Asteroth
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[Ambiance éventuelle]



Me voilà. Foulant cette bonne vieille Terre à la recherche d’un nouveau chemin à prendre, ou d’un nouveau chemin à donner… à ma vie. A mon cœur.
Me voilà. Triste à en mourir ? Heureux à en crever. Comment pourrais-je décrire ce que je ressens ? Un mot parfait : dualité. Animé de furieuses impulsions, envahi d’une plénitude fantastique. A la fois l’éclat de l’enfant et l’étincelle de l’adulte brillent au fond de mon regard, c’est un regard neuf et vieux de vingt ans qui balaie la surface de cette bonne vieille Terre. Une terre d’à peine vingt ans, mais qui ne fatigue pas. Non, elle ne fatigue pas. Elle me cloue au sol, désespérément. Mais je lui ai déjà échappé tant de fois. La main en visière, je lève les yeux vers le ciel. Ce n’est pas raisonnable, mais pour l’heure…
…pour l’heure je vais la quitter une fois de plus.

Me voilà. Fendant les airs à la recherche d’un nouveau courant ascendant ; et cette bonne vieille Terre m’apparaît déjà un peu plus ronde de là-haut. Je suis oiseau d’esprit, et je sais que ma dualité est là. Ou plutôt, je sais que je me trouve exactement à la frontière qui sépare mes deux moi. Flottant entre ciel et terre. Perdu entre sol et cieux. Plane le doute. Dois-je rebrousser chemin et cesser de fuir ? Dois-je le poursuivre et assouvir mes envies du moment ? Mais suis-je réellement en train de fuir au moins ?
Non.
Non, je sais que je ne fuis pas. Je ne file pas me réfugier dans mes souvenirs, prisonnier du passé, tourné vers ce qui n’est plus, violant pour un plaisir factice les lois de la thermodynamique ! Je file revivre les plus beaux, les plus doux, les plus simples moments d’un passé révolu, mais qui ne pourra pas me lacérer le cœur de ses tentacules effilés. Tout au plus, lorsque je me mettrai par malheur à découvert en profitera-t-il pour me l’érafler, mais ces blessures superficielles cicatriseront sans peine. Car les lames du temps s’émoussent une fois qu’il est accepté.
Alors moi, oiseau d’esprit, je penche la tête et regarde le sol qui défile sous mes ailes.
Alors moi, errant de la vie, je relève la tête et regarde le ciel en quête perpétuelle… de celles-ci.

Alors j’ai décidé : Quitte à se roussir les pennes, je m’élève encore, et vise le cercle de feu.

Et te voilà. Toi, dans ton beau costume de lumière. Ta simple vue me réchauffe et me fait tressaillir le cœur. La moindre once de caresse de tes fils d’or me fait vibrer comme jamais. Toi, dont le chemin sur la terre ferme a bifurqué du mien. Toi, pour qui je triche sans la moindre honte afin de te retrouver, afin de revivre pour un instant ce qui a été vécu. Toi, Soleil qui guida durant un temps mes pas égarés. Toi ! Qui renforça doucement ma démarche mal assurée. Je m’embarque presque malgré moi vers ton rivage, je décolle pour rattraper ton sillage, je m’enlise encore dans l’un de tes mirages.
L’oiseau d’esprit que je suis n’est plus bien loin de tes bras. Il s’aveugle, mais la vue ne lui est plus d’aucune utilité. Au contraire, il sent avec délice la chaleur qui ruisselle sur ses lèvres, la chaleur qui l’enveloppe toujours plus, la Shaleur qui s’insinue sur chaque centimètre carré de sa peau, qui l’épouse. Je rêve. Je rêve mais ce n’est pas de l’invention. Simple reconstitution.
Elle prend fin sur l’image d’un oiseau et son astre, lovés le plus simplement du monde…

Au sol ? Un garçon s’arrête, rabaisse la tête et fixe l’horizon. Il le balaye pour y trouver un nouveau chemin tout tracé, et se rend compte qu’il n’en existe pas. Avec un demi-sourire, il décide de reprendre la route vers l’inconnu. Il n’a pas remarqué l’oiseau d’esprit qui s’est posé sur son épaule, ni le fragment d’Etoile qui pulse au fond de lui.

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Créé le 12/09/2008 à 00:28:55 - Pas de modification

[Dernier écrit au rythme soutenu, sur une musique puissante et cultissime.
J'ai nommé





Il se tient, là, le regard absent, le visage impassible, sans sourire ni grimace. Il se tient droit, encore fier, avant de se lancer.

Il est en train de faire le vide. Il sait qu’une fois le premier pas effectué, il ne pourra plus reculer, et qu’il risque d’y laisser la vie.

Il sent le poignard froid au contact de l’avant-bras, dissimulé par ses manches amples. Il jette un dernier regard solennel à l’interminable ruelle qui s’allonge devant lui et qui le mènera jusqu’à la foule et au Suprême. Hésitation. Mais le pas a déjà été franchi…


La marche est entamée. Il tente de maintenir la vacuité de son esprit, d’oublier le plus possible l’acte qu’il s’imagine réaliser à chaque instant. Il sait qu’il s’agit d’une vaine entreprise, mais il sait qu’elle peut être salutaire. Il marche voûté, la tête baissée, il fixe le sol qui défile quelques mètres devant ses pieds. Il est concentré et ignore le monde entier qui l’entoure. Il tente d’annihiler ses pensées, de chasser nervosité et hargne, de masquer haine et précipitation dans ses gestes. Ses pas sont lourds, lourds comme le fardeau qu’il s’est décidé à porter, et bientôt, à supporter. Il percute passants et anonymes sans état d’âme. S’ils savaient. En avait-il une au moins, d’âme ? En aurait-il encore une ?
Il a l’impression d’être un pantin. Il est un pantin. Pantin de lui-même. Lui-même tire les ficelles de son propre pantin. Le pantin n’a pas d’âme, son âme à lui est loin, mais le manipule. Il doit être un pantin. C’est ainsi qu’il aura plus de chances de parvenir à ses fins. Mais quelle fin l’attend ? Que lui réserve le destin ? L’épargnera-t-il malgré son crime ? Il y a tellement peu de chances. Ne pas penser. Un pantin.
Je dois être un pantin. Qu’importe ce qui m’attend, je dois le faire. Ne pas regarder le bout de cette ruelle, ne pas fixer ce destin en face. Le fuir du regard pour ne pas le fuir de mes pas.
Il a du mal à garder une cadence constante. Il commence à trembler. Ses mains se font moites. Il les frotte fébrilement sur sa tenue pour se débarrasser de cette humidité. Il se rend compte qu’il est en train de se trahir. Il est en train de perdre progressivement le contrôle. Il sait qu’ils se doutent de quelque chose. Le Suprême, le Maître-Mage, a dû sentir quelque mauvaise intention future, quelque destin funeste. Mais pour qui ?
Lui sait que certains hommes observent. Il sait que ces observateurs tentent de le dénicher, sans même le connaître. Il doit être un passant, mieux, un pantin. Il doit être impersonnel. Il ne doit pas trahir ses intentions. Il doit se fondre dans la masse. Il doit cacher cette dague à tout prix, pour la loger là où il faut.
La foule s’est densifiée, il approche. C’est fini, il a perdu le contrôle. Sa cadence a accéléré sans qu’il ne s’en rendre compte. Son avant-bras le démange. Ses traits se déforment. Il pense. Il pense au meurtre. A la haine. Il transpire. Il doit tuer, mais il se sent observé.

