants de semi liberté, je ne me rendais pas compte que j'étais surveillé par Servo, ce petit robot étrange. Croyant le croiser par hasard sur ma route, alors qu'il me surveillait depuis le début, je l'interpellais vivement, plein d'espoir :

 

- Pitié Servo, Aides moi, j'ai perdu le mien!

- Tu as perdu quoi?
- Mon cerveau!

- Ho pauvre petit canard, comme tu as l'air malheureux.

- Oui, je suis en danger! J'ai besoin d'aide! Je suis possédé!

- Ho mon dieu, c'est terrible ça.

- Oui! Il faut que tu m'aides à aller au camp de Kargath.

- Viens avec moi pauvre petit FloOk, je vais t'aider. Je vais t'amener au camp.

- Ha, merci Servo, sans toi j'étais perdu!

 

Je le suivais, en larmes, tel un pantin à moitié désarticulé, m'en remettant totalement à lui pour me tirer de cette situation insupportable. Mon sens de l'orientation rendu défaillant par mon esprit obscurci, je ne réalisais pas qu'il s'ingéniait à me promener un peu partout, en tournant en rond aux alentours de la cachette.

 

Lors de mes moments de lucidité, l'emprise de mon possesseur étant moins forte le jour, je lui disais parfois :

- Mais tu es sûr que c'est par là? J'ai l'impression que nous sommes déjà passés par ici.

- Non non, ne t'inquiète pas, c'est la bonne direction. Fais-moi confiance petit FloOk.

- Ha merci Servo, grâce à toi je vais enfin pouvoir trouver de l'aide." Et je délirais, parlant tout seul :

- Ce qu'il m'arrive est horrible. C'est pas supportable. C'est le cauchemar. Il faut faire quelque chose!..." Je me sentais vraiment très mal, comme si j'étais sous l'emprise de drogues hallucinogènes, car je voyais le paysage se modifier, comme s'il se divisait en plusieurs parties qui se mouvaient et se déformaient chacune indépendamment des autres. Même le sol n'était pas stable, il se dérobait parfois sous mes pas, me donnant l'impression que j'allais tomber dans un vide vertigineux et sans fin. Cela m'empêchait de retrouver le chemin par moi-même, et m'obligeait à me fier au petit robot.

 

La journée se finissant, il me ramenait finalement à la cachette. Il m'abandonna enfin, en raillant d'un air sadique :

- Tu fais du très bon travail FloOk, continue. A plus tard!

 

Je retrouvais la cachette, temple des invocations nocturnes, autel de l'horreur...

 

Au fil des jours, j'étais devenu comme un fou, le regard tantôt halluciné, tantôt inexpressif et vide, ne pensant à rien excepté ma survie. Je perdais toute notion du temps, excepté la succession des jours et des nuits, nuits dont j'appréhendais les venues. Au bout de quelques temps, je ne saurais dire combien de jours, les invocations forcées se généralisèrent toutes les nuits.

 

Pendant les journées, pour subvenir à mes besoins de nourriture, mon possesseur me permettait de quitter la cachette, et il me suffisait de lancer un sort de destruction sur un loup du désert et l'emporter dans ma cachette rocheuse. Je le dépeçais, puis le mangeait, soit cru, soit après l'avoir cuit au feu de bois quand j'avais la chance de trouver un morceau de bois dans ce désert aride. J'étais devenu un sauvage, dormant à même le sol, avec comme couverture les peaux grossièrement rapiécées des loups que je tuais pour me nourrir.

 

Lorsque je luttais pour résister aux assauts de mon possesseur, mon corps était traversé de douleurs atroces et insupportables. Je me roulais même parfois par terre sous la douleur et, la tête prise entres mes mains, je hurlais, pendant ce qui me semblait être une éternité...

 

Au fond de ce qui me restait de conscience je souhaitais m'opposer à ces invocations sauvages, comprenant les conséquences à long terme. Mais m'y opposer ne faisait qu'accroître mes douleurs, aussi bien en durée qu'en intensité. A terme je ne pouvais jamais gagner contre ces forces ; elles prenaient l'ascendant sur moi inexorablement.

 

Lorsque la possession devenait critique, je me relevais et lançais les sorts d'invocations, pris de peurs paniques des conséquences qui allaient en découler. Lors des débuts de mon errance je parvenais la plupart du temps à asservir les démons pour me protéger d'eux, et les renvoyer dans le néant distordu, leur dimension d'origine. Mais, avec le temps, l'efficacité de mon sort d'asservissement diminuait en durée et je ne pouvais les contraindre que le temps de prendre la fuite pour leur échapper. La qualité de mes sorts de protection se dégradait progressivement.

 

Puis vint l'automne, mais la fraicheur escomptée de cette saison ne se faisait pas sentir dans ce désert brulant. Une nuit, ce fut un chasseur corrompu qui apparut. Quadrupède de la taille d'un gros chien, de couleur marron sombre, ce démon était redoutable dans le sens où ses pouvoirs magiques lui permettaient de m'empêcher de lui infliger des sortilèges, par son verrou magique. Il avait aussi la faculté de me voler de la vie, par son sort de corruption sanguine. C'est pourquoi je devais tenter de le tuer le plus vite possible avant qu'il ne me passe à trépas. Il me poursuivit en courant, en me mordant sauvagement les mollets. Constatant qu'il était inutile de vouloir le tuer magiquement malgré mes tentatives, je fus obligé de l'attaquer avec mon épée. Alors qu'il sauta sur moi pour me mordre la gorge, j'eus tout juste le temps d'interposer mon épée sur sa trajectoire, et d'appuyer mon coude contre le mur pour faire une butée. Il s'empala sur toute la longueur de son corps, ma lame le transperçant de la gorge à la queue. Il se contorsionna de tout son long, dans d'ultimes soubresauts, qui m'obligèrent à lâcher mon épée, tant ses mouvements étaient brutaux et vifs, et il mourut enfin.

 

J'essaye de soigner tant bien que mal mes mollets blessés, en couvrant les plaies avec le tissu de ma robe, pour faire office de compresse. Je m'endormis à nouveau, dans une nuit sans rêve.

 

Les jours qui suivirent, le sort d'asservissement s'avérant complètement inopérant, j'étais obligé de lancer des sorts de peur pour éloigner les démons et pouvoir là encore m'enfuir pour rester sauf, en espérant qu'ils ne me retrouvent pas. Je les effrayais, et suivant la direction qu'ils prenaient, je réagissais en fonction : soit je restais dans ma cachette s'ils la quittaient, soit c'est moi qui descendais la pente si leurs peurs les bloquaient contre les parois. Mais à la fin, mes tentatives d'effroi échouant eux elles constamment, il ne me restait plus que ma pierre d'âme pour m'auto ressusciter, les démons me tuant systématiquement. C'était l'horreur absolue.

 

Puis vient l'hiver, mais ce ne furent que les nuits déjà froides qui baissèrent en température, la chaleur des journées restant écrasantes. Une de ces nuits glacées, ce fut un diablotin qui apparut. Je reconnus là mon propre diablotin, Paguri, celui que j'avais réussi à asservir et dompter il y a fort longtemps, et il se retrouvait face à moi maintenant, en adversaire plutôt qu'en serviteur. Voulait-il me faire payer ma longue domination sur lui? Je ne le sus, mais il m'attaqua lui aussi comme les autres. Le problème majeur était qu'avec son sort de changement de phase, il était quasi invulnérable : il n'était dans ma dimension que le temps de lancer ses sorts pendant une fraction de temps très courte, et dès qu'il avait terminé, il changeait à nouveau de dimension pour s'immuniser contre mes attaques, aussi bien magiques que physiques. Ne voyant aucun moyen ni de le tuer, ni de l'asservir, ni de le bannir, je fus contraint de fuir. Je dévalai la pente assez abrupte de la cachette, dans la hâte je perdis l'équilibre, et je tombai en roulant sur moi-même. Je me cassai au passage un bras, et sous la douleur je crie :

 
- Raaaa ! Putain !
 

Le diablotin était resté en haut, ses petites mains rougeoyantes, indiquant que ses sorts étaient prêts à être lancés. Il me regardait, avec ses petits yeux rouges incandescents, et semblait attendre. Alors, dans un mélange de rage et de désespoir, je le provoquais en hurlant :

 

- VAS-Y !... VIENS M ACHEVER !... PUISQUE C'EST CA QUE TU VEUX !...

