FloOk
Race: Orc
Classe: D?moniste
Guilde: Horderie
Niveau: 70
Serveur: Elune
Jeu: World of Warcraft
Etat: Actif
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LA SAGA EPIQUE

 

DE

 

 FLOOK

 

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SOMMAIRE

 


I. L'APPARITION DE MILLIANNE

II. L'INVOCATION DE L'INFERNO

III. LE REPAIRE DE L'AILE NOIRE

IV. L'EXIL DE LA TERREUR

V. LE VOYAGE

VI. L'EXORCISME EPIQUE

VII. LA RESURECTION FANTASTIQUE

VIII. LA NOIRE VENGEANCE

EPILOGUE 

 

 

 

 

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Créé le 18/01/2009 à 17:36:00 - Modifié le 19/01/2009 à 08:46:43

 
 
I
 
 
 
 
 L'APPARITION DE MILLIANNE
 
 
 
 
 
Le silence qui précède la fin de la nuit…
 
 
 
 
 

J'étais assoupi dans un lit de l'auberge de Tranchecolline, un petit village Orc en Kalimdor.

 

Oui, parce que je suis un Orc, fier représentant de cette race appartenant au camp de La Horde, ennemie de l'Alliance depuis des temps immémoriaux. J'appartiens également à la caste des démonistes, ceux-là qui ont cultivés les forces des ténèbres et du feu pour développer leurs pouvoirs maléfiques et destructeurs.

 

Avant mon éveil je fis un cauchemar. J'avais l'impression d'être dans la réalité, tel un rêve éveillé. C'était le noir total, et je sentais une menace effrayante qui rôdait autour de moi. J'avais peur, terriblement peur, d'autant que je me sentais vulnérable, étant totalement paralysé. Cette force maléfique pénétrait jusqu'au plus profond de mon esprit, le sondant avec une facilité déconcertante, et touchait à mes peurs les plus fortes et les plus enfouies de mon esprit.

 

J'avais le sentiment que cette menace latente pouvait à tout moment se muer en attaque physique, ou en torture psychique, ou quoi que ce fût d’épouvantable, me sentant totalement à sa merci. Je ne sus combien de temps dura cet inquiétant cauchemar, mais au moment de mon éveil, j'eus la nette sensation qu'il se prolongea pendant quelques instants dans la réalité, pour disparaître enfin.

 

Retrouvant l’usage de mes membres, je m'assis sur le lit. Au fur et à mesure que la clarté du jour et de l'éveil gagnaient ma conscience, je réalisai peu à peu ce que je venais de vivre, et ne pus réprimer ces murmures :

 

- Quel horrible cauchemar...

 

Je frottai mon visage avec mes mains, machinalement, en espérant y trouver un quelconque soulagement.

 

- Pourquoi suis-je tourmenté comme ça?

 

Pourtant, ce songe effrayant m'était déjà apparu depuis peu. Les premières fois il durait moins longtemps, était relativement diffus et faiblement perceptible. La peur induite par cette force invisible était moins présente. Mais ces derniers temps il survenait systématiquement avant chaque réveil, puis apparaissait de plus en plus nettement, se faisant plus oppressant, et commençait même à s'immiscer dans la journée.

 

D'ailleurs j'en faisais quoi de mes journées? Mon peuple et ma guilde étaient constamment en guerre, et je ne faisais rien d'autre que guerroyer de ci, de là, ayant abandonné depuis longtemps l'espoir d'un répit dans les multiples batailles que nous menions. J'appartiens à la guilde La Horderie, dont le Chef est Anaxagor, à qui je juera fidélité le jour où je rejoignis sa vénérable corporation. Encore avant, à la fin de mon adolescence, je rendis également allégeance à Thrall, le grand chef de guerre Orc en personne, qui parvint à unifier toutes les forces des Orcs, des Taurens, des Trolls ainsi que celles des Morts-vivants pour lutter contre les forces de l'Alliance.

 

Tout en m'habillant, je m'efforçais à toutes ces pensées dans l'unique but de me rattacher à quelque chose de familier, appartenant à mon histoire, pour tenter d'échapper à ces visions, épouvantables malgré les nombreux carnages auxquels j'avais participé. Je décidai alors de sortir de l'auberge, en espérant que cela me changerait les idées, et ferait disparaître ces rêves inquiétants.

 

Si fait, je tombai quasiment nez à nez avec une personne que je connaissais depuis toujours, et ce de façon totalement inattendue. C'était Millianne, le Chef de ma toute première guilde, celle qui vit naître mon enfance, passée à apprendre à me battre et étudier la démonologie, pour finir au service de La Horde.

 

- Salut FloOk, dit il avec simplicité et gentillesse.

 

D'ailleurs sa façon de le dire était surprenante, d'autant que je ne l'avais pas vu depuis des années. Pour être plus précis je ne l'avais jamais revu depuis que sa guilde, Les Larmes d'Azeroth, avait été dissoute pour être fusionnée avec sept autres, fondant la nouvelle guilde, plus grande et plus puissante. Je n'avais plus eu de nouvelle de lui depuis. Il avait tout simplement disparu. Certains disaient qu'il était mort au combat, d'autres qu'il avait été assassiné, mais ce n'étaient que des rumeurs. C'est pourquoi je lui répondis, éberlué :

 

- Millianne ? C’est toi ??

 

Avec condescendance et compréhension, il me répondit sur le même ton aimable et bienveillant :

 

- Et oui, c'est moi.

 

Un autre point - de taille - accentuait ma stupéfaction ; il était littéralement sous forme de spectre, visible que partiellement, les parties apparentes fluctuantes lentement comme des volutes de fumée. J'avais beau faire appel à mes connaissances des forces de l’ombre, je ne parvenais pas à sentir ou deviner ce qui le faisait apparaître sous cette forme si inhabituelle. De plus, étant lui aussi démoniste, il fut – et resterait toujours – mon premier Maître de classe. Depuis il y en avait eu bien d'autres, Yamcha, Gurnak, puis Shungenja, mais les pouvoirs de Millianne restaient supérieurs à mes yeux que ceux de mes autres Maîtres. C'est pourquoi je me dis qu'il devait être en train de pratiquer des sorcelleries que je ne connaissais pas. Pour le simple mortel il était un fantôme errant entre les mondes des morts et des vivants, mais je sentais qu'il y avait plus que cela, même si je ne savais pas précisément quoi.