Il sait ! Il sait qu’ils ont compris ! « Il est là ! » Son cœur s’est emballé, ses pas plus encore ! Il se penche à demi et se met à courir à tout rompre ! Des silhouettes fendent la foule dans tous les sens pour ne pas le perdre. Il a aperçu les chevaux, il ne lui manque que quelques dizaines de mètres ! Il bifurque dans un chemin dégagé à l’ombre des encorbellements. Il halète sous l’effet du stress. La foule s’agite sous les mouvements furieux des poursuivants. « Où est-il ?!! » Il replonge dans la multitude en empruntant une autre rue bondée.
Poussez-vous !! Ecartez-vous !! Je percute les inconnus sans ménagement, je joue des coudes à leur en briser les os ! Je dois passer ! Laissez-moi passer !! Je heurte, je frappe ! Laissez-moi ce tyran !!
Une main l’agrippe ! Il assomme d’instinct et cavale ! Il débouche derrière le cortège. Il n’hésite plus ! Les poings écartent les badauds !
La pagaille est totale ! Les mages ne savent pas d’où vient la menace. Les observateurs crient dans tous les sens !
Plus personne ! Il aperçoit le vieux Suprême sur sa monture ! Il doit en finir ! Eliminer la magie ! La vie de tous en dépend !! Il sait que les deux mages de l’arrière-garde se sont retournés !
Je me jette sur le cheval du premier ! Plante ma dague dans son flanc ! L’autre est bien trop vif ! Il réagit, je le vois murmurer en esquissant un geste et un poing invisible me projette en arrière !

Tout est perdu… tout est perdu… je sombre ! Je sombre ! Je sombre… et il fait noir.

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Créé le 12/09/2008 à 00:31:50 - Pas de modification
[Pour cette fois, la démarche a été inverse : l'envie d'écrire ce texte est venue avant les musiques qui vont avec.
Elles ne seront donc que des ambiances, même si un moment j'ai fait une petite adaptation pour que les deux correspondent vraiment (lorsque The Kinslayer démarre).
La taille justifie le nombre de musiques, pas trop le choix ^^'
Je donne les quatre liens pour ceux qui voudront charger à l'avance. Il y aura des repères dans le textes mais mis à part les deux premiers, le lecteur est libre pour les deux restants : il serait impossible de les mettre aux bons endroits sur un texte aussi long.
Bon, maintenant... je crois que là, ou on aime, ou on aime pas ^^
Ptit merci à Genz et Feindy pour les coups de pouce ^^

Song of a Vagabond
The Kinslayer
Breaking the Habit
Make a Sound
]



[

Song of a Vagabond

]




Nan c’est pas vrai… pas déjà.
Ce réveil sonne trop tôt à mon goût, et trop fort aussi. De nos jours, on devrait inventer plus doux comme système. Franchement, l’Homme n’est pas logique dans son développement technologique. On est en 2060 tout de même.
Je me lève. Pas très frais je l’avoue, mais du pied droit. Je me tourne vers mon lit inoccupé et me trouve un peu honteux. De quoi je me plains ? Mon parcours professionnel ainsi que ma situation actuelle me poussent décidément à la paresse.
J’ouvre le réfrigérateur et constate avec lassitude qu’il a une grande capacité inoccupée. Je pourrais même m’y mettre dedans. L’idée saugrenue m’arrête un instant, puis je réalise qu’il faudra quand même remédier à tout cela… plus tard. Je n’ai pas le temps. J’avale trois tartines de brioche recouvertes de confiture et vais me doucher. J’enfile comme d’habitude mon costume et note que je ne suis pas en avance. Il est temps de partir. La maison est en bordel, mais on remédiera à ça plus tard aussi. Je ne prends pas le temps de vivre, c’est comme ça. Mes clés de voiture, ma mallette. Je peux y aller.
J’appuie sur le bouton du porte-clé, et la technologie, la voilà qui débarque et m’en fous plein la vue. J’ai trente-deux ans et suis à la tête de tout un empire pharmaceutique. Cela me donne le privilège de voir apparaître, derrière la porte du garage qui coulisse, ma ZSU 353 qui s’avance automatiquement jusqu’à l’allée menant au seuil de mon chez moi. Le mouvement de la voiture m’arrache un sourire alors que je redécouvre le changement subtil de couleur, de bleu profond à vert profond, de la peinture lorsque varie l’angle de vue.
J’ouvre la portière et m’installe à son bord, pose la mallette sur le siège passager et appose mon pouce sur le scanner digital. Le moteur ronfle, je suis aux anges. Je verrouille ma ceinture de sécurité et me mets en route pour mon trajet quotidien.
Lors de mes rares instants de liberté, il m’est déjà arrivé de délaisser un peu plus encore la gestion de mon fief pour un plaisir solitaire avec cette créature. Paradoxal me direz-vous ? Allez savoir si ce cœur qui pulse au fond du capot ne tressaillit pas à l’idée de mordre passionnément le bitume. Ces escapades sur circuit ont toujours constitué des instants magiques pour elle comme pour moi.
Un rapide coup d’œil m’indique que les pleins viennent d’être faits, comme quoi je ne délaisse pas tout. Je m’arrête à un feu rouge, et me délecte du regard des passants qui s’attardent sur mon bolide. Le pauvre est prisonnier des limitations ici, seul ses courbes, son aérodynamisme, sont en train de séduire. Quel gâchis ! Je vérifie que je suis au point mort sur ma boîte de vitesse, vestige du passé que j’ai tenu à conserver, et appuie sur l’accélérateur par intermittences. La mécanique réagit au quart de tour et offre à l’assistance quelques rugissements de toute beauté. Je ressens de maigres secousses, imagine le double pot d’échappement tousser. Il tousse propre, je m’en suis assuré. Quelques personnes s’indignent de la cacophonie alors que je n’ai pas abusé, tant pis pour eux, de toute façon je suis déjà parti.
Je crois entendre des sirènes de police derrière moi mais mon rétroviseur ne me révèle rien. Mon GPS me signale la présence de deux points à l’allure rapide sur une route perpendiculaire à la mienne, plus en amont, ainsi qu’un… je cligne des yeux… non rien. Je prends à droite, et tant pis pour la rallonge. Un nouveau feu tricolore me contraint à l’arrêt. Je tapote le volant avec patience lorsqu’une explosion de bruit rompt avec le calme de la seconde précédente, me faisant vivement sursauter. Une caisse complètement tunée vient de déboucher sur ma droite, d’un petit quartier qui a étouffé le tumulte. Les pneus crissent, et le cinglé négocie le virage pour prendre la route montante qui me fait face. Je la vois et l’entends s’éloigner. Quelques précieuses secondes plus tard, la police apparaît, et ça m’étonnerait que ces capots-là possèdent des ressources cachées. Ils s’éloignent eux aussi devant moi, ils auront vraisemblablement peu de chances de le coincer comme ça. Je tapote frénétiquement le volant. Passe au vert, passe au vert ! Allez ! Je tourne la tête à droite à gauche, prend une inspiration. Oh et puis merde ! Je passe la première et commet le réparable…
Le sourire revient dès que les décibels montent à un niveau inhabituel, dès que les vibrations deviennent très légèrement perceptibles, dès que l’aiguille au compteur dépasse les cent kilomètres-heure en agglomération, dès que je revois les plaques des voitures en bleu. J’ai envie d’accélérer pour les rejoindre plus rapidement, mais mon approche ne doit pas être agressive. Manquerait plus qu’ils me confondent avec l’autre ! J’arrive doucement à leur hauteur, et aperçoit le fuyard presque au loin. Cette route est exceptionnellement longue et le trafic est pour le moment inexistant. C’est l’opportunité. Je ne quitte pas le bitume des yeux mais appuie sur la commande d’ouverture de la vitre.
Le policier passager, après une seconde d’interdiction devant cette seconde voiture de sport qui débarque de nulle part, fait de même. Le vent artificiel est cinglant. Je m’époumone à le masquer.



VOUS ARRIVEREZ À LE COINCER ?!

Quoi ?


Sa voix me paraît si faible, alors qu’il n’est pas à plus de trois mètres de moi et qu’il crie lui aussi. J’essaie de tourner la tête vers lui pour qu’il me comprenne et lise sur mes lèvres.



LE COINCER !

Il me fait non de la tête, résigné. Vu ce que je m’apprête à faire, au diable la peinture. Je colle la voiture à la leur, percevant un…



Qu’est-ce qu’il fout ?