 

Il continuait de me regarder, comme pour me narguer, ou plutôt comme le prédateur qui se réjouit à l'avance de la mort de sa future proie. Le silence qui suivit mes cris m'écrasait de la froideur du désert ; même les loups se taisaient, même les loups se terraient, effrayés par les démons qui se succédaient nuit après nuit. Réduit à sa merci, j'attendais mon sort, ma mise à mort. Qu'attendait-il? Et pourtant, Paguri ne m'attaqua pas, sans que je ne sus pourquoi. Il descendit la pente en sautillant d'une pierre à l'autre, arriva à ma hauteur, et passa son chemin pour aller je ne sais où.

 

Qu'y avait il de plus effrayant que de ne pas savoir qui me faisait subir tout ça et pourquoi ? Je subissais la peur de l'inconnu, à priori la pire de toutes les peurs, car je ne savais pas ce qui attendait le sort de mon âme après mon trépas. Mais à cela se rajoutait l'angoisse de mourir chaque nuit. L'identité de mon possesseur passait progressivement en arrière plan, et c'est la peur de mourir contre les démons au jour le jour qui prenait le dessus. Mais après réflexion, je compris que dans les deux cas la peur de l'inconnu était la constante commune aux deux peurs.

 

Quoi qu'il en soit, j'avais beau être dans un état de souffrance extrême, je ne comptais pas me laisser faire, ni me laisser abattre tant qu'il me resterait un souffle de vie. Même si j'étais probablement condamné, je comptais poser le plus de problèmes possibles à mon possesseur en contrecarrant ces projets, quel que fussent ses desseins. Et c'était aussi pour me venger de ce qu'il me faisait endurer. J'essayais de faire abstraction de ma condition d'esclave maudit, en gardant à l'esprit ce qu'il me restait comme seule liberté, celle de m'opposer autant que possible à mon possesseur, et de rester en vie, en renvoyant les démons dans le néant distordu ou en les tuant. Quoi qu'en y réfléchissant à deux fois, j'aboutissais à un autre problème encore plus épineux : si je restais en vie, je contribuais aux volontés de mon possesseur, qui voulait apparemment me faire invoquer le plus grand nombre possible de démons, tandis que si je mourrais, il m'aurait vaincu.

 

Quelle était la meilleure manière de m'opposer à lui? Devais-je me sacrifier, par exemple en me suicidant, ou devais-je penser à ma survie? Ne sachant pas quelle était la meilleure décision à prendre, je décidais de penser d'abord à moi, et donc de rester vivant le plus longtemps possible, même si cela confortait les volontés de mon possesseur.

 

Puis vint le printemps, sans sa douceur tant recherchée par les habitants des régions tempérées. C'est alors, que du fond de ma tourmente, je fis un pacte avec moi-même : je jurais que si je réchappais à cette épouvantable histoire, je chercherais à découvrir l'identité de mon possesseur, et que je le pourchasserais, jusque dans les tréfonds de l'enfer, ou même dans un autre monde s'il le fallait. Cela me permit de garder un peu d'espoir, et surtout me donner la force de résister le plus longtemps possible face à la mort qui m'attendait, même si cela faisait le jeu de mon possesseur.

 

Après plusieurs mois de luttes quotidiennes, mes sorts d'asservissement et d'effroi échouant, ma vie ne tenait alors plus qu'à un fil : entre deux invocations forcées je parvenais à poser une pierre d'âme sur moi, terrorisé à l'idée que les possessions reprennent avant que de n'avoir pu achever de la créer, et de l'activer pour me préserver. Les démons se moquaient totalement que je perdisse la vie, il y avait sûrement beaucoup d'autres démonistes susceptibles d'être victimes de ces forces obscures pour me remplacer dans leurs maléfiques desseins. Mais pourtant mon instinct de survie était viscéral. Il était plus fort que la conscience de leur expansion, me souciant plus du maintien de ma vie que de ce qu'ils projetaient.

 

Plus le temps passait, et plus j'invoquais des démons qui s'implantaient en Azeroth, à un rythme sans cesse plus élevé. Le nombre d'invocations doublait, triplait, et même plus avec le temps. Au bout de plusieurs mois, j'estimais le nombre de démons ainsi téléportés à plusieurs centaines, formant des légions entières.

 

Ainsi les démons se faisaient une joie d'implanter leurs âmes sur ces territoires nouveaux pour eux, profitant de cette manne de liberté pour semer progressivement la terreur dans la région. La nouvelle de cette contagion devait surement commencer à faire sa place dans les conversations des quelques habitants du désert. Du moins je le supposais, ne voyant jamais personne, à part Servo, le petit robot, qui s'ingéniait à me maintenir isolé. Leur finalité était elle l'invasion d'Azeroth par ce biais? Qui aurait su le dire?...

 

Mais hélas, lors d'une de ces nuits maudites, j'étais dans un état de délabrement psychique tel que je n'eu pas le temps de réactiver ma pierre d'âme, et une autre de mes nombreuses invocation forcée reprit. Ce fut un gangregarde qui apparut, démon à la forme et à la taille humanoïde, et c'est lui qui mit fin à mes tourments, en me tranchant la tête d'un coup de hache bien net et précis. Ma pauvre caboche tomba par terre, suivie de mes deux genoux, puis enfin de mon torse, qui s'effondra dans un nuage de poussière ocre, en faisant un bruit sourd et mat.

 

Ce fut ma fin. Ma cachette rocheuse étant quasi inaccessible et inconnue de tous, aucun magicien ne pourrait me retrouver pour me ramener à la vie. Personne ne savait où j'étais. J'allais devenir un repas délicieux pour les charognards du désert des Terres ingrates, mais avant, Servo vint danser autour de mon cadavre, pour célébrer ma mort, et se réjouir de son travail bien fait...

 
 
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Créé le 18/01/2009 à 18:00:09 - Modifié le 18/01/2009 à 18:01:17


V
 
 
 
 
LE VOYAGE
 
 
 
 
 

La menace étendait son emprise,

La course contre le temps était engagée

 
 
 
 
 

La forte chaleur était accablante, et faisait ruisseler de sueur le corps décharné de Dargore. La fine poussière était étouffante, et s'insinuait dans les poumons de Kilexia, qui n'y était pas habituée. Ils arpentaient depuis trois semaines le désert des Terres ingrates, en revenant de temps à autre au camp de Kargath, pour se ravitailler.

 

Kilexia marchait en tête, en scrutant les alentours, tandis que Dargore marchait les yeux fermés, se concentrant sur la vision que lui conférait son œil de Kilrog. Ce sortilège permettait à celui qui en maîtrisait la science de créer un œil magique, qui pouvait se déplacer sur d'assez longues distances, à travers lequel on pouvait voir autour de celui-ci en vision panoramique, tout en maintenant son corps physique ailleurs. Ce sort avait l'avantage certain de permettre de percevoir des zones inaccessibles à pied ou sur terre. Ainsi à eux deux ils avaient une excellente vision de leur environnement, et ils me cherchaient.

Mais ils ne savaient pas grand-chose, hormis que j'étais quelque part dans le désert, ce qui rendait leur tâche longue, en plus d'être pénible à cause de la chaleur du soleil. Ils s'étaient mis d'accord sur une exploration systématique, en quadrillant région par région, faute d'en savoir plus sur ma localisation. Ils avaient décidés de commencer par la région ouest, car c'était la plus proche du seul camp allié de la Horde, et cela leur permettait d’entamer les recherches plus facilement que s'ils avaient commencés par l'autre extrémité.

En longeant les pentes nord ouest, ils étaient tombés sur un petit camp gnome, très isolé, et ils virent le petit robot, Servo, qui déambulait de ci de là :

- Où sont passés les arbres, maître?

Mes deux amis le regardèrent sans grand intérêt, se disant juste qu'il avait l'air bien inoffensif, sans se douter du rôle infâme qu’il avait pourtant joué durant mon exil infernal. Ils interrogèrent alors les deux gnomes, qui finirent par leur expliquer gentiment qu'ils avaient bien aperçus un orc, au moins un an auparavant. Bien que cela datait, ils s'en souvenaient assez bien, car les visiteurs dans le désert étaient rares. Cela redonna de l'espoir à mes compagnons de guilde, qui continuèrent leurs recherches.