 

C'est pourquoi je décidai de lui poser directement la question, écartant volontairement les formules d'usages et d'amitiés :

 

- Pourquoi es tu sous forme de fantôme?

 

Sa réponse ne se fit pas attendre :

 

- J'ai pas le temps de t'expliquer, dit il avec détachement et calme, même si sa réponse sous entendait une forme d'urgence. Comme je restais coi, il poursuivit :

- Tu cours un grave danger FloOk.

- Ha bon? demandais je spontanément et de manière presque candide.

- Oui, je reviens du monde des démons que nous invoquons, et il risque d'y avoir des problèmes avec eux. 

 

En même temps qu'il m'apprit cela, je ne pus m'empêcher de penser que cela pourrait expliquer en partie sa forme éthérique. Il poursuivit :

 

- Ils veulent apparemment aller ailleurs, ou être libres, mais je ne sais...

 

A peine eut il exprimé ce début d'explication qu'il disparut presque instantanément, et le contact psychique qui nous unissait fut rompu. J'allais de surprise en surprise pour une matinée que je souhaitais dédier au repos! Mon étonnement se doubla d'appréhension. Pourquoi disparut-il si vite avant qu'il n'eut au moins le temps de finir ses explications? Quelle force avait pu le contraindre à me quitter subitement?

 

Je fus interloqué.

 

- Millianne? Je fis quelques pas devant moi, me positionnant exactement où il se trouvait lors de sa disparition, et m'exclamai :

 

- Millianne! Je courus devant moi, cherchant de droite et de gauche si je ne le percevrai point, et, ressentant un début d'angoisse, je criai :

 

- Millianne !! Où es tu ??

 

Je m'immobilisai, essayant de retrouver la maîtrise de moi-même et atténuer au possible mon trouble. Je n'eus point le temps de faire cela que j'entendis derrière moi des bruits de sabots se rapprocher. Me retournant, j'aperçois sur leur monture deux amis de guilde, Lavinya et Dargore.

 

Lavinya était une mage, de la race des Trolls, et dotée d'une grande puissance d'attaque inhérente à sa classe. En combat elle était redoutable, mais sa gentillesse était unanimement reconnue au sein de la guilde. Dargore, appartenant à la race des inquiétants morts-vivants, était démoniste comme moi. Nous appartenions à la même classe, nous étions des frères d'arme, et avions combattu longtemps ensembles. Tout cela faisait que nous étions devenus les meilleurs amis du monde. Qu'il fut mon supérieur direct n'affectait en rien nos relations, qui étaient profondes et intimes. Nous nous faisions confiance, et adorions rivaliser d'intelligence sur nos sorts et stratégies, et ce même pendant les combats.

 

Lavinya me salua :

 

- Bonjour FloOk, dit elle chaleureusement.

 

Encore sous l'effet de l'apparition de Millianne, j'essaye de retrouver rapidement une contenance, et lui répond laconiquement :

 
- Heu salut.
 

Dargore, heureux de me retrouver, prit la parole :

 

- Salut cher FloOk.

- Salutations Dargore. Tu vas bien ?

- Oui oui, ça va très bien. On va à l'assemblée de notre guilde, tu veux nous accompagner ?

- Oui, bien sur. Qui ne souhaiterait pas y aller, surtout en si bonne compagnie ? Dis-je pour feindre la convivialité et l'enthousiasme. Ils sourirent tous deux, enchantés de trouver un troisième compagnon pour accomplir la longue route qui les attendaient.

 

L'assemblée de la guilde était un évènement annuel qu'on ne pouvait manquer. Elle était organisée dans le but de faire un bilan de notre évolution, de s'informer des évènements et de la situation actuelle des mondes connus. Mais c'était aussi une occasion de se retrouver entres tous les membres, pour festoyer après les cérémonies officielles.

 

J'invoquai mon palefroi corrompu et nous partîmes en direction de Féralas, la région où avait lieu ladite assemblée. Nous traversâmes les grandes et magnifiques plaines des mythiques Tarides, sous une douce chaleur pré estivale, et fîmes une halte à La Croisée des Chemins.

 

Ralentissant le trot de sa monture, Lavinya nous dit :

 

- Nous arrêtons nous ici pour aujourd'hui les amis?

- La journée n'est pas complètement terminée, répondit Dargore. Et avec un peu de chance nous pourrions arriver jusqu'au camp Taurajo avant la nuit.

- Hum, ça fait assez loin. Ca risque de faire beaucoup, remarqua-t-elle. Nous avons déjà parcouru une longue distance.

J'émis mon opinion :

- N'oublions pas que nous n'avons que trois jours pour nous rendre à l'assemblée. Je serais de l'avis de Dargore : allons au camp Taurajo, cela nous rapprocherait, et l'auberge y est aussi bien qu'ici.

Mon compagnon abonda dans mon sens :

- Oui, et en plus il y a moins de monde là bas, nous y serions plus tranquilles.

 

Il ne parlait pas que des habitants. Il faisait surtout allusion aux risques d'attaques de la part de l'Alliance, dont la Croisée des Chemins était fréquemment la cible. Cette ville étant assez proche de Cabestan, un port neutre en liaison avec des villes de la faction opposée, les attaques y étaient toujours possibles. Tandis que le camp Taurajo était plus reculé dans les terres, et ne présentait aucun aspect stratégique ou de richesse intéressante à piller. Après quelques secondes d'hésitation, Lavinya trancha :

- Très bien, alors va pour Taurajo.

 

Après avoir bu de l'eau fraîche et s'être reposé quelques instants, nous repartîmes. Nous ne nous souciions pas de l'état de fatigue de nos montures, étant magiques elles n'avaient jamais besoin de repos. Elles étaient proprement infatigables.

 

Nous empruntâmes la Route de l'Or vers le sud, et nous arrivâmes comme prévu au fameux camp en fin de journée, le soleil devenant une grosse orange flamboyante, irradiant de ses derniers rayons les quelques bâtisses du camp.