… de la part du conducteur, que je devine angoissé. Maintenant on peut parler.



Est-ce que je peux vous aider ?!

C’est hors de question, on n’implique pas de civils ! Ce type ne reculera devant rien !

Si je vous dis que moi non plus ?

Raison de plus pour ne pas doubler les risques pour la population !

Ecoutez ! Vous voulez les minimiser, ces risques, n’est-ce pas ? Et vous ne pouvez pas le maîtriser tant qu’il aura de quoi rouler ! Dégagez l’autoroute et laissez-moi le rabattre dessus !

C’est de la folie !

Ça ne regarde que moi. Ecoutez je n’ai pas grand-chose à perdre ! Je n’ai pas d’attaches !


L’agent détourne le regard et fixe la route.



Le problème est que vous deviendrez aussi imprévisible que lui !

Pas si nous sommes en contact !


Je tire d’une poche intérieure une carte de visite. L’un des numéros est celui du téléphone interne de ma voiture.



Juste une chose ! Vous me couvrirez pour les infractions au moins ?

Le passager acquiesce. Les voitures se séparent, ma vitre se relève. Je le vois prendre le poste CB et fixer des yeux la carte que je viens de lui donner. Je reçois un appel et décroche par une commande vocale. J’assure aux services de police que je les reçois cinq sur cinq à travers mes haut-parleurs, puis coupe l’émission. Je ne peux que les entendre. Je sais qu’ils vont tout suivre grâce aux signaux GPS.
Je verrouille le volant, me déleste précipitamment de ma veste, presse une nouvelle commande. Une tige télescopique se déploie du plancher pour se fixer dans le plafond. Elle est le support d’une deuxième ceinture de sécurité, ce qui me crée un harnais. Je pousse ma mallette du siège pour qu’elle se retrouve coincée dans l’habitacle.




[

The Kinslayer

]




Durant ce temps, j’en ai un peu oublié l’accélérateur. Ma décélération suscite l’incompréhension du policier passager qui a sorti la tête pour me regarder. Mais je suis prêt.
Je fronce soudain les sourcils. Je sens que mon visage affiche presque malgré moi une froideur inattendue. Il me faut un décompte.


3.


Une profonde expiration m’échappe. Je me craque les cervicales.

2.


Je me recale dans mon siège et me cramponne fermement au volant, mes doigts l’agrippent et le lâchent successivement.

1.


Je réaffirme ma prise, un rictus apparaît, je fixe l’homme qui ne comprend toujours pas, ma cheville droite est surtendue. Mes muscles se bandent d’eux-mêmes. La tension monte.

Zé…


J’écrase et le moteur pousse une complainte qui s’envole dans les aigus. L’aiguille a sursauté et avale les chiffres. Le policier horrifié s’empresse de se replier dans la voiture tandis que je le frôle. Je manipule le pommeau avec aisance et incrémente la vitesse d’un, dans un mouvement sec. Le vrombissement repasse dans les graves et s’envole à nouveau. Le quotient des trois kilomètres de voie sur mes cent vingt kilomètres-heure m’impose de lever le pied pour négocier les courbes à partir de maintenant, car le temps résultant est écoulé. Première étape : le rattraper.
J’enclenche une nouvelle fonctionnalité. Un panneau à l’avant du tableau de bord coulisse pour dévoiler un écran qui s’allume. La partie basse du pare-brise est fumée, ce qui rend le reflet lisible, reflet qui rassemble mon tableau de bord ainsi que mon écran GPS plus à droite. Un gadget qui se révélera bien vite indispensable lorsque mon champ de vision rétrécira, et que je vérifie toujours à l’avance.


Zoom out.

J’ai mélangé anglais et français dans les commandes. Le point qui m’intéresse apparaît, puis je désactive l’affichage. Les virages sont amples pour le moment. J’ouvre le canal.



Si ce n’est pas trop demandé, j’aimerais qu’on me donne des indications à l’oral, le GPS est trop distrayant…

La réponse féminine est affirmative. On dirait la voix de ma femme, qui est aussi overbookée que moi sinon plus. Quoi ? J’aurais pas le droit de prendre des risques sous prétexte que je suis marié ? Je vais me dégonfler et laisser ce taré faire ce qu’il veut ? Je vais laisser passer ma chance de concilier devoir de citoyen et infraction délibérée ?
Comme pour appuyer mes pensées, je repasse une vitesse et réduit les cylindres en esclavage !
Il est là, là-bas au fond. Je le vois par-dessus le rond-point. Le rond-point… pas de visibilité sur les côtés. Ecran. Y en a un qui va s’engager ! Allez ! Je presse encore la pédale et me positionne sur la ligne pointillée. Frein, braquage à gauche, gaz, contre-braquage. J’ai à peine remarqué le gêneur, pour lui ça a dû être l’inverse. Il faut croire que je me démerde pas mal par rapport à mon forcené. Quoique… c’est bien trop facile…



Qu’est-ce que vous faites ?

Je rétrograde, ça ne se voit pas ? Et emprunte une rue annexe par la même occasion. Ceci fait, je récupère le temps perdu.



Le lascar n’a pas l’air de savoir que je le poursuis, je peux peut-être lui tomber dessus.

Il va vous voir sur son appareil.

Et alors ? Ça ne coûte absolument rien, je suis déjà en train de gagner du terrain !


Et effectivement, alors que les routes se rejoignent, le tableau de bord atteste d’un changement de comportement du point cible, mais l’erreur est commise. La distance gagnée m’insuffle un peu plus d’impulsivité.
Le modèle qui me concurrence est une Aysher+ passablement modifiée, ce qui laisse présager quelques difficultés, car les Aysher de base ne sont déjà pas bien tendres face aux citadines…



Il y aura un embranchement dans un kilomètre, faites-le prendre à gauche.

Un kilomètre ? Cela ne laisse pas beaucoup de temps. Il fallait pourtant le déporter. Je m’aligne avec l’Aysher et commence à ressentir l’effet de l’aspiration quelques secondes. Mon rival se rend compte de la manœuvre et donne un brusque coup de volant vers la gauche. Oui ! Plus qu’écraser, j’accable le champignon pour gagner quelques précieux mètres. Mon aile est au niveau de son coffre, il ne peut plus revenir sur sa position sans risquer de se déstabiliser. La pression peut commencer. Je sens. Je sens que derrière cette silhouette se cache l’agitation, qu’il veut reprendre ce que je viens de lui voler. Trop tard, il a déjà tourné à l’endroit prévu. Il croit avoir réussi, car le virage m’a obligé à ralentir.



Bien joué !

Merci.


Je suis trop concentré pour laisser échapper quelque effusion. Je perçois le vrombissement de son propre moteur, et cela commence à m’exciter. Nous sommes deux lions dans une arène à essayer de s’intimider par rugissements interposés.
Je parviens à nouveau à bénéficier de l’aspiration et tente de conserver mon alignement, mais le fuyard multiplie les queues de poisson. Je m’accroche et le colle comme son ombre. Les pneus gémissent. Je suis en train d’apprendre sa plaque par cœur, tout en saisissant des murmures à l’autre bout du fil. C’est pas le moment d’ouvrir le canal. Je lui colle au cul. Les murmures ont augmenté d’intensité. Je sursaute !



UNE VOITURE ! UNE VOITURE DEVANT !

OH P…


L’autre s’est dégagé méchamment et me laisse volontiers en tête-à-tête avec le véhicule d’un spectateur au feu tricolore. J’ai senti passer la secousse et le trottoir qui va avec, et pulvérise deux chaises en plastique presque par pure vengeance.


ENFOIRE !

Réflexe, j’ai ouvert la communication pour en faire profiter tout le monde. Je suis déjà un autre homme : le pic de frayeur a dû me créer quelques cheveux blancs et m’a overdosé d’adrénaline instantanément. Dois-je mentionner la colère qui me bat les tempes ? Je repasse une vitesse tout juste perdue avec la violence d’un coup de poing.


Ça va pas s’passer comme ça ! J’le rabats où ?!



REPONDEZ !