 

Après avoir terminé l’exploration de la région nord ouest, ils poursuivirent par la région sud ouest. Ne me trouvant pas, ils parcoururent le centre, en prenant bien soin de ne pas négliger les pitons rocheux qui s'y trouvaient, bien qu'étant pour la plupart inaccessibles. Pour cela l'œil de Kilrog les aidait grandement. Ne me trouvant toujours pas, ils persévérèrent par la région nord est, dans laquelle ils durent s'infiltrer en parcourant les mines des Nains d'Uldaman, et, en désespoir de cause, ils achevaient d'explorer la dernière région non encore visitée, la région sud est. C'était la région la plus dangereuse également, car ayant en son sein une faille qui servait de repaire à des Dragons, appelée La faille de Lethlor. Ils devaient bien prendre soin de ne pas se faire repérer par ceux-ci, n’étant pas de taille à lutter contre eux.

Et maintenant, c'était l'un des derniers secteurs de la dernière région qu'ils n'avaient pas encore foulés, et leur découragement se faisait sentir. Ils avaient toutefois accepté tous deux de n'abandonner qu'une fois et seulement lorsqu'ils auraient passé l'intégralité du désert au peigne fin.

 

C'est alors que Dargore perçut mon cadavre, à une centaine de mètres de là. Il interpella Kilexia, et elle leva les yeux de sa carte pour le regarder :

- Je l'ai trouvé ! Il est tout près d'ici !

Elle, bouleversée.

- Par les Loas, nous l'avons retrouvé…

- Oui, c'est par ici, en haut de cet éboulis !

- Enfin, nous avons réussi à le trouver Dargore. Je n'y croyais plus, dit elle en commençant à escalader la pente qui menait à la cachette rocheuse, suivie de son compagnon.

Arrivée en haut, entrant dans l'antre de l'horreur, elle voit un charnier rempli de dizaines de squelettes en tous genres :

- Ho non, FloOk!

Elle s'approche des empilements grossièrement érigés en monument de ma protestation, et, Dargore arrivant, vit la même chose : des quantités de squelettes des démons que j'avais tués, et au milieu, le mien, décapité, rongé jusqu'à la moelle par les charognards, et les os cuits blanchis par les rayons ardents de l'astre solaire. Il s’exclame :

- Par les cornes d'Onyxia, quelle horreur !

- C'est épouvantable ! Que s'est-il passé ici ?

Dargore regardait autour de lui, scrutant l'air et les forces invisibles présentes. Ses connaissances des ombres lui firent sentir qu'en ces lieux avaient du se passer des évènements propres à susciter la terreur, l'aura du lieu étant fortement perturbée par de nombreuses menaces résiduelles, dans un tissu de dimensions multiples et déchirées. Pendant qu'il songeait à cela, Kilexia décide d'entamer le rituel de résurrection sans tarder, après avoir cherché mon squelette parmi les autres. Il fallu plusieurs heures pour que son sort reconstitue les tissus de ma chair, et me ramener à l'état vivant. Le sort s'acheva par la réintégration de mon âme dans mon corps, la reprise de mon battement de cœur et de ma respiration.

J'étais toutefois inconscient. Elle se pencha sur moi, toute attristée :

- Je ne sais pas ce qu'il t’est arrivé, mais je sens ton aura fortement endommagée. Tu as du souffrir beaucoup et longtemps…

Dargore garde le silence pendant un court instant, puis rétorque :

 - Si, moi je sais. Ainsi c'est donc lui qui est à l'origine des invasions des démons ici... Mais je ne sais toujours pas quelle est l'entité qui le pousse à faire tout ça... Kilexia tourne la tête dans sa direction, réalisant le sens de ses paroles. Elle prit conscience de cela, la bouche bée de stupeur. Elle ne dit mot et se penche à nouveau sur moi.

Je restais coi, toujours plongé dans mon coma. On ne sortait pas de plusieurs saisons en enfer comme cela. J’étais dans un état de faiblesse extrême, et psychiquement détruit. La prêtresse dut le comprendre intuitivement, et tenta de me revitaliser un peu, en posant sa main sur mon front, canalisant un peu d'énergie du sacré. Cette sensation d'apaisement amortit la réintégration de mon âme dans mon corps. Par là même, je commençais à retrouver un début de pensée, ténu certes, mais présent. Mais c’était des souvenirs de mes longues et nombreuses invocations, donc des réminiscences traumatisantes.

Comme s'adressant à nous deux en même temps :

- Qu'importe, l'essentiel est que nous l'ayons retrouvé et qu'il soit en vie.     S'adressant ensuite à moi, elle ajoute sur un ton apaisant et compatissant :

- Ne t'inquiètes pas FloOk, nous t'avons retrouvé maintenant. On va te sortir de là.

Ils redescendent de la cachette rocheuse en me transportant, puis Dargore invoque son palefroi corrompu. Ils me hissent sur la croupe de l'animal, puis le mort vivant monte dessus en me mettant devant, et prend les rênes. Une fois la monture de Kilexia invoquée, nous chevauchâmes enfin tous trois vers le camp de Kargath. Ils échangèrent quelques mots pendant le trajet.

- Nous avons réussit une étape importante de la mission qu'on s'est donné chère amie.

- Oui, trois semaines de recherches éprouvantes. Je suis vidée.

- Direction le camp de Kargath. On a bien mérité de se reposer. Après, on avisera.

- On peut déjà en parler si on veut. On se repose à Kargath, et on regarde plus en détail l'état de FloOk.

- Ouais. Moi ce qui me presse surtout c'est de quitter ce désert et sa chaleur écrasante.

- Oui oui, moi aussi Dargore, dit la prêtresse lasse.

 

Arrivé au camp en question, ils virent qu'il était dévasté, les démons l'ayant mis à sac depuis leur dernier ravitaillement. Des wyvernes qui avaient fui dans les airs pendant l'attaque étaient revenues, par l'habitude du lieu, et flânaient, désormais sans maître pour les diriger. Mes amis eurent la chance de pouvoir se ravitailler pendant toute leur expédition sans être inquiétés, et ce n'est qu'une fois qu'ils me retrouvèrent que le camp devint la proie des démons. Par chance, le puits d'eau était resté intact, et Dargore s'empressa de se désaltérer puis de remplir ses gourdes. Kilexia finit la sienne, et fit de même. Après s'être mis à l'ombre dans les ruines de l'auberge saccagée, ils se détendirent et discutèrent. Dargore engagea la conversation.

- Bon, on a retrouvé FloOk. Que fait-on maintenant ?

- FloOk est vivant, mais il doit être soigné. Et même plus que cela. Il est possédé par cette entité maléfique, qui lui a fait invoquer cette ribambelle de démons.

- Tu peux tenter quelque chose pour lui ?

- Je peux. Mais pour cela il faudrait que je puise dans les ressources magiques naturelles d'un Puits de lune, pour aider mes sortilèges.

- Un Puits de lune ? Hum, le plus proche est celui de Forgefer, mais il est en territoire de l'Alliance. Il ne nous sera pas accessible, je le crains. Sinon je connais celui d'Ashenvale, mais il est sur l'autre continent.

- Ou celui de Silithus…

- … Il est fort loin lui aussi. Tu te rends compte le temps qu'il nous faudrait pour y aller ?

- Essayons de prendre les wyvernes encore vivantes, tout simplement.

Ils sortent, s'approchent de l'aire de vol, et Dargore m'installe au possible sur une des montures volantes peu farouche. Etant inanimé, il constate immédiatement le risque de me faire prendre les airs dans cet état.

- Comment le faire tenir sur la monture? Il va tomber… Et si on l'attachait, qu'est ce que tu en penses?

- Soit, et comment va-t-il la diriger? Elle risque de voler je ne sais où, et de se perdre.

- Mais pourtant elles connaissent par cœur les trajets d'une ville à l'autre. Pourquoi ne prendrions nous pas ce risque ?

- Non. Je suis contre. Vu le temps qu'on a mis pour le retrouver, sans parler du miracle que cela représente d'avoir réussi, je ne voudrais pas courir le risque de le reperdre aussitôt. Et puis, comment indiquer à la wyverne quel trajet on veut prendre ? Tu sais parler à ces bêtes toi ?

Dargore avait déjà pensé les mêmes choses, mais sa tentative de vouloir me faire chevaucher une monture volante était un déni de la réalité : il ne voulait pas s'avouer que cette démarche était vouée à l'échec, et que cela impliquait l'obligation de faire le trajet à cheval. Un périlleux périple qui le décourageait d'emblée. Chevaucher des wyvernes aurait été tellement plus simple et facile. Dargore finit par renoncer à cette solution, et se concentra sur la route à prendre :

- Je vois au moins deux possibilités : si on va jusqu'à Grom'Gol – et que le camp est toujours protégé – on pourra prendre un zeppelin jusqu'à Orgrimmar, pour ensuite aller au Puits de lune d'Ashenvale. Ce serait le plus court trajet.