 

Nous entrâmes dans l'auberge et commandâmes un repas et de la boisson. Comme l'avait remarqué Dargore, le camp, ainsi que l'auberge étaient presque vides. Il n'y avait que quelques habitants de la région, accoudés au comptoir, échangeant des plaisanteries, ou discutant avec calme et sagesse de leur travail, la plupart étant des fermiers. Bref, nous étions tranquilles. Nous échangeâmes quelques propos sur les évènements marquants de notre guilde, essayant de deviner par jeu quels pourraient être les sujets abordés lors de l'assemblée.

 

A la fin de notre repas, Lavinya, fatiguée par le voyage, voulut rapidement se retirer pour aller dormir. Elle prit congé de nous en nous adressant avec affection ses voeux de bonne nuit et monta à l'étage où l'attendait sa couche.

 

Je voulus profiter de me retrouver seul avec mon ami démoniste pour lui toucher quelques mots à propos de mes cauchemars :

- Il fait encore presque chaud malgré la nuit, tu ne trouves pas?

- Oui, sans nul doute. C'est très agréable.

- Ça te dit d'aller se promener un peu avant d'aller dormir?

- Ouais, pourquoi pas. Ça fera une promenade digestive, dit-il avec indolence.

 

Arrivant dehors, nous eûmes la même sensation : cette fin de journée était splendide. Il ne faisait ni trop chaud ni trop froid, une légère brise venant rajouter une touche agréable aux sens, qui couronnait la sensation de bien être. Le camp Taurajo était minuscule, composé d’une dizaine de bâtisses en tout ; l’auberge, une petite caserne d’orcs, une forge, une écurie, et le reste des habitations. Ce camp avait l’air d’être planté en pleine nature, avec un simple chemin en terre battue, partant de la route de l’Or pavée pour mener à l’auberge. Point d’autre aménagement, les maisons étant comme posées dans le décor de la grande plaine verdoyante. 

 

Après quelques pas dans ce cadre paisible, je décidai d'introduire le sujet sans détour :

- Voilà Dargore. J'ai un problème ; depuis quelques temps je fais des cauchemars épouvantables, et ça commence à m'inquiéter.

 

Il s'arrêta net, surpris par mon entrée en matière un peu abrupte, me regarda en plissant des yeux, et demanda :

- Ha bon? Quel genre de cauchemars tu fais?

- Et bien, en fait je rêve que je suis allongé dans mon lit, comme dans la réalité, et je suis paralysé. Et je sens une sorte de présence, invisible, qui tourne autour de moi et me fait peur. Comme si une entité malfaisante voulait me faire du mal ou préparait quelque chose...

 

A tout hasard, sans être sur de son fait, il m'interrogea :

- Mais, tes boucliers de protections psychiques, tu les entretiens bien?

- Et bien pourtant oui, mais cette présence mystérieuse à l'air de les traverser comme du beurre. Et pourtant elle ne fait rien d'autre que me faire peur. C'est à n'y rien comprendre.

- As tu pu identifier de quelle entité il s'agit?

- Non. Je n'en ai pas la moindre idée.

 

Il réfléchissait, cherchant une explication à mes dires. Je poursuivis :

- Et en plus il y a Millianne qui est venu me voir ce matin.

- Millianne? Tu parle du chef de ton ancienne guilde?

- Oui. Il a essayé de me dire qu'il y avait un problème avec nos démons. J'ai pas bien compris, mais il a disparut avant de finir ses explications.

- Disparu? Comme ça, subitement?

- Oui. Et il était à l'état de fantôme, comme s'il était désincarné.

- et que t'as-t-il dit d'autre?

- Pas grand chose ; il m'a dit aussi que ces démons voulaient partir, ou quelque chose comme ça, mais il n'a pas pu m'en dire plus, comme s'il devait partir d'urgence.

 

Il réfléchit à nouveau, intrigué, mais essayant d'y voir clair dans les quelques informations que je venais de lui donner. Il révisait rapidement des listes d'entités démoniaques, mais il y en avait trop, et n'en savait pas suffisamment pour se faire une idée. Il finit par dire :

- C'est assez mystérieux... Je me demande s'il n'y aurait pas un rapport entre les deux. Je veux dire entres tes cauchemars et la visite de ton ancien chef. En tout cas c'est étonnant, même s'il paraît évident qu'il a voulu te prévenir d'un danger.

- Certainement, nous sommes tous les deux d'accord sur ce point.

- Etant relativement limité à ce sujet, le mieux serait de demander à Shungenja. Il a la faculté de lire plus facilement que moi dans les couches inférieures des esprits. Et en plus on le verra à l'assemblée dans deux jours à peine.

- Oui, il n'y a plus beaucoup de temps à attendre avant de le revoir. J'espère qu'il pourra nous éclairer de ses lumières en connaissance des ombres.

 

Saisissant mon jeu de mots, il sourit, et me dit :

- Ecoutes, pour l'instant je ne sais trop quoi te dire. Finissons notre voyage, et on parlera de tout ça avec notre maître après-demain, et en prenant tout le temps qu'on voudra. Maintenant nous devrions aller dormir, si on veut tenir le choc demain.

- Oui, tu as raison. Mais j'ai bien fait de t'en parler.

- Oui oui, bien sur. Il valait mieux... acquiesça-t-il avec sagesse.

 

Entamant un demi-tour, mon supérieur fit quelques pas en direction de l'auberge, et je le suivis à ses côtés. Nous rejoignîmes nos chambres respectives, et passèrent la nuit. Pourtant, chose étrange, je ne fus pas victime de ces cauchemars cette nuit là, et me réveillai frais comme la rosée matinale.

 

Nous nous retrouvâmes tous trois devant un petit déjeuner et, sans trop tarder nous nous remîmes en route vers la région de Mulgore.

 

Pendant une demi-journée nous suivîmes la route vers l'ouest, qui obliqua ensuite vers le sud, en direction des forêts de Feralas. La demi-journée restante fut passée à traverser ses végétations assez denses, mais heureusement facilement praticables, grâce à des chemins assez bien dégagés qui nous permîmes d'atteindre un autre camp, celui de Mojache.