La route se sépare en trois et… il faut aller tout droit. Si vous loupez on peut abandonner l’idée de l’autoroute…


Je réplique sèchement sans même y penser.



C’était pas nécessaire de l’mentionner.

Je n’entends pas les excuses qui suivent. Comment je vais bien pouvoir le maintenir sur la voie du milieu s’il n’y va pas de lui-même ? Ça me préoccupe 0.37 secondes : j’ai autre chose à foutre que de réfléchir ! Ce sera impro à cent soixante à l’heure ! J’ai regardé mon tableau de bord réduit, le coin de mon œil a repéré en prime que le nombre de points avait augmenté…



Deux kilomètres.

Je ne me suis pas trompé. De nombreuses voies annexes amènent leur flot d’automobiles et me donnent l’impression de tracer dans un champ de mines. Changeant. Je repère au loin la bretelle d’autoroute mais il y a une sorte d’étranglement bien avant, encadré par deux sorties. C’est l’étape suivante : il doit impérativement le franchir avec moi…
Nous nous insinuons au milieu de ces berlines, de ces coupés, de ces breaks, nous, les extraterrestres de la vie quotidienne. Nous n’avons d’autre choix que de rouler à vitesse réduite, pourtant illégale depuis longtemps. Nos sons couvrent à eux seuls le bruit du reste de la population motorisée. Nous nous faufilons au travers du lent brouillard routier. L’étranglement approche !
Je me retrouve en tête, l’autre à trois mètres en retrait à ma gauche. Ces idiots me gênent ! Ils comprennent pas le danger ? Je fais brailler mon klaxon comme un chauffard – je vous l’accorde, j’en suis devenu un – ce qui me rend répulsif. Un bon cercle de sécurité dérisoire s’est formé autour de moi, et je tiens à le maintenir. Réflexe commun, lui et moi appuyons de concert sur le champignon et les engins hurlants repoussent les autres encore plus efficacement. Nous y sommes !
Je bloque la voie de droite et le surveille tant bien que mal. Mais je distingue ses mains sur le volant, et elles ne laissent aucun doute !



REST’AVEC MOI CONNARD !

Je pile dans une fumée blanche et braque et lui percute l’arrière et le déstabilise ! Le choc l’a fait partir en dérapage qu’il garde sous contrôle, mais a placé son avant vers la droite ! Je le vois reprendre de la distance en chassant de l’arrière mais nous sommes passés !



[

Breaking the Habit

]




YEEEEEEEEEEES !

Je viens de me rayer la gorge bien comme il faut, mais mon manque de retenue est à la hauteur de ce que je viens de faire. J’entends de nouveaux murmures.


Qu’est-ce que vous dites de ça ?!

Magnifique !


Mais quelque chose cloche. Je remarque les indicateurs au-dessus du péage. Ils sont verts pour la plupart…



Vous avez bien évacué l’autoroute au moins ?

Ça demande beaucoup de temps.


Sous-entendu : non.



Fréquentée ?

Non plutôt dégagée.


Soulagement.
Il arrive sur le péage. Je suis bien plus en arrière, conséquence de mon coup de frein. Une barrière vole en éclats. Je fais monter les chiffres du compteur et fonce droit sur la brèche.



Qu… ABRUTI !

Un imbécile a décidé de faire de même ! Je freine, je tourne, j’accélère et prend une autre barrière pour cible avant de la massacrer. Il est déjà loin, normal, on vient de franchir la ligne de départ. On peut se débrider. La course commence maintenant.
Cette pensée me met dans une totale félicité, j’attendais ça depuis le début. Je sens qu’un rictus a pris naissance, aurais-je des instincts de bad guy ? Qu’importe ! Il est temps pour la ZSU de se décrasser !
J’écrase à nouveau la pédale et voilà qu’une nouvelle accélération me colle au dossier du siège. Grisant. Nous sommes aux voitures ce que les voitures seraient aux piétons, des véhicules comptant cent vingt kilomètres-heure de plus. Heureusement, la quatre voies est plutôt dégagée. Cette fois, l’étape se résume à une tâche : je dois l’arrêter. C’est l’étape finale, la plus délicate, la plus complexe. Car maintenant que je suis devant le fait accompli, la difficulté que je me suis créée me saute aux yeux : l’autoroute est plutôt sécurisante pour la population, mais désormais lancés à des vitesses irraisonnées, comment vais-je pouvoir le contraindre à l’immobilité sans casse ? Je ne suis pas un tueur, je n’ai pas envie de provoquer un accident ! Une idée me traverse l’esprit mais je connais déjà la réponse…



Vous savez bien que les herses ont été interdites suite aux accidents mortels qu’elles ont engendrés.

Belle connerie ça.

Belle connerie oui. On ne peut pas risquer un barrage routier non plus.

Mais comment faites-vous normalement dans ce genre de situation ?

On les coince là où ils ne peuvent pas nous distancer, les routes sinueuses, les petits villages. Celui-là est un malin doublé d’un as du volant. Il nous a échappé. J’espère que vous serez à la hauteur parce que vous venez de vous offrir un terrain de jeu dans lequel nous sommes impuissants…


Je deviens marteau. « Un terrain de jeu ». Serais-je assez hypocrite pour me mentir à moi-même et m’auto-persuader que je n’y ai pas pensé ? Serai-je assez honnête pour avouer que c’est même ce que je voulais ? Un individu sain d’esprit aurait arrêté le délire à l’instant même où il aurait posé les yeux sur son annulaire gauche…
Je suis enfin à nouveau à sa hauteur. Personne en vue. Je donne un coup de volant dans l’intention de le rabattre sur la rambarde de sécurité, mais si les chocs ont été efficaces jusqu’à présent, celui-ci l’est moins, d’une part parce que je n’ai pas visé de point faible, de l’autre parce que nous sommes désormais bien plus stables dans notre course effrénée. Et d’une autre encore car je n’ai pas été assez fou pour du rentre-dedans, le décor sera suffisamment charmant tant que je n’en ferai pas partie.
Carrosserie contre carrosserie, mes efforts pour le pousser contre le garde-fou restent vains, mon coup ne l’ayant pas assez désarçonné. Je comprends alors que je suis loin d’en avoir fini avec lui.



Gomme dure, plus sécurité !

Il va falloir économiser les pneus, j’agis donc en conséquence. Ils sont constitués d’une gomme adaptative sensible à la température, elle-même contrôlée par un système de refroidissement reposant sur un appareillage simple de tubes rigides. L’écoulement du fluide caloporteur résulte de la force centrifuge. Pour le reste, il faudra voir le concepteur. Toujours est-il que je peux ainsi influer sur le compromis longévité-adhérence.
Le temps passe et les kilomètres défilent. ZSU et Aysher collectionnent les rayures symétriques. J’en viens à ne plus savoir quoi faire, j’en suis déjà à ma septième tentative infructueuse et mon adversaire est effectivement loin d’être un sot : il a repéré chacun de mes positionnements, à chaque fois que je me plaçais pour préparer une touche à l’arrière – la plus déstabilisante – et a écarté la menace d’un coup de direction, de frein ou d’accélérateur. Pour parvenir à être si vigilant en de telles circonstances, je lui décerne moi-même son titre d’as du volant. Ce type n’a même pas de copilote, il est obligé de surveiller le trafic comme ma correspondante le fait pour moi. Quelque part, je suis loin d’être à la hauteur, mais passons, j’ai tout de même mes chances. Et puis, pour être un habitué des circuits, ma façon de penser doit être bien plus proche de la sienne que de simples policiers. A ce propos…




[

Make a Sound

]




Prévenez-moi lorsque la route sera dégagée.

Elle l’est en ce moment même.

Elle l’est ?


Ecran.


Zoom out. Zoom out.

Euh… c’est…

Non elle ne l’est pas, je parle d’un très grande distance, et clean de chez clean, pas âme qui vive !

Bien, mais pourquoi ?