- Et si Grom'Gol est lui aussi attaqué et dévasté?

- A ce moment là, on irait à peine plus au sud, jusqu'au port de Baie du Butin. Mais ça nous obligerait à prendre un bateau jusqu'à Cabestan. Et dans ce cas, la distance entre le Puits d'Ashenvale et de Silithus serait presque la même…

- Je vois ce que tu veux dire : on irait dans un premier temps à Grom'Gol, et nous prendrions le zeppelin. Ce qui serait l'idéal et le plus rapide. Et dans le cas où Grom'Gol serait inaccessible, il resterait l'alternative de Baie du Butin, car en plus le port n'est pas loin de Grom'Gol.

- Oui, c'est ça que je voulais dire. Et le zeppelin va plus vite qu'un bateau. Le problème, c'est que si on se retrouve à Cabestan, il va nous falloir beaucoup de temps pour aller à l'un des deux Puits, car même si les montures volantes sont toujours en activité, il faudra faire le trajet à cheval si FloOk est toujours dans le coma d'ici là.

- Oui, c'est l'état de FloOk qui va nous ralentir le plus dans tous les cas, en définitive.

Elle se penche vers moi et m'observe : les yeux fermés, la respiration lente et régulière, j'avais l'air d'être stabilisé et hors de danger en dehors de mon coma.

- Et si nous y allions ?

- Tu veux pas te reposer un peu avant ? On vient de traverser le désert sur toute sa longueur…

- Oui, il vaut mieux. Ce qui m'a fait dire ça c'est cette chaleur permanente, qui me donne envie de partir le plus vite possible de ce désert maudit.

- Quand la nuit va tomber il fera froid, et avec les couvertures qui restent dans l'auberge, on devrait passer une nuit bien plus confortable que celle qu'on vient de passer dans le désert. N'est ce pas?

Il fit un clin d'œil à la prêtresse pour lui signifier ce point positif, et elle sourit.

- Oui, c'est vrai aussi.

Elle redevient sérieuse en pensant à la suite :

- Demain on chargera nos montures des nourritures que les démons ont laissées ici : au moins on aura de quoi être autonome si on tombe sur d'autres villes attaquées.

- Oui, bonne idée.

Il se dirige vers le comptoir, passe de l'autre côté, et regarde les aliments disponibles.

- Il a l'air d'en rester un bon paquet. Suffisamment pour charger nos deux montures. Mais si tu veux bien on fera ça demain, je n'ai pas le courage de faire ça maintenant.

- Pas de problème, je suis fatiguée aussi. Occupons nous plutôt de nous trouver un bon lit. Je ne pense pas que les démons reviennent par ici cette nuit.

- Je suis d'accord avec ça. Je ne vois pas quel intérêt ils auraient à revenir. Il n’y a rien ici. Enfin, disons qu’il n’y avait que la tranquillité nécessaire à leurs invocations, et c’est tout. Maintenant ils sont occupés à attaquer toutes les villes possibles du monde.

 

Sur cette conclusion, ils firent sommairement leur couche après avoir choisi le lit qu'ils préféraient, et passèrent une nuit bien confortable et agréable. Le lendemain ils se mirent en route. Je fus installé à l'arrière de la monture de Dargore, et Kilexia prit la tête vers l’ouest, pour aller en direction des Steppes Ardentes.

 

Pour parvenir à celles-ci, nous traversâmes d’abord La gorge des Vents Brûlants, une zone désertique et volcanique. Lorsque nous pénétrâmes dans les Steppes ardentes, région à la même géographie et au même climat, mes amis repensèrent tous deux au fait que cette région avait abrité Ragnaros, le plus grand seigneur élémentaire de feu.

- On passe juste à côté du pic de Rochenoire.

- Te rappelles tu Kilexia quand nous avons vaincu Ragnaros ?

- Oui, le Seigneur élémentaire du feu en personne, et c’est nous qui en sommes venus à bout.

- Oui, le plus grand exploit de notre guilde. C’était il y a déjà longtemps. Au moins cinq ou six ans.

- Et parmi ces valeureux combattants, il y avait FloOk…

- Oui…

Kilexia fut nostalgique pendant quelques instants, puis attristée. D’un côté elle supportait mal de ne pouvoir améliorer mon état – en souhaitant que mon âme soit récupérable - avant de parvenir à un des puits de lune, mais d’un autre elle pensait déjà à la manière de m’exorciser. Elle élaborait des plans depuis quelques jours dans sa tête, de façon un peu confuse sur les étapes, à cause des inconnues qui entouraient ma possession, mais avec la ferme volonté d’en découdre avec mon possesseur. La colère intérieure qui s’en suivait l’obligeait à se maîtriser pour ne pas enrager.

L’allusion directe à ma personne pendant les quelques mots échangés entres les deux compagnons incita Dargore à se retourner et me regarder, en constatant que j’étais toujours comateux. Il se demandait lui aussi si mon âme était récupérable. Sans ma présence et toutes mes facultés, il eut été difficile que je révèle quoi que ce soit.

Et pourtant j’étais bien présent, et j’entendais tout ce qu’ils disaient. Leurs évocations de souvenirs me rappelèrent le combat épique contre Ragnaros. Pour parvenir jusqu’à lui il avait d’abord fallu combattre d’autres monstres puissants, des élémentaires de feu et de lave, pour parvenir jusqu’à Majordomo, le second du Seigneur de Feu. Nous avions épargné ce dernier afin qu’il nous amène à lui,  et l’invoque sous notre menace. Ensuite, pendant le combat contre le seigneur élémentaire, je me rappelais encore les ordres répétés de Shungenja, qui me disait de drainer la vie du monstre quand je n’avais plus de mana, alors que j’étais obsédé par la volonté de lui infliger le plus de dégât possible.

Mon maître de classe me connaissait bien, et savait que ma puissance offensive me faisait parfois oublier que ma réserve de mana n’était pas infinie, et qu’il fallait la régénérer si on voulait poursuivre le combat. C’était un peu comme tout, il y avait des contraintes de limites, de capacités, et d’aptitude dont il fallait tenir compte et garder présent à l’esprit si on voulait remporter des batailles de longue haleine. Nous n’étions pas tout puissant, et pourtant nous avions vaincu Ragnaros, la plus grande victoire de la Horderie. Une victoire au Repaire de l’Aile noire contre Nefarian aurait été encore plus honorable pour nous, mais mon sabotage involontaire avait fait échouer notre mission avant mon exil forcé.

 

Quelques jours plus tard, nous traversions La Forêt d’Elwynn. C’était un territoire de l’Alliance, mais cela n’avait plus d’importance, vu que la menace des démons occupant le monde entier, aussi bien les territoires de la Horde que l’alliance, nous n’étions pas plus en péril qu’ailleurs. Nous nous fîmes attaquer de temps en temps par quelques démons isolés, mais mes amis en venaient à bout sans péril pour nous, Dargore infligeant des dégâts, protégé par les sorts de la prêtresse. Parfois le mort-vivant se faisait blesser, mais Kilexia le soignait pendant les combats, les deux se complétant bien par leurs talents respectifs.

 

Ensuite nous traversâmes Le Bois de la pénombre, là où se trouve l’entrée du rêve d’Emeraude. C’était une sorte de caverne, qui plongeait jusqu’au plus profond de la Terre, et où résidait l’un des dragons primordiaux, du nom d’Ysera, qui gardait les différentes versions du monde dans un rêve onirique. Les bienveillants titans créèrent le Rêve d'émeraude pour servir de structure sous-jacente à la planète Azeroth. Situé en dehors des limites physiques d'Azeroth, le Rêve étant une luxuriante forêt primordiale, il incarnait le monde tel qu'il aurait pu devenir sans l'intervention des races intelligentes.

Plus trivialement, nos réserves de nourriture s’étaient épuisées à peu près à l’arrivée dans le Bois, mais la richesse de sa faune et de sa flore nous permis de renouveler nos réserves sans problème, en prenant le temps de faire de la cueillette de fruits et en chassant des animaux sauvages, car la plupart des villes étaient soit dévastées, soit en état de guerre lorsqu’il s’agissait de cités de l’Alliance.