 

Nous fîmes halte à l'auberge, et y passèrent la deuxième et dernière nuit avant le grand jour. Là aussi je ne fus pas dérangé par mes cauchemars, et je ne m'en sentis que mieux! D'ailleurs j'en fis part à Dargore au matin, et il voulût se montrer optimiste en me disant que l'air du voyage avait du bon, mais en mon fort intérieur je n'étais pas dupe ; il voulait dédramatiser la situation pour me redonner du courage, et peut être aussi me faire oublier cela pour me préparer à l'assemblée.

 

Cette dernière commençant l'après-midi, nous eûmes toute la matinée pour parcourir les quelques lieues qui nous séparaient d'Hache-Tripes, le lieu du rendez-vous.

 
 
 
*
* *
 

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Créé le 18/01/2009 à 17:41:57 - Pas de modification

 

II

 
 L'INVOCATION DE L'INFERNO
 
 
 
 
Le sentiment d'injustice est terrible,
il divise même les sorciers et les prêtres…
 
 
 
 
 

Après avoir soigneusement évité les Ogres qui pullulent autour du lieu-dit d'Hache-Tripes, nous pénétrons dans l'Arène du même nom, où les participants étaient déjà présents, assis en cercle au milieu de celle-ci. Nous arrivâmes juste à temps pour ne pas être en retard. A l'intérieur dudit cercle se tiennent Anaxagor ainsi que l'ensemble des Lieutenants, ces derniers légèrement excentrés sur la droite. J'achève de me diriger vers une place libre et renvoie ma monture avant de m'asseoir par terre, tout comme mes deux compagnons de route. Notre chef de guilde, prêtre de son état, commence alors son discours, avec plus de chaleur que de solennité :

 

- Bonjour à tous et merci d'être venus aussi nombreux. Il ne manque quasiment personne, et vous m'en voyez fort heureux. Je vais commencer sans attendre par un bilan de l'évolution de notre guilde depuis l'an passé… Globalement elle se porte très bien. Nous avons vaincu depuis fort longtemps déjà le Seigneur Ragnaros, ainsi que la puissante dragonne Onyxia..."

 

En entendant cela, une pensée extérieure à la mienne s'immisce insidieusement dans mon esprit, et m'incite à penser qu'il fut étonnant d'entamer son discours sur une note aussi légère, presque insouciante, comme s'il n'avait aucun problème à exposer. Il poursuit :

 

- Le Comte Néfarian nous tient encore tête, alors même que nous avions réussit à parvenir jusqu'à lui. Mais nous avons été contraints de fuir au dernier moment, du fait de sa garde d'élite, qui est venue en masse nous menacer, et…

 

Je commence à délirer, sentant que je perds progressivement la conscience de mes pensées, et quelque chose veut me faire croire que ce genre de commentaires rétrospectifs me déplait fortement, et même me met hors de moi. Comme si quelque chose voulait m'obliger à agir contre ma volonté tout en laissant l'illusion que je restais moi-même. Qu'attend-il pour expliquer le départ de plusieurs de mes compagnons démonistes, tels que Deathmask et Escartfigue? Qu'attend-il pour parler de la menace de la Légion Ardente? Et les autres problèmes de la Guilde? Alors, comme possédé je me lève et crie :

 

- MAIS NON! N'IMPORTE QUOI!

 

Korzeam, un des Lieutenants, un peu intrigué par mon intervention, voulut me ramener au calme :

- FloOk, tais toi s'il te plaît.

 

Anaxagor marque un bref temps d'arrêt dans son discours, ne m'accordant qu'un fugace regard, et reprend, en jetant un coup d'oeil sur son parchemin :

 

- Et donc nous n'avons pu éradiquer complètement la menace du Repaire de l'Aile Noire alors que nous y étions presque parvenu. Ayant informé notre Seigneur Thrall de cela nous…

 

Toujours sous l'effet de cette force mystérieuse, mon esprit s'obscurcit, je vois à moitié flou, et n'entend presque plus son discours, comme si des nuées noires perturbaient mes sens. Je perds progressivement le contrôle de mes actes. Cette force m'oblige à nouveau à crier, encore plus fort :

 

- MAIS NON!! IL Y A DES PROBLEMES BIEN PLUS URGENTS QUE CA A TRAITER!!

 

Des regards commençaient à se poser sur moi. Cette fois-ci, Anaxagor me regarde de nouveau, une pointe d'irritation en plus :

- Bon FloOk si tu ne te tais pas, je te renvoies de l'assemblée sur le champ.

 

Cela sonna comme une seconde - et dernière - sommation. Il n'avait visiblement pas envie de perdre de temps avec moi, et n'appréciait guère d'être interrompu pendant son discours.

 

Ma possession atteint alors son paroxysme. Je ne suis plus moi-même, l'emprise de la possession éyant terrassé mon esprit. Ma voix prend soudain une sonorité démoniaque, révélatrice de ma possession, et crie :

 

- BON VOUS VOULEZ PAS M'ECOUTER? ALORS PRENEZ VOUS CA DANS LA GUEULE!!!

 

C'est alors que j'incante malgré moi un rituel d'invocation d'un de mes plus terrible démon, l'Inferno. Des lumières violette apparaissent autour de mon corps, en même temps qu'un début de murmures de stupéfaction s'empare des membres de la guilde. Anaxagor comprit immédiatement ce qu'il se passait, et il courut vers moi en s'armant de son bâton.

 

Lorsque s'échappe un petit météore d'un cercle dimensionnel au dessus de la foule et tombe au sol, les murmures montent d'un ton, pour gagner l'ensemble des personnes présentes. Le météore libère le démon et, lorsqu'il apparaît, géant de plus de quatre mètres de haut, constitué de pierres démoniaques d'une aura verte, il se jette immédiatement sur moi. Il voulait en premier lieu se débarrasser de l'invocateur pour empêcher toute tentative de sa part de vouloir reprendre le contrôle sur lui. Il m'assène deux coups au visage, ce qui a pour effet involontaire de me faire retrouver un semblant de conscience, et j’en profite pour essayer de lancer mon sort d'asservissement. Celui-ci échouant, je parviens quand même, dans un réflexe de survie, à l'obliger à attaquer un autre membre de la guilde, au hasard, sans avoir eut le temps de choisir la cible.