Autant vous laisser la surprise…



« Un terrain de jeu ». Chuis vraiment taré. Aah !
Le salaud est passé à l’offensive, peut-être après avoir décelé un moment d’inattention, et il a eu raison ! Me voilà dans la panade parce que je n’ai pas été foutu de tenir mon volant ! La voiture ne fait que patiner ! J’enchaîne dérapages sur dérapages, braquages et contre-braquages pour retrouver la stabilité d’une ligne droite, mais mon désarroi se prolonge et je sens les sueurs froides couler ! Je sens ma perte de contrôle croissante, je chasse de l’arrière de plus en plus longtemps ! Pareil pour les pneus ! Merde merde ! Aller simple pour le décor ! Quel con !
Mon expérience de pilote refait enfin surface après une dizaine de secondes à zigzaguer dangereusement. J’abandonnais le champignon ! Erreur ! Je réaffirme ma prise et constate enfin une amélioration. J’ai l’impression de rejouer le film à l’envers et me revoilà en course. L’autre s’est bien sûr taillé.



La prochaine sortie est loin j’espère ?

Très.

Et elle se vide cette autoroute ?!

L’info circule sur tous les médias et sur les panneaux de signalisation autoroutiers, on fait ce qu’on peut.


L’Aysher+ n’est même plus en vue, je vais ramer. La vache, ma chemise est trempée, et les manches vont me faire chier pour l’enlever. Tant pis, je vais devoir supporter. Je retrouve ma vitesse d’origine et scrute l’horizon. Les minutes s’écoulent et toujours rien. Je double en trombe des grappes de voitures et de camions et toujours rien. Ça chuchote…



Allez dites-moi. Il a réussi à prendre la tangente ?

Je lâche l’accélérateur, je sais que ma défaite va être annoncée.



Eh bien à vrai dire, on ne sait plus où il est…

Je me redresse instantanément.



Quoi ?! Comment ça ?!

On ne sait plus où est le point qui le localise…

ET VOUS POUVIEZ PAS LE DIRE PLUS TOT ?!

Mais…

Bande d’imbéciles !

Non mais vou…


Je sens la phrase monter pour exploser mais je la coupe.



Y a pas de sortie il peut pas s’échapper !! Si vous ne le voyez pas, c’est qu’il s’est fondu dans la masse !! J’l’ai doublé depuis le temps, c’est lui qui va chasser maintenant !!

Là, ça pue.



Comment vous le savez ?

C’est ce que j’aurais fait. Non mais putain de GPS, vous savez comment ils faisaient avant ? Ils faisaient un suivi par hélico ! En visuel ! Y avait pas d’entourloupe possible !



Elle semble décidée à subir mes sautes d’humeur sans broncher. Excepté peut-être quand je les insulte. Quoi qu’il en soit j’avais raison sur toute la ligne. Mon point fut miraculeusement retrouvé grâce à son comportement, et il se trouvait miraculeusement derrière moi… et se rapprochait miraculeusement vite…
De chasseur je passe à chassé, et le moins qu’on puisse dire est que je n’aime pas ça. Cela me met d’humeur massacrante.
Il n’est déjà plus bien loin. Je voudrais bien slalomer entre les voitures pour lui donner du fil à retordre mais nous allons décidément trop vite pour ce petit jeu là. Cette chemise me fait vraiment chier ! Je vais péter un plomb avec cette ventouse dans le dos !
Au moins, en cet instant précis, je sais exactement ce qu’il a en tête pour l’avoir vécu juste avant : mon croupion. Rien ne lui ferait plus plaisir que de le dégommer une fois pour toutes. Mais m’est avis qu’il a en supplément une âme de meurtrier, lui…
J’ai tendance à perdre mon sang-froid et à changer de file inutilement, évitant des voitures inexistantes. Les répercussions sont immédiates, il gagne du terrain et je me sens de plus en plus menacé. Ma copilote me signale un petit groupe d’automobiles un peu plus loin, c’est ma chance, car si je ne m’abuse…



La sortie approche, non ?

Et elle me répond par l’affirmative.
J’attends d’être à proximité du groupe pour piler. Un panache de vapeur est pulvérisé sur mes pneus afin de rendre rapidement la gomme tendre pour en augmenter le pouvoir adhérant, c’est la sécurité, que j’aurais dû désactiver pour le coup. Mon rival pile comme prévu : il est évident qu’en aucun cas il n’essayera de me dépasser.
Nous pouvons maintenant nous faufiler parmi les autres voitures, et ces obstacles me protègent. Ils roulent à vitesse constante ce qui les rend immobiles à nos yeux. Notre arrivée à tendance à les faire s’écarter de nous mais nous suivons le mouvement, ce qu’ils ne doivent pas comprendre. Le jeu se met en place.
Je me tiens devant la voiture de tête et bascule tantôt sur sa file de gauche, tantôt sur sa file de droite, et vois le fugitif derrière faire de même avec un petit temps de retard. Je m’attendais à des appels de phare de l’automobiliste encadré, mais je crois qu’il a été mis au courant… et maudit le sort d’être mêlé à tout ça. Les minutes passent et ma manœuvre cyclique endort la méfiance du chasseur, il ne se déporte plus et se contente de coller l’arrière de l’obstacle. A-t-il oublié qu’une autre voiture l’encadre lui aussi ? Car si le groupe a tout d’abord été perturbé, il s’est rétabli et ne change pas. Mon fuyard s’est donc inséré entre deux voitures et la lassitude ne le fait plus bouger. Comme d’habitude, j’ai poursuivi mon cycle et me suis placé sur la voie de droite, libre. Je me prépare et pile à nouveau.
Sa mine ? Je l’imagine horrifiée devant sa négligence. Le temps qu’il réagisse, je passe déjà à sa hauteur. Il se libère de l’étau par la gauche et freine à son tour, mais c’est bien trop tard, je suis derrière. Et je savoure mon coup double lorsque nous voyons devant nous le groupe se déporter vers la droite pour prendre la sortie. Je suis sur la droite : il ne peut pas la prendre. Je m’emporte et lui fait un doigt d’honneur mais il garde son calme. Au contraire, il me fait un signe d’au revoir en souriant de toutes ses dents. C’est le signe que j’attendais depuis tout à l’heure.



Cette fois il n’y a plus personne !

… je sais.

Et une seconde sortie n’est pas bien loin…


Mais ma voix s’est tendue et elle l’a sentie.



Qu’est-ce qui se passe ?

La surprise.


Je relève la protection d’un interrupteur et bascule celui-ci. Maintenant je peux vous dire ce qu’il se passe. Je peux vous dire que l’habitacle vibre provisoirement de la même manière que si je démarrais la ZSU. Je peux vous dire qu’une partie du capot s’ouvre de la même manière qu’un store pour créer une nouvelle admission d’air. Je peux vous dire qu’une toute nouvelle puissance se développe, tapie au fond de mon coffre. Je peux encore vous dire qu’un régulateur de vitesse me fixe très soigneusement sur la vitesse de deux cent quatre-vingt kilomètres-heure. Je rajoute encore qu’un son perçant s’élèvera ensuite de l’arrière, et me fera croire que j’héberge plus une turbine qu’un véritable moteur, qu’il se synchronisera avec son homologue avant que sa puissance effective ne soit dérivée au reste de la ZSU.
C’est un module dragster qui ne m’a quasiment jamais servi, excepté dans des courses appelées Hybrides, bien évidemment en parfaite ligne droite et très longues : le module ne peut pas fonctionner en dessous du seuil des deux cent cinquante. Mais je ne suis pas dans une Hybride, et j’en trempe un peu plus ma serpillière qui me sert de chemise…


Dites à ma femme que je l’aime.

La phrase du héros, c’est vrai que ça sonne bien ! En tout cas, le sosie vocal se met à rire.



Arrêtez votre char, vous vous donnez des airs !

J’hausse un sourcil d’amusement.


Woah, vous avez un radar à bobards ?

Elle répond avec le même entrain.



Juste double spécialité : femme flic…

Navré d’écourter mais taisez-vous maintenant.