 

Enfin, nous traversâmes La Vallée de Stangleronce. La température passa de tempérée à chaude, cette région étant une jungle. En traversant celle-ci, nous dûmes ruser en évitant autant que possible toutes sortes d’animaux sauvages et dangereux : des fauves, des gorilles, et des raptors. Nous passâmes près de Zul Gurub, un antique fief de Troll Gurubashi, lointains cousins de la race de Kilexia. Mais elle ne les aimait pas trop, depuis qu’Hakkar, un démon puissant surnommé l'Écorcheur d'âmes, les avaient pervertis, et elle était avant tout une troll des glaces.

 

Ayant atteint le premier objectif de leur long voyage sur le continent d’Azeroth, le camp de Grom’Gol, leur déception fut amère : le camp était lui aussi dévasté, et ni les coursiers du vent ni les zeppelins gobelins n’étaient en activité. Nous y fîmes quand même une halte, pour se reposer, et dès le lendemain nous partions vers le second objectif proposé lors de leur discussion à Kargath, le port de Baie du Butin, à la pointe sud de la Vallée de Strangleronce. Ils leur tardaient d’y parvenir, en priant pour le que ledit port soit épargné par les déferlantes démoniaques, et tenter d’y prendre un navire pour se rendre sur l’autre continent, Kalimdor.

Sans cela, ils ne voyaient pas d’autre moyen physique de s’y rendre, à moins d’être téléporté par un démoniste situé sur l’autre continent, mais aucun d’eux n’était prévenu, et tous les démonistes souffraient d’un manque de confiance généralisé à cause du danger des possessions. Personne ne savait lequel d’entre eux pouvait être touché par cette malédiction, qui semblait frapper de façon aléatoire, ce qui discréditait leur compétence et donc la confiance en leur pouvoirs. S’en était suivi des déchirements et des séparations souvent dramatiques dans presque toutes les guildes militaires vis-à-vis de cette caste, renforçant de fait la fragilité des forces d’Azeroth, et donc amplifiant le chaos ambiant.

Dargore pouvait s’estimer heureux ; non seulement il avait été épargné par les possessions, mais en plus Anaxagor avait maintenu tous les démonistes présents dans la guilde. Du moins il ne les avait pas bannis, bien qu’il fut obligé de leur imposer de ne pas utiliser leurs pouvoirs, en tout cas pas dans des projets impliquant la guilde. C’était une mise sur la touche polie, en quelque sorte. Shungenja, quant à lui, était fou de rage. Son bataillon n’était plus opérationnel, lui qui ne rêvait que de batailles, d’honneur, et de prestige. Il s’évertuait à rechercher les raisons de ces possessions… En vain… C’est lui qui avait demandé à Dargore de me retrouver, pour essayer d’y comprendre quelque chose, ou tout au moins trouver des pistes, en plus de me sauver. C’est en pensant à tout cela que mon frère démoniste vit enfin le premier l’entrée du Port de Baie du Butin, tant attendu par notre petite troupe.

 

Nous arrivions en début d'après-midi devant un tunnel gardé par des gobelins. Le port étant une ville neutre, toutes les races composant le monde y étaient acceptées, à condition bien sur de respecter le calme et la paix dans l'enceinte du port. Celui-ci, après avoir traversé le long tunnel souterrain d’accès, était composé de nombreuses bâtisses, toutes en bois, qui se jouxtaient sur la fine bande de terre qui séparait le rivage d'une falaise, cette dernière entourant complètement la grande crique. La falaise faisant au moins une centaine de mètres de hauteur et tombant à pic, il était impossible d'accéder au port autrement que par le tunnel ou la mer. Les bâtisses étaient réparties sur plusieurs niveaux, dont les plus basses étaient au niveau de l'eau, et les plus hautes sur les flancs de falaise le permettant. Le prolongement des rues, également en bois, menaient vers les pontons aux dernières extrémités du port.

Nous étions tous trois au bout du plus éloigné des pontons, et nous attendions l'arrivée du bateau depuis plusieurs heures. En fin d'après-midi, nous voyons enfin un grand navire se profiler à l'horizon, et mes deux amis poussent un soupir de satisfaction. Le navire se rapproche doucement, puis amarre. Le capitaine des quais crie :

- Le bateau reste à quai pendant deux heures ! Que l'équipage quitte le

navire !

L'équipage, fait de personnes de toutes races, descend du navire, et les matelots commencent à décharger diverses caisses de matériel et à en charger de nouvelles. C'est à ce moment là qu'ils sont alertés par les cris des gardiens du tunnel principal d'entrée du port. Portant leur regard vers ladite entrée, ils voient trois gangregardes attaquer les gardiens, qui se défendent tout en faisant sonner la cloche d'alerte de la vigie.

- Alerte ! Alerte ! Nous sommes attaqués !

Ensuite viennent cinq infernos, toujours par le même tunnel. A eux huit, ils tuent assez facilement les premiers gardes. L'alerte donnée, tous les résidents du Port interrompent immédiatement leurs activités et prennent les armes. Une énorme agitation s'ensuit, émaillée de cris d'ordres et de tintements métalliques d'armes. Les enfants sont dirigés en urgence dans des bâtiments blindés.

Mes deux comparses regardant la scène voient ensuite un grand nombre de démons en tous genres sauter du haut de la falaise pour atterrir sur les toits des maisons les plus en hauteur. Il en venait de plus en plus qui commençaient à tuer tout ce qui bougeait. Le port était attaqué par une importante légion de démons.

Les diablotins mettaient le feu aux bâtisses avec leurs sorts d'éclairs de feu, tandis que les Infernos et les gangregardes, les plus puissants au combat rapproché, s'attaquaient aux gardes en priorité. On voyait également de temps à autres des succubes, aperçues dans les brefs instants où elles frappaient, pour redevenir invisibles juste après. Leur invasion n'était visiblement pas élaborée ou préparée minutieusement : elle donnait plutôt l'impression d'une attaque brute et sans stratégie, telle une horde improvisant une attaque de ville méconnue, en comptant sur la supériorité numérique et l'effet de surprise.

Dargore et Kilexia craignirent pour leur vie, et les centaines de démons qui envahissaient maintenant le port s'étendaient de plus en plus. Certains d'entres eux se rapprochaient dangereusement des quais, en tuant progressivement les gardes qui les protégeaient. Pendant ce temps, le Capitaine des quais fait des signes en direction du navire et lui intime l'ordre de partir sur le champ, tout en positionnant la passerelle sur l’extrémité du marche pied. Kilexia en profite pour monter à bord en me transportant, mais le temps que le bateau largue les amarres, trois démons arrivent à notre hauteur : un inferno, un gangregarde, et un chasseur corrompu.

Dargore, resté à quai, savait qu'il ne pourrait pas tous les tuer, et choisit de se focaliser sur le gangregarde, car ce dernier pouvant charger très vite, il était la menace la plus immédiate. Le temps que celui-ci parvienne jusqu'à lui suffit au démoniste pour le tuer, mais les deux autres représentaient maintenant une menace directe pour lui. Il décide alors de foncer dans le bateau mais les deux démons allaient pouvoir monter eux aussi. Dargore monte à bord, et retire la passerelle d'accès, mais la distance entre le bateau et le quai était suffisamment courte pour permettre aux deux démons de sauter. Mes deux amis se sentaient déjà perdus, et vaincus. Les démons s’apprêtaient à prendre leur élan pour sauter dans le navire.

C'est alors qu'un grand orc, en longue robe noire, arrive en courant sur le ponton, et lance des sorts dans sa course sur l'inferno. Ce dernier se retourne, et court dans sa direction pour l'attaquer. L'orc, visiblement un démoniste, au lieu de le contourner court étrangement droit sur lui, et lui assène des sorts de destruction d'une puissance qui font s'écarquiller les yeux de Kilexia. L'orc massacre littéralement à lui tout seul le puissant inferno en quelques secondes à peine, alors que ce démon pouvait résister facilement à une vingtaine d'adversaires à la fois pendant plusieurs minutes, comme ce fut le cas lors de l'assemblée de ma guilde.

Le chasseur corrompu étant pendant ce temps la dernière menace. Dargore profite de l'arrivée inespérée de l'orc mystérieux pour l'attaquer. Le rusé démon utilise son verrou magique pour empêcher le mort vivant de lui infliger des sorts, mais Kilexia annule magiquement le verrou magique à chaque tentative du chasseur corrompu de l'activer. Grâce à ce stratagème, Dargore peut librement lui lancer des traits de l'ombre et des malédictions, et le chasseur meurt juste au moment où il saute vers le bateau. Le mort vivant lui lance un feu de l’âme pour l’achever. L'impact du sort est tel qu'il brise l'élan du chasseur dans son saut, le déchiquette, et il tombe à l'eau en coulant, laissant à la surface une mare de sang.