 

En temps normal les représentants de la guilde n'auraient pas eut peur du démon, mais ici il était visiblement contrôlé ni par moi ni par qui que ce soit d'autre. Il était livré à lui-même. La moitié de la guilde, prise de panique s'enfuit en courant, tandis que l'autre moitié se lève, restant sur place, pétrifiée par la menace émanant du démon. Il me sembla toutefois apercevoir Shungenja tenter de l'asservir, mais apparemment sans succès. Le Maître de guilde et le démon se croisent sans heurt, l'un venant vers moi, l'autre vers les officiers.

 

Arrivant sur moi, Anaxagor crie aux autres :

 

- REVENEZ ET TUEZ LE DEMON!! JE M'OCCUPE DE FLOoK!!

 

Entendant son ordre, une partie des membres de la guilde se ressaisissent rapidement et commencent à attaquer l'Inferno. Les guerriers l'attaquent au corps à corps, s'efforcent de limiter au maximum ses mouvements en l'encerclant, tandis que les mages, chamans, et démonistes l'attaquent avec des sorts offensifs. Certains chasseurs l'attaquent à distance à l'aide de leurs arcs, et quelques uns ont la présence d'esprit d'envoyer leurs animaux familiers pour augmenter la puissance d'attaque globale. Quant aux prêtres et aux druides, ils incantaient des sorts de soins et de résistance pour aider les guerriers à supporter les coups. L'Inferno, du fond de sa pensée maléfique, sentait très bien qu'il était entouré d'un nombre imposant d'adversaires, mais frappait avec sa rage coutumière, sans aucune pitié pour des êtres qu'il détestait. Son but était de gagner sa liberté dans notre monde, et pour cela il se devait de rester physiquement vivant et d'incanter un sort d'implantation.

 

De mon côté, la force mystérieuse m'oblige à incanter d'autres sorts pour venir en aide au démon. Entres autres je tente de lui redonner de la vigueur par un sort de captation de vie pour augmenter ses chances de survivre. Hélas pour lui - ou tant mieux pour la guilde - les coups de bâton d'Anaxagor interrompent mes sorts de don de vie, et réduit celle du démon inexorablement. Ce dernier sentit qu'il ne s'en sortirait pas, mais, appartenant à une classe de démons immortelle, il savait parfaitement qu'il pourrait retrouver toutes ses facultés plus tard, quelle que soit l'issue du combat.

 

Finalement, après quelques minutes d'âpres luttes, l'Inferno céda, et fut vaincu physiquement. Son enveloppe corporelle se dématérialisa, en même temps que son âme quitta notre univers pour rejoindre sa dimension d'origine, sans n'avoir eut le temps d'implanter son âme dans notre monde, trop occupé qu'il fut par le combat…

 

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Créé le 18/01/2009 à 17:44:56 - Modifié le 18/01/2009 à 17:46:40

Il y a alors quelques secondes de flottement, le temps que tout un chacun reprenne ses esprits. Certains étaient blessés, mais aucune mort ne fut à déplorer. Anaxagor est toujours face à moi, et le reste de la guilde se rassemble progressivement derrière lui. Une colère profonde mais maîtrisée le prend, et une aura de puissance sombre l'entoure, en même temps qu'il prend la parole. Ayant lui aussi des affinités avec les forces de l'ombre, son ton de voix mêle à sa voix naturelle des tonalités démoniaques. Même s'il ne crie pas comme tout à l'heure, les sons portent magiquement plus loin et sont audibles de tous :

 

- Qu'est ce qu'il t'a pris d'invoquer un Inferno en pleine assemblée? Tu es devenu fou?

 

Malgré les évènements exceptionnels qui venaient de se produire, je reprend quelque peu mes esprits, l'entité qui me dominait ayant relâchée son emprise, je suppose à la suite de l'échec du démon invoqué. Je comprend en tout cas que je devais sauver ma place au sein de la guilde, ayant commis un acte pour le moins très compromettant. Je ne voulais à aucun prix devenir un mercenaire à la solde d'un chef renégat. J'en avais déjà fait l'expérience après la chute de ma première guilde, et je ne voulais pas perdre le confort relatif que m'accordait l'appartenance à celle-ci, en plus de certains membres que j'aimais beaucoup. Mais je suis encore sous le choc, abasourdi, en train de réaliser ce que j'avais provoqué. Normalement j'aurais du me confondre en excuses, et promettre de ne plus recommencer, mais je ne pus bafouiller qu'un :

 

- Je... Je sais pas…

 

Il est un peu étonné par ma réaction, mais ne le laisse point paraître. Pendant un instant il se demande si je n'ai pas perdu la raison. Shungenja décide alors de sortir de la foule pour se placer à côté d'Anaxagor. Il me regarde avec des yeux écarquillés, comme s'ils lancaient des éclairs, et me parle sur un ton particulièrement impératif et menaçant :

 

- Tu peux répondre à sa question?

 

On perçoit clairement dans son ton de voix qu'il se contient à grand-peine pour ne pas exploser de rage, malgré son envie de déverser sa fureur sur moi. En tant que commandant des démonistes, il estimait que mon acte insensé entâchait sa réputation.

 

- Je... Je sais pas ce qu'il m'a pris. Je...

 

Visiblement mécontent de cette réponse qui aggravait un peu plus mon cas, et, se devant de donner l'exemple, le maître de guilde répond sur un ton sec et impitoyable :

 

- Tu sais pas? Et bien je te bannis des assemblées pendant cinq ans, ça te laissera le temps de réfléchir!

 

Avec une voix redevenue parfaitement humaine, et sur un ton un peu plus personnel, il rajoute :

 

- Et estimes toi heureux que je te vires pas de la guilde. Tu dois cela uniquement à tes bons états de services. Il n'y aura pas d'autre chance pour toi si un évènement semblable devait se reproduire.