Ma rustrerie a de quoi choquer – j’ai retenu le « fermez-là », même poli –, aussi ajoute-je précipitamment.



Fixez le GPS.

L’autre, je le vois faire le malin et partir en flèche. A la fumée qu’il dégage, aucun doute, il vient d’asphyxier sa mécanique au protoxyde d’azote… comme prévu. Il ne sait pas que mon système n’est pas aussi éphémère que le sien…
La dérivation s’effectue, les deux cent quatre-vingt au compteur stabilisés. Putain, ça y est ! Putaiiiiiiiiiiiiin…
La sensation en serait presque indescriptible. Je suis incrusté dans mon siège, mes bras me font souffrir, et je perds totalement la notion de contrôle : je ne fais plus avancer la ZSU, c’est elle qui me tracte avec une force herculéenne, comme si elle était autonome.



Mon dieu ! Comment faites-vous ça ?!

Je lui avais dit de se taire ! J’ai une trouille pas possible. La section d’autoroute est légèrement courbée vers la droite, alors que je n’ai jamais tourné avec le module activé. La courbure est même amplifiée par la vitesse démesurée. J’ose donner quelques degrés au volant, et déjà je sens que j’atteins le point critique où les pneus menacent de patiner. Trop tard pour changer l’adhérence. C’est trop risqué. Je ne tourne pas assez pour prendre la courbure, je me vois lentement me déporter vers l’extérieur… si je touche la rambarde, je suis mort ! J’ai déjà franchi deux voies sur quatre. Je rattrape l’autre sans problème, mais je ne peux pas tourner plus ! Putain ça finit quand ?! Plus qu’une voie ! Je la vois la putain de rambarde, je la vois ! J’ose un degré supplémentaire… ça passe, ça passe ! Allez ça passe ! ça passe ! Aaaaaaaaaaah !
Oui ! Oui putain oui !
Je rétablis lentement le volant pour minimiser les risques et récupérer les voies de droite. Je désactive prudemment l’interrupteur et la dérivation inverse se prépare. L’autre doit être médusé, je viens de lui faire brûler inutilement ses réserves. J’ai lâché l’accélérateur pour rester à son niveau. Je vois les panneaux indiquant la prochaine échappatoire. Ce sera encore raté pour cette f…
Le paysage gris tourbillonne et le choc est d’une violence rare alors que je suis projeté vers ma portière. C’est le trou noir.
Lorsque je me réveille, je me demande bien où je me trouve. Un liquide poisseux me recouvre toute l’épaule gauche. J’ai un abominable mal de crâne, je crois que je saigne à la tête. Tout est calme d’un seul coup. Ça tranche complètement avec mes… peut-être… deux heures de frénésie ? J’en sais rien. J’ai mal aux yeux, la lumière du jour suffit à m’éblouir. Après quelques larmes, je distingue les traces de gomme qui retracent ma trajectoire. Elles suivent scrupuleusement la barrière médiane, faut croire que j’ai une chance de cocu…
Je ne sais pas du tout où je me trouve géographiquement, la radio est bousillée. Mes réservoirs sont presque vides, et ça me fait sourire.
J’ai une pensée pour lui, j’ai plus ou moins accompli ma mission puisqu’il doit bientôt être à sec lui aussi. Malgré tout…


Bonne chance mon pote…


… qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire à ma femme ?

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Créé le 12/09/2008 à 00:48:35 - Pas de modification

 

Il se tenait là, seul, dans le noir. Perdu. Sans but. Errant. Perdu de vue par un monde insipide et sans consistance. A ses yeux. Il avait froid.
Il se tenait là, seul, dans le noir. Déchu. Sans lutte. Souffrant. Oublié par un monde placide et sans attirance. A ses feux. Ils s’y noient.

Il a froid, gelé jusqu’au tréfonds des entrailles, et son âme engourdie ne sait que penser.
Ivre d’effroi, au devant d’une fin qui tiraille, la morsure pénétrante vient le happer.
Il passe une main sur son poitrail, et n’y trouve plus de quoi pulser.
Au point de perdre une bataille, il est prêt à sombrer.

Mais il se souvient. Il se souvient. A qui il l’a donné.
Et il n’en retient… il n’en retient… qu’une chose. On le lui a volé.

Pouvoir des souvenirs en un instant exploité, l’obscurité laisse place à une voûte dorée.
Le voilà abasourdi, affranchi de noirceur, il lève les yeux sous un nouveau firmament,
Fruit de mille éclats de lumière reflétés, d’une mystérieuse origine qui reste masquée.
Une coupole infinie, un toit protecteur, qui semble repousser tous les tourments.
Une douce chaleur s’est répandue, et a vaincu les morsures acérées.
De ses doigts bleuis, de son souffle cristallisé, il ne reste plus une trace.
De l’âme engourdie, et de la froidure passée, sa mémoire se débarrasse.
Ne compte que cet espace nu, illusion de voiles sombres et nacrés.

Car il semble qu’il y ait quelque chose au milieu de ces furtifs reflets irisés.
Car il se pourrait qu’une chose soit dissimulée au plus profond de cette nudité.
Empêtrée dans les voiles, prisonnière d’un Dédale.
Dérobée aux clartés, celée aux sabliers.

Il fronce les sourcils devant ces discrets mouvements
Qu’il ne parvient à définir, à distinguer correctement.
Qu’est-ce que cet espace recèle pour qu’il ne puisse y avoir accès ?
Qu’est-ce que ces voiles révèlent une fois percé leur secret ?
Dans un monde qui a pris naissance au sein des souvenirs,
Il n’y a que l’honteux coupable qui puisse ainsi se tapir !
Celui-là même qui l’a outrageusement volé !
Celui-là même qui l’a vitalement dépossédé !

Il s’avance, incertain, progressant lentement sur un sol dallé si ténébreux
Qu’il éprouve la désagréable impression d’errer dans un cosmos dangereux.
Il se sent livré à lui-même, sans but véritable ni repère.
Il se sait le teint blême, ses yeux fixent la demi-sphère
Décorée d’ornements chatoyants et par la même occasion rassurants.
Il s’élance, plus serein, se précipitant droit devant sans objectif apparent.

Les châles fantomatiques échappent à toute rationalité.
Alors qu’il est persuadé de s’approcher de l’un d’eux,
Il ne parvient pas à l’effleurer, et le perd des yeux
Tant ils se fondent si bien au creux de cette réalité.
Il ne comprend plus s’ils sont faits d’ombres et d’obscurité
Ou d’autres mélanges composés, clairement insidieux.
Et c’est dans cet état d’incompréhension pernicieux
Qu’il commence à enrager face à une telle excentricité.

Ses pas se font plus pesants, plus pressants
A mesure d’un transport en son for grandissant.
Une résolution plus marquée, plus acérée
A mesure qu’un désir se fait imposant.
Le voilà tentant d’arracher, les dents serrées,
Les stupides étoffes qui l’entravent,
D’un bras puis de l’autre,
En vain.
Enfin
Se déchire une des guêtres,
Après un millier de gestes graves,
Lui donnant à examiner. La Vérité.

Vérité qui éclate en silence, dans un halo laiteux.
S’offre alors une Belle évidence, un constat onéreux.
Découverte qui l’époustoufle et le rend silencieux.
Coup de poignard qui l’essouffle tel un cœur comateux.

Un cœur !

Il baisse les yeux vers sa poitrine, de stupeur,
Et ne réalise pas d’où viennent ces battements.
Son côté gauche s’anime et s’emballe pourtant,
Frénésie issue des sentiments, de leur demeure.
Le phénomène garde ceci d’étrange
Qu’il est à la fois réel et rêvé,
Tour à tour observé et souhaité.
Sa raison se perd presque dans ces échanges.

Son regard glisse et parcourt avec délicatesse
Chaque parcelle de sa lumineuse silhouette,
Suivant chacun des fils d’or qui embellissent
Le velours d’une robe à la beauté secrète.
Elle lui tourne le dos aux trois-quarts,
Un reflet trahit une dague au poignet,
Lestée d’habile façon, sommet de son art.
Une Voleuse piégée dans un temps à l’arrêt.
Mais le halo s’élargit, et donne à voir
Foule insupportable d’hommes agglutinés
En contrebas, face à elle surélevée
Qui les observe patiemment sans s’émouvoir.