Alors que le bateau, démarré et toutes voiles ouvertes commence maintenant à s'éloigner du quai, l'orc prend son élan et saute de toute sa force pour atteindre l'extrémité du pont. Il parvient à saisir avec sa main le rebord du bastingage, suspendu au dessus de l’eau, et le mort-vivant l'aide à monter à bord. Au moment où il se remet sur pieds, il s'exclame, triomphal :

- Et hop! Je n'arriverais pas en retard au mariage de mon cousin !

Dargore et Kilexia, bien qu'encore en état d'alerte et de combat, ne peuvent s'empêcher d'être surpris par sa remarque totalement décalée. Ils étaient prêts à le remercier pour son aide inespérée, mais l’incongruité de sa réflexion les laissa interdits. De toute façon le navire était maintenant hors de portée des démons, qui ne pouvaient pas se mouvoir dans l'eau, et les trois passagers regardaient la fin de l'attaque du port tout en s'éloignant de celui-ci. La ville était complètement en feu, le sang coulait abondamment, les cadavres parsemaient les rues, et les démons étaient en train de remporter la victoire en venant à bout assez facilement de la résistance gobeline, grâce à leur nombre et l'effet de surprise total.

 

Après avoir tous trois assisté pendant un instant à la fin de la mise à sac, mes deux amis détournent leur regard du port et s’intéressent au grand orc, et l’avaient reconnu dès sa course contre l’inferno. Il n’était autre que l’un de leur ancien compagnon de guilde, Deathmask. Il avait quitté la corporation peu de temps avant l’assemblée annuelle, pour des raisons de désaccords avec les chefs. Ils se saluèrent fraternellement, surtout avec Dargore, dont ce dernier avait un respect et une admiration pour lui immenses. Il le considérait comme le plus puissant démoniste qu’il ait connu, et bien sur il avait bénéficié de nombre de ses enseignements, en plus de leurs nombreuses batailles livrées ensembles. Avec un allié tel que lui, ils pouvaient légitimement se sentir plus forts. Deathmask se souvenait très bien lui aussi de tout cela, et il rendit son salut à son ancien compagnon.

Il salua également avec un mélange de respect et d’élégance Kilexia, qui lui rendit son salut poliment, mais sans plus. Ils appartenaient à des écoles de magie opposées, l’ombre et l’arcane, et elle avait toujours accueilli avec un sentiment mitigé la personnalité suprématiste du démoniste, n’appréciant guère son manque de modestie, camouflée par un humour mal fait comme il venait de le faire en montant à bord, et qui trahissait sa difficulté à paraître humble.

Les retrouvailles s’achevant au moment où le port disparaissait derrière l’horizon, le nouveau venu se penche vers moi, alors que j’étais allongé sur le pont, toujours comateux, installé sur un sommaire matelas.

- Et FloOk, pourquoi est il comme ça ? J’espère qu’il ne va pas mal.

- Nous l’avons retrouvé il y a peu au désert des Terres ingrates. Il est comateux, mais sa vie n’est pas en danger. On le croit possédé…

- Vraiment ? Mais par qui ?

- Nous l’ignorons, et d’ailleurs nous aimerions bien le savoir. Ca pourrait peut être nous aider à le guérir.

- Oui, si on arrivait à savoir ça, ça pourrait donner une clé capitale pour comprendre l'invasion des démons sur les vieux continents.

Expliqua le mort-vivant.

- Encore faut il qu'il sache par qui il est possédé.

Insista la prêtresse. Ce qui d’ailleurs n’était pas le cas. J’ignorais tout de mon possesseur, et si mes amis savaient cela, ils seraient bien déconfits.

Deathmask et Dargore restent coi en la regardant, comprenant les inconnues qui restaient des mystères de l'invasion.

- Et vous, pourquoi avez-vous voulu sauver FloOk ? Pour la même raison ?

- Mais c'est parce qu'il fait partie de notre guilde, tout simplement.

- Oui, exact. C'est mon plus vieil ami, et plus fidèle démoniste. Je donnerais ma vie pour le sauver…

Deathmask les regarda, touché pendant un instant par leur simplicité, qui frisait à ses yeux la naïveté. Il ne sut quoi répondre, et ne put s’empêcher de les contempler : ils étaient beaux dans leur amour, sentiment qui échappait au grand démoniste. Il finit par trouver une formule adéquate, arrachée par la nécessité du contexte :

- Votre mentalité est touchante, c’est honorant pour vous !

Dargore répondit le premier :

- Merci. Et toi qui voyage beaucoup, que sais tu sur l'invasion?

- Pas grand-chose, si ce n'est qu'elle a pris beaucoup d'ampleur, et que des tas de démonistes tel que FloOk invoquent à la pelle des démons. Je n'en sais gère plus, désolé…

- Hum, nous savons à peu près la même chose, mais le mystère du commanditaire principal reste entier. Il cache bien son jeu apparemment. Deathmask éluda habilement la question.

- Reste aussi à savoir le pourquoi de cette invasion…

- J'ai ma petite idée là-dessus : les démons peuvent servir d'amorce pour un conflit plus important. Comme un avant goût d'une invasion plus importante, pour affaiblir les forces en présence.

- La Légion ardente?

- Je n'en sais rien. Ce n'est qu'une supposition.

- Et qu'est ce qui te fait penser ça ?

- Et bien, mes deux indices principaux étant que d'une part ce sont des démons qui attaquent. Ce n'est ni l'Alliance ni La Horde qui les envoie. D'autre part les deux factions justement sont attaquées, sans distinction. Je ne vois que la possibilité de la Légion ardente.

- Humm... Et le Fléau ?

- Ca reste possible aussi. Je ne sais pas.

Ils réfléchissent un instant à ce qu’ils viennent de dire. Deathmask reprit en premier :

- Mais au fait, comment avez-vous fait pour retrouver FloOk ?

- C’est grâce au témoignage de Yamcha, qui l’a aperçu pour la dernière fois au désert, il y a environ un an.

Deathmask fronce le sourcil.

- Yamcha ? Tiens, c’est curieux ça…

- Ha bon ? Pourquoi ?

- Il y a combien de temps exactement ?

Mes amis réfléchirent un peu.

- Il y a un an, au début du printemps. Juste avant la fête de Sombrelune.

- Et bien, si ma mémoire est bonne, il y a un an, Yamcha était avec moi à un congrès de démonistes. Il ne pouvait donc pas se trouver au désert au même moment. Ca ne paraît pas possible…

- Etrange, en effet. Comment expliquer une chose pareille ?

Un instant d’étonnement s’ensuit, pendant lequel les trois personnes se regardent, interrogatifs, et Kilexia, bien qu’elle aussi étonnée, poursuit l’histoire de ma retrouvaille.

- Oui. Quoi qu’il en soit, grâce à lui, ça a quand même permis d'orienter nos recherches dans le désert, puis nous l’avons passé au peigne fin pendant plus de trois semaines, avant de le retrouver dans un coin perdu.

- Ouais, je t’explique pas la galère que ça a été : la chaleur, les animaux sauvages errants, un repaire de Dragon. Heureusement que j’avais mon œil de Kilrog pour chercher, ça nous a été d’une aide capitale, tant il était dans un endroit reculé.

- Je me doute, mais poursuivez je vous prie.

- Qu’il y a-t-il à dire de plus ? Une fois retrouvé je l’ai ressuscité, et nous avons du faire tout le trajet jusqu’à Baie du Butin à cheval, car il n’était pas possible de faire chevaucher FloOk sur une monture volante, à cause de son coma.

- Et donc c’est à Baie du Butin que nous nous sommes retrouvés. D’accord. Et ma robe noire, avec des liserés jaune, comme ça, vous en pensez quoi ? Vous pensez qu’elle ira bien pour le mariage de mon cousin ?

Dargore est sidéré par son insouciance affichée ouvertement. Mais cela ressemblait bien à son individualisme poussé. Malgré le grand respect qu’il avait pour lui, il essaye poliment de le raisonner.

- Non mais Death, as-tu une idée de ce qui se passe en ce moment dans le monde ? Des hordes de démons envahissent presque toutes les régions des deux continents, par séries d'escarmouches plus ou moins importantes, et toi tu ne penses qu'au mariage de ton cousin ?