 

Enervé par sa décision et ses menaces, me sentant victime de ce que je considére – sinon comme une méprise – comme une injustice, je trépigne sur place. D'un autre côté je tenais à leur expliquer la raison de mes actes, mais il semblait évident que je ne serais pas écouté jusqu'au bout, la patience de tous n'étant plus leur état d'esprit immédiat. Mais comme je ne pouvais pas non plus tenir tête à mon chef de guilde, j'invoque alors mon destrier démoniaque, pour me placer plus haut que lui, le toise, et lui lâche avec un air un arrogant :

- Ouais, c'est ça.

 

Il soutint mon regard, sans répondre, nullement impressionné et avec un air implacable. Voyant que je suis sur le point de partir, certains membres de la guilde commencent à me huer, me gratifiant de :

 
- Houuu pov'type!
- Abruti!
et autres :
- Casse toiiii!!
- Dégage!!
 

Mes frères démonistes éprouvaient de la consternation, mais gardaient le silence. Malgré ma honte, ma fierté mal placée me fit feindre l'indifférence, et, sous les reproches proférés, je quittais seul l'Arène de Hache-Tripes…

 
 
 
*
* *
 
 
 

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Créé le 18/01/2009 à 17:48:34 - Pas de modification

 
III
 
 
 
 
 LE REPAIRE DE L'AILE NOIRE
 
 
 
 
 
 
De la technique, du combat,
Mais cela ne faisait que retarder l'échéance
 
 
 
 
 

Après cet épisode malheureux, je me dérobais aux leçons de mes maîtres, surtout pour fuir le courroux de Shungenja, et éviter son pénible interrogatoire pour tirer l'affaire de l'assemblée au clair. Mais c'était aussi la volonté de mon possesseur pour m'isoler de mes semblables.

Je me rendis à Fossoyeuse, la capitale des Morts-vivants. Je pris pour cela un zeppelin de facture gobeline en partance d'Orgrimmar, la capitale Orc, située sur le continent de Kalimdor. Je traversai l'océan en trois jours, pour parvenir sur le continent d'Azeroth. La station de destination du zeppelin était à quelques centaines de mètres à peine de l'entrée de Fossoyeuse.

 

Je suis assis en tailleur, sous un des ponts qui mènent à la banque de Fossoyeuse, et je rumine de sombres pensées. A mes côtés se tient un civil d'une trentaine d'années, lui aussi assis, et ayant l'air d'être perdu dans ses pensées. En tout c'est l'apparence qu'il donnait, car on disait de lui qu'il était simple d'esprit. Il vendait des cafards aux sombres sorciers pour leur concoctions dégoûtantes, mais ô combien précieuses pour amplifier les magies noires ou améliorer diverses compétences.

 

Je croyais être énervé, mais en réalité la force maléfique qui me poursuivait continuait son travail de sape, en s'attaquant à mes défenses psychiques, les faisant toutes tomber les unes après les autres. Elles s'affaiblissaient inexorablement, le temps jouant en faveur de l'entité maléfique.

 

- Grrrrr, j'enrage... grognais-je à voix basse.

 

Afin de me faire perdre plus facilement la raison, la force mystérieuse me confortait dans un sentiment erroné d'injustice mêlée de paranoïa.

 

- Comment osent-ils me traiter de la sorte?

 

C'était insupportable. Ma guilde, qui m'était solidaire jusque dans la mort se trompait à mon égard. Mais c'est parce qu'ils avaient changés! Ils ne m'aimaient plus! Ils ne croyaient plus en moi, c'était indéniable, alors que j'étais incontestablement leur champion! Je me levais brusquement, indigné et révolté, et criai :

- Ne suis-je pas le champion de La Horderie? sans me soucier aucunement de la possibilité d'être vu et pris pour un fou. D'ailleurs, j'étais peut être un bon démoniste, mais ne pouvait sûrement pas prétendre au titre de champion de ma guilde ; d'autres, tels que Korzeam ou Deathmask auraient pu revendiquer ce titre officieux plus justement que moi. Pointant ensuite un doigt devant mes chefs que j'imaginais devant moi, je les défiais :

-Et bien c'est ce que nous allons voir... Puis, finissant par un bras d'honneur à leur égard, je concluais : 

- "Justice sera faîte en vérité..."

 

Pendant ce temps, Dargore, passionné par l'alchimie, s'adonnait tranquillement à son art, à quelques pièces de moi à peine, sans savoir le drame qui se préparait, et dont il allait être impliqué malgré lui. Il fabriquait des potions en tous genres et, s'accordant une pause, il sentit ma présence. Quoi qu'au début il n'était pas sûr que ce fut moi, captant de nombreux signaux magiques dont la cité souterraine était emplie. Faisant le tri dans tous ces canaux d'énergies, il finit par me détecter formellement, et, ajustant la fréquence du canal spirite, me parle par télépathie :

 
-C'est toi FloOk?
 

Recevant son signal, mes sombres pensées sont brusquement écartées, du fait d'une conscience extérieure faisant irruption dans mon esprit, perturbant pendant un court instant mon possesseur. Et je fus ébahi, prenant conscience de ma présence dans la grande cité, et retrouvant un semblant d'humanité. Je réalise en même temps que je deviens fou, mais je ne veux pas inquiéter mon ami, tout comme mon possesseur, et veut lui faire croire que tout va bien en cachant mon trouble :

 

- Oui... Oui c'est moi Dargore.

- Mais qu'est ce que tu fais à Fossoyeuse?

- Heu, je...

Percevant un trouble certain dans ma pensée, comme si j'étais inquiet, il me dit alors :

- Et où étais tu passé? Ca fait trois jours qu'on te cherche... Attends, ne bouges pas je te rejoins. Où es tu exactement?

- Je suis à la banque, je trie des objets personnels.

- Ha, fallait le dire plus tôt. J'arrive FloOk.

 

Il abandonne sa concoction en cours, prend une des fioles de son laboratoire, et marche vers le centre de la ville. Dans le même temps je monte les escaliers menant à la banque, pour justifier mon alibi improvisé. Lorsqu'il arrive, il me voit en train de trier des objets, et me salue, sur un ton bienveillant :

 

- Salut FloOk. Qu'est ce qui t'amène au royaume des Morts-vivants?