L’envie déjà forte se fait irrépressible,
Celle de franchir les dernières distances,
De détourner son regard autant que possible,
Et d’apaiser ce cœur qui le lance.
Mais l’idée à peine effleurée le condamne,
Des chaînes le lient à un mur colossal,
La séparation devient monumentale
Et le prive toujours plus de son éclat diaphane…

Son image s’éloigne encore en amenuisant ses espoirs,
Il est paralysé par l’idée fixe de ne plus la revoir.
La colère de l’impuissance monte graduellement,
Dompte une mine résignée et explose complètement…

ASSEEEEEZ !!

C’est une longue plainte qui s’échappe brutalement
Et trouve au milieu de l’infini un écho assourdissant
Immobilisant jusqu’à cette fuite perpétuelle.
C’est l’occasion d’un dernier discours rationnel…

Assez ! Assez……
Pourquoi partir ?! Tu es si loin de moi ! Je ne sais même pas si tu m’entends, mais s’il le faut, je crierai tout ce que j’ai à te dire ! Une dernière fois, une bonne fois pour toutes !
Tu dois te demander pourquoi je fais tout cela, alors que tout semblait clair depuis quelques temps. Et ça l’était ! Ça l’était dans mon esprit aussi. Ça l’est encore finalement, je ne suis pas perdu pour autant vis-à-vis de toi, bien au contraire. Simplement… d’anciennes questions ont ressurgi, et de nouvelles se sont posées. En fait, si je fais tout cela… c’est parce que je ne laisserai pas passer la plus infime possibilité que m’offre l’une d’elle. Tu as des chances de trouver cela bien vain, et je te répondrai alors que je préfère vivre sans regrets. Et j’agirai de manière à ne pas en avoir. Telle est la raison qui m’a fait atterrir ici, je le sais maintenant.

Alors par où commencer ? Par ces questions, certainement. Par cette question, à vrai dire. Une seule question qui m’a suffi à en arriver là, ici, précisément. Cette question, tu la connais déjà, je te l’ai déjà posée mais tu n’as pas su y apporter une réponse précise, il y a quelques mois : quatre exactement, à l’instant même où je te parle, si tant est que nous pouvons évoquer le temps dans un endroit pareil.
Je ne t’en veux pas, malgré l’importance que cette question possédait à mes yeux. Maintenant, je pense que tu te doutes de cette fameuse question, et peut-être même que tu la redoutes déjà, car il est possible que tu n’aies pas plus d’éléments de réponse qu’avant. Qu’importe, je ne te l’assènerai pas, elle a évolué désormais, vers une interrogation bien plus fondamentale.

Beaucoup de « je pense », de « peut-être », de « il est possible » transparaît ou transparaîtra dans ce discours. Comprends bien que je n’ai d’autre choix que de le teinter d’incertitude, car je n’aurai pas la prétention de me croire dans ta tête. D’ailleurs, si ça avait été le cas, ce monde qui nous entoure n’aurait jamais existé.

Pourquoi n’existe-t-il que maintenant ? Pourquoi ai-je été si long à réagir ? Ça peut paraître anodin, mais à y réfléchir, ça ne l’est pas tant que ça. Il y a plusieurs raisons conjuguées à ma « lenteur ». Tout d’abord, parce que j’ai écarté d’office certaines pensées sans même m’en rendre compte, pris dans des pensées bien différentes ce jour-là, et les autres qui suivirent. Pensées que je n’ai récupérées qu’une fois un certain recul acquis, je dirais même, un déclic. Ensuite, pour réfléchir à tout ce que nous avons vécu, et comprendre là où nous avons échoués, nous ou moi. J’ai passé en revue je ne sais combien de choses, certaines incertaines, d’autres peut-être moins. Et cela m’a amené droit vers une solution. Une solution qui peut te plaire, comme elle peut te déplaire, mais que moi, je suis prêt à accepter.

Toi, si éloignée de moi en cet instant, je pourrais presque te voir sous le choc d’ici. Une solution ? Oui, et il est temps d’en venir au fait, et de dire tout haut ce qui est l’évidence même : le but de ce discours. Je parle de solution, oui, parce que je me dis que tout n’est peut-être pas perdu. Combien de chances y a-t-il pour que tu trouves cela ridicule, que tu considères le passé comme irrévocable ? Je dirais élevées, et si j’ai raison, alors ce discours s’arrête là. Mais je te rappelle que je ne connais pas tes pensées et par conséquent, je ne sais pas comment tu as envisagé l’après. Je te rappelle aussi que j’ai décidé de vivre avec le moins de regrets possible, et ainsi, ici, en faisant ce que je fais, je n’en aurai pas.

Je te parle de solution parce que je pense que l’on peut repartir sur d’autres bases. Si jamais j’ai vu juste jusqu’ici, alors j’expliquerais notre échec si brusque, si soudain par la façon que l’on avait de voir les choses. Ne peut-on pas simplement envisager de changer la manière dont on appréhendait tout cela ? Ne peut-on pas se contenter de l’instant présent, de le vivre comme s’il n’avait pas de lendemain, ensemble, à profiter simplement de l’autre lorsqu’il est près de nous ? Et ne peut-on pas vivre nos vies individuelles comme nous les avons toujours vécues, sans se soucier de l’autre, lorsqu’il n’est plus là ?
Regarde-les, ces hommes en contrebas, regarde-les. Et regarde la distance infinie qui nous sépare. Ce que je veux dire, c’est que même si notre lien existe, je ne saurai détourner tes yeux tant que je ne serai pas à tes côtés, pour te laisser vivre ta vie. Simplement.

Drôle de conception ? La vérité, et je sais que tous mes mots m’ont trahi jusque là, c’est que je t’aime. Horriblement, terriblement, irrésistiblement. Oui, on croit en finir, mais c’est exactement l’inverse qui se produit. La petite parcelle d’espoir qui est née a suffi à ressusciter ce qui agonisait. Je croyais en finir. Et je pense que toi aussi, alors laisse-moi te dire que c’est ma toute dernière intervention à ce sujet. Je suis convaincu qu’il ne pourra pas y en avoir de prochaine, mais pour ce qui est de celle-ci, je ne pouvais pas ne pas essayer.

Je voulais te dire enfin que tout te révéler d’ici ne me plaît pas. Oui, j’y gagne la maîtrise de mes mots, mais j’y perds le timbre de ma voix. Je ne suis pas un surhomme : ces chaînes qui m’entravent ne semblent pas prêtes à céder. Je n’aurais pas hésité à te rejoindre si ça avait été le cas contraire, pour te livrer ce que j’avais sur le cœur.
Quoiqu’il en soit, si je me suis trompé, je serai toujours l’ami sur lequel tu pourras compter, mais je ne pourrai plus prétendre n’être que ça. Je serai simplement l’ami qui continuera à te dire je t’aime en silence, parce qu’il ne peut pas en être autrement…

Et parce qu’il ne peut pas en être autrement,
Le silence s’impose, les voiles se refermant.
Lui replonge au beau milieu de l’inconnu
Mais sourit à ces murmures : *Je t’ai entendu*.

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Créé le 12/09/2008 à 00:50:08 - Pas de modification

[Une espèce d'écriture semi-automatique. J'ai mis de côté la réflexion et n'ai fait que suivre le son.
Musique introuvable directement (je suis preneur si vous avez un lien) donc je le mets en download, pas le choix.
A lire très vite si vous voulez coller à mon état lors de l'écriture ^^

]


Nous sommes en guerre ! Armez les plumes, chargez les stylos, taillez les crayons, nous sommes partis pour la Grande Bataille, le Feu d’Artifice !