Death prend un air un peu stupide, comme s'apercevant de l'insouciance qu'il affichait sans retenue. Il regarde les vagues de l'océan pendant quelques instants. A quoi pensait-il ? Il reprit la parole :

- Hum, je me demande en effet si je ne sous-estime pas les dangers auxquels nous sommes confrontés dans la réalité.

Kilexia décida de rappeler ce qu’elle considérait comme étant l’évidence, pour tenter de ramener l’orc à plus de sérieux :

- Aurais-tu oublié que tu es toi aussi démoniste. N’as-tu donc pas peur de te retrouver toi aussi possédé par un démon de l’invasion ?

Dargore interposa son opinion avant sa réponse :

- Oui, d’ailleurs tu n’as pas l’air d’avoir ce problème, tout comme moi. On peut déjà s’estimer heureux d’avoir l’esprit tranquille… Mais pour combien de temps ?

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Créé le 18/01/2009 à 18:05:08 - Pas de modification

Ayant répondu pour lui, le grand orc continuait de contempler les vagues de l’océan, un peu rêveur. Au bout d’un moment, il finit par dire :

- Mais vous, que comptez vous faire avec FloOk, maintenant que vous l’avez récupéré ?

- Nous voulons aller à un puits de lune, pour que Kilexia tente un sort d’exorcisme sur lui. Ainsi si nous le sauvions et le ramenions à la réalité, il pourrait nous donner des informations. C’est ce que nous espérons en tout cas.

- Finalement je veux bien venir avec vous pour aider FloOk. L'un des avantages que je pourrais en tirer serait d'en savoir plus sur l'identité de son possesseur. Finalement je suis curieux, et tant pis, je n’irais pas au mariage de mon cousin.  Il prit un air fier et majestueux, mais il réussit mal son emphase théâtrale :

 
- Il faut sauver le démoniste FloOk...
 

Dargore est soulagé par sa décision. Il n’osait pas demander directement son aide, du fait du respect mêlé de crainte qu’il éprouvait pour lui, et cette dernière réponse lui apportait un soulagement certain. Un allié tel que lui était loin d’être négligeable en ces temps troublés. Kilexia appréciait un allié supplémentaire, puissant à l’extrême en combat, mais sans autre avantage à ses yeux.

 

Plus tard, le capitaine du bateau vint les voir, en leur disant que les provisions embarquées juste avant l'attaque seraient suffisantes pour nourrir tout le monde jusqu'à la fin du voyage, mais qu’il allait falloir rationner un peu. Mes amis le remercièrent, et lui assurèrent qu’ils feraient cet effort imposé par la nécessité.

 

Les conversations reprennent, et Kilexia donne des détails explicatifs à Deathmask :

- J'ai décidé de tenter d'exorciser FloOk en essayant d'invoquer un Loa, vu que l'entité qui le possède semble puissante. Avec un peu de chance il serait possédé par le commanditaire principal de l'invasion, ce qui pourrait nous apporter des informations importantes sur ça. Mais pour augmenter mes chances de réussite, nous nous rendons au Puits de lune le plus proche.

- Et pourquoi un Puits de lune?

- Son énergie va d'une part amplifier mon incantation, amplifier la magie du Loa, s'il répond favorablement à ma demande, et forcer davantage le possesseur de FloOk à fuir, s'il s'agit bien d'une entité ténébreuse.

- Les démons de l'ombre n'aiment effectivement pas la magie sacrée de l'eau de l'ancien Puits d'Eternité.

Fit-il remarquer laconiquement.

- As-tu déjà invoqué le Loa dont tu parles? Et c'est quel Loa?

- C'est Lukou, le Loa de la guérison. Je ne l'ai jamais invoqué en personne, bien qu'ayant des affinités avec lui à chacun de mes soins magiques. S'il pouvait venir en personne, ce serait l'idéal, car sa puissance est grande. Enfin je l'espère, je mise sur sa puissance divine sans savoir la puissance du possesseur de notre ami. Voilà tous les problèmes et les inconnues sur notre pauvre aventure.

- C’est très intéressant. Ca a l’air passionnant. Il me tarde d’y être pour y participer ! Ha ça va être du grand spectacle !

Deathmask passait pour un imbécile prétentieux aux yeux de la prêtresse, qui interprétait sa remarque comme quelqu’un qui fait semblant de s’y intéresser, tel un chroniqueur qui prépare son article de journal, et en y ajoutant faussement de la passion de surcroit. Elle ne le voyait que trop clairement, là où le respect de Dargore l’aveuglait sur le comportement presque fantasque de l’orc. Alors que ce qui était important pour elle était au moins de souhaiter la réussite d’une entreprise périlleuse et dangereuse, ou au mieux de poser des questions sur des détails techniques. Mais au lieu de cela, l’orc se contenta de sa remarque qui sonnait creux. Comment un si puissant démoniste pouvait avoir une mentalité si légère et insouciante ?

 

Pendant le voyage, alors que mes deux amis se reposent de leur périple, accoudés au bastingage, et regardant l’océan, j’étais à quelques mètres d’eux, toujours allongé et l’air endormi. Profitant d’un moment d’absence de mes deux compagnons, Deathmask s’approche de moi, se penche, me serre la gorge de plus en plus avec sa main, et commence à m’étouffer. Sortant alors de mon coma, je prends son poignard attaché à sa ceinture, et lui plante dans la cuisse, en faisant un bruit de sifflement de serpent. Cela lui arrache un cri.

Il retire le couteau de sa cuisse. Mes amis accourent. Kilexia interroge, sur le qui-vive :

- Qu'est ce qui se passe ici?

- Il m'a poignardé la cuisse !

Kilexia constate la plaie, et la soigne magiquement.

- Merci Kilexia, je n'ai déjà presque plus mal, mais je vais avoir une cicatrice maintenant...

Bougonna-t-il sur un ton frustré.

- De rien. Mais pourquoi FloOk a-t-il fait ça?

Elle me regarde, me scrute, et voit que je suis retombé dans le coma. Dargore tente une hypothèse :

- C'est son possesseur qui lui fait faire n'importe quoi. Il essaye de nous mettre les bâtons dans les roues, même en se servant de l'état pitoyable de FloOk.

- C'est pitoyable de la part de son possesseur justement. Vous avez vu le jeu de mots sur « pitoyable » que je transpose de FloOk à son possesseur ?

Demanda-t-il avec un sourire niais.

- Encore ton humour ironique et décalé… Ton comportement me fait pitié Death.

Sans se soucier le moins du monde de la critique de la prêtresse, il commente :
- Ce qui est bizarre c'est qu'il a fait un drôle de bruit en me poignardant. Comme un sifflement de serpent.

- Oui c'est étonnant.

Alors qu’elle s’en fichait royalement de sa remarque. Le mort-vivant a subitement une idée.

- Death, tu veux pas essayer de savoir qui possède FloOk?

- Je veux bien essayer, mais je ne garantis pas le résultat.

Il se concentre, me pose les mains sur mes tempes, ferme les yeux, puis après quelques instants, il donne son opinion.

- Je vois qu'il s'agit d'une entité des forces de l'ombre, mais c'est tout. On dirait qu'il possède un brouillage puissant qui le cache. Je ne peux rien en tirer de plus…

Je sors à nouveau de ma torpeur, et j’essaye d’articuler des mots. Dargore s’accroupit devant moi, cherchant à comprendre, et me parlant sur un ton compatissant.

- FloOk, tu m’entends ? Pourquoi as-tu fait ca ? C’est ton possesseur qui te pousse à le faire ?

Je bredouille de façon confuse :

- Pantalon…. pantalon…

Il regarde ma robe, étonné.

- Mais de quel pantalon tu parles ? Tu portes une robe, et moi aussi…

- Pantalon… pantalon…

- Et nos deux autres amis aussi. De quoi parles-tu enfin ?

Je reconnus sa voix.

- Dargore…

Je ressombre dans mon coma.

Deathmask, encore vexé par la blessure :

- Il délire, c’est tout. Il dit n’importe quoi…

- Oui mais pourtant il m’a reconnu, puisqu’il a dit mon nom…

Kilexia regarde la scène, avec un air méfiant et les sens en alerte, mais était-ce seulement à mon égard ? Elle s’interrogea sur le sens de mes paroles, contrairement à Deathmask, mais dût s’avouer qu’elle ne comprenait pas mes quelques mots mystérieux.