- Je devais... Je devais trier des objets que je voulais vendre depuis longtemps...

- Ha bon... dit il stoïquement, étant étonné que je sois si loin de chez moi pour simplement commercer.

- Ce sont des objets rares que j'avais consigné ici pour ne pas avoir à les transporter jusqu'à ma banque personnelle.

- D'accord, je comprends.

 

Cela ne suffit pas à effacer ses soupçons à mon égard. Etant à mes côtés, cela lui permet de lire dans mon esprit, et il perçoit une énergie noire qui ne vient pas de moi. Mais de façon confuse. Il soupçonne quelque chose d'anormal. Avec ses talents, cette perception était flagrante.

 

- Il y a quelque chose qui ne va pas?

- Si, si, j'expérimente des énergies sombres pour voir si je peux les contrôler afin d'augmenter mes pouvoirs en général.

- Tu sais pourtant que Shungenja voit les expérimentations personnelles d'un mauvais oeil. Il y a toujours un risque à jouer avec des forces qu'on a pas identifié. Après un court silence, il rajoute : D'ailleurs je me demande moi aussi à quoi tu joues. J'aimerais bien savoir...

 

Au pied du mur, je me devais de trouver rapidement un prétexte pour détourner son

attention :

- Oui mais bon, je sais quand même ce que je fais. Si je percevais un risque ou un danger quelconque j'arrêterais tout immédiatement pour t'en parler, ou le dire à notre maître...

- Oui enfin bref. Je te fais confiance. Alors que dans son esprit ce n'était pas du tout le cas. Il commençait à douter sérieusement de moi, et ne comptait pas abandonner l'affaire, surtout depuis mon acte insensé lors de l'assemblée.

- Sinon pour changer de sujet, tu sais qu'on retourne au Repaire de l'Aile Noire?

-Vraiment?

-Oui. Thrall a donné cet ordre à Anaxagor pour tenter à nouveau de vaincre le Comte Néfarian. Et tu as été désigné pour faire partie du raid. Mais quand je vois ton état, je me demande si je ne vais pas te mettre hors-jeu pendant quelques temps... dit il en cachant sa suspicion à mon égard. Entendant cela j'ai une expression un peu ahurie, comme un sportif de haut niveau qu'on met sur le banc sans bonne raison, malgré son palmarès. Je me dis qu'il faut à tout prix le convaincre de me laisser venir, ne me rendant même plus compte que c'était une ruse de mon possesseur.

- Non, non! Mes problèmes sont passagers, il n'en sera rien dans quelques jours! Tu sais bien que les démonistes passent des périodes où ils doivent libérer partiellement des forces noires pour réajuster leurs protections psychiques. Tu le sais non? Laisses moi venir avec vous!

 

Sans le savoir non plus, je le soumettais à un cas de conscience. Là où Shungenja aurait imposé un refus catégorique, ma requête le fit hésiter, lui imposant un dilemne. Il était profondément partagé entre l'amitié et la confiance qu'il me portait, et son sens du devoir, qui lui conseillait de m'écarter du raid contre Nefarian.

 

Mon possesseur percevant cela se rue vers cette faille, et me fais rajouter :

 

- Et c'est ce qu'il m'arrive en ce moment. Mais je suis parfaitement en état de combattre et de mettre de côté la libération partielle, pour la reprendre plus tard. Laisses moi venir avec vous au Repaire. Je veux combattre à tes côtés!

 

Il doute encore, se posant des questions sur mon état et ses responsabilités. Finalement, après quelques hésitations, il me tend le flacon qu'il avait pris avec lui, et conclua

symboliquement :

- Tiens, voilà une potion de sorts. Elle augmentera la puissance de tes sorts offensifs.

 

Je le remercie en feignant une joie certaine, lui serre la main, puis le bras, et le félicite de m'accepter dans le raid :

- Merci Dargore, je te promets que je ne te décevrais pas!

- De rien. Fais tes paquetages en prenant le minimum avec toi, il faut partir aujourd'hui vers Molten Core.

- D'accord, comme je suis déjà à la banque, ça sera vite fait, rassures toi.

Mon possesseur percevant encore un doute au fond de mon supérieur, il me fait encore rajouter :

- Ne t'inquiètes pas pour moi, te rappelles-tu combien de fois nous avons combattu ensemble? Nous avons toujours triomphés! Nous n'avons échoué qu'une seule fois, et devant ce maudit Néfarian. Je compte en découdre définitivement avec lui. il n'y a pas que le prestige de notre guilde, il y a aussi ma volonté personnelle de réparer cet affront! concluais-je en feignant un air digne.

 

- Oui mais n'en fais pas trop non plus. Il ne s'agit pas d'un jeu mais d'une guerre réelle...

- Oui bien sur. Je le sais aussi. Allez, force et honneur Chef!

- Ouais, force et honneur, dit il sans conviction. Dépêches toi maintenant. Moi aussi je dois préparer mes affaires. Prends une monture volante et rendez-vous devant le Repaire.

- Oui Chef. Je ne te décevrais pas.

 

Il fait demi-tour et retourne à son laboratoire pour achever rapidement les quelques travaux qu'il avait commencé.

 

Je pousse un soupir de soulagement. Dargore était le dernier obstacle inattendu contre la volonté de mon possesseur de me rendre au Repaire. J'avais gagné, ou plutôt il avait gagné. Qu'est ce qui avait pu réellement le convaincre? Etait-ce mon grade de raideur? Il justifiait de mon expérience du combat, et donc de ma maîtrise. Il se pouvait aussi que nous soyons juste au niveau des effectifs. Notre guilde était très demandée pour asseoir de nombreuses causes de la Horde. J'achevais de faire mon paquetage ; le strict minimum comme me l'avait recommandé Dargore : quelques potions, de la nourriture, une vingtaine de fragments d'âme, et ma pierre de foyer...