Je ne sais pas où je me trouve, mais j’en ai une idée. Un vrai délire de mon Maître, née d’une musique transcendantale lorsqu’on s’y plonge corps et âme. Qui a dit qu’il existait une frontière entre le Créateur et la Créature ? Cette fois, vous plongerez dans ma tête, lors de mon instant de folie. Je le sais passager, je dois écrire vite. Vite et juste. Exercice difficile pour moi, j’espère que vous y survivrez ! Qui suis-je ? On m’appelle Asteroth, et on m’appelle pas aussi. Je suis un mélange de tout, juste ici et maintenant. Je suis l’unité narratrice, le Ninja aux mille étourderies, le Voyageur aux accélérations vives, le Démon Double, l’Androïde aux sentiments, le Surdoué des surdoués, le Multi-Elme, le Shadan’Quyr. Tout ça c’est moi ! Tremblez devant moi ! Voyez mes milliards de visages ! Je suis moi ! MOI ! Moi, le sans limites ! Laissez-moi, ce soir, exploser devant vous !
Je vois des torrents qui se déversent, de grandes guerres qui se déroulent, des morts, du sang, de l’amour, des sentiments, de la rage, de la haine, des complots, tout explose ! Partout, toujours, à jamais ! Sentez l’odeur de soufre qui flotte dans l’air ! Tout se télescope ! Et que meurent les infidèles ! Et que se noient les survivants ! Que raconte-je ? Qu’en sais-je moi ? Je me sens cavalier pris au milieu de tous ces mondes. Regardez ! L’atmosphère noire et suffocante ! Je suis dans un prisme de couleurs, et chacune m’envoie dans les recoins de la Création ! Oui je suis un Dieu ! Et vous l’avez toujours su ! A chaque fois que vos yeux se sont posés sur mes mots, n’est-ce pas ce que je suis devenu. Je conquiers vos âmes et vous les arrachent, et où vivez vous ? DANS MON PRISME !
Piégés dans mon prisme, je n’ai qu’à le faire tourner pour vous donner l’arc-en-ciel des cieux que j’ai choisis pour vous ! Le cavalier, ce n’est pas moi ! C’est vous ! C’est vous que je cybernétise ! C’est vous qui manipulez les sorts que j’ai créés pour vous, pauvres pantins ! Et c’est moi aussi ! Moi, mes mondes ! En pleine crise d’égocentrisme ! Et je parie que ça vous plaît encore ! Avouez-le ! Ne croyez-vous pas que ce soliloque fait mieux que vous laisser de marbre ? Vous vous croyez extérieurs ? C’est que vous êtes déjà happés ! A votre droite ! Mon torrent d’artillerie ! J’ai eu beau dire n’importe quoi, vous l’avez imaginé, vous l’avez vu ! N’est-ce pas de la magie ? N’est-ce pas une preuve de ma toute-Puissance ?! Je pose mes doigts sur un clavier, et votre âme ne fait que suivre mes fils ! Dites-moi où est votre conscience, que je la cherche ! Et que tout explose !
Je suis le meilleur cuisinier de tous les temps. Une épée, une armure, un cheval, une tunique, allez, vous avez déjà pensé à un chevalier à la haute stature, il a prêté serment, il se bat contre le mal ! En quatre mots, je vous ai poussé mille fois plus loin que ce que vous pensiez ! Ma recette a déjà fait mouche ! Et je sens que je suis sous influence ! Ça sent le Sang, ça sent les Ombres ! Tout Dieu que je suis, je n’ai été que le pantin de quelqu’un d’autre ! Misérable traîtrise, mais songez à notre Puissance !

J’EN AI ASSEZ ! J’ai cette image dans la tête depuis le début, je veux que ma mosaïque s’embrase, de toutes les manières possibles ! Ecoutez ! ECOUTEZ ! Chaque percussion est une déflagration, chacun de mes mondes devient un chaos à sa couleur ! « Chaos à sa couleur » ? Que mettez-vous derrière ça ? Derrière l’art de la métaphore, je serais prêt à disséquer vos pensées pour le savoir. Six milliards d’hommes et de femmes, six milliards d’interprétations. Vous osez m’échapper, car je ne sais pas quelles sont ces images, quelle est leur forme. Vous êtes libres et cela m’insupporte ! Pourtant je vous tiens ! Je vous tiens, car il vous est impossible de ne pas les penser. Chaos à sa couleur ! Vous venez de le refaire !
Et si je tournais mon prisme ? Vous qui êtes à l’intérieur, qu’y verriez-vous ? Allez dites-moi, je veux le savoir ! Mais moi, je vais vous en faire part. Je vois ici une montagne noire à moitié fantomatique, au pied enneigé et au sommet embrasé ! Etrange ! je ne l’avais pas vu comme ça lorsque je tapais « montagne noire ». Allez, relisez mon « Bijou de Technologie », paragraphe qui traite de l’imagination ! Vous êtes une machine et moi aussi ! Je le prouve ! Quand cesserez-vous de jouer à l’autruche ? Qu’y a-t-il de dégradant à se savoir mécanique ? Je suis un stock de souvenirs, d’images, et de réflexions, et je l’assume ! Je suis guidé ! Tout est truqué ! Si vous saviez faire parler les chiffres, vous contrôleriez déjà mes émotions ! Mais je divague ! J’ai déjà oublié mon prisme !
Face suivante, champ de coquelicot que –hop- je fais tourner au vert ! Me dites pas que vous ne pensiez pas au rouge au départ ? Je suis un déstructurateur de monde, je peux en modifier les rouages comme je le veux, les recombiner et vous servir le plat chaud ! Ha ! Un cuisinier je vous dis ! Un cuisinier de vis, de boulons et de ressorts ! Et faites pas la grimace, vous avez toujours trouvé ça à votre goût !
Coup d’œil rapide ! Combien de points d’exclamations ai-je utilisé ? Je sais pas, ce que je sais, c’est que depuis que j’ai commencé j’ai pas arrêté de gueuler. Impossible de parler calmement dans l’état où je me trouve. Comprenez-vous enfin un peu mieux ma synergie avec les notes ? je sais que si je crie, c’est parce que cette foutue musique m’y pousse ! Je suis guidé, tout est guidé ! Le torrent déchaîné de mes pensées s’en voit canalisé ! Allez j’ai envie d’une autre image ! BAM BAM ! Mon Feu d’Artifice du début ! Ma Guerre du début ! Qu’y voyez-vous ? Dites-moi ? DITES-MOI ! J’y vois des missiles en forme de stylos, des bombes à l’aluminium qui vous irradient de rouge ! Mais non c’est pas du sang ! Vous avez la métaphore facile, reprenez-vous, on est dans le monde le plus terre-à-terre qui soit : MA TÊTE ! QUI ? Qui a osé croire qu’il n’était pas englué dans mes pensées, mais le fruit du calcul ? JE NE CALCULE PAS ! C’est clair ? Je vous parle, je vous suggère, je vous maudis et je sais pas pourquoi !
Je suis en mode automatique, une machine je vous dis ! Une frénésie créatrice, l’envie des mots, pure, forte, vive ! Je sais pas ce que j’écris et pourquoi je l’écris ! Je ne sais pas de quoi je me libère, je ne sais pas ce que j’ai et je ne sais pas ! Paf, le gouffre sans fond du hall des Chasseurs ! J’écraserai ce Séphaliar d’un revers de main si tous ces parasites n’étaient pas là ! Car je suis moi ! Et dans mon monde ! Je peux être l’initiateur de l’Armageddon, seules les lois de crédibilité m’en empêchent ! Et pourtant, qu’y a-t-il de moins crédible que tout cela ? Pas moi en tout cas !
Les moi les moi. A force d’en dire je sens que ce texte pue mon ego. Et ça me fait plaisir ! Feu d’Artifice !
Ça y est, je sens ma folie consumée, mes mots reprennent un ordre décent, je perds la spontanéité. Alors je vous quitte dès maintenant, moi, AsJewBethKaEckFrey.

On va voir ce que ça donne tout ça…


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Créé le 12/09/2008 à 00:51:30 - Pas de modification
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