Dargore fait remarquer que si je suis parvenu à parler, c’est la preuve que mon âme est dans mon corps, et que donc je ne suis pas perdu. Pour ma part, ayant compris dans mes instants de semi torpeur leurs projet, je continuais de lutter contre mon possesseur, afin de survivre à lui. La prêtresse s’en doutait, ce qui la confortait dans son projet de m’exorciser au puits de lune. Mais elle était un peu irritée par le fait que plus on attendait, plus le risque que mon possesseur s’empare de mon âme définitivement augmentait. Mais il fallait accepter de perdre ce temps pour pouvoir pratiquer l’exorcisme dans les meilleures conditions possibles.

 

Au bout d’une semaine de traversée de l’océan, qui se déroula sans autre problème, notre petit groupe arriva à Cabestan. Après avoir amarré, nous constatons rapidement que le port est en état d’alerte, et que des militaires patrouillent massivement dans la ville et les environs. Et bien qu’aucune attaque ne semble se produire, on est visiblement en état de guerre, contrairement au port de Baie du butin, qui baignait dans une ambiance plus paisible avant qu’il ne soit attaqué. Ne voyant pas de moyen pour se ravitailler, les magasins étant tous fermés ou réquisitionnés par l’armée, Deathmask a l’idée d’aller voir un ami, Strahad Farsan, un démoniste, situé en périphérie du port, sur un plateau plus élevé.

Dargore le connaissait aussi un peu, car c’est lui qui lui avait appris à invoquer et dompter un de ses démons, le chasseur corrompu. Il les accueillit assez froidement, étant lui aussi stressé par l’état d’urgence décrété, et semblait même préparer ses affaires pour partir. Contre espèces sonnantes et trébuchantes, nous pûmes quand même lui acheter de la nourriture et de l’eau, qui étaient les ressources les plus indispensables pour continuer le périple.

 

Ainsi fait, nous décidons de partir en direction de Silithus, toujours à cheval, car le Puits de lune d'Orneval était inaccessible. Le poste de Bois-brisé, bastion de la Horde de cette région était lui aussi dévasté, et donc il ne restait plus que l'alternative de Silithus. Pendant cette dernière étape du long voyage, notre groupe est attaqué par des démons isolés, vaincus par nos trois personnages, et où Deathmask refait une démonstration de sa puissance et son intelligence du combat. Lors d’une attaque par un groupe plus important d’une dizaine de démons, Deathmask intime des ordres dont la stratégie fut payante, et nous fûmes une fois de plus épargnés.

 

Après avoir traversé les Tarides, nous traversâmes les régions de Mulgore, puis de Féralas. Un col de montagne, connu de Deathmask, nous permis de passer de la forêt de Féralas et d’arriver enfin aux portes de Silithus. Après quelques kilomètres, notre groupe rencontre une escouade d’une dizaine d’elfes cénariens. Bien que visiblement méfiant de voir arriver un groupe composé de trois races différentes, et qui plus est d’aucun elfe, nous engageons la conversation avec leur chef, qui nous invective le premier.

- Salut. Qui êtes vous, et que venez vous faire à Silithus ?

- Je m’appelle Kilexia. Nous venons chercher un refuge contre l’invasion des démons.

- Sachez que cette région est à peine plus épargnée que les autres par l’invasion. Ce qui nous préserve un peu, c’est son inhospitalité. Mais vous, que venez-vous y faire exactement ?

- Je viens de vous le dire, nous cherchons refuge dans cette région.

Il n’est pas convaincu par l’unique argument du refuge, car il trouve que ce n’est pas très crédible.

- Et je viens de vous répondre mot pour mot : Silithus est à peine plus protégé que les autres régions.

Voyant qu’il est méfiant, et que le dialogue s’avère tendu, la prêtresse trouve l’argument clé, et me montre du doigt :

- Notre ami est malade, nous cherchons un endroit pour le soigner. Il a besoin de soins et rapidement.

Evidemment, elle prit soin de ne pas dévoiler que les soins en question nécessitaient l’utilisation du Puits de lune, qui était sacré. Le chef, quant à lui, fait semblant de ne pas être sensible à l’argument de la nécessité de me sauver.

- Il est si important que ça votre ami ? Après tout, vu le nombre de morts qu’on fait les guerres d’Azeroth, une vie de plus ou de moins…

Kilexia, légèrement irritée, mais gardant son calme.

- Oui, mais voyez-vous, pour l’instant il est encore vivant, et si nous le soignons sans tarder, il peut être sauvé. Comprenez-vous ?

- Oui, je comprends cela. Et bien d’accord, allez au fort si vous le souhaitez, je vous laisse libre d’aller votre chemin.

Alors que mes amis, soulagés par la décision du chef, s’apprêtent à partir, Deathmask intervient :

- Oui, d’accord, merci, mais sachez qu’il est possible qu’il détienne des informations déterminantes pour identifier le commanditaire de l’invasion. S’il s’en sort, ses révélations pourraient nous aider à percer le mystère de l’invasion. Si vous nous accompagniez, la route serait plus sure.

Dargore fut dépité par les dires de son compagnon. Il était même déçu qu’il révèle ce qu’il voulait garder secret. Que lui prenait-il ? Cela ouvrait selon lui une énorme porte aux elfes, dont le chef ne se fit pas prier pour l’ouvrir, redevenir méfiant, et rétorquer.

- Hum, pas si vite. Et qu’est ce qui me dit que vous dites la vérité ?

- Il faut nous croire. Nous appartenons à la guilde La Horderie, qui sert la Horde, et qui est fort connue. Ca vous dit quelque chose ?

Alors qu’en plus Deathmask n’en faisait plus partie. Cela dépitait aussi la prêtresse, qui faisait tous les efforts du monde pour ne pas montrer son exaspération.

- Humm peut être, je sais pas.

- Et notre chef s’appelle Anaxagor, en lien direct avec le Seigneur Thrall. Nous sommes très connu et digne de confiance.

Deathmask en rajouta une couche, croyant imposer son respect en parlant de la sorte, mais cela ne produisit pas l’effet escompté. En fait, il était en train de tout gâcher.

- Ouais, les titres de ce genre ne m’impressionnent pas. Au contraire, je suis un elfe, au cas où il faudrait vous le rappeler. Alors la Horde…

Dargore, sentant que la situation risquait de prendre mauvaise tournure, intervint à sont tour pour rattraper la situation.

- Non mais, s’il vous plaît. Imaginez pendant un instant que nous ayons raison. Que notre ami malade sache quel est le commanditaire principal de l’invasion, cela pourrait être le début de la fin de nos problèmes à tous, vous ne croyez pas ?

- Et comment ça se pourrait ça ?

- De quoi ?

- Qu’il sache les informations dont vous parlez…

- Et bien, il fait partie des démonistes qui ont invoqués des démons en Azeroth, et par conséquent nous pensons qu’il sait peut être quelque chose sur son origine.

- Et je vous retourne encore la question : comment pouvez-vous être sur qu’il sache cela pour autant ?

- Hum, nous en sommes pas sur totalement c’est vrai. Je l’avoue. Nous le supposons.

C’est ce que le chef attendait comme réponse depuis un moment. Kilexia saisit sa chance, et tenta le tout pour le tout.

- Mais avoir un invoqueur vivant sous la main est une chance qu’on ne peut pas se permettre de  laisser passer. Vous, pensez-vous avoir plus de chance que lui de trouver la réponse à cette question si importante?

- …

Le chef est un peu pris de court par sa question, et est obligé d’admettre la part de vrai dans cette remarque, il réfléchit encore.

- Aidez-nous à aller au fort cénarien. S’il vous plaît…

 

Le chef de l’escouade hésite encore, mais il est peu à peu convaincu et finit par nous croire. Il me regarde d’un air intrigué, puis il ordonne alors à son escouade de nous escorter.

 

Ce qui passa pour une erreur de la part de Deathmask nous sauva une fois de plus, car pendant la nuit, alors que nous dormions, nous fument attaqués par des araignées géantes. Encore du sang, du combat, et notre escouade de soutien fut sacrifiée afin de nous permettre d’arriver sains et saufs à notre objectif final. Bien sur, les elfes ne voulaient pas spécialement nous couvrir, mais nous nous débrouillâmes pour les faire se battre contre les monstres, pendant que nous prenions la fuite, tel des lâches.

 

Puis enfin, après ce périple de plus de trois, après avoir traversés bien des dangers sur les deux continents, nous arrivâmes au fort cénarien au petit matin.

 
 
 
 

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Créé le 18/01/2009 à 18:06:15 - Pas de modification
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