 

Avant de partir, je relisais une dernière fois quelques grimoires sur les sorts de peurs, révisant comment les adapter aux divers monstres qui peuplaient le Repaire, dont notamment des créatures, appellées Drakes, que les démonistes devaient effrayer magiquement, car ces derniers étaient quasi-invincibles. Puis, vérifiant que ma pierre de foyer était bien focalisée sur le camp de Kargath, non loin de l'entrée du donjon maudit, je l'active. Quelques instants plus tard je suis téléporté à l'auberge dudit camp, et adresse un bref salut à l'aubergiste en passant.

 

En sortant, je respire profondément l'air poussiéreux du désert des Terres Ingrates. J'adorais cette région, et la possibilité d'y être pendant quelques minutes me réjouis, et me redonnes un peu de baume au cœur. Par le plus grand des hasards, je rencontre, à l'extérieur, Yamcha, un Mort-vivant. Il fut mon deuxième maître de classe lorsque je faisais partie de la guilde des Larmes d'Azeroth. Il en fut également le maître, juste après la disparition de Millianne. Puis ses pas, avant la création de La Horderie, l'avait mené vers une autre guilde, nommée Paul le Pêcheur. Me reconnaissant à son tour, nous nous faisons une fraternelle accolade, et échangeons quelques mots.

 

- Salut Yamcha, quel plaisir de te voir! Si je m'étais attendu à ça!

- Salut FloOk. Moi aussi je suis très heureux de te revoir! Tu vas bien?

- Oui, ma foi ça peut aller. Et ma guilde aussi. Seulement...

- Oui?

- Quand je repense à toi, je me dis que Shungenja, mon maître actuel, est bien dur avec nous. Toi je te trouvais plus sympathique.

- Oui merci. Mais je connais un peu Shungenja aussi. Sous ses aspects très durs et militaires, il est compréhensif. En plus il est très compétent dans son domaine. Il n'est pas le maître des démonistes de votre prestigieuse guilde pour rien, tu peux me croire.

- Oui, c'est vrai. Mais un peu de sympathie exprimée de temps à autre ne ferait pas de mal non plus...

- Bah! Quelque part il faut se résigner à la réalité. Nous sommes en guerre, et les guildes militaires n'existent que pour servir la cause de Thrall. Et puis, lorsque nous étions dans les Larmes d'Azeroth, nous n'étions pas aussi développé et puissant que vous. Nous étions presque des chiens de guerre, avec peu d'expérience, et réussissant nos missions souvent avec chance. Ceci explique aussi pourquoi votre maître vous mène avec autorité.

- Ha, oui. La triste réalité... Mais que de bons souvenirs tu me rappelles!

- Oui, c'était le bon vieux temps, dit il d'un air songeur. Et sinon, pourquoi tes pas te mènent-ils jusqu'ici, dans ce désert perdu?

- Je me rend au Repaire de l'Aile Noire, pour en finir avec Néfarian.

A ces mots, Yamcha ne peut cacher un peu de surprise :

- Vous avez été chargés de tuer Néfarian? Tu vois, c'est bien la preuve que votre guilde est prestigieuse, pour que vous ayez été désigné pour combattre un tel adversaire.

- Oui. Finalement je me demande si je ne me sous-estime pas un peu.

- Tu as toujours été comme ça FloOk. Un Orc à l'air presque enfantin et cabochard, mais en combat, d'une puissance et d'une bravoure digne des plus grands démonistes!

Je ne peux m'empêcher de sourire, flatté et ému par ce mélange de compliment et de réminiscence de nos souvenirs communs. Et il était dans le vrai! En me voyant attendri, avec cet air enfantin qu'il venait d'évoquer, il rajoute :

- D'ailleurs ça m'a toujours étonné. Dans la vie quotidienne tu ressemblais à ces enfants humains, un peu bête et naïf, mais en combat tu faisais peur à tous tes ennemis. C'est un peu ton côté paradoxal. Entres démonistes on se demandait même si tu ne le faisais pas exprès : feindre une sorte de faiblesse ou de fragilité, pour mieux tromper ton adversaire, et l'inciter ainsi à faire baisser sa garde. Mais comme tu étais comme ça avec nous aussi, on a fini par comprendre que c'était ta vraie nature.

Mon sourire s'épanouit largement, devenant presque moqueur.

- Et oui, tu ne t'es pas trompé. Mais ça va encore plus loin : je reste naturel, même face à mes adversaires, car çela suffit la plupart du temps à tromper leur vigilance. Je n'ai même pas besoin de jouer un rôle pour le faire. Je me contente de rester moi-même, sans me soucier du reste.

A ces mots, nous rions franchement

- T'es extraordinaire FloOk. Tu me fais bien rire! Tu es vraiment un grand démoniste.

- Merci Yamcha. Toi aussi tu es un grand démoniste. Quand je repenses à tes précieux enseignements, je ne suis pas près de t'oublier. Mais je dois partir à présent. Mon destin m'attend.

- De rien FloOk. Je te souhaite aussi, à toi et ta guilde, toute la réussite qu'on puisse espérer. Et passez-moi à trépas ce Néfarian!

- Merci. Au revoir Yamcha.

 

Nous nous donnons à nouveau l'accolade, et nous séparons, nos esprits faisant resurgir d'agréables souvenirs, et un peu de nostalgie du temps passé. Ce devait être la dernière fois où j'avais été moi-même et heureux.

 

Je débourse quelques pièces d'argent au maître des coursiers volants, pour monter sur une Wyverne, qui m'amène au camp des Gorges Brûlantes, dans les Steppes Ardentes. De là, j'invoque ma monture pour achever de me rendre à l'intérieur du Mont Blackrock, un ancien complexe Nain bâti autour d'un volcan en activité. J'escalade une chaîne géante, et je parviens jusqu'à l'entrée du Repaire. Enfin, une entrée… Disons plutôt un portail enchanté qui téléportait dans l'antichambre du donjon. Car il n'y avait apparemment pas de lieu concret d'entrée, en tout cas pas à ma connaissance. Ce portail ressemblait à une petite sphère faiblement luminescente, de la taille d'une tête, posée sur un trépied en métal. En posant la main dessus, je sens son action magique, entamant le processus de dématérialisation de mon corps.

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Créé le 18/01/2009 à 17:52:55 - Pas de modification
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